APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
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APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
Trois gouttes étaient tombées sur le sol. Mamy avait pourtant pris toutes ses précautions et disposé une bassine entre ses chevilles gonflées. Moi, j’étais assis sur une chaise, rempli de culpabilité. Une honte cuisante m’empourprait les joues. Je vivais avec ma grand-mère. Mes parents avaient pris la décision de me confier à ses bons soins après que leur médecin eût déclaré que seul l’air de la campagne pourrait me revigorer. Je les avais toujours entendu dire que j’étais un enfant chétif et souffreteux. Je crois qu’ils étaient pressés de se débarrasser du fardeau encombrant que représentait ma constitution fragile. Mamy m’a dit un jour que c’était la seule et unique fois qu’une phrase sensée était sortie de la bouche d’un médecin. Elle était heureuse, je lui tenais compagnie.
Mamy élevait des lapins qu’elle vendait sur les marchés. Je l‘aidais à nettoyer leurs clapiers, jusqu’au jour où perclus de douleurs, je restais à nouveau cloué au lit. Mamy choisissait alors le lapin à la fourrure la plus douce. Elle le suspendait par les pattes arrières à un escabeau et le dépeçait d’un seul coup. Comme Jeannot. Sa peau pend, dépliée et retournée sur sa tête comme une chaussette. Je me force à regarder les abats qui tombent avec un bruit flasque dans la casserole. Puisque tout était de ma faute une fois encore. « Viens mon Pierrot, je vais te requinquer ! » Le rebouteux du village lui a confié un remède miracle : enduire à l’aide de la fourrure le corps du malade de cataplasmes de graisse de lapin. Rétabli, je pourrai enfin l’aider.
Mamy élevait des lapins qu’elle vendait sur les marchés. Je l‘aidais à nettoyer leurs clapiers, jusqu’au jour où perclus de douleurs, je restais à nouveau cloué au lit. Mamy choisissait alors le lapin à la fourrure la plus douce. Elle le suspendait par les pattes arrières à un escabeau et le dépeçait d’un seul coup. Comme Jeannot. Sa peau pend, dépliée et retournée sur sa tête comme une chaussette. Je me force à regarder les abats qui tombent avec un bruit flasque dans la casserole. Puisque tout était de ma faute une fois encore. « Viens mon Pierrot, je vais te requinquer ! » Le rebouteux du village lui a confié un remède miracle : enduire à l’aide de la fourrure le corps du malade de cataplasmes de graisse de lapin. Rétabli, je pourrai enfin l’aider.
Yellow_Submarine- Nombre de messages : 278
Age : 53
Localisation : Fougères
Date d'inscription : 08/01/2010
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
Yelow, j’aimerai juste savoir comment le môme peut décrire la scène de dépeçage alors qu’il est au lit ? Mis à part ça, t’as un sacré problème de hiérarchie textuel. Les infos ne sont pas étagées alors l’angle est trouble : vision d’un gamin malade ; les paroles du médecin ; la réaction de la vieille femme ; où est l’angle privilégié ?
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
Bassine ou casserole ?
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
Yellow, je ne suis pas convaincue par ce texte cette fois ci.
Je ne comprends pas les changements de temps, et la construction me semble emberlificotée. Du coup la chronologie m'échappe , ça me semble tarabiscoté. Même la chute est au début !
Retravaillé, y' aurait du potentiel pourtant dans ce lapin depecé !
Je ne comprends pas les changements de temps, et la construction me semble emberlificotée. Du coup la chronologie m'échappe , ça me semble tarabiscoté. Même la chute est au début !
Retravaillé, y' aurait du potentiel pourtant dans ce lapin depecé !
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
C'est ça.Rebecca a écrit:Yellow, je ne suis pas convaincue par ce texte cette fois ci.
Je ne comprends pas les changements de temps, et la construction me semble emberlificotée. Du coup la chronologie m'échappe , ça me semble tarabiscoté. Même la chute est au début !
Retravaillé, y' aurait du potentiel pourtant dans ce lapin depecé !
Si tu permets Yellow, j'écrirais bien une variation sns sortir des faits ?
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
ça fonctionne mieux ainsi, non?
Je vis avec ma grand-mère. Mes parents ont pris la décision de me confier à ses bons soins après que leur médecin eût déclaré que seul l’air de la campagne pouvait me revigorer. Je les ai toujours entendu dire que j’étais un enfant chétif et souffreteux. Je crois qu’ils étaient pressés de se débarrasser du fardeau encombrant que représentait pour eux ma constitution fragile. Mamy m’a dit un jour que c’était la seule et unique fois qu’une phrase sensée était sortie de la bouche d’un docteur. Elle est heureuse, je lui tiens compagnie.
