TRAVAIL : Positivez
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Gobu
Charles
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TRAVAIL : Positivez
L’idée m’était venue des campagnes électorales de 2007. Cette sorte de monumentale prière commune en forme de promesses semblait emporter l’adhésion collective et tout paraissait réglé en deux ou trois communiqués, commissions et compromis. La méthode Coué remise au goût du jour et élargie, appliquée à tout un pays ! Il n’en fallait pas plus pour que mon subtil génie fasse naître l’idée la plus saugrenue depuis l’invention des Shadocks qui avaient d’ailleurs un principe approchant : « Ce n'est qu'en essayant continuellement que l'on finit par réussir....En d'autres termes... Plus ça rate et plus on a de chances que ça marche... » Bref, c’était décidé, j’allais devenir Couétiste ou mieux Couéteur. J’allais aider, moyennant une obole non négligeable et non remboursée, mes concitoyens à appliquer les principes de cette méthode à leur vie personnelle. Mais avant de la transmettre, me restait à acquérir cette technique et ses subtilités.
Et là, la chance a joué un vrai rôle puisque elle a mit sur ma route un joli parterre d’épreuves et de problèmes pour tester ma volonté et me permettre de rétablir la situation d’une bonne pichenette d’optimisme. Tout d’abord, c’est Marie qui m’a aidé. Quand elle m’a appris qu’elle me quittait pour le gars de l’appartement d’en face, je n’ai pas craqué et j’ai vu le positif de la situation, j’allais enfin pouvoir apprendre à cuisiner et faire le ménage. Peut être même que les formulaires administratifs n’auraient plus de secret pour moi dans quelques années. Quand elle me dit qu’elle le voyait depuis des mois et qu’elle admit avoir couché avec lui au retour de notre voyage de noce, je compris que désormais, j’allais gagner un sommeil réparateur en renvoyant aux oubliettes les sports nocturnes et consommateurs d’énergie. Quand avant de partir définitivement, elle me gifla en hurlant « connard, c’est tout ce que ça te fait ! », je la remerciais de me donner une raison de ne plus l’aimer. La méthode marchait.
Quand le lendemain, je me présentais au travail avec deux minutes de retard et les paupières lourdes d’avoir positivé toute la nuit, le patron se mit lui aussi en tête de m’aider dans ma future carrière. « Dubois, vous êtes viré ! C’est votre dernier retard. Mais allez, je suis grand seigneur, vous pouvez rester jusqu’à ce soir. » Je franchis alors une nouvelle étape et lui rendais grâce de m’éviter d’avoir à affronter à nouveau la pluie et les embouteillages de ce beau mois de juillet. J’eu également le loisir de constater la haute considération que mes collègues avaient de moi quand ils eurent la présence d’esprit de substituer un banal « au revoir » à des adieux déchirants autour d’un verre. La méthode marchait.
Et la chance n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Situation hautement improbable et pourtant véridique, trois ou quatre chats particulièrement agressifs étaient allongés sur le capot de ma voiture et juste devant ma portière conducteur. Un affreux pessimiste se serait indigné devant ses pantalons lacérés et ses chevilles en sang, il se serait lamenté de ne pouvoir rentrer chez lui. Mais en bon couéteur, je préférais me réjouir, larmes de bonheur, de la providence qui avait placé une pharmacie juste en face de ma voiture rayée. La méthode marchait et moi aussi.
Puis vint le métro. Au début, je fus un peu déçu, aucun motif d’application de mes nouvelles techniques, pas même l’occasion d’entonner une chansonnette positive « y a de la joie … » ou mieux encore « what a wonderful world … ». J’aurais pourtant bien vu un pickpocket ou une agression. Rien. Au contraire même, je fus surpris de voir une ravissante jeune femme s’asseoir à côté de moi. Elle me sourit et je sus que j’avais réussi mes épreuves et allais maintenant toucher les récompenses de mes efforts. Le destin m’avait testé, j’avais été brillant, un nouveau job et une nouvelle femme me tendait les bras. Et là, d’un optimiste à faire pâlir Mickey Mouse et les télétubbies réunis, je lui posais la main sur la cuisse en lui souriant et …….. Mais quel abruti, ce Coué !
