Monsieur Mousin et la mer

C'est un vieux port froid et calme, où il fait toujours nuit. Le bleu de la mer silencieuse et presque immobile est la seule couleur qui ai survécu à l'ennui en ces lieux calmes. Le mot «port» en est un bien grand pour décrire le vieux quai usé par l'air marin et l'auberge miteuse qui la borde. Le reste semble avoir disparu dans les ténébres, laissant la pauvre cabane seule au milieu de l'eau. Les quelques vaguelettes qui caressent les piliers du cabanon le font s'agiter légérement, comme un berceau qui se balancerait doucement.

Monsieur Moussin se laisse berçer. Le vieil homme est toujours assis derrière son comptoir. Il ne regarde plus la mer, il ne la connait que trop et a décidé que puisque elle le retenait ici, il l'ignorerait. A la place, il fixe sa radio sans l'écouter. Une belle vieille radio en bois. Mais en quelle année Monsieur Mousin ère t-il, il ne le sait plus. Le temps ne semble pas avancer ici.

Quelquefois, l'esprit du vieux marin divague. Il imagine voir une ombre passer dans un coin, celle d'un client; un grand marin audacieux qui aurait amarré son trois-mats là dehors. Soudain, la porte s'ouvre. Ce n'est pas le vent qui la fait grincer, mais la main d'un homme vétu de blanc, tenant un chapeau à la main. Il salue joyeusement le vieil homme, qui est désemparé. L'autre lui explique que son bateau est devant et que l'équipage aimerait venir se restaurer avant de prendre le large. L'aubergiste accepte avec enthousiasme bien que sous le choc, et accueille tout l'équipage: tous plus beaux les uns que les autres, propres, souriants et joyeux. Tout le monde boit, tout le monde mange. Monsieur Moussin s'affaire autour des tables, au comble du bonheur. Il distribue des assietes à tout le monde et rempli les verres de gin. La musique n'est plus celle de la radio, mais des musiciens debout sur la table du fond. Les mouvements de la cabane ne sont plus les bercements des vagues mais le rythme de la danse des marins. Alors que la fête bat son plein, que les hommes rient et chantent, une lueur luit au loin dans la brume. Le vieil homme l'aperçoit par une des fenêtres qui s'ouvrent pour la première fois depuis des années. La lumière qui s'approche est celle d'un fabuleux navire, précédant d'autres embarcations investissants le pauvre et faible quai. Les gens affluent et les visages se mélangent, les lumières dansent avec eux. Il y a des hommes qui regardent les étoiles sur le toit de la cabane, d'autres qui jouent au cartes sur le quai. La vie est partout. La tête de Monsieur Moussin tourne, il est ivre de toute cette vie, il est heureux mais ne parle pas. Il sort admirer les navires et admirer cette mer qu'il n'aimait pas il y a une heure, et retourne servir les marins à l'intérieur. Curieusement, il danse au milieu de cette mer humaine et tient par la taille ses compagnons inconnus aux sons de la cornemuse.

Plus un bruit, plus de lumière, plus personne. Des assietes vides sur toutes les tables et des verres que personne n'a touché. Un quai tout aussi vide.
Monsieur Moussin danse seul, riant et criant les yeux fermés, tendant les bras comme pour accueillir quelqu'un. La radio grésille en fond. Les nuages ont a nouveau recouvert les étoiles dehors.

La cabane est toujours bercée par les vagues.

Ce texte confirme pour moi ce que le précédent avait amorcé : un style sans chichis, un univers oscillant entre rêve et observation des petites choses, au total un ton plaisant et personnel.
Le terme d'aubergier me laisse dubutative ....

J'y ai justement pensé avant de m'endormir ...
Je corrigerai mais puisque il n'y a pas "editer" ici, ca ne se verra pas


<-- corrigé par le modération ;-) -->

Joli texte, une ambiance rêveuse très réussie.

ça m'a fait pensé à "océan mer" de Barrico et aussi un peu au petit prince pour l'imagerie un peu irréelle, intemporelle.

Je pense que tu pourrais encore l'améliorer en le retravaillant et en éliminant quelques "lourdeurs de style" :

"lueur luit" un peu redondant, non ?

