Vos idées sur l'écriture
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Question sur la narration (technique)
Je voulais demander si ça se fait dans un roman d'alterner avec un narrateur qui ne fait pas partie des personnages et avec le personnage principal qui narre ?
Re: Vos idées sur l'écriture
Tout peut se faire dans un roman, le tout, c'est de rester clair et cohérent. Tu peux, par exemple, alterner les voix à chaque chapitre. certains auteurs écrivent même des romans à la 2è personne.
Tout va dépendre de comment tu agences le truc
Tout va dépendre de comment tu agences le truc
Re: Vos idées sur l'écriture
comme dit Tristan, tout est possibleAna* a écrit:Je voulais demander si ça se fait dans un roman d'alterner avec un narrateur qui ne fait pas partie des personnages et avec le personnage principal qui narre ?
il faut juste que l'ensemble reste clair pour le lecteur, qui n'est pas dans ta tête ;-)
Re: Vos idées sur l'écriture
Ana, ce fil sera prochainement déplacé ici, pour plus de lisibilité sur le forum.
Mais ceci n'empêche absolument pas de poursuivre la discussion là-bas !
Mais ceci n'empêche absolument pas de poursuivre la discussion là-bas !
Re: Vos idées sur l'écriture
Il faudra déplacer ce fil, mais c'est une très bonne question !
Je pense aussi que c'est possible ! Mais je n'ai pas en tête beaucoup de roman qui procède ainsi...
- Si tu écris à la première personne, tu peux entrer dans les idées d'un personnage, dans ses délires, mettre le lecteur "à la place" de ton personnage (par exemple, le fait qu'il ne sache pas tout ce qui se passe permet souvent de comprendre sa réaction !). Etc.
- Si tu écris à la troisième personne (ou du point de vue d'un autre, ou de celle de l'écrivain): tu peux raconter justement des événements que le personnage principal ne voit pas. Tu peux remettre la scène dans une situation objective. Tu peux aussi décrire ce que pensent les personnages secondaires, entrer dans leur esprit à tour de rôle. Etc.
Chaque façon ayant ses avantages, ton idée de mélanger les deux est à mon avis naturelle (j'ai eu la même idée !).
Il a aussi des façons de "contourner" les inconvénients d'une façon ou d'une autre. Par exemple, le personnage principal peut apprendre ce qu'il se passe dans une conversation le lire dans le journal, etc.
Avec un narrateur extérieur, tu peux aussi utiliser le style indirect ou indirect libre, qui permet de rentrer dans la façon de penser du personnage.
* * *
Je viens de parler de qui écrit. Mais il a une autre question : quand est-ce qu'il écrit ? D'où écrit-il ? Le "je" est quelqu'un qui raconte un événement proche ? Qui raconte ses mémoires ? Est-ce que tu présente ce "je" comme un journal intime retrouvé ? etc. Tout ça peut changer les choses !
* * *
La structure des romans peut être compliquée ! Je ne suis pas expert, mais je donne des exemples :
- Un personnage raconte une histoire. Dans son histoire, il parle d'un personnage qui se met à son tour à raconter une histoire (etc.) (c'est par exemple, la structure des mille et une nuits).
- Un des personnages est un romancier, et au milieu de l'histoire principale, on lit le roman qu'il est en train d'écrire (par exemple le maître et Marguerite de Boulgakov).
- Un personnage raconte une histoire et un autre annote l'histoire en contredisant le premier (j'ai lu un Robbe-Grillet comme ça).
Bref, dans tous ces exemples, le fait qu'il y ait un deuxième narrateur est introduit par l'histoire elle-même.
* * *
Ca n'est pas la question, mais il faut encore se demander dans quel ordre tu racontes l'histoire. Si tu as besoin de raconter des choses passées.
Et encore, tu racontes ce qui se passe "pour de vrai" ou ce que tes personnages ont l'impression qu'il se passe...
Non mais sans rire, écrire, c'est la vraie galère parfois :-)
A ce propos, je glisse une petite pique (tout à fait de mauvaise foi), mais c'est quand même beaucoup, beaucoup plus difficile de faire une bonne prose en racontant une histoire, que de jeter des petits bouts de vers qui riment et qui veulent vaguement dire quelque chose si le lecteur a de l'imagination... :-))) - j'avais prévu que c'était de mauvaise foi !-
* * *
Bon, tout ça ne te dit pas comment faire !
Et pire, il n'y a pas de "bonne méthode", c'est à toi de trouver.
A mon avis (enfin tu peux essayer comme ça) : tu peux commencer à trouver une histoire (une bonne de préférence), avec des personnages et un "univers" (disons un décor).
Ensuite tu réfléchis à comment la raconter (en "je", troisième personne, passé, présent ... ?). Eventuellement tu peux faire une liste de ce qui va être difficile.
Il faut que tu ailles vers ce que tu "sens" le mieux. Sur le forum par exemple, certains préfèrent très nettement écrire en "je" (Yali, Pili par exemple).
Et puis, tu fais preuve d'imagination pour trouver des solutions. Ca peut passer par avoir plusieurs mauvaises idées avant de trouver la bonne. Pour reconnaître la bonne, c'est celle qui te permettra d'écrire ce que tu as envie.
En espérant que ça t'aidera. Mais n'hésite pas à donner ton histoire comme exemple, et à demander des conseils et des idées !
Je pense aussi que c'est possible ! Mais je n'ai pas en tête beaucoup de roman qui procède ainsi...
- Si tu écris à la première personne, tu peux entrer dans les idées d'un personnage, dans ses délires, mettre le lecteur "à la place" de ton personnage (par exemple, le fait qu'il ne sache pas tout ce qui se passe permet souvent de comprendre sa réaction !). Etc.
- Si tu écris à la troisième personne (ou du point de vue d'un autre, ou de celle de l'écrivain): tu peux raconter justement des événements que le personnage principal ne voit pas. Tu peux remettre la scène dans une situation objective. Tu peux aussi décrire ce que pensent les personnages secondaires, entrer dans leur esprit à tour de rôle. Etc.
Chaque façon ayant ses avantages, ton idée de mélanger les deux est à mon avis naturelle (j'ai eu la même idée !).
Il a aussi des façons de "contourner" les inconvénients d'une façon ou d'une autre. Par exemple, le personnage principal peut apprendre ce qu'il se passe dans une conversation le lire dans le journal, etc.
Avec un narrateur extérieur, tu peux aussi utiliser le style indirect ou indirect libre, qui permet de rentrer dans la façon de penser du personnage.
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Je viens de parler de qui écrit. Mais il a une autre question : quand est-ce qu'il écrit ? D'où écrit-il ? Le "je" est quelqu'un qui raconte un événement proche ? Qui raconte ses mémoires ? Est-ce que tu présente ce "je" comme un journal intime retrouvé ? etc. Tout ça peut changer les choses !
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La structure des romans peut être compliquée ! Je ne suis pas expert, mais je donne des exemples :
- Un personnage raconte une histoire. Dans son histoire, il parle d'un personnage qui se met à son tour à raconter une histoire (etc.) (c'est par exemple, la structure des mille et une nuits).
- Un des personnages est un romancier, et au milieu de l'histoire principale, on lit le roman qu'il est en train d'écrire (par exemple le maître et Marguerite de Boulgakov).
- Un personnage raconte une histoire et un autre annote l'histoire en contredisant le premier (j'ai lu un Robbe-Grillet comme ça).
Bref, dans tous ces exemples, le fait qu'il y ait un deuxième narrateur est introduit par l'histoire elle-même.
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Ca n'est pas la question, mais il faut encore se demander dans quel ordre tu racontes l'histoire. Si tu as besoin de raconter des choses passées.
Et encore, tu racontes ce qui se passe "pour de vrai" ou ce que tes personnages ont l'impression qu'il se passe...
Non mais sans rire, écrire, c'est la vraie galère parfois :-)
A ce propos, je glisse une petite pique (tout à fait de mauvaise foi), mais c'est quand même beaucoup, beaucoup plus difficile de faire une bonne prose en racontant une histoire, que de jeter des petits bouts de vers qui riment et qui veulent vaguement dire quelque chose si le lecteur a de l'imagination... :-))) - j'avais prévu que c'était de mauvaise foi !-
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Bon, tout ça ne te dit pas comment faire !
