Souvenir
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Souvenir
Une image bien pliée ressurgit du passée.
Eine Stimme von vorher, die so zart klingelt.
Je ne me souviens pas de son visage, mais son nom est resté : Wilfried
J'étais sa première. Il me l'a avoué... Après. Il n'était pas le premier et pourtant, il est le seul qui soit resté vivant dans ma mémoire. Mon corps se souvient également de ses mains qui se voulaient expertes, de ses lèvres avides de découvrir, de sa langue explorant mes parties et de son corps enveloppant le tout. Je me souviens de l’attention qui freinait la tension tant il avait à corps de contenter le mien, tant lui tenait à cœur que je ne sache rien.
Je me souviens de la rougeur qui avait embrasé, l'espace d'un instant, son visage éclairé d'un sourire, ravi d'avoir su dispenser le plaisir. Je me souviens de sa tendresse, mêlée de maladresse durant l'après qu'il ne savait gérer. J'ai partagé pleinement cette première fois, car elle l'était aussi pour moi d'une toute autre façon. Et nous l'avons refait, de si nombreuses fois qu'il a pu progresser pour mon plus grand plaisir. J'étais avide à mon tour, de ses mains, de ses lèvres, de sentir cet amour qui prenait corps, qui prenait vie, qui me prenait telle que j'étais.
Je me souviens lorsqu'il venait au petit jour, d'un caillou lancé contre ma fenêtre, me réveiller. Je le faisais monter par la porte arrière de la maisonnée endormie. Et nous riions de nos ébats qui n'avaient de secret que l'heure qui les voyait. Avec quelle indulgence les yeux étaient fermés sur cet amour premier qui m'a tant fait vibrer ! Avec quelle éloquence furent ensuite évoquées ces heures charnelles, ces jeux de mains et ces émois qui traçaient des chemins qu'à deux nous explorions car il m'avait rendue novice autant qu'exploratrice d'un monde méconnu. J'en venais à languir l'aube ou bien le crépuscule car j'aimais à le suivre sur ses terrains de jeux où nos mots se touchaient, se caressaient, s'embrasaient et donnaient la réplique à nos sens en tout sens.
En revenant en France, je l’ai laissé sur le quai d’une gare un peu embarrassé de s’être présenter, sans crier gare, au départ de ce train pour un « Aufwiedersehen » qui n’en était pas un.
Aujourd’hui je retrouve une lettre oubliée, souvenir bien rangé, précieusement gardé par Bächler. Il m’avait offert ce recueil de poèmes dont le titre même était une déclaration : Ich ging deine Lichtspur nach. Liebesgedischte.
Je relis ses mots, dans cette langue que j'avais délaissée et je me remémore sa poésie nubile. Essais fébriles mais oh combien subtils et si talentueux que je n’ai pas gardés tant ils me faisaient rougir ou bien pâlir, c’était selon.
Il ne me reste que cette lettre et deux poèmes qu’il y avait adjoints. Poésie sage. J’étais déjà bien loin.
C'était il y a longtemps, il y a plus de trente ans ! Il est étrange de constater avec quelle facilité des émotions enfouies reprennent pleinement vie au fil d'un souvenir fortuit surgit d'un livre de poésie.
Eine Stimme von vorher, die so zart klingelt.
Je ne me souviens pas de son visage, mais son nom est resté : Wilfried
J'étais sa première. Il me l'a avoué... Après. Il n'était pas le premier et pourtant, il est le seul qui soit resté vivant dans ma mémoire. Mon corps se souvient également de ses mains qui se voulaient expertes, de ses lèvres avides de découvrir, de sa langue explorant mes parties et de son corps enveloppant le tout. Je me souviens de l’attention qui freinait la tension tant il avait à corps de contenter le mien, tant lui tenait à cœur que je ne sache rien.
