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Monsieur Buenaventura

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Message  CROISIC Dim 31 Oct 2010 - 17:36

Tous les après midi je quitte le lycée et je cours au « *** étoiles ». Je bois un café, un deuxième si quelqu’un me l’offre, je joue au Yams, je bavarde avec des copines ; les devoirs sont vite expédiés, une lecture attentive me suffit pour tout mémoriser.
Les patrons du bar vendent leur établissement. Le futur acheteur – un français qui vivait aux USA – me regarde avec une insistance qui me procure un plaisir délicieux.
Il ressemble un peu à Paul Meurisse, ses costumes ne sont pas taillés par le tailleur du coin et son eau de toilette ne vient pas de Prisunic. Il est vieux mais il me plait.
Un soir il m’a aidé à mettre mon manteau et il m’a dit qu’il était sous le charme de mon regard vert et jaune, qu’il n’avait jamais vu d’aussi beaux yeux.
Mes pieds sont ailés quand je reviens à la maison.
Le lendemain, il me propose de monter faire mes devoirs dans son appartement pour être plus au calme.
Je n’avais jamais glissé mon corps d’adolescente dans des draps de soie.
Je n’étais jamais non plus, revenue si tard à la maison.
J’ai créé le personnage de Laurianne Buenaventura – fille de riches bourgeois – qui s’est entichée de moi et que j’aide à rédiger ses exposés, ses narrations, bref tous ses devoirs de français.
Je devine que ce personnage va m’être d’une grande utilité dans les jours et les mois à venir, pour expliquer mes absences à ma mère. Indifférente, mais… questionneuse quand même !

Il s’appelle Simon. Son parfum, Habit Rouge de Guerlain.
Il a quarante ans, j’en ai seize et alors ?
Je m’enivre du luxe qui l’entoure.
Ce soir il pleut il me ramène chez moi en voiture. Je monte pour la première fois dans une Pontiac. Tout me grise, son regard sur moi, ses mains, son parfum, la musique qu’il me fait écouter, le whisky qu’il me fait boire.

_ C’est Monsieur Buenaventura… oui le père de Laurianne qui m’a raccompagné dis-je à ma mère intriguée par ce véhicule jamais vu dans notre rue.
_ Quelle voiture ! Elle doit coûter une fortune !
_ Si tu voyais leur maison !
_ Je suis contente ma fille que tu fréquentes des gens bien, tu sais je me fais du souci chaque fois que je passe devant le *** Etoiles et que je te vois assise parmi ces bons à rien.
_ Je suis tes conseils.
_ Le weekend prochain, Laurianne donne une fête pour son anniversaire, elle m’a proposé de dormir chez elle, tu veux bien ?
_ Je te donnerai de l’argent pour lui offrir un cadeau.
_ Merci !

Simon m’a demandé de l’accompagner à Bordeaux pour ses affaires et il a envie de m’offrir un bon déjeuner et de me faire visiter cette ville qui est toute son enfance.
Je ne me tiens plus de joie. Des habits neufs, c’est sûr, il m’en faut, un joli minois ne suffit pas.

Je vais aux Dames de France – là où ma mère a un compte pour m’habiller au printemps et à l’automne – je sais que les vendeuses ne seront pas méfiantes à mon égard.
Je m’y rends vers 17h00 après les cours, j’ai mon cartable, et mon grand sac de sport Adidas vide.
Je parcours nonchalamment les allées de l’étage consacrées aux dames.
Le portant qui m’intéresse est là. Je pose à terre mon sac de sport et le glisse peu à peu sous les cintres qui me plaisent. Je prends négligemment un chemisier Cacharel d’une main et de l’autre, je fais tomber dans mon sac invisible un combi-short, un manteau, un pull over. J’hésite longuement en admirant le chemisier puis décide d’aller l’essayer en cabine. Il me va à ravir. Je reviens radieuse et annonce à la vendeuse que je le prends et descends le payer au rez-de-chaussée ; très décontractée j’ai récupéré mon cartable au pied du portant et mon sac de sport dont je tire la fermeture à glissière.
Quelle époque merveilleuse où n’existe pas encore les antivols et autres empêcheurs de dérober discrètement pour celles qui comme moi, n’ont pas les moyens d’acheter toutes ces jolies choses offertes à nos envies.

