Haute Sécurité
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Haute Sécurité
Paul X. se décida ; aujourd'hui serait le grand jour. Il prit deux comprimés de Magnésium, vitaminé B6. Un grand verre d'eau fraîche, décontaminée, et oxygénée. Ah ! Ouvrir les stores, régler le taux d'ultraviolets. La compagnie ne tolérait pas des employés distraits. Les soupçons ne devaient pas être suscités.
Encore nu, il se dirigea vers la douche sèche ; ses pores s'ouvrirent à la pureté, un à un. Il s'épila consciencieusement les sourcils, rasa sa peau, sur le menton, les joues, le crâne. Le reste aussi. En sourdine, un Nocturne de Chopin.
Oui, parfumé, à Ozone de Daniel Hechter Jr Inc., il choisit sa plus belle combinaison aluminée, anti-radiations, anti-chocs. Orange, bien sûr. Le stress commença à monter.
Revêtu de ses bottes et de ses gants, le casque en évidence sur la crédence d'acier, il prit un pack de Breakfast en poudre, juste en mordant la paille pré-installée ; Space Mc Donald's Corp. faisait du bon boulot.
Sa mallette était prête ; tout emballé avec soin : une antique carte-mère volée au musée de l'antenne Antiquités du Guggenheim d'Antipolis, à socket 478, un vieux Celeron de la mythique Intel corporation, et une simple barrette de 128 mega-octets ; ça suffisait amplement, un vieux disque dur de 30 giga-octets ; rien de mieux. Pas de carte réseau, pas de son, juste un écran LCD qu'il avait bricolé et intégré à un boîtier de plomb, récupéré dans l'unité de propulsion ; le clavier, à fil, lui aussi, était intégré ; un beau mod. L'œuvre de sa vie.
Allez, c'est l'heure.
Paul sortit de sa cabine, en déverrouillant le sas, enclenchant l'alarme (cela lui rappela quelque chose, mais il ne sut quoi). Agitant la tête, il se reconcentra sur sa mission. Il visualisait le trajet jusqu'à la chambre d'opération finale. D'abord le couloir en gravité zéro. D'un bip de son module de contrôle, il pirata les caméras sur son trajet ; il aurait une fenêtre de 15 minutes ; ce serait largement suffisant.
Cette partie du voyage fut aisée. A leur tour, les portes blindées furent franchies. Il put s'installer dans la navette sans être enregistré (du moins, c'est ce qu'il crut).
Les commandes étaient OK, carburant en suffisance ; il programma l'ordinateur de bord ; il vérifia l'emplacement de sa mallette-pc. Tout était correct. Un plug-in de sa conception activa le mode stealth. Ce fut le départ.
La navette quitta la station géante sans un bruit ; il n'eut aucun regret de laisser derrière lui - définitivement - ce monde froid et inhumain.
Le voyage passa comme une larme sur un visage, un soir d'été, quand on est seul et qu'on ne peut dormir.
L'ordinateur de bord réveilla Paul ; une voix synthétique annonçait : "La Terre en approche". Ce monde détruit, désormais mort, tué par les radiations et les émanations toxiques - se déployait. Sa destination, dans l'ancien Bassin parisien, se dessinait, en images de synthèse, sur l'écran de navigation. Paul prit un cachet d'amphétamines, avec une dosette de jus d'orange Minute Maid 3. Ouf, bientôt arrivé, se dit-il.
L'engin se posa sans encombre. Il vérifia à nouveau son équipement après avoir effectué un circuit de nettoyage interne. Tout OK.
Le sas fonctionna, et le déposa au sol.
Tout était nimbé de vapeurs verdâtres. Des blocs de béton jonchaient le sol ; aucun signe tangible de la vie qui anima, il y a un millénaire, cette ville mythique. La marche était pénible - très lente. Il progressait. Parfois un vent très fort le poussait sur le côté, il devait mettre les mains sur le sol, pour éviter de tomber, en se pliant en deux. Il descendit une volée de marches, alluma la lampe de casque. Les portes étaient ouvertes, comme prévu, et il put même les refermer derrière lui, grâce à un dispositif mécanique des plus simples. A un endroit choisi par lui, sous l'ancien Musée de la Marine, à l'emplacement exact où se trouvait, jadis, un lieu nommé "Trocadéro", il se posta ; c'était une chambre militaire, blindée, ceinte de plusieurs couches de béton, et elle-même munie de parois de plomb, de 12 millimètres d'épaisseur. Le tout avait appartenu au poste de commandement des Forces paneuropéennes. Sa recherche aux archives stellaires avait vraiment été minutieuse. Il y avait un bureau, un fauteuil haut, en cuir véritable.
Très ému, il se reprit une dose au casque de Minute Maid, Tm, et ouvrit sa mallette. Il avait sous les yeux sa platine de plomb, prête à l'action. Des gouttes de sueur perlaient à son front blême ; il était enfin heureux.
Il écrivit : "Je t'aime.
Quels mots sauraient-ils davantage signifier ?
Telle est la phrase, même, que tous les amants du monde se déclarent. [...]"
Encore nu, il se dirigea vers la douche sèche ; ses pores s'ouvrirent à la pureté, un à un. Il s'épila consciencieusement les sourcils, rasa sa peau, sur le menton, les joues, le crâne. Le reste aussi. En sourdine, un Nocturne de Chopin.
Oui, parfumé, à Ozone de Daniel Hechter Jr Inc., il choisit sa plus belle combinaison aluminée, anti-radiations, anti-chocs. Orange, bien sûr. Le stress commença à monter.
Revêtu de ses bottes et de ses gants, le casque en évidence sur la crédence d'acier, il prit un pack de Breakfast en poudre, juste en mordant la paille pré-installée ; Space Mc Donald's Corp. faisait du bon boulot.
Sa mallette était prête ; tout emballé avec soin : une antique carte-mère volée au musée de l'antenne Antiquités du Guggenheim d'Antipolis, à socket 478, un vieux Celeron de la mythique Intel corporation, et une simple barrette de 128 mega-octets ; ça suffisait amplement, un vieux disque dur de 30 giga-octets ; rien de mieux. Pas de carte réseau, pas de son, juste un écran LCD qu'il avait bricolé et intégré à un boîtier de plomb, récupéré dans l'unité de propulsion ; le clavier, à fil, lui aussi, était intégré ; un beau mod. L'œuvre de sa vie.