Et là, la chance a joué un vrai rôle puisque elle a mit sur ma route un joli parterre d’épreuves et de problèmes pour tester ma volonté et me permettre de rétablir la situation d’une bonne pichenette d’optimisme. Tout d’abord, c’est Marie qui m’a aidé. Quand elle m’a appris qu’elle me quittait pour le gars de l’appartement d’en face, je n’ai pas craqué et j’ai vu le positif de la situation, j’allais enfin pouvoir apprendre à cuisiner et faire le ménage. Peut être même que les formulaires administratifs n’auraient plus de secret pour moi dans quelques années. Quand elle me dit qu’elle le voyait depuis des mois et qu’elle admit avoir couché avec lui au retour de notre voyage de noce, je compris que désormais, j’allais gagner un sommeil réparateur en renvoyant aux oubliettes les sports nocturnes et consommateurs d’énergie. Quand avant de partir définitivement, elle me gifla en hurlant « connard, c’est tout ce que ça te fait ! », je la remerciais de me donner une raison de ne plus l’aimer. La méthode marchait.
Quand le lendemain, je me présentais au travail avec deux minutes de retard et les paupières lourdes d’avoir positivé toute la nuit, le patron se mit lui aussi en tête de m’aider dans ma future carrière. « Dubois, vous êtes viré ! C’est votre dernier retard. Mais allez, je suis grand seigneur, vous pouvez rester jusqu’à ce soir. » Je franchis alors une nouvelle étape et lui rendais grâce de m’éviter d’avoir à affronter à nouveau la pluie et les embouteillages de ce beau mois de juillet. J’eu également le loisir de constater la haute considération que mes collègues avaient de moi quand ils eurent la présence d’esprit de substituer un banal « au revoir » à des adieux déchirants autour d’un verre. La méthode marchait.
Et la chance n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Situation hautement improbable et pourtant véridique, trois ou quatre chats particulièrement agressifs étaient allongés sur le capot de ma voiture et juste devant ma portière conducteur. Un affreux pessimiste se serait indigné devant ses pantalons lacérés et ses chevilles en sang, il se serait lamenté de ne pouvoir rentrer chez lui. Mais en bon couéteur, je préférais me réjouir, larmes de bonheur, de la providence qui avait placé une pharmacie juste en face de ma voiture rayée. La méthode marchait et moi aussi.
Puis vint le métro. Au début, je fus un peu déçu, aucun motif d’application de mes nouvelles techniques, pas même l’occasion d’entonner une chansonnette positive « y a de la joie … » ou mieux encore « what a wonderful world … ». J’aurais pourtant bien vu un pickpocket ou une agression. Rien. Au contraire même, je fus surpris de voir une ravissante jeune femme s’asseoir à côté de moi. Elle me sourit et je sus que j’avais réussi mes épreuves et allais maintenant toucher les récompenses de mes efforts. Le destin m’avait testé, j’avais été brillant, un nouveau job et une nouvelle femme me tendait les bras. Et là, d’un optimiste à faire pâlir Mickey Mouse et les télétubbies réunis, je lui posais la main sur la cuisse en lui souriant et …….. Mais quel abruti, ce Coué !
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: TRAVAIL : Positivez
Positive, man, yeah !
Houla c'est que ça swingue, tout ça. cest balancé et ça roule des hanches pire qu' une blonde platine de Chandler. Très rosbif, comme humour. mais c'est vrai que quand on s'appelle Charles...Dommage que ça se termine en eau de boudin : on aurait apprécié du rab de castagne, limite gore...
Mais tu es dans le vrai : quel con ce Coué ! Quel con, ce Coué ! Quel con ce Coué, etc...
Positive, man, positive...
Gobu
Houla c'est que ça swingue, tout ça. cest balancé et ça roule des hanches pire qu' une blonde platine de Chandler. Très rosbif, comme humour. mais c'est vrai que quand on s'appelle Charles...Dommage que ça se termine en eau de boudin : on aurait apprécié du rab de castagne, limite gore...
Mais tu es dans le vrai : quel con ce Coué ! Quel con, ce Coué ! Quel con ce Coué, etc...