Mamy élève des lapins qu’elle vend sur les marchés. Je l‘aide à nettoyer leurs clapiers, jusqu’au jour où, à nouveau perclus de douleurs, je reste cloué au lit ou forcé de rester assis sur une chaise. Mamy choisit alors le lapin à la fourrure la plus douce. Elle le suspend par les pattes arrières à un escabeau et le dépèce d’un seul coup. Comme Jeannot. Sa peau pend, dépliée et retournée sur sa tête comme une chaussette. Je me force à regarder les abats qui tombent avec un bruit flasque dans la bassine que Mamy a placée entre ses chevilles gonflées. Trois gouttes sont tombées sur le sol. Mamy prend pourtant toujours toutes ses précautions.
« Viens mon Pierrot, je vais te requinquer ! » Le rebouteux du village lui a confié un remède miracle : enduire à l’aide de la fourrure le corps du malade de cataplasmes de graisse de lapin. Rétabli, je pourrai encore l’aider.
Je vis avec ma grand-mère. Mes parents ont pris la décision de me confier à ses bons soins après que leur médecin eût déclaré que seul l’air de la campagne pouvait me revigorer. Je les ai toujours entendu dire que j’étais un enfant chétif et souffreteux. Je crois qu’ils étaient pressés de se débarrasser du fardeau encombrant que représentait pour eux ma constitution fragile. Mamy m’a dit un jour que c’était la seule et unique fois qu’une phrase sensée était sortie de la bouche d’un docteur. Elle est heureuse, je lui tiens compagnie.
Mamy élève des lapins qu’elle vend sur les marchés. Je l‘aide à nettoyer leurs clapiers, jusqu’au jour où, à nouveau perclus de douleurs, je reste cloué au lit ou forcé de rester assis sur une chaise. Mamy choisit alors le lapin à la fourrure la plus douce. Elle le suspend par les pattes arrières à un escabeau et le dépèce d’un seul coup. Comme Jeannot. Sa peau pend, dépliée et retournée sur sa tête comme une chaussette. Je me force à regarder les abats qui tombent avec un bruit flasque dans la bassine que Mamy a placée entre ses chevilles gonflées. Trois gouttes sont tombées sur le sol. Mamy prend pourtant toujours toutes ses précautions.
« Viens mon Pierrot, je vais te requinquer ! » Le rebouteux du village lui a confié un remède miracle : enduire à l’aide de la fourrure le corps du malade de cataplasmes de graisse de lapin. Rétabli, je pourrai encore l’aider.
Yellow_Submarine- Nombre de messages : 278
Age : 53
Localisation : Fougères
Date d'inscription : 08/01/2010
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
Ca fonctionne mieux mais si tu permets je te propose ceci (1500 juste).
(un nouvel exo ? réécrire des versions de Thérapeutique, merci yali pour l'idée , merci yellow pour les idées)
Je vis avec ma grand-mère. Mes parents ont pris la décision de me confier à ses bons soins après que leur médecin eût déclaré que seul l’air de la campagne pouvait me revigorer. Je les ai toujours entendu dire que j’étais un enfant chétif et souffreteux. Je crois qu’ils étaient pressés de se débarrasser du fardeau encombrant que représentait pour eux ma constitution fragile. Mamy m’a dit un jour que c’était la seule et unique fois qu’une phrase sensée était sortie de la bouche d’un docteur. Elle est heureuse, je lui tiens compagnie.
Mamy élève des lapins qu’elle vend sur les marchés. Je l‘aide à nettoyer leurs clapiers. Mais aujourd’hui, perclus de douleurs, j’entends le rebouteux du village lui confier ce remède miracle : il s’agit de m’enduire tout le corps de cataplasmes de graisse de lapin , à l’aide de sa fourrure.
« Viens mon Pierrot, viens mon lapin, je vais te requinquer ! »
Mamy m’installe sur une chaise afin que je participe à ma guérison. Elle choisit un lapin, celui qui a la fourrure la plus douce. Elle le suspend par les pattes arrières à un escabeau et le dépèce d’un seul coup. Je regarde sa peau pendre, dépliée et retournée sur sa tête comme une chaussette. Je me force à regarder les abats qui tombent avec un bruit flasque dans la bassine que Mamy a placée entre ses chevilles gonflées. Je me sens retourné moi aussi. Trois gouttes sont tombées sur le sol. Pourquoi ce détail m’achève-t-il ? Je vomis mes tripes.