Je me souviens de la rougeur qui avait embrasé, l'espace d'un instant, son visage éclairé d'un sourire, ravi d'avoir su dispenser le plaisir. Je me souviens de sa tendresse, mêlée de maladresse durant l'après qu'il ne savait gérer. J'ai partagé pleinement cette première fois, car elle l'était aussi pour moi d'une toute autre façon. Et nous l'avons refait, de si nombreuses fois qu'il a pu progresser pour mon plus grand plaisir. J'étais avide à mon tour, de ses mains, de ses lèvres, de sentir cet amour qui prenait corps, qui prenait vie, qui me prenait telle que j'étais.
Je me souviens lorsqu'il venait au petit jour, d'un caillou lancé contre ma fenêtre, me réveiller. Je le faisais monter par la porte arrière de la maisonnée endormie. Et nous riions de nos ébats qui n'avaient de secret que l'heure qui les voyait. Avec quelle indulgence les yeux étaient fermés sur cet amour premier qui m'a tant fait vibrer ! Avec quelle éloquence furent ensuite évoquées ces heures charnelles, ces jeux de mains et ces émois qui traçaient des chemins qu'à deux nous explorions car il m'avait rendue novice autant qu'exploratrice d'un monde méconnu. J'en venais à languir l'aube ou bien le crépuscule car j'aimais à le suivre sur ses terrains de jeux où nos mots se touchaient, se caressaient, s'embrasaient et donnaient la réplique à nos sens en tout sens.
En revenant en France, je l’ai laissé sur le quai d’une gare un peu embarrassé de s’être présenter, sans crier gare, au départ de ce train pour un « Aufwiedersehen » qui n’en était pas un.
Aujourd’hui je retrouve une lettre oubliée, souvenir bien rangé, précieusement gardé par Bächler. Il m’avait offert ce recueil de poèmes dont le titre même était une déclaration : Ich ging deine Lichtspur nach. Liebesgedischte.
Je relis ses mots, dans cette langue que j'avais délaissée et je me remémore sa poésie nubile. Essais fébriles mais oh combien subtils et si talentueux que je n’ai pas gardés tant ils me faisaient rougir ou bien pâlir, c’était selon.
Il ne me reste que cette lettre et deux poèmes qu’il y avait adjoints. Poésie sage. J’étais déjà bien loin.
C'était il y a longtemps, il y a plus de trente ans ! Il est étrange de constater avec quelle facilité des émotions enfouies reprennent pleinement vie au fil d'un souvenir fortuit surgit d'un livre de poésie.
mir0ir0bscur- Nombre de messages : 91
Age : 59
Date d'inscription : 05/11/2010
Re: Souvenir
Un texte anecdotique mais fort agréablement écrit, je trouve. La réflexion de fin est un peu plate, son expression, selon moi, trop longue pour ce qu'il y a à dire.
Quelques remarques :
« ressurgit du passé (et non « passée ») »
« son nom est resté : Wilfried » : manque le signe de ponctuation en fin de phrase
« nous riions de nos ébats qui n'avaient de secret que l'heure qui les voyait » : lourd, ceci, je trouve, avec les deux relatives introduites par « qui »
« donnaient la réplique à nos sens en tout sens » : un peu facile, pour moi, le jeu de mots
« un peu embarrassé de s’être présenté »
« au fil d'un souvenir fortuit surgi (et non « surgit ») d'un livre de poésie. »
Quelques remarques :
« ressurgit du passé (et non « passée ») »
« son nom est resté : Wilfried » : manque le signe de ponctuation en fin de phrase
« nous riions de nos ébats qui n'avaient de secret que l'heure qui les voyait » : lourd, ceci, je trouve, avec les deux relatives introduites par « qui »
« donnaient la réplique à nos sens en tout sens » : un peu facile, pour moi, le jeu de mots
« un peu embarrassé de s’être présenté »
« au fil d'un souvenir fortuit surgi (et non « surgit ») d'un livre de poésie. »
Procuste- Nombre de messages : 482
Age : 62
Localisation : œ Œ ç Ç à À é É è È æ Æ ù Ù â  ê Ê î Î ô Ô û Û ä Ä ë Ë ï Ï ö Ö ü Ü – —
Date d'inscription : 16/10/2010
Re: Souvenir
Quelques maladresses dans l'expression( "mes parties", "l'après qu'il ne savait gérer", "nous l'avons refait"...)