Et pire, il n'y a pas de "bonne méthode", c'est à toi de trouver.
A mon avis (enfin tu peux essayer comme ça) : tu peux commencer à trouver une histoire (une bonne de préférence), avec des personnages et un "univers" (disons un décor).
Ensuite tu réfléchis à comment la raconter (en "je", troisième personne, passé, présent ... ?). Eventuellement tu peux faire une liste de ce qui va être difficile.
Il faut que tu ailles vers ce que tu "sens" le mieux. Sur le forum par exemple, certains préfèrent très nettement écrire en "je" (Yali, Pili par exemple).
Et puis, tu fais preuve d'imagination pour trouver des solutions. Ca peut passer par avoir plusieurs mauvaises idées avant de trouver la bonne. Pour reconnaître la bonne, c'est celle qui te permettra d'écrire ce que tu as envie.
En espérant que ça t'aidera. Mais n'hésite pas à donner ton histoire comme exemple, et à demander des conseils et des idées !
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
Age : 52
Localisation : loupbleu@vosecrits.com
Date d'inscription : 12/12/2005
Petites astuces des grands écrivains / leçons d'ecriture
Salut à tous !
Voila, je me posais la question depuis quelques temps : existe t-il sur internet des "leçons" ou "conseils" pour l'écriture de roman ? Des astuces ou techniques données par des écrivains de renom ou par des profs ?
Ça m'intéresserait beaucoup, en fait Je commence tout le temps à écrire de nouveaux trucs, mais je ne vais jamais au bout par manque d'organisation ou de méthode...
Merci d'avance.
Voila, je me posais la question depuis quelques temps : existe t-il sur internet des "leçons" ou "conseils" pour l'écriture de roman ? Des astuces ou techniques données par des écrivains de renom ou par des profs ?
Ça m'intéresserait beaucoup, en fait Je commence tout le temps à écrire de nouveaux trucs, mais je ne vais jamais au bout par manque d'organisation ou de méthode...
Merci d'avance.
monsieur_chauve- Nombre de messages : 21
Age : 41
Localisation : Shanghai
Date d'inscription : 21/02/2006
Re: Vos idées sur l'écriture
monsieur_chauve a écrit:Salut à tous !
Voila, je me posais la question depuis quelques temps : existe t-il sur internet des "leçons" ou "conseils" pour l'écriture de roman ? Des astuces ou techniques données par des écrivains de renom ou par des profs ?
Ça m'intéresserait beaucoup, en fait Je commence tout le temps à écrire de nouveaux trucs, mais je ne vais jamais au bout par manque d'organisation ou de méthode...
Merci d'avance.
Salut à toi,
c'est peu, mais je te propose ma bible de l'écriture. Bon, j'exagère, mais l'article que tu trouveras à cette adresse :
http://www.revue-solaris.com/special/cnpedh.htm
est excellent et très sérieux. De plus, le bonhomme (connu et reconnu) propose une petite bibliographie.
En espérant que ça te soit utile, pour moi ça l'est toujours.
Alskay- Nombre de messages : 242
Age : 38
Date d'inscription : 06/08/2008
Re: Vos idées sur l'écriture
Salut Alskay,
Je viens de lire l'article sur le site de solaris, c'est vraiment excellent ! Le mec donne de tres bons conseils, indique les vieux cliches a eviter, et les qualites que doivent avoir des textes... En plus, c'est vraiment plein d'humour, je me suis marre une paire de fois !
(dsl pour les accents, j'ecris avec un clavier qwerty)
Je viens de lire l'article sur le site de solaris, c'est vraiment excellent ! Le mec donne de tres bons conseils, indique les vieux cliches a eviter, et les qualites que doivent avoir des textes... En plus, c'est vraiment plein d'humour, je me suis marre une paire de fois !
(dsl pour les accents, j'ecris avec un clavier qwerty)
monsieur_chauve- Nombre de messages : 21
Age : 41
Localisation : Shanghai
Date d'inscription : 21/02/2006
Re: Vos idées sur l'écriture
Ce fil m’intéressant particulièrement, je me suis permis de relever ici et là quelques déclarations, et d’y répondre avec l’espoir de susciter débat, dialogue, et de préciser ou revoir mes idées sur l’écriture.
Je n’ai jamais lu cet auteur – j’ai seulement connaissance de son côté provocateur. Je ne sais donc vraiment s’il est ironique, mais j’ose espérer qu’il rit de lui-même et de son lecteur, avec son lecteur. Le travail des sonorités, du vocabulaire, du rythme ? Indéniables dans ce texte. Il se pare de la « belle robe attrayante » dont il affirme ne pas vouloir : c’est qu’il n’y a rien de plus que le mot, que ces « fioritures » dont certains souhaitent tant se détacher, pas de métalangage. C’est le mot qui fait la chose, qui fait la vie, qui permet d’aller, sinon « tout droit », le plus droit possible « de moi à vous ». Croire que ceux qui cherchent la forme se perdent dans le superficiel, c’est être droit dans la descendance du platonisme, plus généralement de la métaphysique, et de ses préjugés : l’essence est dans ce qui est, le mot, non pas dans un au-delà le mot, car cet au-delà lui-même n’est que par et dans le mot. Penser l’inverse, c’est, je pense, se subordonner à un nihilisme – si bien dénoncé par Nietzsche.
« Ceux qui cherchent la forme, c'est que leur écriture n'est pas vitale pour eux »
Je trouve que l’auteur se méprend sur ce qu’il y a de vital dans l’écriture. Elle est un dépôt qui naît du hiatus entre ce que nous sommes et ce que nous aurions souhaité – consciemment ou non – être, et donc assouvissement d’une pulsion, pulsion qui ne peut être satisfaite autrement que par le mot, par le travail du mot. Chercher la forme, c’est là qu’est la survie…
Bref, tout ça pour dire quoi ? Qu’effectivement on écrit bien que ce qu’on connaît bien, mais le bien connaître passe inéluctablement et surtout par le mot, non pas que par le vécu.
" Je ne décorerai pas mes livres. Pas question de leur trouver une forme. Une belle robe attrayante croulant sur les pompons. Hors de question de m'enfiorituriner élégamment. La prétention est la seule, c'est bien cette mise en forme, les détours de la composition, les travaux... Exactement comme si c'était de la cuisine. Toutes ces épices dedans pour que ce soit digeste (ou non). Travail mâché. Sinistre et cynique puérilité ! Il faut aller tout droit, de moi à vous, sans déformation. On doit retrouver l'univers de l'écrivain du début à la fin, dans une seule phrase, la première venue. Ceux qui cherchent la forme, c'est que leur écriture n'est pas vitale pour eux : ils ne dépendent pas d'elle. Elle ne les fait pas marcher : ils veulent la maîtriser au contraire, la dompter et non la laisser intacte, sauvage, salope de griffes, surprenante pour tout dire ! Se laisser entraîner par elle dans sa brutalité, dans la jungle, bambouler ensemble parmi les bambous bouffis de lianes ! "
ME Nabe
Tout est dit
Je n’ai jamais lu cet auteur – j’ai seulement connaissance de son côté provocateur. Je ne sais donc vraiment s’il est ironique, mais j’ose espérer qu’il rit de lui-même et de son lecteur, avec son lecteur. Le travail des sonorités, du vocabulaire, du rythme ? Indéniables dans ce texte. Il se pare de la « belle robe attrayante » dont il affirme ne pas vouloir : c’est qu’il n’y a rien de plus que le mot, que ces « fioritures » dont certains souhaitent tant se détacher, pas de métalangage. C’est le mot qui fait la chose, qui fait la vie, qui permet d’aller, sinon « tout droit », le plus droit possible « de moi à vous ». Croire que ceux qui cherchent la forme se perdent dans le superficiel, c’est être droit dans la descendance du platonisme, plus généralement de la métaphysique, et de ses préjugés : l’essence est dans ce qui est, le mot, non pas dans un au-delà le mot, car cet au-delà lui-même n’est que par et dans le mot. Penser l’inverse, c’est, je pense, se subordonner à un nihilisme – si bien dénoncé par Nietzsche.