Raté, mamy, je ne pourrai plus jamais t’aider.
(un nouvel exo ? réécrire des versions de Thérapeutique, merci yali pour l'idée , merci yellow pour les idées)
Je vis avec ma grand-mère. Mes parents ont pris la décision de me confier à ses bons soins après que leur médecin eût déclaré que seul l’air de la campagne pouvait me revigorer. Je les ai toujours entendu dire que j’étais un enfant chétif et souffreteux. Je crois qu’ils étaient pressés de se débarrasser du fardeau encombrant que représentait pour eux ma constitution fragile. Mamy m’a dit un jour que c’était la seule et unique fois qu’une phrase sensée était sortie de la bouche d’un docteur. Elle est heureuse, je lui tiens compagnie.
Mamy élève des lapins qu’elle vend sur les marchés. Je l‘aide à nettoyer leurs clapiers. Mais aujourd’hui, perclus de douleurs, j’entends le rebouteux du village lui confier ce remède miracle : il s’agit de m’enduire tout le corps de cataplasmes de graisse de lapin , à l’aide de sa fourrure.
« Viens mon Pierrot, viens mon lapin, je vais te requinquer ! »
Mamy m’installe sur une chaise afin que je participe à ma guérison. Elle choisit un lapin, celui qui a la fourrure la plus douce. Elle le suspend par les pattes arrières à un escabeau et le dépèce d’un seul coup. Je regarde sa peau pendre, dépliée et retournée sur sa tête comme une chaussette. Je me force à regarder les abats qui tombent avec un bruit flasque dans la bassine que Mamy a placée entre ses chevilles gonflées. Je me sens retourné moi aussi. Trois gouttes sont tombées sur le sol. Pourquoi ce détail m’achève-t-il ? Je vomis mes tripes.
Raté, mamy, je ne pourrai plus jamais t’aider.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
ça manque de cadence Rebecca, et d'un titre.
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
Trois gouttes de sang tombent sur le rebord de la bassine qu’elle a placé entre ses chevilles gonflées. Elles se suivent un moment, pourpres et luisantes, glissent sur faïence, pour finalement s’unir et ne faire qu’une qui, goutte unique, s’en va se mêler à la terre du clapier.
Trois mois que je suis là .
Je déteste cet endroit.
Je déteste la vision de de ce lapin pendu par les pattes arrières, tripes à l’air et le filet de sang qui s’écoule de son œil cavé direction la bassine.
Trois mois que je suis là pour cause de « Petite santé ».
Et je déteste que la vieille femme chantonne dans ces moments-là.
« Petite santé » c’était exactement les mots qu’avait employé le médecin à l’issue de la consultation. Il avait laissé retomber son stéthoscope et il s’était retourné vers mes parents pour balancer son verdict. Puis, placidement, il avait ajouté : « L’air de la compagne…» Et j’avais bien senti qu’il insistait sur les points de suspensions qu’il ne prononçait pas.
La chose avait été vite expédié, j’irai chez ma grand-mère : le grand air… Puis la brave femme avait besoin de compagnie, et d’un peu d’aide sur les marchés.
Là voilà qui se lève de son tabouret.
Je déteste cet endroit.
Je déteste lorsqu’elle se lève de son tabouret.
Deux temps, trois mouvements. C’est à peu prés ce qu’il va falloir pour qu’a mains nues elle broie un cœur, deux reins, un foie et d’autres abats. Qu’elle mélange sommairement tout ça avec du sang dans un bol et qu’elle me le tende en disant l’air confiante : « T’es tout pâle. Ça va te faire du bien !»
Je bois et…
Tu m’étonnes que j’ai l’air tout pâle.
Trois mois que je suis là .
Je déteste cet endroit.
Je déteste la vision de de ce lapin pendu par les pattes arrières, tripes à l’air et le filet de sang qui s’écoule de son œil cavé direction la bassine.
Trois mois que je suis là pour cause de « Petite santé ».
Et je déteste que la vieille femme chantonne dans ces moments-là.
« Petite santé » c’était exactement les mots qu’avait employé le médecin à l’issue de la consultation. Il avait laissé retomber son stéthoscope et il s’était retourné vers mes parents pour balancer son verdict. Puis, placidement, il avait ajouté : « L’air de la compagne…» Et j’avais bien senti qu’il insistait sur les points de suspensions qu’il ne prononçait pas.