Allez, c'est l'heure.
Paul sortit de sa cabine, en déverrouillant le sas, enclenchant l'alarme (cela lui rappela quelque chose, mais il ne sut quoi). Agitant la tête, il se reconcentra sur sa mission. Il visualisait le trajet jusqu'à la chambre d'opération finale. D'abord le couloir en gravité zéro. D'un bip de son module de contrôle, il pirata les caméras sur son trajet ; il aurait une fenêtre de 15 minutes ; ce serait largement suffisant.
Cette partie du voyage fut aisée. A leur tour, les portes blindées furent franchies. Il put s'installer dans la navette sans être enregistré (du moins, c'est ce qu'il crut).
Les commandes étaient OK, carburant en suffisance ; il programma l'ordinateur de bord ; il vérifia l'emplacement de sa mallette-pc. Tout était correct. Un plug-in de sa conception activa le mode stealth. Ce fut le départ.
La navette quitta la station géante sans un bruit ; il n'eut aucun regret de laisser derrière lui - définitivement - ce monde froid et inhumain.
Le voyage passa comme une larme sur un visage, un soir d'été, quand on est seul et qu'on ne peut dormir.
L'ordinateur de bord réveilla Paul ; une voix synthétique annonçait : "La Terre en approche". Ce monde détruit, désormais mort, tué par les radiations et les émanations toxiques - se déployait. Sa destination, dans l'ancien Bassin parisien, se dessinait, en images de synthèse, sur l'écran de navigation. Paul prit un cachet d'amphétamines, avec une dosette de jus d'orange Minute Maid 3. Ouf, bientôt arrivé, se dit-il.
L'engin se posa sans encombre. Il vérifia à nouveau son équipement après avoir effectué un circuit de nettoyage interne. Tout OK.
Le sas fonctionna, et le déposa au sol.
Tout était nimbé de vapeurs verdâtres. Des blocs de béton jonchaient le sol ; aucun signe tangible de la vie qui anima, il y a un millénaire, cette ville mythique. La marche était pénible - très lente. Il progressait. Parfois un vent très fort le poussait sur le côté, il devait mettre les mains sur le sol, pour éviter de tomber, en se pliant en deux. Il descendit une volée de marches, alluma la lampe de casque. Les portes étaient ouvertes, comme prévu, et il put même les refermer derrière lui, grâce à un dispositif mécanique des plus simples. A un endroit choisi par lui, sous l'ancien Musée de la Marine, à l'emplacement exact où se trouvait, jadis, un lieu nommé "Trocadéro", il se posta ; c'était une chambre militaire, blindée, ceinte de plusieurs couches de béton, et elle-même munie de parois de plomb, de 12 millimètres d'épaisseur. Le tout avait appartenu au poste de commandement des Forces paneuropéennes. Sa recherche aux archives stellaires avait vraiment été minutieuse. Il y avait un bureau, un fauteuil haut, en cuir véritable.
Très ému, il se reprit une dose au casque de Minute Maid, Tm, et ouvrit sa mallette. Il avait sous les yeux sa platine de plomb, prête à l'action. Des gouttes de sueur perlaient à son front blême ; il était enfin heureux.
Il écrivit : "Je t'aime.
Quels mots sauraient-ils davantage signifier ?
Telle est la phrase, même, que tous les amants du monde se déclarent. [...]"
Celeron02- Nombre de messages : 713
Age : 52
Localisation : St-Quentin
Date d'inscription : 19/12/2009
A suivre...
Salut,
Il s'agit manifestement d'un début, mais je ne sais pas si le fait de couper à cet endroit est pertinent. On attend une suite, qui je suppose va être proposée. L'omniprésence de pubs n'est pas sans évoquer un désir de se rapprocher de Philip K. Dick, mais je trouve ça envahissant car il y manque la dimension ironique que le Grand Maître aimait à pratiquer. Du coup, on n'en voit pas l'intérêt, comme ça, à première vue. Sinon, plein de points restent en suspens, annoncés du reste ( comme quand il est filmé, mais croit que non ).
L'ensemble est fluide et agréable à lire. On est juste un peu surpris par le caractère fragmentaire.
Personnellement, je pense qu'il est important, quand on livre une bribe, qu'elle tienne debout toute seule, qu'elle se suffise à elle-même. Certes, c'est une bribe, qui fait donc référence à un avant, et un après. Mais on doit, tout en restant suspendu à cet autre temps, pouvoir l'oublier et avoir le sentiment qu'on a affaire à un tout, qui retombe sur ses pattes.
Ceci n'est que mon ressenti personnel...
A suivre, donc.
Ubik.
Il s'agit manifestement d'un début, mais je ne sais pas si le fait de couper à cet endroit est pertinent. On attend une suite, qui je suppose va être proposée. L'omniprésence de pubs n'est pas sans évoquer un désir de se rapprocher de Philip K. Dick, mais je trouve ça envahissant car il y manque la dimension ironique que le Grand Maître aimait à pratiquer. Du coup, on n'en voit pas l'intérêt, comme ça, à première vue. Sinon, plein de points restent en suspens, annoncés du reste ( comme quand il est filmé, mais croit que non ).
L'ensemble est fluide et agréable à lire. On est juste un peu surpris par le caractère fragmentaire.
Personnellement, je pense qu'il est important, quand on livre une bribe, qu'elle tienne debout toute seule, qu'elle se suffise à elle-même. Certes, c'est une bribe, qui fait donc référence à un avant, et un après. Mais on doit, tout en restant suspendu à cet autre temps, pouvoir l'oublier et avoir le sentiment qu'on a affaire à un tout, qui retombe sur ses pattes.
Ceci n'est que mon ressenti personnel...
A suivre, donc.
Ubik.
Re: Haute Sécurité
J'attends également une suite et, pour l'instant, aime beaucoup cette ambiance !