« Ceux qui cherchent la forme, c'est que leur écriture n'est pas vitale pour eux »
Je trouve que l’auteur se méprend sur ce qu’il y a de vital dans l’écriture. Elle est un dépôt qui naît du hiatus entre ce que nous sommes et ce que nous aurions souhaité – consciemment ou non – être, et donc assouvissement d’une pulsion, pulsion qui ne peut être satisfaite autrement que par le mot, par le travail du mot. Chercher la forme, c’est là qu’est la survie…
Autre idole que je n’affectionne pas : le génie tel qu’il est ici défini. Il y a, à mon sens, quelque chose de contradictoire à croire au génie – même si déclaré « rare » – capable de créer sans apprendre (« Et quand on n’est pas un génie, ben ! Il faut apprendre… ») et reprocher à certains leur manque de travail – et donc d’avoir espéré être de la trempe de ces génies. Il n’y a qu’un génie : le génie du labeur. Stendhal a écrit « La Chartreuse » en sept semaines, et Kerouac « Sur la route » en trois, rapidité remarquable certes : mais ces œuvres sont tout simplement les résultats d’une vie de travail, de lectures, de réflexions. Qu’ils se soient penchés sur l’Arioste, l’Italie, ou sur le be-bop, le constat est le même : pour créer, ils ont appris.Mais je me pose quand même des questions au sujet de cette notion : "surprendre ".
On dirait que ça devient le but de beaucoup d'écrivains.
On le voit très bien ici sur le site : beaucoup de nouveaux venus le disent très clairement dans leurs tous derniers commentaires à propos de leurs textes : il faut surprendre !
Comme si c'était un but en soi.
Mais ça se vérifie aussi dans les autres arts contemporains, en musique et, plus clairement, en peinture : la créativité consiste à "surprendre" en produisant des trucs, si possible incompréhensible et la plupart du temps, affreux !
Ah ! la grandeur des génies incompris du bête publique...
Moi je suis de la vieille école ! (forcément, diras-tu.) ;-))
Je crois que les génies existent, mais il y en a deux ou trois par siècle, et puis il faut attendre 200 ans pour en voir surgir un nouveau...
Et quand on n'est pas un génie, ben ! Il faut apprendre... Il faut, pour commencer, se mettre "à l'école de".
Quand tu vas dans un musée, tu vois des jeunes peintres qui passent des journées à copier des maîtres. Ils apprennent ! Un jour ils seront capables de produire de belles choses. Ils sont conscients de ne pas être des génies mais leur but est de se réaliser un jour dans des trucs de belle qualité...
C'est la même chose en littérature.
Je crois que pour arriver à quelque chose, si on veut écrire, il faut lire les maîtres. Pas pour les imiter mais pour apprendre : apprendre la construction d'un texte, le mot juste, l'emploi des temps... etc, etc...
Et pour terminer cette trop longue tartine, je te dirai que j'enrage quand quelqu'un vient dire :
J'ai écrit à toute vitesse, sans me relire, ect, etc... Je trouve ça une honte ! mais ça, c'est un avis tout à fait personnel...
Dans ces moments-là, j’aurais aimé avoir un grand-père féru de littérature, un vieux grognon coloré, aux déclarations prétentieuses et sans concession. Du genre qui dirait : « Faut avoir le zob aussi gros qu’un Bic pour croire qu’on écrit comme on baise ! »« On écrit bien que ce qu'on connaît bien » (Brautigan)
Bref, tout ça pour dire quoi ? Qu’effectivement on écrit bien que ce qu’on connaît bien, mais le bien connaître passe inéluctablement et surtout par le mot, non pas que par le vécu.
L’écriture virtuose c’est justement quand la technicité ne s’affiche pas comme une verrue superfétatoire mais se fait nécessité. Pour écrire, il faut avoir le goût du mot, le goût de la littérature. Croire l’inverse, c’est, je pense, condamner ses écrits au contingent.Tu proposes de rejeter la technicité de l'art, comme si elle faisait écran à la vérité, à l'émotion, à l'authenticité... Je te suis, dans le sens où je n'aime pas non plus que la technicité se voit, je n'aime pas l'écriture virtuose, je n'aime pas l'écriture pour le goût des mots ou (pire) le goût de la littérature.
J’adhère.Je pense simplement que nous ne sommes que le reflet et l'expression de notre époque et ceci dans tous les domaines, pas seulement dans celui de l'art sous toutes ses formes. Parce que c'est aussi ce qui caractèrise l'humain : aller toujours plus "loin", dépasser un acquis. Assimiler et... créer (inover) toujours !
EmilSinclair- Nombre de messages : 68
Age : 36
Date d'inscription : 29/06/2008
Re: Vos idées sur l'écriture
Écrire, écrire et écrire encore ! Il me faut du simple, voire du simpliste. Observe ce qui se passe autour de toi, nourris-toi de tes découvertes, essaie de transmettre ton ressenti. Pas toujours évident de ne pas laisser les autres en dehors.
Difficile de faire avancer le débat. En matière d'écriture, je cherche encore et je chercherai toujours.
Difficile de faire avancer le débat. En matière d'écriture, je cherche encore et je chercherai toujours.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Vos idées sur l'écriture
On cherche tous. La question reste de savoir ce qu'on cherche.^^Lucy a écrit:En matière d'écriture, je cherche encore et je chercherai toujours.
EmilSinclair- Nombre de messages : 68
Age : 36
Date d'inscription : 29/06/2008
Re: Vos idées sur l'écriture
EmilSinclair a écrit:On cherche tous. La question reste de savoir ce qu'on cherche.^^Lucy a écrit:En matière d'écriture, je cherche encore et je chercherai toujours.
Tu y réponds très bien toi-même:
« Ceux qui cherchent la forme, c'est que leur écriture n'est pas vitale pour eux »
Je trouve que l’auteur se méprend sur ce qu’il y a de vital dans l’écriture. Elle est un dépôt qui naît du hiatus entre ce que nous sommes et ce que nous aurions souhaité – consciemment ou non – être, et donc assouvissement d’une pulsion, pulsion qui ne peut être satisfaite autrement que par le mot, par le travail du mot. Chercher la forme, c’est là qu’est la survie…
Je ne crois pas que je saurais mieux dire!
Re: Vos idées sur l'écriture
EmilSinclair a écrit:Dans ces moments-là, j’aurais aimé avoir un grand-père féru de littérature, un vieux grognon coloré, aux déclarations prétentieuses et sans concession. Du genre qui dirait : « Faut avoir le zob aussi gros qu’un Bic pour croire qu’on écrit comme on baise ! »« On écrit bien que ce qu'on connaît bien » (Brautigan)
Bref, tout ça pour dire quoi ? Qu’effectivement on écrit bien que ce qu’on connaît bien, mais le bien connaître passe inéluctablement et surtout par le mot, non pas que par le vécu.
Je trouve que tu te contredis parfaitement en disant ça.
Pour moi, ce qui passe par le mot, comme tu dis, c'est le résultat de la perception que tu as du monde, et des choses que tu vas désigner par les dits mots - je passe sur le caractère fluide ou pas de l'expression, puisque l'on ne parle pas de style, ici.
Aussi, je pense que le vécu est tout à fait primordial dans le sens où "connaître" une chose c'est l'avoir vécu - soi même ou par procuration. Par exemple tu n'as pas besoin d'avoir été soigné d'un cancer pour savoir ce que ça fait. Un proche peut avoir été malade, et toi avoir été à ses côtés.
Enfin, pour nuancer mes propos, je pense qu'il est important de savoir extrapoler de son vécu. Je reprends l'exemple que donne Stephen King dans son bouquin Ecriture, mémoire d'un métier :
Il parle d'un plombier. Si tu es plombier, et que tu te dis que ton métier, contrairement à Grisham anciennement avocat, ne va pas du tout t'apporter de 'vécu' intéressant pour écrire : c'est faux. Un plombier dans l'espace, par exemple, ça peut être intéressant. Il faut distinguer le réel de la fiction. Et le réel des émotions. Et savoir mélanger les deux, méthode de dosage qui requiert de la pratique dans le domaine de l'écriture et de la lecture.