La chose avait été vite expédié, j’irai chez ma grand-mère : le grand air… Puis la brave femme avait besoin de compagnie, et d’un peu d’aide sur les marchés.
Là voilà qui se lève de son tabouret.
Je déteste cet endroit.
Je déteste lorsqu’elle se lève de son tabouret.
Deux temps, trois mouvements. C’est à peu prés ce qu’il va falloir pour qu’a mains nues elle broie un cœur, deux reins, un foie et d’autres abats. Qu’elle mélange sommairement tout ça avec du sang dans un bol et qu’elle me le tende en disant l’air confiante : « T’es tout pâle. Ça va te faire du bien !»
Je bois et…
Tu m’étonnes que j’ai l’air tout pâle.
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
Cette tension à partir du tabouret... et la dernière phrase .... Super !
Le "qu'une qui" ("pour finalement s’unir et ne faire qu’une qui, goutte unique",) accroche.
Trois gouttes de sang tombent sur le rebord de la bassine qu’elle a placée
Je déteste la vision de de ce lapin pendu par les pattes arrière
c’étaient exactement les mots qu’avait employés le médecin
« L’air de la compagne… (oh le joli lapsus !)» Et j’avais bien senti qu’il insistait sur les points de suspension
La chose avait été vite expédiée, j’irais chez ma grand-mère :
C’est à peu près ce qu’il va falloir pour qu’à mains nues
Le "qu'une qui" ("pour finalement s’unir et ne faire qu’une qui, goutte unique",) accroche.
Trois gouttes de sang tombent sur le rebord de la bassine qu’elle a placée
Je déteste la vision de de ce lapin pendu par les pattes arrière
c’étaient exactement les mots qu’avait employés le médecin
« L’air de la compagne… (oh le joli lapsus !)» Et j’avais bien senti qu’il insistait sur les points de suspension
La chose avait été vite expédiée, j’irais chez ma grand-mère :
C’est à peu près ce qu’il va falloir pour qu’à mains nues
Invité- Invité
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
Je commente la première version, qui correspond à la lecture que j'en ai faite. Pas eu le temps pour l'instant de lire les suivantes.
Avec une grande économie de mots, tu réussis à décrire une terrible et surprenante thérapeutique, fondée sur la culpabilité. Etre malade, c’est être responsable d’une mort, c’est être responsable de ce spectacle atroce d’un lapin, dont on s’occupe chaque jour, et à qui pourtant on fait la peau. Reste à vaincre la maladie pour échapper à la culpabilité.
Mais celle-ci semble laisser place à autre chose : une gratitude, une reconnaissance, une vénération. Parce que l’on a affaire à un changement de peau. La fourrure du lapin sera appliquée sur le corps de l’enfant, c’est une régénération, une sorte de transmigration qui s’effectue, non pas de l’âme, mais du corps. L’enfant est amené à se mettre dans la peau d’un autre, à se glisser dans la peau saine de l’animal. L’enfant contemple le lapin suspendu qui se vide. Vide que lui remplira. Ou sera amené à se l’ l’incorporer, en une interpénétration. Et comment n’aimerait-il pas dés lors cet animal qu’il aura désormais dans la peau ? Animal totem, donneur de santé et de vie. Le spectacle alors du lapin suspendu est plus fascinant qu'atroce.
Sa grand-mère pourra l’appeler son petit lapin, affectueusement. Il sera celui dont on prend soin, comme on le fait des animaux à la campagne, et non celui dont on se débarrasse à la ville. « Pierrot », « Jeannot » : la proximité sonore des deux noms accroît l’assimilation de l’un à l’autre. Avec leurs deux terminaisons affectueuses.
Au fond chacun le sait : au régime peau de lapin, on devient un sacré gaillard !
Bravo pour ce texte.
Remarques :
« entendus » et non « entendu »
Où, perclus de douleurs,
Les pattes arrière, et non « arrières »
Le rebouteux du village lui avait confié, plutôt que lui a confié ?
Avec une grande économie de mots, tu réussis à décrire une terrible et surprenante thérapeutique, fondée sur la culpabilité. Etre malade, c’est être responsable d’une mort, c’est être responsable de ce spectacle atroce d’un lapin, dont on s’occupe chaque jour, et à qui pourtant on fait la peau. Reste à vaincre la maladie pour échapper à la culpabilité.