Huit heures, il fait encore nuit, mais j’entends le freinage soyeux de la Pontiac devant la maison. Mon sac est prêt.
Maman est déjà partie au travail.
Je sors de la maison, je me sens belle et invincible dans mes nouveaux habits… offerts par Laurianne ai-je dit à ma mère, tu comprends, elle ne voulait pas que je me sente différente des autres pour sa fête.
Je me glisse dans la belle automobile avec un sentiment de triomphe encore jamais éprouvé.
Simon me jette un regard admiratif. Nous partons.
Il m’explique l’emploi du temps de la journée, nous ferons un tour de la ville puis nous irons déjeuner dans un grand restaurant. Avec sa voix velours qui me fait fondre il me dit qu’il devra m’abandonner une partie de l’après-midi pour aller chez son notaire. Mais je serai bien installée dans la maison de sa mère qui est partie en villégiature.
Tous les livres de la bibliothèque seront à ta disposition…
_ Contente mon chaton ?
_ Vouiiii ! Le chaton ronronne.

Simon se révèle un guide passionnant dans les rues du vieux Bordeaux. Ah ! si mes copines me voyaient !
Il se gare devant une brasserie très connue me dit-il, qui appartient à un ancien du cyclisme. Il m’aide à descendre et nous entrons comme des princes dans ce palais de marbre, de glaces et de lumières. Nous glissons vers un bar immense et il m’aide à me jucher sur un haut tabouret.
_ Deux Bloody Mary dit-il au barman

Une vieille blonde, très chic, vient l’embrasser.
_ Violette, la charmante enfant dont je t’ai déjà parlé lui dit-il en me faisant un clin d’œil rassurant.
_ Je vois, je vois, dit la vieille blonde. Tu sais que nous n’avons plus de clients pour ce type de marchandise ? Trop risqué.

Elle me regarde dans les yeux et lui dit : de plus elle n’a pas l’air bête du tout, c’est du genre à causer des ennuis.
Je me dandine dangereusement sur mon tabouret.
Simon éclate de rire et se lance dans une improvisation géniale sur les années de théâtre qu’ils ont passées ensemble dans leur jeunesse.
Je me sens de plus en plus mal à l’aise et demande à aller aux toilettes. J’ai envie de vomir alors que je mourrais de faim dix minutes auparavant.
Il me faut bien revenir. Ils discutent tous les deux à voix basse et se taisent en me voyant. Simon ne sourit plus.
Nous passons à table. Je suis muette et paralysée.
Le repas est vite expédié. Nous repartons.
La maison de sa mère est une grande bâtisse sombre près du fleuve.
Une odeur forte de moisi règne à l’intérieur. Il m’entraine vers la chambre, mais je résiste. Il n’insiste pas et me pousse dans la bibliothèque sans un mot. Il part en fermant la porte à clef.
J’hurle de terreur, je pleure, j’ai peur.
Un téléphone. Je prends le combiné. Pas de tonalité.
L’angoisse me submerge. J’ouvre la fenêtre, les volets, je me trouve à l’étage, impossible de sauter. La rue est loin, au-delà des arbres, je peux m’époumoner sans que quiconque m’entende.
Me calmer. Réfléchir et attendre.
Je prends un livre au hasard. Les Nouvelles Extraordinaires d’Edgar Poe. Ma terreur augmente. Je vais mourir ici, oubliée. Mourir de faim.
Maman, pardon.
La nuit tombe. Mes yeux sont secs.

Un bruit de clef. La porte s’ouvre. Simon entre. Son regard est mauvais, il s’approche de moi et me balance une gifle.
_ c’est pour te remercier d’avoir oublié ton sac à l’arrière de la voiture. J’ai dû improviser.
_ j’ose répondre : tes talents de comédiens t’ont encore servi

Deuxième gifle.
_ Allez viens, le weekend est fini, je te ramène chez toi et je te conseille de te taire. De toutes manières personne ne te croira.

Le retour est long et silencieux. Simon me dépose au centre ville. Je me retrouve seule dans la nuit avec mon sac à la main.
Je suis allée dormir à la gare. Ce n’est pas la première fois, mais là… je suis seule.

Je comprends que j’ai frôlé le trottoir de très près.

Un terrible accident ferroviaire à un passage à niveau proche de la ville me permet quelques semaines plus tard de faire mourir Monsieur Buenaventura et sa fille Laurianne.
Je n’ai plus besoin d’eux.
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Message  Ba Dim 31 Oct 2010 - 18:06

Je me disais aussi, n'est pas "l'Amant" qui veut.
Il a bien fait de périr sur le fer !
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Message  Invité Dim 31 Oct 2010 - 21:09

Bonsoir.