Tout ça pour dire que pour trouver cette petite flamme d'inspiration qui nous pousse aux joli mots - et pourquoi pas aux beau textes - il faut vivre, écrire, et vivre. Mais ce n'est que mon avis personnel.
Alskay- Nombre de messages : 242
Age : 38
Date d'inscription : 06/08/2008
Re: Vos idées sur l'écriture
Alskay a écrit:EmilSinclair a écrit:Dans ces moments-là, j’aurais aimé avoir un grand-père féru de littérature, un vieux grognon coloré, aux déclarations prétentieuses et sans concession. Du genre qui dirait : « Faut avoir le zob aussi gros qu’un Bic pour croire qu’on écrit comme on baise ! »« On écrit bien que ce qu'on connaît bien » (Brautigan)
Bref, tout ça pour dire quoi ? Qu’effectivement on écrit bien que ce qu’on connaît bien, mais le bien connaître passe inéluctablement et surtout par le mot, non pas que par le vécu.
Je trouve que tu te contredis parfaitement en disant ça.
Pour moi, ce qui passe par le mot, comme tu dis, c'est le résultat de la perception que tu as du monde, et des choses que tu vas désigner par les dits mots - je passe sur le caractère fluide ou pas de l'expression, puisque l'on ne parle pas de style, ici.
Aussi, je pense que le vécu est tout à fait primordial dans le sens où "connaître" une chose c'est l'avoir vécu - soi même ou par procuration. Par exemple tu n'as pas besoin d'avoir été soigné d'un cancer pour savoir ce que ça fait. Un proche peut avoir été malade, et toi avoir été à ses côtés.
Enfin, pour nuancer mes propos, je pense qu'il est important de savoir extrapoler de son vécu. Je reprends l'exemple que donne Stephen King dans son bouquin Ecriture, mémoire d'un métier :
Il parle d'un plombier. Si tu es plombier, et que tu te dis que ton métier, contrairement à Grisham anciennement avocat, ne va pas du tout t'apporter de 'vécu' intéressant pour écrire : c'est faux. Un plombier dans l'espace, par exemple, ça peut être intéressant. Il faut distinguer le réel de la fiction. Et le réel des émotions. Et savoir mélanger les deux, méthode de dosage qui requiert de la pratique dans le domaine de l'écriture et de la lecture.
Tout ça pour dire que pour trouver cette petite flamme d'inspiration qui nous pousse aux joli mots - et pourquoi pas aux beau textes - il faut vivre, écrire, et vivre. Mais ce n'est que mon avis personnel.
Oui.
Et lire. D'ailleurs lire, c'est vivre aussi.
Je pense qu'il est très difficile de devenir écrivain si on n'a pas été lecteur.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Vos idées sur l'écriture
"On écrit bien ce qu'on connaît bien"
Il faut lire bien aussi.
Cette citation n'est pas issue d'une interview, mais d'un récit. C'est-à-dire qu'elle s'enchâsse entre un avant et un après textuel. Si mes souvenirs sont exacts, voici : Brautigan lit une nouvelle de l'une de ses étudiantes (il a enseigné, peu mais…), il est déçu aussi lui fait-il cette réflexion, ou alors se la fait-il ? Qu'importe mais elle est le résultat de la déception due à sa lecture, de ce qu'il vient d'apprendre lisant une nouvelle.
Mais que comprendre ?
Voici un contre exemple. Richard Brautigan était un spécialiste reconnu de la guerre de Sécession, une référence dans ce domaine, or il n'y fait allusion qu'une seule fois dans l'ensemble de son œuvre dans "Un général sudiste de Big-Sur" et puis plus jamais, alors que comprendre ?
Ajoutons à cela qu'il était également un spécialiste des armes à feu, et nous les retrouvons effectivement tout au long de son œuvre, le personnage "D'un privé à Babylone" recherche des balles pour son pistolet, le personnage (qu'est sans doute Brautigan lui-même) de "Mémoires sauvés du vent" tue un enfant avec une vingt-deux long rifle alors qu'il est âgé d'une douzaine d'années. J'en passe car en vérité aucun récit de Brautigan n'exclut des armes à feu. Qu'en déduire ? D'autant que Brautigan met fin à ces jours en se tirant une balle dans la tête.
Son corps ne fut découvert que bien des jours plus tard et, troublante constatation :la solitude est un thème récurrent de son œuvre.
Ce qui nous avance pas, mais, force est de constater que je viens de vous coller une tartine sur le cher maître du temps, l'indémontable Richard, chose que je n'aurais pu faire si je ne connaissais pas si bien son œuvre et sa vie. Mais cela prouve t-il que sa citation est pertinente ? À vous de voir, moi, j'en connais des plus justes et toujours de sa plume :
« Rien de ce qu'on peut dire ne rendra jamais heureux le type qui se sent dans une merde noire parce qu'il a perdu celle qu'il aime. » La vengeance de la pelouse
« Les mains, c’est si gentil, quand ça revient de faire l’amour « Sucre de pastèque
Il faut lire bien aussi.
Cette citation n'est pas issue d'une interview, mais d'un récit. C'est-à-dire qu'elle s'enchâsse entre un avant et un après textuel. Si mes souvenirs sont exacts, voici : Brautigan lit une nouvelle de l'une de ses étudiantes (il a enseigné, peu mais…), il est déçu aussi lui fait-il cette réflexion, ou alors se la fait-il ? Qu'importe mais elle est le résultat de la déception due à sa lecture, de ce qu'il vient d'apprendre lisant une nouvelle.
Mais que comprendre ?
Voici un contre exemple. Richard Brautigan était un spécialiste reconnu de la guerre de Sécession, une référence dans ce domaine, or il n'y fait allusion qu'une seule fois dans l'ensemble de son œuvre dans "Un général sudiste de Big-Sur" et puis plus jamais, alors que comprendre ?
Ajoutons à cela qu'il était également un spécialiste des armes à feu, et nous les retrouvons effectivement tout au long de son œuvre, le personnage "D'un privé à Babylone" recherche des balles pour son pistolet, le personnage (qu'est sans doute Brautigan lui-même) de "Mémoires sauvés du vent" tue un enfant avec une vingt-deux long rifle alors qu'il est âgé d'une douzaine d'années. J'en passe car en vérité aucun récit de Brautigan n'exclut des armes à feu. Qu'en déduire ? D'autant que Brautigan met fin à ces jours en se tirant une balle dans la tête.
Son corps ne fut découvert que bien des jours plus tard et, troublante constatation :la solitude est un thème récurrent de son œuvre.
Ce qui nous avance pas, mais, force est de constater que je viens de vous coller une tartine sur le cher maître du temps, l'indémontable Richard, chose que je n'aurais pu faire si je ne connaissais pas si bien son œuvre et sa vie. Mais cela prouve t-il que sa citation est pertinente ? À vous de voir, moi, j'en connais des plus justes et toujours de sa plume :
« Rien de ce qu'on peut dire ne rendra jamais heureux le type qui se sent dans une merde noire parce qu'il a perdu celle qu'il aime. » La vengeance de la pelouse
« Les mains, c’est si gentil, quand ça revient de faire l’amour « Sucre de pastèque
Yali- Nombre de messages : 8624
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Re: Vos idées sur l'écriture
Arielle: J'y réponds certes, mais je voulais justement débattre sur ces quelques points, car il me semble qu'ils ne font pas forcément l'unanimité. Dans tous les cas, merci de ta réponse et de ton intérêt.
Alskay: merci de prendre le temps d'exposer cet avis. Aussi je me permets d'y répondre.