Mais celle-ci semble laisser place à autre chose : une gratitude, une reconnaissance, une vénération. Parce que l’on a affaire à un changement de peau. La fourrure du lapin sera appliquée sur le corps de l’enfant, c’est une régénération, une sorte de transmigration qui s’effectue, non pas de l’âme, mais du corps. L’enfant est amené à se mettre dans la peau d’un autre, à se glisser dans la peau saine de l’animal. L’enfant contemple le lapin suspendu qui se vide. Vide que lui remplira. Ou sera amené à se l’ l’incorporer, en une interpénétration. Et comment n’aimerait-il pas dés lors cet animal qu’il aura désormais dans la peau ? Animal totem, donneur de santé et de vie. Le spectacle alors du lapin suspendu est plus fascinant qu'atroce.
Sa grand-mère pourra l’appeler son petit lapin, affectueusement. Il sera celui dont on prend soin, comme on le fait des animaux à la campagne, et non celui dont on se débarrasse à la ville. « Pierrot », « Jeannot » : la proximité sonore des deux noms accroît l’assimilation de l’un à l’autre. Avec leurs deux terminaisons affectueuses.
Au fond chacun le sait : au régime peau de lapin, on devient un sacré gaillard !
Bravo pour ce texte.
Remarques :
« entendus » et non « entendu »
Où, perclus de douleurs,
Les pattes arrière, et non « arrières »
Le rebouteux du village lui avait confié, plutôt que lui a confié ?
Louis- Nombre de messages : 458
Age : 69
Date d'inscription : 28/10/2009
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
Je l'aime bien ta version. Je ne connaissais pas ce remède et je le regrette amèrement.Yellow_Submarine a écrit:ça fonctionne mieux ainsi, non?
Je vis avec ma grand-mère. Mes parents ont pris la décision de me confier à ses bons soins après que leur médecin eût déclaré que seul l’air de la campagne pouvait me revigorer. Je les ai toujours entendu dire que j’étais un enfant chétif et souffreteux. Je crois qu’ils étaient pressés de se débarrasser du fardeau encombrant que représentait pour eux ma constitution fragile. Mamy m’a dit un jour que c’était la seule et unique fois qu’une phrase sensée était sortie de la bouche d’un docteur. Elle est heureuse, je lui tiens compagnie.
Mamy élève des lapins qu’elle vend sur les marchés. Je l‘aide à nettoyer leurs clapiers, jusqu’au jour où, à nouveau perclus de douleurs, je reste cloué au lit ou forcé de rester assis sur une chaise. Mamy choisit alors le lapin à la fourrure la plus douce. Elle le suspend par les pattes arrières à un escabeau et le dépèce d’un seul coup. Comme Jeannot. Sa peau pend, dépliée et retournée sur sa tête comme une chaussette. Je me force à regarder les abats qui tombent avec un bruit flasque dans la bassine que Mamy a placée entre ses chevilles gonflées. Trois gouttes sont tombées sur le sol. Mamy prend pourtant toujours toutes ses précautions.
« Viens mon Pierrot, je vais te requinquer ! » Le rebouteux du village lui a confié un remède miracle : enduire à l’aide de la fourrure le corps du malade de cataplasmes de graisse de lapin. Rétabli, je pourrai encore l’aider.
Plotine- Nombre de messages : 1962
Age : 82
Date d'inscription : 01/08/2009
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
Il faut lire ou relire Cavanna : l'oeil du lapin. Tout cela y est parfaitement décrit.
J'aime bien la réécriture de Yali.
J'aime bien la réécriture de Yali.
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
Ben voyons, yellow, ils t'ont fauché ton fil.
Faut pas te laisser faire!
Attend un peu que zorroz arrive et vire un peu ce petit monde au demeurant fort sympathique mais quelque peu envahissant!
oust! bande de coucous!
pas sure que ça marche
Ces souvenirs de lapin dépecé derrière la maison avec l'oeil dégoulinant, je les ai aussi. Je me souviens d'ailleurs la galère de devoir trier les petits plombs dans la chair.
Vive la viande sous cello!
Faut pas te laisser faire!
Attend un peu que zorroz arrive et vire un peu ce petit monde au demeurant fort sympathique mais quelque peu envahissant!
oust! bande de coucous!
pas sure que ça marche
Ces souvenirs de lapin dépecé derrière la maison avec l'oeil dégoulinant, je les ai aussi. Je me souviens d'ailleurs la galère de devoir trier les petits plombs dans la chair.