Je viens de lire votre nouvelle, attentivement, et la fin, deux fois.

J'ai beaucoup apprécié l'ambiance. Excellente. Il a suffi de dire Paul Meurisse pour bien imaginer. C'est aussi très bien écrit, très bien dosé.

Cependant, il y a des choses qui m'ont chiffonné, et des incohérences, ou alors j'ai mal compris (ce qui est parfaitement possible)

- Un problème de temps (ou d'époque). Le "combi-short" m'a perturbé, parce que je situais ça dans les années 60 et ce détail vestimentaire m'a paru très moderne. Et puis surtout : "quelle époque merveilleuse où n'existent pas encore les antivols". Alors là, je suis resté très perplexe sur cette narration rétrospective, tout en gardant le présent de narration.

- La gamine : je trouve qu'on ne la cerne pas très bien. Il y a beaucoup de phrases pour exprimer ce qu'elle ressent, mais... Au niveau psychologique, on ne voit pas très bien ce qui l'attire vers ce monsieur. Ensuite, elle change du tout au tout dans le restaurant, mais vous dites "je comprends que j'ai échappé au trottoir" à la fin du texte, et puis elle monte dans la voiture sans rechigner. Non, je ne comprends pas. Et puis sa remarque sur les dons d'acteur du monsieur alors qu'elle est terrorisée, non plus. Enfin, elle nous dit qu'elle a dormi dans une gare, comme d'autres fois. Ça, on s'y attendait pas. On avait l'impression plutôt d'une petite fille modèle qui tout d'un coup, veut faire l'effrontée. Non, désolé, je ne l'ai pas compris ce personnage principal.

-Pourquoi "Paul Meurisse" la laisse s'échapper ? "pour te remercier d'avoir oublié ton sac à l'arrière de la voiture". Il y a un truc que je n'ai pas compris, et ça m'embête.

Voilà. C'est peut-être moi. Désolé.

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Message  Rebecca Dim 31 Oct 2010 - 21:58

Le combishort en 68 c'était super branché. Avec des cuissardes. Après on connaitra les maxi-robes et les jupes culottes. Les semelles compensées . Les sabots.
Je me souviens bien de tout ça en 68 mes parents avaient une boutique de fringues hippies à Saint Michel . Eux ne vendaient pas de short mais des tenues fleuries et des foulards indiens. Mais ils avaient bien voulu m'acheter une combinaison short en lainage orange flashy du plus joli effet afin que dans les anniversaires je sois fringuée comme mes copines et comme les "grandes" (j'avais neuf /10 ans et en paraissait 13 ou 14...à l'école de filles de ma banlieue bourgeoise on était toutes en jupe et tablier la semaine , mais le week end on enfilait nos combinaisons shorts avec des collants colorés )

Croisic je pense tout comme vincent m. Super ambiance, histoire bien écrite (j'adore la scène de chapardage ) mais je me pose les mêmes questions que lui : si elle se rend compte qu'il est un mac dans le restaurant, pourquoi retourne -t elle avec lui ? Elle est dans un lieu public donc en sécurité, il ne peut rien lui faire devant tout le monde . Elle n'avait qu'à partir là ...
Surtout que pour chourrer comme elle le fait, elle ne peut être rongée par le manque d'assurance et d'aplomb !
Par contre, dormir à la gare c'est spécial quand même et on se demande ce qui a pu l'amener à faire de telles expériences par le passé...du coup ces questions cassent la fluidité de la lecture. Tu en dis trop ou pas assez.

Mais sinon bravo pour la façon dont tu rends vivantes certaines scènes.
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Message  Sahkti Lun 1 Nov 2010 - 9:45