De jolies choses aussi : "Et nous riions de nos ébats qui n'avaient de secret que l'heure qui les voyait."; "car il m'avait rendue novice autant qu'exploratrice d'un monde méconnu."; "je me remémore sa poésie nubile."
Une fin passe-partout mais d'un autre côté le sujet n'est pas aisé. Un texte agréable pour moi, d'où perce la tendresse plus encore que la nostalgie.
De jolies choses aussi : "Et nous riions de nos ébats qui n'avaient de secret que l'heure qui les voyait."; "car il m'avait rendue novice autant qu'exploratrice d'un monde méconnu."; "je me remémore sa poésie nubile."
Une fin passe-partout mais d'un autre côté le sujet n'est pas aisé. Un texte agréable pour moi, d'où perce la tendresse plus encore que la nostalgie.
Invité- Invité
Re: Souvenir
Beaucoup de délicatesse dans la narration de ce souvenir amoureux. De très jolies images aussi, très poétiques. Et je suis du même avis que les commentateurs précédents : le dernier paragraphe est un peu trop "plat" par rapport au reste
Invité- Invité
L'amour, c'est comme la musique :
L'amour, c'est comme la musique : on a du mal à en parler, vaut mieux le faire.
Mais tu t'en tires fort honorablement.
Difficile de mettre des mots. Parfois ils sont impuissants face à l'ampleur, la radicalité, la profondeur de certaines expériences.
J'aime cette évocation des jeux cachés, des découvertes, de cette merveilleuse complicité qui constitue, il faut le dire, un des aspects les plus touchants et magnifiques de cette vie par ailleurs souvent si prosaïque. J'aime cette fraîcheur de la "première fois", sujet si difficile à traiter...
Chez moi, dans ma vieille carcasse, quelque chose s'est remis à palpiter. Du fin fond de ma mémoire, une première fois est remontée, comme un écho dans une vaste caverne. Où donc ai-je rangé cette première fois ? Un de ces quatre, il faudra que je la retrouve, pour lui faire un sort. M'en tirerai-je mieux que toi ? Pas certain.
Mes compliments pour ce difficile exercice.
Ubik.
Mais tu t'en tires fort honorablement.
Difficile de mettre des mots. Parfois ils sont impuissants face à l'ampleur, la radicalité, la profondeur de certaines expériences.
J'aime cette évocation des jeux cachés, des découvertes, de cette merveilleuse complicité qui constitue, il faut le dire, un des aspects les plus touchants et magnifiques de cette vie par ailleurs souvent si prosaïque. J'aime cette fraîcheur de la "première fois", sujet si difficile à traiter...
Chez moi, dans ma vieille carcasse, quelque chose s'est remis à palpiter. Du fin fond de ma mémoire, une première fois est remontée, comme un écho dans une vaste caverne. Où donc ai-je rangé cette première fois ? Un de ces quatre, il faudra que je la retrouve, pour lui faire un sort. M'en tirerai-je mieux que toi ? Pas certain.
Mes compliments pour ce difficile exercice.
Ubik.
Re: Souvenir
Je vous remercie pour vos commentaires qui me guident sur le chemin de l'écriture.
Venant de toi Ubik, le compliment me touche.
Autre fin :
Il ne me reste que cette lettre et deux poèmes qu’il y avait adjoints. Poésie sage. J’étais déjà bien loin.