L'idée du mot comme résultat de la perception ne manque pas de pertinence, certes : nous sommes influencés par ce qui nous entoure, c'est évident, plus précisément par la manière dont nous le percevons ; il serait donc difficile de soustraire la construction du langage au vécu de l'espèce Homme. Pourtant il me semble qu'il y a dans ton discours un oubli qui vient fausser les conséquences que tu annonces : la perception que nous avons du monde est médiate, c'est-à-dire ? Nous exerçons constamment un jugement sur ce que nous percevons, car ne l'oublions pas, nous sommes avant tout des sujets. Tu prends l'exemple du plombier, je me permets de prendre celui de l'aveugle (utilisé par Locke je crois): une personne qui n'a jamais vu depuis sa naissance, mais qui finit par (re)trouver la vue, aura une perception du monde en 2 dimensions, il lui faudra un temps d'adaptation pour percevoir le monde en 3 dimensions: pourquoi? Parce qu'il s'agit d'un jugement. L'expérience sensible n'est pas aussi spontanée que nous le pensons mais elle est bel et bien médiate. Attention, le but de mon propos n'est pas de renier le sensible, seulement de montrer toute l'importance du langage: ça peut te paraître surprenant, mais il me paraît assez juste de dire que le mot enrichi ton expérience, ainsi que tes pensées. Je ne pense pas que ce soit un hasard, si les plus grands philosophes se sont penchés sur la philologie. Pour vivre, il faut être homme. Le langage est indissociable de l'homme. Le verbe est ce qui fait la vie, pas de récit sans le récit de la vie.
Alors évidemment qu'il faut vivre. ^^
Yali: La lecture est essentielle, c'est sûr.
Alskay: merci de prendre le temps d'exposer cet avis. Aussi je me permets d'y répondre.
L'idée du mot comme résultat de la perception ne manque pas de pertinence, certes : nous sommes influencés par ce qui nous entoure, c'est évident, plus précisément par la manière dont nous le percevons ; il serait donc difficile de soustraire la construction du langage au vécu de l'espèce Homme. Pourtant il me semble qu'il y a dans ton discours un oubli qui vient fausser les conséquences que tu annonces : la perception que nous avons du monde est médiate, c'est-à-dire ? Nous exerçons constamment un jugement sur ce que nous percevons, car ne l'oublions pas, nous sommes avant tout des sujets. Tu prends l'exemple du plombier, je me permets de prendre celui de l'aveugle (utilisé par Locke je crois): une personne qui n'a jamais vu depuis sa naissance, mais qui finit par (re)trouver la vue, aura une perception du monde en 2 dimensions, il lui faudra un temps d'adaptation pour percevoir le monde en 3 dimensions: pourquoi? Parce qu'il s'agit d'un jugement. L'expérience sensible n'est pas aussi spontanée que nous le pensons mais elle est bel et bien médiate. Attention, le but de mon propos n'est pas de renier le sensible, seulement de montrer toute l'importance du langage: ça peut te paraître surprenant, mais il me paraît assez juste de dire que le mot enrichi ton expérience, ainsi que tes pensées. Je ne pense pas que ce soit un hasard, si les plus grands philosophes se sont penchés sur la philologie. Pour vivre, il faut être homme. Le langage est indissociable de l'homme. Le verbe est ce qui fait la vie, pas de récit sans le récit de la vie.
Alors évidemment qu'il faut vivre. ^^
Yali: La lecture est essentielle, c'est sûr.
EmilSinclair- Nombre de messages : 68
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Re: Vos idées sur l'écriture
et j'ai oublié d'ajouter: pas de vie sans le récit de la vieEmilSinclair a écrit: pas de récit sans le récit de la vie.
EmilSinclair- Nombre de messages : 68
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Re: Vos idées sur l'écriture
Allez, je me lance un peu dans le débat, en lançant une petite banalité :
"Le mot est à la littérature ce que la couleur est à la peinture."
Dans un approche "classique", il y a la vie, au sens large, qui est la chose à dire, et le mot qui est l'outil. Dans une approche plus "moderne" l'art choisit parfois une approche réflexive par rapport à son outil correspond moins à mon goût -surtout si l'idée première est perdue -.
Or, je crois que l'acte premier de la littérature est de transmettre à un lecteur. Alors, que le travail sur le mot, sur la forme soit essentiel, c'est exact, au-delà, j'aime l'idée qu'en écrivant on transmet précisément au-delà.
Par ailleurs, l'idée que le mot est central, plus largement que "la littérature naît de la littérature" a aussi des émules.
Enfin, une recherche formelle ou stylistique n'est pas en soi rédhibitoire, au contraire, pour autant que cette recherche porte un sens.
* * *
Pour ce qui est "d'avoir vécu", c'est évidemment pas à prendre à la lettre : sinon, qui écrirait les histoires de serial killer et surtout, qui oserait les éditer ?
"écrire ce qu'on connait bien", ça se décline ainsi à mon sens:
- Un certain respect du lecteur : si on raconte une histoire de plombier et qu'on sait pas comment déboucher un évier, ça pose un problème de "crédibilité". Or le lecteur est généralement très tolérant, mais quand il s'aperçoit qu'on se fiche de lui... Je rajoute que quand on connaît pas, on peut (heureusement !) apprendre. Se renseigner sur ce qu'on écrit est un peu la politesse de l'écrivain...
- De même dans une certaine "psychologie", il faut avoir éprouvé, "testé" (dans le réel, dans la fiction) les choses pour en parler au-delà du cliché. On ne peut pas parler sérieusement de rupture amoureuse avec comme seule référence les paroles des chansons d'Obispo. Mais on peut le faire sans avoir connu de rupture "passionnelle" soi-même.
- L'idée de bien connaître, enfin, ne doit pas être bloquante. Elle ne doit pas non plus confiner fatalement à la seule auto-biographie, à la seule introspection.
Au contraire, j'aime l'approche d'écriture "ouverte sur le monde extérieur".
C'est une observation forcément hautement objective. Qu'on traduit par le média de l'écriture. Qu'un lecteur va lire et interpréter. Et on espère qu'il se fera une idée, et même, qu'il en tirera un plaisir. Chose bien difficile que l'écriture...
"Le mot est à la littérature ce que la couleur est à la peinture."
Dans un approche "classique", il y a la vie, au sens large, qui est la chose à dire, et le mot qui est l'outil. Dans une approche plus "moderne" l'art choisit parfois une approche réflexive par rapport à son outil correspond moins à mon goût -surtout si l'idée première est perdue -.
Or, je crois que l'acte premier de la littérature est de transmettre à un lecteur. Alors, que le travail sur le mot, sur la forme soit essentiel, c'est exact, au-delà, j'aime l'idée qu'en écrivant on transmet précisément au-delà.
Par ailleurs, l'idée que le mot est central, plus largement que "la littérature naît de la littérature" a aussi des émules.
Enfin, une recherche formelle ou stylistique n'est pas en soi rédhibitoire, au contraire, pour autant que cette recherche porte un sens.
* * *
Pour ce qui est "d'avoir vécu", c'est évidemment pas à prendre à la lettre : sinon, qui écrirait les histoires de serial killer et surtout, qui oserait les éditer ?
"écrire ce qu'on connait bien", ça se décline ainsi à mon sens:
- Un certain respect du lecteur : si on raconte une histoire de plombier et qu'on sait pas comment déboucher un évier, ça pose un problème de "crédibilité". Or le lecteur est généralement très tolérant, mais quand il s'aperçoit qu'on se fiche de lui... Je rajoute que quand on connaît pas, on peut (heureusement !) apprendre. Se renseigner sur ce qu'on écrit est un peu la politesse de l'écrivain...
- De même dans une certaine "psychologie", il faut avoir éprouvé, "testé" (dans le réel, dans la fiction) les choses pour en parler au-delà du cliché. On ne peut pas parler sérieusement de rupture amoureuse avec comme seule référence les paroles des chansons d'Obispo. Mais on peut le faire sans avoir connu de rupture "passionnelle" soi-même.
- L'idée de bien connaître, enfin, ne doit pas être bloquante. Elle ne doit pas non plus confiner fatalement à la seule auto-biographie, à la seule introspection.
Au contraire, j'aime l'approche d'écriture "ouverte sur le monde extérieur".
C'est une observation forcément hautement objective. Qu'on traduit par le média de l'écriture. Qu'un lecteur va lire et interpréter. Et on espère qu'il se fera une idée, et même, qu'il en tirera un plaisir. Chose bien difficile que l'écriture...
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
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Re: Vos idées sur l'écriture
Le mot qui es important pour moi dans tout ça, que seul Loupbleu utilise en fin de post, c'est: plaisir.
J'aime prendre plaisir à lire. Je n'ai pas forcément besoin de lire des tirades trop pleines de recherche sémantique ou résultat de triturations de la matière grise ;o)
Je crois qu'il est difficile de généraliser en fait.