Invité- Invité
Re: Haute Sécurité
C'est captivant. Ecriture sèche, précise, humour intégré, horreur aussi.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Haute Sécurité
c'est très intéressant...ça n'est pas sans me rappeler Bordage, qui lui aussi aime à se plonger dans les univers post-apocalyptiques. Un commencement qui laisse à présager une suite captivante...
azmandias- Nombre de messages : 50
Age : 39
Localisation : sur la route qui descends vers l'ombre
Date d'inscription : 30/01/2010
Re: Haute Sécurité
Effectivement c'est un bon début auquel il n'y a rien à reprocher, sinon qu'il n'en dit pas assez ;o)
boc21fr- Nombre de messages : 4770
Age : 54
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
Re: Haute Sécurité
Sa mallette était prête ; tout emballé avec soin : une antique carte-mère volée au musée de l'antenne Antiquités du Guggenheim d'Antipolis, à socket 478, un vieux Celeron de la mythique Intel corporation, et une simple barrette de 128 mega-octets ; ça suffisait amplement, un vieux disque dur de 30 giga-octets ; rien de mieux. Pas de carte réseau, pas de son, juste un écran LCD qu'il avait bricolé et intégré à un boîtier de plomb, récupéré dans l'unité de propulsion ; le clavier, à fil, lui aussi, était intégré ; un beau mod. L'œuvre de sa vie.
je n'ai pas bien saisi la logique de cette phrase
tout emballée avec soin, non? (s'il s'agit de la mallette, mais alors pourquoi le ; ?), sinon il manque un verbe être
Sinon, je n'aime pas trop les récits de science-fiction, non pas par principe, mais pour des raisons que je retrouve dans celui-ci, dont particulièrement l'omniprésence de l'action qui aplatit le style à mon goût, parce qu'elle empiète sur l'impression, la sensation, qui sont, personnellement, les choses que j'aime dans la littérature. Comme en général l'histoire m'indiffère, je n'ai jamais vu un grand intérêt à transposer des gens dans le futur...
Philomène- Nombre de messages : 114
Age : 43
Date d'inscription : 12/12/2009
Re: Haute Sécurité
pc : pour continuer avec double cœur inside.
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Haute Sécurité
« […] Regarde si je ne suis un nouveau Silène.
Ouvre-moi, dépucelle-moi, ô Sirène.
Il se pourrait que je cache un trésor. »
Paul s’arrêta. Ses doigts restèrent suspendus, un instant, au-dessus du clavier d’aluminium. Ce moment de bonheur avait été intense, et maintenant il devait arriver à son terme. Il voulait faire durer cette grâce.
Une sonnerie, très vite, le rappela à la réalité.
Le détecteur de mouvement qu’il avait fixé dans le couloir étayé venait de fonctionner. Il y avait donc un être animé sur cette planète morte ! Avec de la chance, se dit-il, ce pouvait être un robot, réactivé par sa simple présence. Heureusement, il avait presque tout prévu. Son Walter PKK, qui lui sembla tout d’un coup étrangement sophistiqué, pour une arme aussi antique, garnissait toujours son holster.
Il referma sa mallette-ordinateur, la verrouilla, puis se leva. Le rêve éveillé avait été de courte durée. Il se pouvait bien qu’il fût repéré ; peut-être même avait-il été pisté dès le début. Il eut une bouffée d’angoisse qui lui monta des reins, irradia sa colonne, se faufila dans ses sinus ; il renifla.
C’est bon, se dit-il, s’ils m’ont trouvé, je défendrai chèrement ma peau ; je ne cèderai pas si près du but. Il enclencha l’ouverture de l’écoutille blindée. Le spationaute exhiba son pistolet, et franchit le seuil en sens inverse, d’un pas prudent – aux aguets. Il prit la précaution de refermer l’opercule, sa mission était si précieuse !
Le couloir, après quelques volées de marches, aboutissait à un embranchement. Il se décida pour la gauche. Il n’était pas certain de la direction à prendre, puisqu’il avait attaché le senseur au début de la descente, pas très loin de l’escalier d’accès.
Ce fut un mauvais choix, car l’engin – qui n’était pas du tout un héritage terrien, mais un drone dernier cri envoyé par la compagnie – arriva par la droite, dépassa le carrefour et l’attaqua, sans un bruit, dans le dos.
Ouvre-moi, dépucelle-moi, ô Sirène.
Il se pourrait que je cache un trésor. »
Paul s’arrêta. Ses doigts restèrent suspendus, un instant, au-dessus du clavier d’aluminium. Ce moment de bonheur avait été intense, et maintenant il devait arriver à son terme. Il voulait faire durer cette grâce.
Une sonnerie, très vite, le rappela à la réalité.
Le détecteur de mouvement qu’il avait fixé dans le couloir étayé venait de fonctionner. Il y avait donc un être animé sur cette planète morte ! Avec de la chance, se dit-il, ce pouvait être un robot, réactivé par sa simple présence. Heureusement, il avait presque tout prévu. Son Walter PKK, qui lui sembla tout d’un coup étrangement sophistiqué, pour une arme aussi antique, garnissait toujours son holster.
Il referma sa mallette-ordinateur, la verrouilla, puis se leva. Le rêve éveillé avait été de courte durée. Il se pouvait bien qu’il fût repéré ; peut-être même avait-il été pisté dès le début. Il eut une bouffée d’angoisse qui lui monta des reins, irradia sa colonne, se faufila dans ses sinus ; il renifla.
C’est bon, se dit-il, s’ils m’ont trouvé, je défendrai chèrement ma peau ; je ne cèderai pas si près du but. Il enclencha l’ouverture de l’écoutille blindée. Le spationaute exhiba son pistolet, et franchit le seuil en sens inverse, d’un pas prudent – aux aguets. Il prit la précaution de refermer l’opercule, sa mission était si précieuse !
Le couloir, après quelques volées de marches, aboutissait à un embranchement. Il se décida pour la gauche. Il n’était pas certain de la direction à prendre, puisqu’il avait attaché le senseur au début de la descente, pas très loin de l’escalier d’accès.
Ce fut un mauvais choix, car l’engin – qui n’était pas du tout un héritage terrien, mais un drone dernier cri envoyé par la compagnie – arriva par la droite, dépassa le carrefour et l’attaqua, sans un bruit, dans le dos.
Celeron02- Nombre de messages : 713
Age : 52
Localisation : St-Quentin
Date d'inscription : 19/12/2009
Re: Haute Sécurité
Mamma mia, on ne se sent pas en haute sécurité dans ton texte mais j'aime ça.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Haute Sécurité
la suite , la suite !!!
c'est prenant, malgré le fait qu'habituellement, je ne lise pas ce style d'histoire ... ( action/technologie)
bref, c'est bon signe.
c'est prenant, malgré le fait qu'habituellement, je ne lise pas ce style d'histoire ... ( action/technologie)
bref, c'est bon signe.