Vive la viande sous cello!
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 62
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
Pour info, Yali a mis la version de son texte ici, avec renvoi à celui de Yellow Submarine : https://vosecrits.1fr1.net/conversations-atelier-f4/fragments-le-fil-de-vos-textes-courts-t4385-760.htm#209704
Invité- Invité
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
J'aime beaucoup ! D'abord parce que moi aussi j'ai assisté à ce genre de scène, et pas qu'une fois, le lapinou était énucléé après avoir été estourbi, et le sang coulait dans le seau pendant que la peau glissait (et il fallait salement tirer desssus ! ça colle bien !)
Mais on m'a jamais proposé le breuvage, faut croire que j'ai jamais eu l'air souffreteux :-)))
bon texte malgré les quelques imperfections signalées
Mais on m'a jamais proposé le breuvage, faut croire que j'ai jamais eu l'air souffreteux :-)))
bon texte malgré les quelques imperfections signalées
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
Il y a du potentiel dans ta version Yellow mais le dramatisme pourrait être développé autrement, en insistant sur un point de vue parmi ceux cités, tout en gardant cette sobriété dans la narration. Parce que cette idée est visuellement porteuse et mériterait d'être revue, par toi.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
J'ai beaucoup aimé l'atmosphère lourde et pesante de ton texte. J'ai immédiatement pensé à « La terre » de Zola ou aux romans policiers de Pierre Magnan. Alors oui, il y a peut-être des choses à modifier dans la narration pour la rendre plus fluide, mais ce serait dommage de toucher à l'atmosphère.
La version de Yali est plus rythmée et le point de vue narratif mieux cerné, mais j'y ai moins ressenti le poids qui pèse sur le pauvre gamin.
En fait, toute cette histoire de lapin dépiauté me fait penser au roman de David Gates "jernigan". Je crois bien que c'est dans celui-là qu'une femme élève des lapins dans la cave pour les manger. Il y a une scène terrible, faudrait que je la retrouve.
La version de Yali est plus rythmée et le point de vue narratif mieux cerné, mais j'y ai moins ressenti le poids qui pèse sur le pauvre gamin.
En fait, toute cette histoire de lapin dépiauté me fait penser au roman de David Gates "jernigan". Je crois bien que c'est dans celui-là qu'une femme élève des lapins dans la cave pour les manger. Il y a une scène terrible, faudrait que je la retrouve.
abstract- Nombre de messages : 1127
Age : 55
Date d'inscription : 10/02/2009
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
"Puisque tout était de ma faute, une fois encore"
Il y a tout un monde de réflexions dans cette phrase. J'en aurais envie de prendre ce gosse et de le consoler, de lui expliquer qu'il n'est coupable de rien.
Je prends la version, telle qu'elle est. Deux, trois petis trucs que je changerais si j'en étais l'auteur, mais ce n'est que parce que "mon style" de... (ça fait pompeux, ça... mdr) et il arrive quand on est scribouilleur/lecteur d'avoir ce genre de démangeaison.
Mais pour la version de Yali, qui est tout aussi bonne, le regard de l'enfant est totalement autre.
Pour moi, ce sont deux histoires complètement différentes. L'une pourrait même répondre à l'autre, dans le cas de deux enfants les ayant vécues et qui se les raconteraient.
Il y a tout un monde de réflexions dans cette phrase. J'en aurais envie de prendre ce gosse et de le consoler, de lui expliquer qu'il n'est coupable de rien.
Je prends la version, telle qu'elle est. Deux, trois petis trucs que je changerais si j'en étais l'auteur, mais ce n'est que parce que "mon style" de... (ça fait pompeux, ça... mdr) et il arrive quand on est scribouilleur/lecteur d'avoir ce genre de démangeaison.
Mais pour la version de Yali, qui est tout aussi bonne, le regard de l'enfant est totalement autre.
Pour moi, ce sont deux histoires complètement différentes. L'une pourrait même répondre à l'autre, dans le cas de deux enfants les ayant vécues et qui se les raconteraient.
Reginelle- Nombre de messages : 1753
Age : 74
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008
Re: APPEL A TEXTES : 1500 - Thérapeutique
Je suis revenue lire encore celui-ci. Finalement tout y est dit aussi. Sinon de manière plus resserrée. A part "bassine/casserole" (j'avoue le relever seulement maintenant), ce texte se tient bien aussi.
Reginelle- Nombre de messages : 1753
Age : 74
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008
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