Certains aiment écrire ou lire du "lourd" pour extérioriser des choses qu'ils ne savent pas exprimer autrement.
D'autres juste par plaisir simple de communiquer ou ressentir des idées ou des sentiments qui peuvent aussi être légers.
Je ne crois pas qu'il doive toujours y avoir une réponse métaphysique à l'acte d'écrire ou de lire. Du moins tout le monde n'est pas obligé de ressentir ce besoin.
Enfin c'est personnel. Je sais que, ayant suivi un parcours littéraire en langue étrangère, étudiant de la littérature espagnole médiévale par exemple, l'aspect hyper poussé de la recherche du pourquoi et du comment m'a un peu écarté de la lecture.
Après à chacun de ressentir les choses à sa manière. Pour moi le plaisir et essentiel. Je ne sais plus qui j'ai entendu dire çà il y a peu de temps, mais l'idée m'avait bien plu: la culture doit être comme une caresse, on doit la ressentir, elle doit être plaisante. Elle ne doit pas forcément être intellectuelle.
J'aime prendre plaisir à lire. Je n'ai pas forcément besoin de lire des tirades trop pleines de recherche sémantique ou résultat de triturations de la matière grise ;o)
Je crois qu'il est difficile de généraliser en fait.
Certains aiment écrire ou lire du "lourd" pour extérioriser des choses qu'ils ne savent pas exprimer autrement.
D'autres juste par plaisir simple de communiquer ou ressentir des idées ou des sentiments qui peuvent aussi être légers.
Je ne crois pas qu'il doive toujours y avoir une réponse métaphysique à l'acte d'écrire ou de lire. Du moins tout le monde n'est pas obligé de ressentir ce besoin.
Enfin c'est personnel. Je sais que, ayant suivi un parcours littéraire en langue étrangère, étudiant de la littérature espagnole médiévale par exemple, l'aspect hyper poussé de la recherche du pourquoi et du comment m'a un peu écarté de la lecture.
Après à chacun de ressentir les choses à sa manière. Pour moi le plaisir et essentiel. Je ne sais plus qui j'ai entendu dire çà il y a peu de temps, mais l'idée m'avait bien plu: la culture doit être comme une caresse, on doit la ressentir, elle doit être plaisante. Elle ne doit pas forcément être intellectuelle.
Re: Vos idées sur l'écriture
DK a écrit:Le mot qui es important pour moi dans tout ça, que seul Loupbleu utilise en fin de post, c'est: plaisir.
J'aime prendre plaisir à lire. Je n'ai pas forcément besoin de lire des tirades trop pleines de recherche sémantique ou résultat de triturations de la matière grise ;o)
Je crois qu'il est difficile de généraliser en fait.
Certains aiment écrire ou lire du "lourd" pour extérioriser des choses qu'ils ne savent pas exprimer autrement.
D'autres juste par plaisir simple de communiquer ou ressentir des idées ou des sentiments qui peuvent aussi être légers.
Je ne crois pas qu'il doive toujours y avoir une réponse métaphysique à l'acte d'écrire ou de lire. Du moins tout le monde n'est pas obligé de ressentir ce besoin.
Enfin c'est personnel. Je sais que, ayant suivi un parcours littéraire en langue étrangère, étudiant de la littérature espagnole médiévale par exemple, l'aspect hyper poussé de la recherche du pourquoi et du comment m'a un peu écarté de la lecture.
Après à chacun de ressentir les choses à sa manière. Pour moi le plaisir et essentiel. Je ne sais plus qui j'ai entendu dire çà il y a peu de temps, mais l'idée m'avait bien plu: la culture doit être comme une caresse, on doit la ressentir, elle doit être plaisante. Elle ne doit pas forcément être intellectuelle.
Je n'aurais pas mieux dit, d'autant plus que je me reconnais dans ton parcours scolaire. Amen. =-)
Alskay- Nombre de messages : 242
Age : 38
Date d'inscription : 06/08/2008
Re: Vos idées sur l'écriture
Loupbleu, Alskay, DK, ravi de pouvoir dialoguer avec vous (avec tous les autres aussi d'ailleurs).^^
Mon but n’est pas de prouver qu’il n’y a que : études stylistique, philologique… pour comprendre le monde, je ne veux pas me faire le messie du langage « lourd », seulement montrer que la littérature est sa propre fin. Oui, l’art pour l’art.
Cela ne signifie pas qu’on soit obligé d’écrire sur l’écriture pour être écrivain. Seulement que même lorsqu’il fait référence à la réalité, l’art n’existe que pour lui-même, il se suffit à lui-même. L’art est toujours faussement « ouvert sur le monde extérieur ».
J’adore le « Ceci n’est pas une pipe » de notre ami Magritte : il n’y a rien d’absurde à cette phrase, ceci n’est pas une pipe, car ceci est l’image d’une pipe, il est donc juste de dire que ceci n’est pas une pipe. Une référence à la réalité n’est pas la réalité, mais une référence à la réalité ou bien une réalité « référence à la réalité ».
Ainsi « Guernica » de Picasso n’est pas une œuvre d’art parce qu’il s’agit d’une référence aux événements en Espagne, mais parce qu’il y a eu étude de la forme picturale et réflexion sur l’art.
Vous pourrez alors me reprocher assez logiquement de créer un fossé entre réalité et art, et finalement d’enlever à toute œuvre cette propriété estimable : elle permet une meilleure compréhension du monde. En effet comment l’œuvre d’art peut-elle permettre une meilleure compréhension du monde si elle n’a strictement aucun lien avec la réalité ?
A vrai dire elle en a un : l’homme. L’art est expérimentation, je précise bien expérimentation et non pas expérience. L’art c’est de la vie en supplément. Mieux comprendre l’art, c’est se donner les outils de réflexion pour mieux comprendre le monde.
Une précision enfin: mes propos n'ont rien de métaphysique, puisque basés sur des savoirs dits "positifs".
Oui mais je répète, cet au-delà lui-même n’est que par et dans le mot – le non-dit de Nathalie Sarraute, les aphasies de Roubaud n’ont de vie que par le mot. D’où l’essentialité du mot.Or, je crois que l'acte premier de la littérature est de transmettre à un lecteur. Alors, que le travail sur le mot, sur la forme soit essentiel, c'est exact, au-delà, j'aime l'idée qu'en écrivant on transmet précisément au-delà.
Mon but n’est pas de prouver qu’il n’y a que : études stylistique, philologique… pour comprendre le monde, je ne veux pas me faire le messie du langage « lourd », seulement montrer que la littérature est sa propre fin. Oui, l’art pour l’art.
Cela ne signifie pas qu’on soit obligé d’écrire sur l’écriture pour être écrivain. Seulement que même lorsqu’il fait référence à la réalité, l’art n’existe que pour lui-même, il se suffit à lui-même. L’art est toujours faussement « ouvert sur le monde extérieur ».
J’adore le « Ceci n’est pas une pipe » de notre ami Magritte : il n’y a rien d’absurde à cette phrase, ceci n’est pas une pipe, car ceci est l’image d’une pipe, il est donc juste de dire que ceci n’est pas une pipe. Une référence à la réalité n’est pas la réalité, mais une référence à la réalité ou bien une réalité « référence à la réalité ».
Ainsi « Guernica » de Picasso n’est pas une œuvre d’art parce qu’il s’agit d’une référence aux événements en Espagne, mais parce qu’il y a eu étude de la forme picturale et réflexion sur l’art.
Vous pourrez alors me reprocher assez logiquement de créer un fossé entre réalité et art, et finalement d’enlever à toute œuvre cette propriété estimable : elle permet une meilleure compréhension du monde. En effet comment l’œuvre d’art peut-elle permettre une meilleure compréhension du monde si elle n’a strictement aucun lien avec la réalité ?
A vrai dire elle en a un : l’homme. L’art est expérimentation, je précise bien expérimentation et non pas expérience. L’art c’est de la vie en supplément. Mieux comprendre l’art, c’est se donner les outils de réflexion pour mieux comprendre le monde.