Iryane- Nombre de messages : 314
Age : 44
Localisation : là où je dois être ...enfin, sans certitude.
Date d'inscription : 26/01/2010
Re: Haute Sécurité
D'habitude j'ai horreur de ce genre d'histoire. Là, emballée je suis...ah ! une douche sèche en écoutant Chopin.....pour une frileuse mélomane....la suite...vite !
Re: Haute Sécurité
Paul ne put esquiver ce premier coup ; les pointes perforantes du module téléguidé perforèrent sa combinaison, et au-delà ; il perdait du sang. Les dispositifs de colmatage et de pressurisation empêchèrent que l’atmosphère embarquée ne devienne totalement irrespirable. Cependant une plaie était faite, et le drone ne s’y cantonnerait pas ; il fallait évidemment répliquer.
Désarçonné, grimaçant de douleur, le voyageur imprudent arriva à pivoter sur soi, et ajusta un tir à bout portant que la carcasse de métal et de collagène synthétique ne put qu’encaisser ; des grands fragments de circuits électroniques et de synapses nanolaser s’éparpillèrent. En titubant, Paul ne pensait plus qu’à regagner son vaisseau ; ce serait sa seule chance de survie, dans un monde méconnu et hostile, de surcroît pisté par un ennemi invisible.
Bizarrement, le chemin du retour lui sembla très familier, croisant une carcasse de colonne Morris et des parcmètres cramoisis ; un bus éventré lui évoqua une vision étrange, caractérisée par l’enfance et les bords de mer. Le soin à base de morphine que distillait son scaphandre y étant sans doute pour quelque chose.
Finalement il parvint à se hisser jusque son cockpit, ayant réussi à actionner le sas, et à se dévêtir non sans gémissements et contorsions. Un message l’accueillit en provenance du tableau de bord : « Désolée, Paul, vous ne deviez pas faire ça ».
La voix était celle d’une femme, une voix qui lui était bien connue. Celle de l’Administratrice de la compagnie. Cela signifiait clairement que des capteurs avaient pu être posés, malgré ses précautions, sur la navette ou bien même sur ses propres vêtements.
Le message vocal continuait : « Il était pourtant bien stipulé dans votre contrat que rien de passionnel ne devait vous préoccuper. Nos agents ont une mission de la plus haute importance, et tout leur esprit doit être disponible à cent pour-cents. Or vous avez failli à ce principe élémentaire. »
Paul déglutit ; il connaissait la suite. Oh que trop bien. « Par conséquent, il est évident que vous ne faites plus partie de notre société. Au revoir, Paul ». Il eut à peine l’ironie de penser que toute cette aventure avait été au plus haut point absurde (il vit, en un éclair, la précieuse mallette-pc dans son mastaba d’éternité), puisque l’explosion du module spatial fut déclenchée ; Paul et tous ses rêves se désintégrèrent.
Un cratère de plus se forma sur l’ex-planète bleue. On ne plaisantait décidément pas avec le règlement, chez Total-Espace.
Désarçonné, grimaçant de douleur, le voyageur imprudent arriva à pivoter sur soi, et ajusta un tir à bout portant que la carcasse de métal et de collagène synthétique ne put qu’encaisser ; des grands fragments de circuits électroniques et de synapses nanolaser s’éparpillèrent. En titubant, Paul ne pensait plus qu’à regagner son vaisseau ; ce serait sa seule chance de survie, dans un monde méconnu et hostile, de surcroît pisté par un ennemi invisible.
Bizarrement, le chemin du retour lui sembla très familier, croisant une carcasse de colonne Morris et des parcmètres cramoisis ; un bus éventré lui évoqua une vision étrange, caractérisée par l’enfance et les bords de mer. Le soin à base de morphine que distillait son scaphandre y étant sans doute pour quelque chose.
Finalement il parvint à se hisser jusque son cockpit, ayant réussi à actionner le sas, et à se dévêtir non sans gémissements et contorsions. Un message l’accueillit en provenance du tableau de bord : « Désolée, Paul, vous ne deviez pas faire ça ».
La voix était celle d’une femme, une voix qui lui était bien connue. Celle de l’Administratrice de la compagnie. Cela signifiait clairement que des capteurs avaient pu être posés, malgré ses précautions, sur la navette ou bien même sur ses propres vêtements.
Le message vocal continuait : « Il était pourtant bien stipulé dans votre contrat que rien de passionnel ne devait vous préoccuper. Nos agents ont une mission de la plus haute importance, et tout leur esprit doit être disponible à cent pour-cents. Or vous avez failli à ce principe élémentaire. »
Paul déglutit ; il connaissait la suite. Oh que trop bien. « Par conséquent, il est évident que vous ne faites plus partie de notre société. Au revoir, Paul ». Il eut à peine l’ironie de penser que toute cette aventure avait été au plus haut point absurde (il vit, en un éclair, la précieuse mallette-pc dans son mastaba d’éternité), puisque l’explosion du module spatial fut déclenchée ; Paul et tous ses rêves se désintégrèrent.
Un cratère de plus se forma sur l’ex-planète bleue. On ne plaisantait décidément pas avec le règlement, chez Total-Espace.
Celeron02- Nombre de messages : 713
Age : 52
Localisation : St-Quentin
Date d'inscription : 19/12/2009
Re: Haute Sécurité
zut, "pointes perforantes" "perforèrent", c'est archi-nul [bon ça rajoute de l'ironie ou de l'absurde, après tout...]
Celeron02- Nombre de messages : 713
Age : 52
Localisation : St-Quentin
Date d'inscription : 19/12/2009
Re: Haute Sécurité
Sympathique ce texte, dont je pressens qu'il est arrivé à sa conclusion.
J'ai bien souris, là : "Il s'épila consciencieusement les sourcils, rasa sa peau, sur le menton, les joues, le crâne. Le reste aussi. "^)^
Quelques petites remarques : les pointes perforantes du module téléguidé perforèrent sa combinaison : je sais que tu n’as pas trop le choix, mais perforantes/perforèrent, ça sonne moche à mon oreille dans cette phrase. D'ailleurs, tu le relèves également. Un synonyme ?