Positive, man, positive...
Gobu
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 70
Date d'inscription : 18/06/2007
Francais incorrigibles ?
Bravo pour l article, plein d'humour et qui se lit vraiment bien.
Cependant une question: pourquoi nous, francophones, résistons tels les derniers des mohicans, au pragmatisme mondialisé, au "couetisme" sauce "peace of mind" qui entoure une bonne partie du monde d'aujourd'hui?.
Rendre le bonheur accessible par retournement d analyse est un sport continental en asie. Qui est dans le vrai ?
Cependant une question: pourquoi nous, francophones, résistons tels les derniers des mohicans, au pragmatisme mondialisé, au "couetisme" sauce "peace of mind" qui entoure une bonne partie du monde d'aujourd'hui?.
Rendre le bonheur accessible par retournement d analyse est un sport continental en asie. Qui est dans le vrai ?
Invité- Invité
Re: TRAVAIL : Positivez
euh juste une remarque, au cas où ... vrai pour ce texte et vrai aussi de manière générale pour mes autres textes :
Ce n'est pas parce que la narration est à la première personne que cela exprime forcément mon opinion. C'est simplement une histoire avec un gars qui n'est pas moi ... Ca n'a pas vocation d'analyse sociologique.
Après, il y a sûrement beaucoup de choses à dire sur la naïve méthode Coué ... sur la fait de trouver son bonheur dans ce qu'on a, dans la simplicité du quotidien ... sur l'approche occidentale Vs l'approche américaine ou asiatique ...
Ce n'est pas parce que la narration est à la première personne que cela exprime forcément mon opinion. C'est simplement une histoire avec un gars qui n'est pas moi ... Ca n'a pas vocation d'analyse sociologique.
Après, il y a sûrement beaucoup de choses à dire sur la naïve méthode Coué ... sur la fait de trouver son bonheur dans ce qu'on a, dans la simplicité du quotidien ... sur l'approche occidentale Vs l'approche américaine ou asiatique ...
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: TRAVAIL : Positivez
Ahhhh un texte drôle et rafraichissant ! J'ai beaucoup rit vraiment et j'aime bien cette idée de pousser jusqu'à l'extrème la fameuse méthode Coué
Seule truc, pour moi, la fin en fait.... Peut-être parce que j'en aurait voulu plus, que ça aille plus loin encore dans l'absurde volonté du personnage de tenir à tout prix et dans ses savoureuses trouvailles positives héhé !
Peut-être voir, jusqu'où tout ça l'aurait mené....
En tout cas merci à toi, pour ce très sympathique moment de lecture ;-)
Seule truc, pour moi, la fin en fait.... Peut-être parce que j'en aurait voulu plus, que ça aille plus loin encore dans l'absurde volonté du personnage de tenir à tout prix et dans ses savoureuses trouvailles positives héhé !
Peut-être voir, jusqu'où tout ça l'aurait mené....
En tout cas merci à toi, pour ce très sympathique moment de lecture ;-)
Mériam- Nombre de messages : 119
Date d'inscription : 13/03/2007
Re: TRAVAIL : Positivez
Sourire, d’une part parce que le détournement de la méthode Coué est jubilatoire, d’autre part parce que je mesure là, la distance parcourue. On est bien loin des textes des débuts, les maladresses sont évacuées et les faiblesses sont devenues forces. Bref, la structure est claire, le langage adapté à l’effet recherché.
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: TRAVAIL : Positivez
« Quand avant de partir définitivement, elle me gifla en hurlant " connard, c’est tout ce que ça te fait ! ", je la remerciais de me donner une raison de ne plus l’aimer. La méthode marchait ». Ca c’est délicieux, j’adore ! :-))) Je ne pensais pas que tu briserais le rêve, à la fin, mais bon, plus on avance, plus on sent venir la chute, toutefois elle est bien amenée.
Re: TRAVAIL : Positivez
Super!
J'ai adoré ton texte Charles, beaucoup d'humour, d'habileté, d'originalité, vraiment très chouette!
J'ai adoré ton texte Charles, beaucoup d'humour, d'habileté, d'originalité, vraiment très chouette!
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