Autant j'aime te lire, autant cette fois je me sens partagée. Plusieurs éléments me semblent ne pas fonctionner dans ce texte, notamment des anachronismes. On a parfois l'impression que ça se passe il y a soixante ans, vu le ton employé mais aussi des détails comme le compte ouvert aux Dames de France et puis il y a le sac Adidas présent dans le jeu de quilles qui change pas mal la donne; ça m'a un peu perturbée, tout comme le coup de l'antivol. Si c'est raconté rétrospectivement, ça manque pas mal de recul et je pense que c'est uen narration au présent, donc ce détail ne colle pas.
Et la mère, elle va bien le voir que sa fille a utilisé ce fameux compte vestimentaire, non ? Tu me diras, la gamine est tellement sotte d'amour qu'elle n'y pense sans doute pas.
Je me demande aussi pourquoi elle n'a pas pris la poudre d'escampette quand elle est partie aux toilettes. La peur sans doute, plutôt que l'argent puisqu'elle avait celui donné par sa mère.
Et cette histoire de sac oublié, ça veut dire quoi ?
Bref, ce sont de petits détails, certes, mais ils ont gêné ma lecture et m'ont empêchée de profiter de ce texte, désolée.
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Message  ubikmagic Lun 1 Nov 2010 - 10:01

Salut,
J'ai bien aimé le style dépouillé, sans artifices, direct. Après, une impression de déphasage, d'anachronisme sans doute. Quelle époque, ce récit ?
Le personnage du vieil homme est bien rendu. Dégradé impeccable, fondu enchaîné entre le charmeur du début et le prédateur de la fin.
L'histoire du sac oublié, pas capté ? C'était quoi le truc à piger ?
Sinon, dans l'ensemble, bon boulot, on s'y croit, l'ambiance est bien campée.

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Message  Rebecca Lun 1 Nov 2010 - 10:31

Adidas n'est pas une marque récente ! Existe depuis 1949...A 61 ans .
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Message  Invité Lun 1 Nov 2010 - 10:53

J'aime en particulier les raccourcis :

Un soir il m’a aidé à mettre mon manteau et il m’a dit qu’il était sous le charme de mon regard vert et jaune, qu’il n’avait jamais vu d’aussi beaux yeux.
Mes pieds sont ailés quand je reviens à la maison.
Le lendemain, il me propose de monter faire mes devoirs dans son appartement pour être plus au calme.
Je n’avais jamais glissé mon corps d’adolescente dans des draps de soie.


Mais je préfère la première partie de l'histoire (ça m'a rappelé très fort An Education de Lone Scherfig - c'est aussi pour ça que j'ai aimé ton texte) que la suite, qui me paraît manquer de crédibilité par endroits. Par exemple, je n'ai pas compris du tout l'histoire du sac laissé à l'arrière de la voiture. N'empêche que je trouve le texte bon - par l'écriture plus encore que par le récit en soi -, en attendant qu'il devienne très bon avec un retravail des petites imperfections mentionnées ailleurs.

Sinon, j'ai relevé des problèmes de concordance de temps (ci-dessous) :

Un soir il m’a aidé à mettre mon manteau et il m’a dit qu’il était sous le charme de mon regard vert et jaune, qu’il n’avait jamais vu d’aussi beaux yeux. (je ne comprends pas ce passé composé isolé au milieu de phrases au présent, ce n'est pas nécessaire).


Quelle époque merveilleuse où n’existe pas encore les antivols et autres empêcheurs de dérober discrètement pour celles qui comme moi, n’ont pas les moyens d’acheter toutes ces jolies choses offertes à nos envies. (là en revanche, j'aurais bien vu un imparfait. Et un accord pluriel du verbe).


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Message  bertrand-môgendre Lun 1 Nov 2010 - 11:27

Pourquoi ne pas érire trois étoiles ?
Ne serais-tu pas tenté de remplacer le verbe faire dans ton texte, comme par exemple ici ?
Il m’explique l’emploi du temps de la journée, nous ferons un tour de la ville puis nous irons déjeuner dans un grand restaurant. Avec sa voix velours qui me fait fondre il me dit qu’il devra m’abandonner une partie de l’après-midi pour aller chez son notaire
En gros, je n'aime pas trop le texte proposé dans cette version qui me semble comporter beaucoup de lacunes tant au niveau du déroulement de l'action, qu'au niveau de sa rédaction.
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Message  wald Lun 1 Nov 2010 - 11:35

Egalement apprécié l'ambiance, comme Easter j'ai préféré la première partie, et pour la référence ça m'a fait un peu fait penser à Modiano. Pour le sac, j'ai imaginé que le Meurisse était marié et qu'il avait du expliquer sa présence à sa femme.
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Message  Chako Noir Lun 1 Nov 2010 - 15:09