"Il connaissait la suite. Oh que trop bien." Pas beau non plus, ce "oh que trop bien". Il fait un peu "Ah que..." à la Johnny. ^)^
Voilà, juste pour dire que j'ai une petite préférence pour l'ouverture de la nouvelle et la découverte de cet univers que tu as créé. Je trouve cet incipit plus rythmé que le reste ( curieusement, quand on y pense, c'est après que viennent les explosions et les "pointes perforantes", mais j'ai davantage accroché dans la première partie ).
J'ai bien souris, là : "Il s'épila consciencieusement les sourcils, rasa sa peau, sur le menton, les joues, le crâne. Le reste aussi. "^)^
Quelques petites remarques : les pointes perforantes du module téléguidé perforèrent sa combinaison : je sais que tu n’as pas trop le choix, mais perforantes/perforèrent, ça sonne moche à mon oreille dans cette phrase. D'ailleurs, tu le relèves également. Un synonyme ?
"Il connaissait la suite. Oh que trop bien." Pas beau non plus, ce "oh que trop bien". Il fait un peu "Ah que..." à la Johnny. ^)^
Voilà, juste pour dire que j'ai une petite préférence pour l'ouverture de la nouvelle et la découverte de cet univers que tu as créé. Je trouve cet incipit plus rythmé que le reste ( curieusement, quand on y pense, c'est après que viennent les explosions et les "pointes perforantes", mais j'ai davantage accroché dans la première partie ).
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Haute Sécurité
Paul ne put esquiver ce premier coup ; les pointes perforantes en acier du module téléguidé trouèrent sa combinaison, et au-delà ; il perdait du sang. Les dispositifs de colmatage et de pressurisation empêchèrent que l’atmosphère embarquée ne devienne totalement irrespirable. Cependant, une plaie était faite, et le drone ne s’y cantonnerait pas ; il fallait évidemment répliquer.
Désarçonné, grimaçant de douleur, le voyageur imprudent arriva à pivoter sur soi, et ajusta un tir à bout portant que la carcasse de métal et de collagène synthétique ne put qu’encaisser ; des grands fragments de circuits électroniques et de synapses nanolaser s’éparpillèrent. En titubant, Paul ne pensait plus qu’à regagner son vaisseau ; ce serait sa seule chance de survie, dans un monde méconnu et hostile, de surcroît pisté par un ennemi invisible.
Bizarrement, le chemin du retour lui sembla très familier, croisant une carcasse de colonne Morris et des parcmètres cramoisis ; un bus éventré lui évoqua une vision étrange, caractérisée par l’enfance et les bords de mer. Une vague publicité, évoquant le pouvoir d'achat et la vie moins chère. Le soin à base de morphine que distillait son scaphandre y étant sans doute pour quelque chose.
Finalement il parvint à se hisser jusque son cockpit, ayant réussi à actionner le sas, et à se dévêtir non sans gémissements et contorsions. Un message l’accueillit en provenance du tableau de bord : « Désolée, Paul, vous ne deviez pas faire ça ».
La voix était celle d’une femme, une voix qui lui était bien connue. Celle de l’Administratrice de la compagnie. Cela signifiait clairement que des capteurs avaient pu être posés, malgré ses précautions, sur la navette ou bien même sur ses propres vêtements.
Le message vocal continuait : « Il était pourtant bien stipulé dans votre contrat que rien de passionnel ne devait vous préoccuper. Nos agents ont une mission de la plus haute importance, et tout leur esprit doit être disponible à cent pour-cents. Or vous avez failli à ce principe élémentaire. »
Paul déglutit ; il connaissait la suite, trop bien. « Par conséquent, il est évident que vous ne faites plus partie de notre société. Au revoir, Paul ». Il eut à peine l’ironie de penser que toute cette aventure avait été au plus haut point absurde (il vit, en un éclair, la précieuse mallette-pc dans son mastaba d’éternité), puisque l’explosion du module spatial fut déclenchée ; Paul et tous ses rêves se désintégrèrent.
Un cratère de plus se forma sur l’ex-planète bleue. On ne plaisantait décidément pas avec le règlement, chez Total-Espace.
Désarçonné, grimaçant de douleur, le voyageur imprudent arriva à pivoter sur soi, et ajusta un tir à bout portant que la carcasse de métal et de collagène synthétique ne put qu’encaisser ; des grands fragments de circuits électroniques et de synapses nanolaser s’éparpillèrent. En titubant, Paul ne pensait plus qu’à regagner son vaisseau ; ce serait sa seule chance de survie, dans un monde méconnu et hostile, de surcroît pisté par un ennemi invisible.
Bizarrement, le chemin du retour lui sembla très familier, croisant une carcasse de colonne Morris et des parcmètres cramoisis ; un bus éventré lui évoqua une vision étrange, caractérisée par l’enfance et les bords de mer. Une vague publicité, évoquant le pouvoir d'achat et la vie moins chère. Le soin à base de morphine que distillait son scaphandre y étant sans doute pour quelque chose.
Finalement il parvint à se hisser jusque son cockpit, ayant réussi à actionner le sas, et à se dévêtir non sans gémissements et contorsions. Un message l’accueillit en provenance du tableau de bord : « Désolée, Paul, vous ne deviez pas faire ça ».
La voix était celle d’une femme, une voix qui lui était bien connue. Celle de l’Administratrice de la compagnie. Cela signifiait clairement que des capteurs avaient pu être posés, malgré ses précautions, sur la navette ou bien même sur ses propres vêtements.
Le message vocal continuait : « Il était pourtant bien stipulé dans votre contrat que rien de passionnel ne devait vous préoccuper. Nos agents ont une mission de la plus haute importance, et tout leur esprit doit être disponible à cent pour-cents. Or vous avez failli à ce principe élémentaire. »
Paul déglutit ; il connaissait la suite, trop bien. « Par conséquent, il est évident que vous ne faites plus partie de notre société. Au revoir, Paul ». Il eut à peine l’ironie de penser que toute cette aventure avait été au plus haut point absurde (il vit, en un éclair, la précieuse mallette-pc dans son mastaba d’éternité), puisque l’explosion du module spatial fut déclenchée ; Paul et tous ses rêves se désintégrèrent.