"Il salue joyeusement le vieil homme, qui est désemparé" le "qui est" me semble un peu superflu

...
"Il imagine voir une ombre" le "voir" me semble inutile puisque évident ...

Très juste, j'avoue. Le "qui est", j'ai même hésité sur le coup mais je sais pas pourquoi je l'ai laissé. Je corrige.

Beaucoup aimé ce texte simple, doux, tendre, sensible. Vraiment, c'est joli tout plein.
Maintenant, il ya des maladresses dans l'expression et des fautes, je t'indique les deux qui m'ont le plus gênée :

Mais en quelle année Monsieur Mousin ère t-il, (erre-t-il)

Curieusement, il danse au milieu de cette mer humaine et tient par la taille ses compagnons inconnus aux sons de la cornemuse.
Tu vois/entends l'incongruité, si on la souligne ?

Curieusement, il danse au milieu de cette mer humaine et tient par la taille ses compagnons inconnus aux sons de la cornemuse.
Tu vois/entends l'incongruité, si on la souligne ?

Franchement non, je trouve pas que ça sonne mal. Peut-être que c'est le fait de "tenir aux sons de la cornemuse" qui géne?

< redstar : il faudrait vraiment que tu penses à répondre aux commentaires ici :
https://vosecrits.1fr1.net/forum-vos-ecrits-prose-f1/reponses-aux-commentaires-t4933-160.htm
ce qui éviterait de faire remonter ton texte à chaque fois, au détriment des autres.
Merci de ta compréhension.
La Modération >
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Très joli texte Redstar, toujours avec la petite touche de nostalgie qui te caractérise. Il y a de temps en temps des petites lourdeurs (un peu trop de « que » et de « et » qui pourraient souvent être remplacés par des signes de ponctuation, parfois des synonymes à trouver). Beau travail !

redstar a écrit:

Curieusement, il danse au milieu de cette mer humaine et tient par la taille ses compagnons inconnus aux sons de la cornemuse.
Tu vois/entends l'incongruité, si on la souligne ?

Franchement non, je trouve pas que ça sonne mal. Peut-être que c'est le fait de "tenir aux sons de la cornemuse" qui géne?

oui c'est ça, mais finalement je m'habitue, ça ressemble à une figure de style délibérée ....

Oui, une très bonne ambiance, joyeuse, avec du mystère...

J'ai aimé cette histoire ! Même si j'en pressentais le dénouement, j'ai laissé venir celui-ci avec plaisir, gourmandise, tant tes mots m'ont paru fluides, beaux et graves. Il y a de la tendresse et de la nostalgie dans ces lignes, beaucoup de douceur aussi. Sans parler de ce personnage de Mr Mousin, noble et attachant.
Un très léger bémol pour l'un ou l'autre détail qui passerait bien à la trappe sans que cela nuise au texte sinon, rien à redire !

Il y a un ton et un style, et une manière de raconter et d'observer qui laisse présager de bien jolies choses à venir. Le thème est un peu vu -je vous ferai grâce du "bateau" pour le coup-, ce qui pour moi gâte un peu le plaisir; j'aurais aimé un dérapage baroque et inattendu. Mais, jusqu'à preuve du contraire, c'est l'auteur qui commande à bord...Il me semble qu'en peu de temps vous avez gagné en expressivité et en nuances. Keep running.

Merci beaucoup pour vos commentaires encourageants, ca fait plaisir.
J'essayerai d'écrire ce week-end.

< redstar : une nouvelle fois, merci de répondre aux commentaires dans le fil adéquat au lieu de faire remonter vous-même votre texte au détriment de ceux des autres !
La Modération >
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Très bon texte.
Je sais que cela fait redite mais je ne peux m'empêcher de souligner, encore une fois, à 15 ans c'est carrément impressionant.
Ce texte me fait penser à mes exils volontaires en terre auvergante, isolé parmi les montagnes.
La nature est magnifique, mais au bout d'une semaine d'isolement total, sa beauté en devient souffrance. Les amis sont alors bienvenus sous peine de devenir aussi mélancolique que votre personnage.
Très poignant...