Le plaisir est une notion que j’ai eu l’occasion d’étudier assez longuement. Une fois que tu comprends qu’il n’y a pas d’intérêt à le brimer (comme en métaphysique), ni à le prendre pour fin (on en voit assez vite les limites intérieures avec les écrits de Sade, ou les romans pornographiques d’Apollinaire, lire à ce propos ce qu’en dit Freud), tu remarques à quel point le plaisir est ce qui parachève l’action parfaite, l’ « energeia » dont parle Aristote. Il n’est pas question d’éliminer certains plaisirs, ni de les hiérarchiser dans un but axiologique, seulement de s’apercevoir que : plus l’homme tend vers l’action parfaite, plus le plaisir sera intense.Le mot qui es important pour moi dans tout ça, que seul Loupbleu utilise en fin de post, c'est: plaisir
J'aime prendre plaisir à lire. Je n'ai pas forcément besoin de lire des tirades trop pleines de recherche sémantique ou résultat de triturations de la matière grise ;o) .
Une précision enfin: mes propos n'ont rien de métaphysique, puisque basés sur des savoirs dits "positifs".
EmilSinclair- Nombre de messages : 68
Age : 36
Date d'inscription : 29/06/2008
Re: Vos idées sur l'écriture
Tu as une position cohérente Emil.
Disons que tu bâtis ta "vision" à partir de "l'art pour l'art", et d'une certaine façon, je dis davantage que l'art est d'abord un artisanat. Tout en étant d'accord tous les deux sur le fait que notre interprétation n'est pas obtuse.
Au passage (ça n'a rien à voir), je dis ça, je suis pas philosophe, mais l'hédonisme est quand meme autre chose que Sade ou les "onze mille verges", (qui à mon sens ne sont pas à proprement parler des oeuvres hédonistes). Disons que pour parler métaphysique, du coup, (même si c'était pas ton propos), tu serais plutôt dans une logique transcendantale et moi matérialiste. C'était juste une parenthèse et c'est bien sûr pas une critique !
* * *
L'essentiel (dans tout ce fil) n'est pas de dire LA vérité, je crois qu'il y en a plusieurs en littérature, mais dire "sa vision", comment on la décline quand on écrit. Partager des idées, pour à la fin trouver sa voie propre et unique.
Disons que tu bâtis ta "vision" à partir de "l'art pour l'art", et d'une certaine façon, je dis davantage que l'art est d'abord un artisanat. Tout en étant d'accord tous les deux sur le fait que notre interprétation n'est pas obtuse.
Au passage (ça n'a rien à voir), je dis ça, je suis pas philosophe, mais l'hédonisme est quand meme autre chose que Sade ou les "onze mille verges", (qui à mon sens ne sont pas à proprement parler des oeuvres hédonistes). Disons que pour parler métaphysique, du coup, (même si c'était pas ton propos), tu serais plutôt dans une logique transcendantale et moi matérialiste. C'était juste une parenthèse et c'est bien sûr pas une critique !
* * *
L'essentiel (dans tout ce fil) n'est pas de dire LA vérité, je crois qu'il y en a plusieurs en littérature, mais dire "sa vision", comment on la décline quand on écrit. Partager des idées, pour à la fin trouver sa voie propre et unique.
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
Age : 52
Localisation : loupbleu@vosecrits.com
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Vos idées sur l'écriture
Bon, juste une petite réaction sur cette citation qui, parfois, me gêne.
On m'a déjà fait des réflexions sur la crédibilité ou le too much de certains faits ( parfois ) vécus. Ces faits pouvaient faire clichés, par exemple ou ne pas rentrer suffisamment dans les détails. A contrario, j'ai eu de bonnes réactions concernant des faits que je n'avais fait qu'imaginer ou observer de très loin.
J'ai déjà pu remarquer ( de mon point de vue ) qu'il était très mauvais de s'identifier trop à un personnage. C'est mon piège à pathos ! Si je me sens trop " proche " de la p'tite Gigi et que je m'identifie à fond les ballons à elle, forcément, je vais faire dans la caricature et le grand guignolesque.
Je trouve bien plus difficile d'écrire sur ce que je connais trop bien et il m'est plus simple de biaiser. Par petites touches, je glisse des éléments connus de moi-seule et qui deviennent ressorts du romanesque mais ils ne sont que la toile de fond.
Le reste, le noeud de l'intrigue, certains aspects des personnages, les lieux, tout ou presque doit être assez éloigné de mon univers quotidien. On lit ( je lis ) pour s'évader pas pour retrouver la vie de tous les jours.
Ma mauvaise mémoire me joue de vilains tours mais, à peu de mots près, à Québec sur une plaque de rue, il y avait une inscription ( citation dûe à une auteure ) qui disait en substance : Pour être ( ou devenir ) écrivain, il faut avoir beaucoup rêvé.
J'adhère !!!
Je suis une rêveuse, peut-être ne serai-je jamais écrivain(e), mais si bien écrire c'est écrire ce qu'on connaît bien, alors n'oubliez pas la part du rêve !
* J'essaie de retrouver la citation exacte. C'est nul, l'à peu près... *
Pas vraiment d'accord. Parfois, je me sens beaucoup mieux à écrire sur ce que je ne " connais " pas ( ne vit pas, n'ai pas expérimenté, etc... ) plutôt que sur ce que je connais bien."On écrit bien ce qu'on connaît bien"
On m'a déjà fait des réflexions sur la crédibilité ou le too much de certains faits ( parfois ) vécus. Ces faits pouvaient faire clichés, par exemple ou ne pas rentrer suffisamment dans les détails. A contrario, j'ai eu de bonnes réactions concernant des faits que je n'avais fait qu'imaginer ou observer de très loin.
J'ai déjà pu remarquer ( de mon point de vue ) qu'il était très mauvais de s'identifier trop à un personnage. C'est mon piège à pathos ! Si je me sens trop " proche " de la p'tite Gigi et que je m'identifie à fond les ballons à elle, forcément, je vais faire dans la caricature et le grand guignolesque.
Je trouve bien plus difficile d'écrire sur ce que je connais trop bien et il m'est plus simple de biaiser. Par petites touches, je glisse des éléments connus de moi-seule et qui deviennent ressorts du romanesque mais ils ne sont que la toile de fond.
Le reste, le noeud de l'intrigue, certains aspects des personnages, les lieux, tout ou presque doit être assez éloigné de mon univers quotidien. On lit ( je lis ) pour s'évader pas pour retrouver la vie de tous les jours.
Ma mauvaise mémoire me joue de vilains tours mais, à peu de mots près, à Québec sur une plaque de rue, il y avait une inscription ( citation dûe à une auteure ) qui disait en substance : Pour être ( ou devenir ) écrivain, il faut avoir beaucoup rêvé.
J'adhère !!!
Je suis une rêveuse, peut-être ne serai-je jamais écrivain(e), mais si bien écrire c'est écrire ce qu'on connaît bien, alors n'oubliez pas la part du rêve !
* J'essaie de retrouver la citation exacte. C'est nul, l'à peu près... *
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Vos idées sur l'écriture
À propos du temps d’écriture :
je connais quelques auteurs, publiés je veux dire — ce qui n’est en rien un gage de qualité — nous sommes d’accord, mais dénote au moins une obstination que peu possède — Je reviendrai la dessus si jamais. Il m’arrive de discuter avec eux, or aucun de nous ne s’accorde le même temps d’écriture pour un récit d’environ le même nombre de signes. Ainsi, untel écrit toujours après le dîner, s’organise de telle manière qu’il lui faut deux années pour un bouquin, et quasiment rien pour les corrections. Unetelle, placée en face de moi et avec qui je discutais précisément de ça un autre soir, disait qu’elle écrivait en fin de semaine, qu’une année était son lot, qu’une autre année de correction complètait ce lot. Une amie, une qui m’est chère, écrit quant à elle de façon très différente, elle s’assied, travaille, fait de longue pause mais ne cesse de noter, s’assied, travaille, mais jamais aux mêmes heures, comme ça lui chante, on va dire six mois d’écriture, autant en correction, pour ce qui est de la réflexion préalable au récit, je la laisse s’exprimer, elle fera ça mieux que moi, mais à vue de nez je dirai une année. Pour ma part je ne m’assied que lorsque le récit tourne rond sous caboche, et dés lors je procède par séance de trois heures : un chapitre, un chapitre et demi selon les jours, rarement deux mais cela m’arrive. Je fini toujours mes séances par l’ouverture du chapitre suivant dans lequel je note rapidement l’ossature. Corrections : un chapitre par séance. Au résultat, environ deux années.
