Nous vieillirons ensemble

Sur mon bras décharné, pose ta tête blanche ;
Les ans, dessus nous, ont tressé leur lourd manteau,
Il ne nous reste plus que la peau sur les os
Et, vers le sol glacé, nos corps cassés se penchent.

Que le temps a passé et que d’années sont mortes
Dont il ne reste plus que quelques souvenirs !
Et l’hiver de nos jours qui tardait à venir
Lance ses bataillons et frappe à notre porte.

Comme jadis, je mets ma main dans tes cheveux ;
Un air lointain revient et tourne dans ma tête,
Un air du temps jadis, un soudain air de fête,
Un air qui allumait le bonheur dans tes yeux.

Je n’ai rien oublié de toi, ni de ces jours ;
Je n’ai pas de regrets et j’ai l’âme sereine,
Je me souviens du temps où la coupe était pleine
De courses éperdues, de rires et d’amour.

Ainsi, voici venu le temps qui nous assemble,
Le temps du souvenir après le temps des jeux,
La tendresse a mêlé le blanc de nos cheveux ;
Dans le calme du soir, nous vieillirons ensemble !

Après Aragon et son "nous dormirons ensemble" de l'âge tendre, voici Sentimentic et son "nous vieillirons ensemble" de l'âge très mûr :-)
Ca va avoir l'air idiot mais je vais réitérer ma remarque précédente sur la ponctuation finale, ça me saute aux yeux (et à l'oreille) une fois encore.

Je trouve que le premier vers installe d'emblée les personnages et une histoire ; peut-être que ce qui suit, notamment " Il ne nous reste plus que la peau sur les os
Et, vers le sol glacé, nos corps cassés se penchent" est trop clairement énoncé, j'aurais préféré des vers plus allusifs.
Joli poème d'une nostalgie à venir.

Ce texte fait un peu "déjà lu déjà vu" mais n'empêche que je le trouve réussi: touchant juste ce qu'il faut, il n'en faudrait pas plus.

Un peu trop visible, je trouve, le triplé de Un air puis du Je débutant la strophe suivante. Un effet qui vient rompre le rythme créé par le début du texte. Pas un mal en soi mais je trouve tout de même que cette façon de faire manque d'harmonie et déséquilibre, un peu, le texte. Texte classique et travaillé ceci dit, on sent le soin que tu y as apporté, mais je suis quelque peu passée à côté, désolée.

J'ai pensé aux poèmes de Verhaeren, écrits pour sa femme Marthe... et à Aragon aussi. C'est doux, c'est assez serein, un brin trop nostalgique pour moi...

Tu vois, je tiens compte des remarques que l'on me fait, aussi je te propose :

"Comme jadis, je mets ma main dans tes cheveux ;
"Un air lointain revient et tourne dans ma tête,
"Tout comme au temps jadis, un soudain air de fête,
"De ceux qui allumaient le bonheur dans tes yeux.

Et j'ai même modifié le premier quatrain :
"Sur mon bras décharné, pose ta tête blanche ;
"Car sur nous, les ans ont tressé leur lourd manteau,
"Il ne nous reste plus que la peau sur les os
"Et, vers le sol glacé, nos corps cassés se penchent.

Ca te va mieux ?

Ce poème m'a profondément émue, par son fond de grande tendresse.
Pour la forme, seul le deuxième vers ne me plaît pas, mais pas du tout.
J'aurais préféré "tissé" à "tressé" et la césure mal placée coupe tout le rythme.
J'aurais peut-être mis :
"Car sur nous les années ont tissé lourd manteau."
Ce n'est qu'une suggestion. Merci Sentimentic, qui a bien choisi son pseudo !

J'ai bien aimé, il me parle.

Vers d'ether

Pour suivre les suggestions de notre chère Embellie, j'ai revu le premier quatrain, ce qui donne :

"Sur mon bras décharné, pose ta tête blanche.
"Les annéss ont, sur nous, tissé leur lourd manteau,
"Il ne nous reste plus que la peau sur les os
"Et, vers le sol glacé, nos corps cassés se penchent.