Un cratère de plus se forma sur l’ex-planète bleue. On ne plaisantait décidément pas avec le règlement, chez Total-Espace.
Celeron02- Nombre de messages : 713
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Date d'inscription : 19/12/2009
Re: Haute Sécurité
Oh ! Non ! Pas déjà la fin ! "Ils" sont aussi méchants que sur terre.
Celeron, il faut trouver un rebondissement, c'est indispensable. Sinon, je ne lis plus de SF.
Celeron, il faut trouver un rebondissement, c'est indispensable. Sinon, je ne lis plus de SF.
Re: Haute Sécurité
Bon l'histoire est plaisante, moi qui ne lit jamais de SF je devrais peut-être parce que j'adore les termes à mes yeux ésotériques dont on affuble certains objets dans cette réalité...
Cependant, les maladresses suivantes ont un peu rompu le charme et gêné ma lecture , c'est dommage.
le voyageur imprudent arriva à pivoter sur soi
je ne suis pas sure que ça soit correct, en tout cas, à mes oreilles, ce n'est pas élégant : il pivote sur lui-même...
ce serait sa seule chance de survie, dans un monde méconnu et hostile, de surcroît pisté par un ennemi invisible.
Cette phrase trés maladroite laisse à penser que c'est le monde qui est pisté...du coup le rythme de lecture est cassé parce qu'on se pose des questions de syntaxe et de compréhension de l'intention de l'auteur
Bizarrement, le chemin du retour lui sembla très familier, croisant une carcasse de colonne Morris
Idem....est ce le chemin qui croise une colonne Morris ou le héros?
Une vague publicité, évoquant le pouvoir d'achat et la vie moins chère. Le soin à base de morphine que distillait son scaphandre y étant sans doute pour quelque chose.
Finalement il parvint à se hisser jusque son cockpit, ayant réussi à actionner le sas
Cette accumulation de participes présents sur quatre phrases successives est assez moche et donne au texte un aspect bâclé . A réécrire à mon avis.
Sinon je te préfère nettement dans cette veine là que dans tes textes précédents sur l'amour et ses désillusions. On ne s'ennuie pas, on frissonne et on sourit. Du tout bon pour moi.
Cependant, les maladresses suivantes ont un peu rompu le charme et gêné ma lecture , c'est dommage.
le voyageur imprudent arriva à pivoter sur soi
je ne suis pas sure que ça soit correct, en tout cas, à mes oreilles, ce n'est pas élégant : il pivote sur lui-même...
ce serait sa seule chance de survie, dans un monde méconnu et hostile, de surcroît pisté par un ennemi invisible.
Cette phrase trés maladroite laisse à penser que c'est le monde qui est pisté...du coup le rythme de lecture est cassé parce qu'on se pose des questions de syntaxe et de compréhension de l'intention de l'auteur
Bizarrement, le chemin du retour lui sembla très familier, croisant une carcasse de colonne Morris
Idem....est ce le chemin qui croise une colonne Morris ou le héros?
Une vague publicité, évoquant le pouvoir d'achat et la vie moins chère. Le soin à base de morphine que distillait son scaphandre y étant sans doute pour quelque chose.
Finalement il parvint à se hisser jusque son cockpit, ayant réussi à actionner le sas
Cette accumulation de participes présents sur quatre phrases successives est assez moche et donne au texte un aspect bâclé . A réécrire à mon avis.
Sinon je te préfère nettement dans cette veine là que dans tes textes précédents sur l'amour et ses désillusions. On ne s'ennuie pas, on frissonne et on sourit. Du tout bon pour moi.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Haute Sécurité
tu as réussi à capter le ton SF, l'a poussé aux limites du roman de gare.
C'est très bien fait dans le style... on sent l'urgence... Celle de l'action, mais malheureusement aussi celle de ton rythme d'écriture.
mais tu as quelque chose, là.
Je regrette just le "brand dropping" du début, autant de gros clins d'oeil au lecteur qui finissent par agacer
C'est très bien fait dans le style... on sent l'urgence... Celle de l'action, mais malheureusement aussi celle de ton rythme d'écriture.
mais tu as quelque chose, là.
Je regrette just le "brand dropping" du début, autant de gros clins d'oeil au lecteur qui finissent par agacer
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Haute Sécurité
Ca n'est pas ma tasse de thé, surtout quand on commence avec la panoplie des engins intervenant à parfait escient dans l'intrigue : le coup des dei ex machina date un peu, crois-je.
Comme ça fait pochade vite torchée sur un rebord de comptoir, et que ça se lit avec prestesse, ça passe aussi vite et bien qu'un petit noir. Serré.
A te lire.
Comme ça fait pochade vite torchée sur un rebord de comptoir, et que ça se lit avec prestesse, ça passe aussi vite et bien qu'un petit noir. Serré.
A te lire.
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 67
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Haute Sécurité
Un beau jour, des explorateurs reptiliens vinrent visiter l'antique Terra-Mater. Il y a si longtemps. Ils prirent chaque molécule et l'étudièrent. Leurs instruments perfectionnés, indescriptibles dans une langue humaine, découvrirent notamment un minuscule bout d'ADN, à moins que ce ne fût un autre principe vital - absolument inconnu des humains.
Cette trace infime de vie, comme des milliards d'autres, les archéologues reptiles (sortes de varans humanoïdes, très beaux, très intelligents et immortels à l'échelle humaine), ils la firent recréer en laboratoire. Ils obtinrent un humain du nom de 'Paul X.' Mais son vrai nom était "Paul Hewson". Avec la puissance de leurs facultés de recherche, ils reconnurent en lui un homonyme d'un certain chanteur irlandais, Bono. Ils découvrirent aussi que cette infime portion d'humanité, cet individu malingre et infiniment anonyme dans l'Histoire du néant, un petit peu à l'instar du feu et absolument inconnaissable chanteur irlandais (un pays où vivait un peuple sans véritable langue - Lévi-Strauss n'en serait pas revenu - le peuple rouquin), teignait ses cheveux roux en brun.
Paul Hewson avait une passion. Une passion purement humaine. Avant de se faire engager par Total-Espace (et l'attrait futile des phalènes que représenta pour lui la marque Hydrogène-Excellium, produit phare, en effet), cette personne finalement un peu touchante, au point de faire choir, des millénaires après, quelques larmes de crocodile, avait vécu un amour étrange et impossible.