Certains raccourcis que j'ai vraiment bien aimé (genre "je n'avais jamais glissé mon corps d'adolescente dans des draps de soie")
L'évolution de l'ambiance m'a un peu gêné, autant le début est bien, rien à redire, mais à partir du moment où l'on arrive à Bordeaux ça me semble un peu confus. Certes, ça correspond à l'état d'esprit du personnage avec la découverte du Simon mac, mais c'est un peu embrouillé (on perd de le vue le sac oublié). Et puis ça paraît un peu étrange la vieille qui n'y va pas par quatre chemins, et le comportement du Simon est un peu surprenant, mais pourquoi pas, mieux vaut cette fin qu'une autre !
Ma question est : nous offriras-tu un jour un texte où il arrive quelque chose de bien à ton personnage ?
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Message  Louis Lun 1 Nov 2010 - 18:33

Ce n’est pas la première fois, me semble-t-il, que tu traites ce thème, Croisic : celui de la belle apparence qui cache et masque quelque chose d’horrible.
La narratrice est séduite par un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Ce qui séduit la jeune fille est explicitement précisé ; implicitement, il est suggéré que cet homme pourrait être un substitut du père absent. ( lorsque la jeune fille, en effet, rejoint son domicile, elle n’y trouve que la mère pour seul interlocuteur ). L’idée est confirmée par le personnage qu’elle crée, Laurianne, double d’elle-même, imaginé comme fille de la famille Buenaventura, fille donc de Simon, l’homme qui lui plaît tant.
Cet homme lui donne l’impression de quitter sa famille pour une autre, sans la quitter vraiment. Avec lui, elle quitte le monde modeste dans lequel elle vit pour celui du luxe, de la « grande vie » qu’elle désire. Et elle désire comme sa mère désire, elle répond au désir de la mère.
La découverte de l’homme qui se cache derrière l’apparence séduisante se fait de façon abrupte. Trop, peut-être. Elle permet en tous cas de bien faire sentir la vertigineuse chute, la grosse dégringolade de la jeune fille, tombée du haut de ses illusions dans une réalité sordide.
Elle se croyait jeune fille séduisante, attirante, irrésistible, « belle et invincible », s’élevant dans le monde, et voilà qu’elle se découvre destinée au plus bas, au trottoir, au statut humiliant, déshumanisant de « marchandise ».
Elle croyait au pouvoir de sa propre apparence, un joli « minois », de beaux vêtements, alors qu’elle cède au pouvoir trompeur d’une autre apparence, un visage d’acteur de cinéma, un parfum chic…
Dans le jeu des apparences, elle est perdante, et Simon Buenaventura s’avère être une très mauvaise aventure… le père absent un très mauvais père.
Texte intéressant, Croisic, qui devrait être remanié dans les détails, il me semble, pour remédier aux défauts signalés par d’autres commentaires.


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Message  Invité Lun 1 Nov 2010 - 19:02

Quel dommage, Croisic de mettre une si jolie plume au service d'histoires si affligeantes !

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Message  silene82 Mar 2 Nov 2010 - 9:45

Les aventures de Mignonnette, apprentie hétaïre.
C'est bien mené, encore que les vieux marcheurs repèrent vite que don Buenaventura a tous les colifichets du mac, même s'il n'a pas inventé l'eau chaude, manifestement. Encore qu'il connaisse son monde.
Des incohérences dans les dialogues gênent un peu : le texte est intéressant, ne serait-ce que par cette relation un peu désabusée qui rend bien la part de rêve fantasmé d'une vie autre, ailleurs, hors du quotidien étouffant et sans éclat. Le mélange de liberté quant au corps - que je sache, sœur
Oestrogène n'a pas encore insufflé ses vertus aux plaquettes du planning familial - et de naïveté candide me semblent très vrai, et cette ambiguïté n'est pas étrangère au charme du texte.
Il me semble qu'il peut gagner encore avec quelques retouches, mais le fond en est bon, sans pathos ni bons sentiments.
La mère, personnage récurrent toujours en filigrane, est d'autant mieux évoquée qu'on a plein de biscuits la concernant : qu'est-ce qui peut l'atteindre, dans sa nuit de veuve-mère hébétée *et résonner en elle, quand le filet de sang post- Petite porte* est accepté comme chute suite à déraillage, sans aucune interrogation ?
Le personnage se complexifie, encore qu'il ait toujours été empreint de ces aspirations contradictoires entre un monde édifié à partir des matériaux disponibles, probablement les lectures chez Jeanne-passeuse-libraire*, et la réalité triviale. Ci zouli. Pas les faits, bien sûr, mais le regard doux-amer.
*Un deuil en province ; Le petit lit-cage
*La petite porte
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Message  Invité Mar 2 Nov 2010 - 10:26

J' ai aimé ce regard !
C'est un exercice périlleux auquel tu t'es attelée, Croisic ! Dire au présent un fait passé tout en notant que tu es de l'époque actuelle, il y a de quoi se perdre dans la concordance des temps !