“Du bist so unbeweglich” avait-il écrit. Trente ans après ces mots restent une énigme. Il n’était pas sentimental, je refusais les fausses promesses. Les adieux furent brefs, sans larmes mais empreints de tendresse. Je n’ai compris qu’après, en lisant cette lettre, qu’il était amoureux, mais je ne l’étais pas. J’aimais sa folle poésie pourtant et son extravagance qui cachait sa faiblesse. J’aimais ses mots... Et je les aime encore.
Venant de toi Ubik, le compliment me touche.
Autre fin :
Il ne me reste que cette lettre et deux poèmes qu’il y avait adjoints. Poésie sage. J’étais déjà bien loin.
“Du bist so unbeweglich” avait-il écrit. Trente ans après ces mots restent une énigme. Il n’était pas sentimental, je refusais les fausses promesses. Les adieux furent brefs, sans larmes mais empreints de tendresse. Je n’ai compris qu’après, en lisant cette lettre, qu’il était amoureux, mais je ne l’étais pas. J’aimais sa folle poésie pourtant et son extravagance qui cachait sa faiblesse. J’aimais ses mots... Et je les aime encore.
mir0ir0bscur- Nombre de messages : 91
Age : 59
Date d'inscription : 05/11/2010
Re: Souvenir
De rien, c'est méritoire et donc mérité.mir0ir0bscur a écrit:“Du bist so unbeweglich” avait-il écrit.
Je suis obligé, de part la matière propre de mon roman, à me frotter moi aussi à l'Allemand. J'avoue que je ne connais que très peu la langue de Goethe - preuve de plus, si besoin en était, que mon entreprise est insensée... Que signifie cette phrase que tu as mis en exergue ici ?
Merci d'éclairer ma vieille lanterne.
Ubik.
Re: Souvenir
Bewegen veut dire bouger, émouvoir.
L'adjectif est formé avec le suffixe privatif "un" donc suivant le contexte on pourra traduire par : inébranlable, impassible, intransigeant, obstiné...
Dans le texte il n'y a pas suffisamment de données pour une traduction juste. L'interprétation est laissée à l'appréciation du lecteur, dans la mesure où la narratrice elle-même ne comprend pas vraiment ce terme. J'avais pensé mettre une traduction des termes en allemand à la fin, mais je ne l'ai pas fait.
En fait, je ne me rends pas bien compte si cela gêne vraiment pour la compréhension.
L'adjectif est formé avec le suffixe privatif "un" donc suivant le contexte on pourra traduire par : inébranlable, impassible, intransigeant, obstiné...
Dans le texte il n'y a pas suffisamment de données pour une traduction juste. L'interprétation est laissée à l'appréciation du lecteur, dans la mesure où la narratrice elle-même ne comprend pas vraiment ce terme. J'avais pensé mettre une traduction des termes en allemand à la fin, mais je ne l'ai pas fait.
En fait, je ne me rends pas bien compte si cela gêne vraiment pour la compréhension.
mir0ir0bscur- Nombre de messages : 91
Age : 59
Date d'inscription : 05/11/2010
Re: Souvenir
Non, je ne suis pas gênée de ne pas connaître l'allemand (je comprends cependant "Aufwiedersehen" et le suffixe "liebe"). Je n'ai pas l'impression de "rater" quelque chose. Au contraire, je trouve que les citations me permettent de mieux ressentir la vivacité du souvenir pour la narratrice et donc de mieux entrer en empathie avec elle.
J'apprécie aussi que ce texte ne m'invite pas à la nostalgie du passé, ni ne cherche à se lier au présent de la narratrice. J'y ressens le plaisir de revivre soudain un bon souvenir et d'en être comblée. (pas sûre d'être très claire)
J'ai pris grand plaisir à lire. Merci.
J'apprécie aussi que ce texte ne m'invite pas à la nostalgie du passé, ni ne cherche à se lier au présent de la narratrice. J'y ressens le plaisir de revivre soudain un bon souvenir et d'en être comblée. (pas sûre d'être très claire)
J'ai pris grand plaisir à lire. Merci.
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