Cet humain aimait une jeune fille. La jeunesse qui l'animait, sa passion pour la culture, il l'ignora d'abord. Au début, il la prit pour une de ses élèves, une nouvelle : "Mettez-vous là, au fond." avait-il lancé, la première fois qu'ils s'étaient vus. Elle n'avait pas compris, bien sûr. Elle venait juste demander le nombre de repas pour la cantine. Fameux lieu que les restaurants d'entreprise. On n'écrit pas assez sur la restauration, en particulier sur le commensalisme dans les grands groupes industriels (cela changerait de la fameuse culture du rutabaga en Basse-Saxe). Il travaillait pour l'Enseignement central, une sorte de conglomérat chargé d'apprendre à parler et à écrire aux mineurs des systèmes extérieurs. Un job plutôt mal payé, mal considéré, mais indispensable (comme tous les jobs mal payés, que personne ne voulait faire). La société avait aussi besoin d'Olympia. Elle faisait, elle, un job non moins indispensable, et tout aussi - et même bien davantage - mal rémunéré.
Paul n'osa pas l'approcher. Il ne faisait que lui tendre un vague billet, et lui balbutier un "Bonjour, merci.", parfois, "Bonne journée !", avec un grand sourire. Il la trouvait jolie, et pas simplement jolie, mais belle. Extrêmement. A cette époque, il était obnubilé par une collègue, mais c'est une autre histoire. Une autre fois.
Non, le corniaud n'osait pas faire les premiers pas ; comment parler à une simple ramasseuse de billets ? Finalement, un soir, grâce aux terminaux de l'entreprise, il retrouva la belle par hasard, un collègue lui ayant révélé son nom - très beau et si rare, d'ailleurs - à un pot organisé par la direction (avec le congé sans solde d'une semaine). Sur l'annuaire de la boite, il vit sa fiche descriptive, qu'elle avait rédigée elle-même, évidemment.
Leur premier contact, électronique, fut des plus enthousiastes ; on aurait dit que l'enfant aimait aussi les langues anciennes, l'architecture néo-classique, la musique de cithare d'angle. Bref ils se trouvèrent des affinités (un des techniciens sauriens hérissa, l'espace d'un instant, trois ou quatre minuscules écailles, quelque part sur son poitrail impassible d'ordinaire). Pourquoi et comment se virent-ils ? Il semble que ce fût un miracle. A moins que ce ne fût une sorte de malédiction ?
Toujours est-il qu'ils décidèrent de dîner ensemble, à l'extérieur, sur une planète séparée des orbites principales de Proxima. Un satellite de rien du tout, où des stations bon marché vivotaient - mais avec un certain standing, malgré tout. Oui, les varans décodèrent tout cela dans les synapses reconstituées du primate pseudo-intelligent. Une sorte de lien inextricablement soudé au cerveau renvoyait à ce souvenir perdu, comme une obsession.
Et dans ce condensé de mémoire on trouvait un début de poème :
"Je t'aime.
Quels mots sauraient-ils davantage signifier ?
Telle est la phrase, même, que tous les amants du monde se déclarent.
Voici la plus échangée, la plus lue, dans toutes les langues, sous tous les soleils, de toutes les paroles possibles.
Et, pourtant, nul autre que moi n'en comprend le sens, nul autre que toi ne la rend possible.
Toi, seule, peut-être, si tu m'aimais, la recevrais.
Voilà l'universel, l'absolu - et ce n'est que pour toi, insignifiante, banale personne parmi des milliards - que tu crois !
Pourquoi moi, pourquoi toi ? Et pourquoi pas ?
[...]"
L'ordinateur Neurofil, bizarrement, perdit la trace de la suite.
La station vitrée offrait une belle vue sur l'anneau le plus fin de l'étoile.
Des cargos voguaient à quelques encablures, en train de quitter le système pour passer en hyper-espace.
La salle, confortablement banquettée, diffusait en douce un certain Sinatra, "I've got You under my skin".
Ils refirent le monde en quelques heures - du moins, c'est ce qu'ils crurent. Lui ne pensait qu'à ses joues, ses yeux bien sûr, mais ses grandes pommettes, un peu saillantes, l'attiraient tant comme une promesse de généreuse babouchka dans une infante. Oui, elle 21 ans, et lui 37. Quelle étrange proportion, quel bizarre ratio. Y a-t-il, comme l'affirme Humbert Humbert dans un roman perdu et interdit d'un certain Nabokov, une formule magique dans la différence d'âge, pour que mâles et femelles s'attirent tels des aimants ? Des amants fatals ?
Toujours est-il que, dans la navette, sur le chemin du retour, le pilote automatique fonctionna. C'est ainsi qu'ils se connurent. Et c'est ainsi que Paul perdit son amour en même temps que sa naïveté. Elle ne souhaita plus le revoir, en tout cas c'est ce qu'il conclut, lorsqu'il s'aperçut qu'elle ne donnait plus de réponse à des codes distants. "A bientôt", avait-elle pourtant conclu son dernier envoi. Oui, c'est pour la retrouver, qu'il s'engagea chez Total-Espace, à moins que ce ne fût pour l'oublier.
Son écrit était le seul lien avec elle (il aurait eu l'intuition qu'il serait toujours lu d'elle !). Ils n'en avaient aucune preuve, mais les ingénieurs-archéologues eurent la certitude que l'individu humain était venu sur la planète de ses ancêtres pour coder un dernier message à sa belle. Un poème que seuls elle et lui connaîtraient. Bien sûr, il y avait le Bateau ivre de Rimbaud, encore très connu à leur époque, mais celui que Paul "X" avait choisi, ce n'était qu'une simple Déclaration...
Cette trace infime de vie, comme des milliards d'autres, les archéologues reptiles (sortes de varans humanoïdes, très beaux, très intelligents et immortels à l'échelle humaine), ils la firent recréer en laboratoire. Ils obtinrent un humain du nom de 'Paul X.' Mais son vrai nom était "Paul Hewson". Avec la puissance de leurs facultés de recherche, ils reconnurent en lui un homonyme d'un certain chanteur irlandais, Bono. Ils découvrirent aussi que cette infime portion d'humanité, cet individu malingre et infiniment anonyme dans l'Histoire du néant, un petit peu à l'instar du feu et absolument inconnaissable chanteur irlandais (un pays où vivait un peuple sans véritable langue - Lévi-Strauss n'en serait pas revenu - le peuple rouquin), teignait ses cheveux roux en brun.