Périlleux certes, mais très intéressant. Laisse un peu vieillir ton texte, puis relis-le comme si un autre l'avait écrit et retravaille-le... tu y arriveras.
Sinon, le sujet me plaît : l'innocence, la naïveté d'une ado éblouie par des signes de richesse, pleine d'illusions, de rêves, un peu canaille, séduite par un vieux mac... Ce pourrait être une nouvelle d'Annie Saumont... que j'aime lire même si ses histoires amères sont souvent "affligeantes" (un petit clin d'oeil à Coline)

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Message  Sahkti Mar 2 Nov 2010 - 13:12

Rebecca a écrit:Adidas n'est pas une marque récente ! Existe depuis 1949...A 61 ans .
Ha ok, merci de la précision !
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Message  CROISIC Mer 3 Nov 2010 - 12:35

Merci à tous, nouveaux et anciens (si précieux) commentateurs.
Ba : n'est pas Marguerite Duras qui veut.
A toi Rebecca, qui a répondu à toutes questions ralatives aux années 68/70 et qui a un regard contemporain sur mes petits écrits.
Je ne m'en sortais pas de ce fichu texte, surtout la deuxième partie... reconnaissance pour vos yeux de lecteurs avertis Vincent M., Easter. Wald, Sakhti
Désolée Chako, je n'ai aucun goût pour les 'happy end"... sauf dans la vraie ? vie ! Mais c'en une pourtant... cette fois-ci, Violette échappe au trottoir !
LOUIS, quel bonheur de lire votre commentaire qui éclaire ma propre compréhension de ce qui s'échappe de mon clavier.
Bravo Wald pour votre perspicacité... bien sûr seule une gamine de 16 ans peut s'imaginer être "l'unique " dans le vie d'un homme de presque trente ans son aîné.
Bertand-M : Le *** étoiles, à Cognac est le bas de gamme du même produit, et c'est ainsi qu'on l'écrit... à Cognac !
Un merci tout spécial à Silène, Dusha et Ubik.
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Message  Reginelle Mer 3 Nov 2010 - 13:49

j'ai beaucoup aimé
beaucoup de réalisme, de justesse dans le comportement de la jeune fille, dans lequel on pourrait se retrouver soi-même (quelle adolescente n'a jamais été attirée par un homme plus âgé ?) même si pas dans les mêmes circonstances.
L'histoire du sac oublié à l'arrière du véhicule ne m'a pas dérangée. J'ai tout de suite pensé que quelqu'un a dû monter dans la Pontiac, voir le sac, poser peut-être des questions, voire même le fouiller, jeter un coup d'oeil sur des papiers, etc. Et si cet homme comptait séquestrer la jeune fille, cela a dû l'en dissuader. Une simple photo dans un avis de recherche pourrait transformer ce quelqu'un d'un peu curieux en témoin dangereux.
Pas vraiment compris immédiatement la nuit à la gare... ce "pas la première fois". Qui donne tout à coup une autre dimension à la jeune fille, comme si pas si sage (donc naïve) que ça, finalement. Mais c'est rattrapé par "Mais là... je suis seule". Parce que, oui, cela a très bien pu lui arriver déjà, en famille ou avec des amis de son âge.

Juste la maman, qui, elle, ne m'a pas semblé vraiment "indifférente" mais plutôt confiante. Pas indifférente puisqu'elle questionne, et confiante parce qu'elle croit aux explications, aux réponses données.

Tout comme la "non fuite" au bar. Je crois qu'à cet âge, dans une ville inconnue, sans argent (parce que je ne pense pas que la jeune fille en avait sur elle), il y a, pour certains caractères, une sensation très forte d'être pris dans un piège total, une sorte de fatalisme, d'impuissance. Je ne pense même pas que l'oubli du sac était volontairere.

Oui, j'ai beaucoup aimé et même ce qui n'est pas dit, cette possibilité de "remplir" les zones d'ombre de l'histoire. Cette possibilité pour chaque lecteur d'user de son propre imaginaire dans un conte.

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