Paul Hewson avait une passion. Une passion purement humaine. Avant de se faire engager par Total-Espace (et l'attrait futile des phalènes que représenta pour lui la marque Hydrogène-Excellium, produit phare, en effet), cette personne finalement un peu touchante, au point de faire choir, des millénaires après, quelques larmes de crocodile, avait vécu un amour étrange et impossible.
Cet humain aimait une jeune fille. La jeunesse qui l'animait, sa passion pour la culture, il l'ignora d'abord. Au début, il la prit pour une de ses élèves, une nouvelle : "Mettez-vous là, au fond." avait-il lancé, la première fois qu'ils s'étaient vus. Elle n'avait pas compris, bien sûr. Elle venait juste demander le nombre de repas pour la cantine. Fameux lieu que les restaurants d'entreprise. On n'écrit pas assez sur la restauration, en particulier sur le commensalisme dans les grands groupes industriels (cela changerait de la fameuse culture du rutabaga en Basse-Saxe). Il travaillait pour l'Enseignement central, une sorte de conglomérat chargé d'apprendre à parler et à écrire aux mineurs des systèmes extérieurs. Un job plutôt mal payé, mal considéré, mais indispensable (comme tous les jobs mal payés, que personne ne voulait faire). La société avait aussi besoin d'Olympia. Elle faisait, elle, un job non moins indispensable, et tout aussi - et même bien davantage - mal rémunéré.
Paul n'osa pas l'approcher. Il ne faisait que lui tendre un vague billet, et lui balbutier un "Bonjour, merci.", parfois, "Bonne journée !", avec un grand sourire. Il la trouvait jolie, et pas simplement jolie, mais belle. Extrêmement. A cette époque, il était obnubilé par une collègue, mais c'est une autre histoire. Une autre fois.
Non, le corniaud n'osait pas faire les premiers pas ; comment parler à une simple ramasseuse de billets ? Finalement, un soir, grâce aux terminaux de l'entreprise, il retrouva la belle par hasard, un collègue lui ayant révélé son nom - très beau et si rare, d'ailleurs - à un pot organisé par la direction (avec le congé sans solde d'une semaine). Sur l'annuaire de la boite, il vit sa fiche descriptive, qu'elle avait rédigée elle-même, évidemment.
Leur premier contact, électronique, fut des plus enthousiastes ; on aurait dit que l'enfant aimait aussi les langues anciennes, l'architecture néo-classique, la musique de cithare d'angle. Bref ils se trouvèrent des affinités (un des techniciens sauriens hérissa, l'espace d'un instant, trois ou quatre minuscules écailles, quelque part sur son poitrail impassible d'ordinaire). Pourquoi et comment se virent-ils ? Il semble que ce fût un miracle. A moins que ce ne fût une sorte de malédiction ?
Toujours est-il qu'ils décidèrent de dîner ensemble, à l'extérieur, sur une planète séparée des orbites principales de Proxima. Un satellite de rien du tout, où des stations bon marché vivotaient - mais avec un certain standing, malgré tout. Oui, les varans décodèrent tout cela dans les synapses reconstituées du primate pseudo-intelligent. Une sorte de lien inextricablement soudé au cerveau renvoyait à ce souvenir perdu, comme une obsession.
Et dans ce condensé de mémoire on trouvait un début de poème :
"Je t'aime.
Quels mots sauraient-ils davantage signifier ?
Telle est la phrase, même, que tous les amants du monde se déclarent.
Voici la plus échangée, la plus lue, dans toutes les langues, sous tous les soleils, de toutes les paroles possibles.
Et, pourtant, nul autre que moi n'en comprend le sens, nul autre que toi ne la rend possible.
Toi, seule, peut-être, si tu m'aimais, la recevrais.
Voilà l'universel, l'absolu - et ce n'est que pour toi, insignifiante, banale personne parmi des milliards - que tu crois !
Pourquoi moi, pourquoi toi ? Et pourquoi pas ?
[...]"
L'ordinateur Neurofil, bizarrement, perdit la trace de la suite.
La station vitrée offrait une belle vue sur l'anneau le plus fin de l'étoile.
Des cargos voguaient à quelques encablures, en train de quitter le système pour passer en hyper-espace.
La salle, confortablement banquettée, diffusait en douce un certain Sinatra, "I've got You under my skin".
Ils refirent le monde en quelques heures - du moins, c'est ce qu'ils crurent. Lui ne pensait qu'à ses joues, ses yeux bien sûr, mais ses grandes pommettes, un peu saillantes, l'attiraient tant comme une promesse de généreuse babouchka dans une infante. Oui, elle 21 ans, et lui 37. Quelle étrange proportion, quel bizarre ratio. Y a-t-il, comme l'affirme Humbert Humbert dans un roman perdu et interdit d'un certain Nabokov, une formule magique dans la différence d'âge, pour que mâles et femelles s'attirent tels des aimants ? Des amants fatals ?
Toujours est-il que, dans la navette, sur le chemin du retour, le pilote automatique fonctionna. C'est ainsi qu'ils se connurent. Et c'est ainsi que Paul perdit son amour en même temps que sa naïveté. Elle ne souhaita plus le revoir, en tout cas c'est ce qu'il conclut, lorsqu'il s'aperçut qu'elle ne donnait plus de réponse à des codes distants. "A bientôt", avait-elle pourtant conclu son dernier envoi. Oui, c'est pour la retrouver, qu'il s'engagea chez Total-Espace, à moins que ce ne fût pour l'oublier.
Son écrit était le seul lien avec elle (il aurait eu l'intuition qu'il serait toujours lu d'elle !). Ils n'en avaient aucune preuve, mais les ingénieurs-archéologues eurent la certitude que l'individu humain était venu sur la planète de ses ancêtres pour coder un dernier message à sa belle. Un poème que seuls elle et lui connaîtraient. Bien sûr, il y avait le Bateau ivre de Rimbaud, encore très connu à leur époque, mais celui que Paul "X" avait choisi, ce n'était qu'une simple Déclaration...
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