Si bien sûr, autant pour les uns que pour les autres, rien ne vient troubler le déroulement de l’écriture, aucun bouleversement majeur je veux dire.
Après ça, je sais pas si ce que je vous raconte est utile. Une précision toutefois, aucun de ceux que je viens de ne pas citer nommément, n’avait une quelconque relation avec le milieu de l’édition, tous ont envoyé leur manuscrit, tous ont eu des réponses négatives, tous ont recommencé encore et encore, et tous, finalement ont convaincu parce qu’ils présentaient quelque chose de différent. Une autre précision, tous sont des 1/80 000iéme, dans le pire des cas. Je m’explique la dessus : il arrive dans les maisons d’éditions chaque année 160 000 manuscrits, dans les meilleurs années deux arrivant par la poste sont retenus, un c’est selon, pas du tout : ça arrive.
Je sais pas si ça vous aide ?
je connais quelques auteurs, publiés je veux dire — ce qui n’est en rien un gage de qualité — nous sommes d’accord, mais dénote au moins une obstination que peu possède — Je reviendrai la dessus si jamais. Il m’arrive de discuter avec eux, or aucun de nous ne s’accorde le même temps d’écriture pour un récit d’environ le même nombre de signes. Ainsi, untel écrit toujours après le dîner, s’organise de telle manière qu’il lui faut deux années pour un bouquin, et quasiment rien pour les corrections. Unetelle, placée en face de moi et avec qui je discutais précisément de ça un autre soir, disait qu’elle écrivait en fin de semaine, qu’une année était son lot, qu’une autre année de correction complètait ce lot. Une amie, une qui m’est chère, écrit quant à elle de façon très différente, elle s’assied, travaille, fait de longue pause mais ne cesse de noter, s’assied, travaille, mais jamais aux mêmes heures, comme ça lui chante, on va dire six mois d’écriture, autant en correction, pour ce qui est de la réflexion préalable au récit, je la laisse s’exprimer, elle fera ça mieux que moi, mais à vue de nez je dirai une année. Pour ma part je ne m’assied que lorsque le récit tourne rond sous caboche, et dés lors je procède par séance de trois heures : un chapitre, un chapitre et demi selon les jours, rarement deux mais cela m’arrive. Je fini toujours mes séances par l’ouverture du chapitre suivant dans lequel je note rapidement l’ossature. Corrections : un chapitre par séance. Au résultat, environ deux années.
Si bien sûr, autant pour les uns que pour les autres, rien ne vient troubler le déroulement de l’écriture, aucun bouleversement majeur je veux dire.
Après ça, je sais pas si ce que je vous raconte est utile. Une précision toutefois, aucun de ceux que je viens de ne pas citer nommément, n’avait une quelconque relation avec le milieu de l’édition, tous ont envoyé leur manuscrit, tous ont eu des réponses négatives, tous ont recommencé encore et encore, et tous, finalement ont convaincu parce qu’ils présentaient quelque chose de différent. Une autre précision, tous sont des 1/80 000iéme, dans le pire des cas. Je m’explique la dessus : il arrive dans les maisons d’éditions chaque année 160 000 manuscrits, dans les meilleurs années deux arrivant par la poste sont retenus, un c’est selon, pas du tout : ça arrive.
Je sais pas si ça vous aide ?
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Vos idées sur l'écriture
Intéressant tout ça, Yali.
ça commence à faire un moment que je lis des expériences d'auteurs, comme celle que tu nous racontes, et à chaque fois le temps d'écriture m'étonne autant.
Dans son livre, Ecriture, mémoire d'un métier, Stephen King considère qu'un bouquin - un premier jet - qui n'est pas terminé au delà de 5 mois (4 ou 5, je ne sais plus), ça commence à faire long.
Je n'ai encore jamais essayé le gros format, et bien entendu de mon jeune age, je vais de maladresses en maladresses, mais pourtant je suis d'accord avec lui.
En fait, quand on y pense, un an c'est vraiment très long. Hors je pense qu'un écrivain, que l'écriture passionne donc, qui se lance dans un roman, est assidu. J'admire, en fait, les gens qui sont capables de n'écrire qu'en fin de semaine par exemple, et de laisser leur projet de côté pendant la semaine.
Ensuite je voudrais revenir sur le chiffre que tu évoques. Tes sources viennent d'où ? Et est-ce une moyenne des maisons d'édition tout genre confondu ?
Le 160 000 ne me choque pas, énormément de gens écrivent.
Par contre, le 1, ou zéro, là, ça claque ! 1/160 000 associé aux délais d'attente, on se demande comment de nouveaux auteurs arrivent à percer ! Encore une fois, que d'admiration !
ça commence à faire un moment que je lis des expériences d'auteurs, comme celle que tu nous racontes, et à chaque fois le temps d'écriture m'étonne autant.
Dans son livre, Ecriture, mémoire d'un métier, Stephen King considère qu'un bouquin - un premier jet - qui n'est pas terminé au delà de 5 mois (4 ou 5, je ne sais plus), ça commence à faire long.
Je n'ai encore jamais essayé le gros format, et bien entendu de mon jeune age, je vais de maladresses en maladresses, mais pourtant je suis d'accord avec lui.
En fait, quand on y pense, un an c'est vraiment très long. Hors je pense qu'un écrivain, que l'écriture passionne donc, qui se lance dans un roman, est assidu. J'admire, en fait, les gens qui sont capables de n'écrire qu'en fin de semaine par exemple, et de laisser leur projet de côté pendant la semaine.
Ensuite je voudrais revenir sur le chiffre que tu évoques. Tes sources viennent d'où ? Et est-ce une moyenne des maisons d'édition tout genre confondu ?
Le 160 000 ne me choque pas, énormément de gens écrivent.
Par contre, le 1, ou zéro, là, ça claque ! 1/160 000 associé aux délais d'attente, on se demande comment de nouveaux auteurs arrivent à percer ! Encore une fois, que d'admiration !
Alskay- Nombre de messages : 242
Age : 38
Date d'inscription : 06/08/2008
Re: Vos idées sur l'écriture
En réalité peu importe le mode opératoire, car fin de semaine ou non, en continu ou en pointillé, chaque auteur sait que dès lors qu'il pratique du long, il est à ce point immergé dans le récit, qu'il inverse la réalité et la fiction. Aussi, il vit avec ses personnages, et ne les quitte plus jusqu'a la fin des corrections. Quant aux éléments de sa vie réel, il les met en absence en quelque sorte. Difficile à vivre pour autrui.
À propos des chiffres : 180 000 est ce qu'annonce les éditeurs quant aux manuscrits reçus chaque année.
Si nous prenons par exemple, la rentrée littéraire de 2006 qui comptaient 683 romans dont 1 sur 7 environ étaient des premiers romans. Ne gardons que ceux-là et retirons d ceux-là ceux qui, certes premiers romans mais qui portait un nom connu, fils de machin, neveu de truc, participant à telle ou telle émission télévisée, j'en passe et des pires, et bien il n'en restait qu'une trentaine environ. Pourquoi alors dis-je un ou deux par la poste ? Mais parce que c'est c'est ce qu'il se raconte dans le milieu. Les gens écrivant sont attirés par ledit milieu, s'en rapproche donc, connaissent à force les correcteurs, les lecteurs des maisons d'éditions, des journalistes, des rédacteurs quand il ne le sont pas eux-même, bref écrivent et baignent là dedans, de fait, glissent leurs manuscrits par d'autres voies. Aussi simple que ça.
Mais ça ne change pas d'hier, pas davantage pour cet art-là que pour un autre, qui aurait l'idée d'être reconnu comme peintre (par exemple) en officiant en Lozère ? Non, il lui faudra pour ça faire des concessions, la première étant de se rapprocher d'une capitale artistique ou navigue la critique, les amateurs, les acheteurs, les communicants… Bref, s'il y a le savoir faire, il y a le faire savoir.
Sont donc lus en priorité, soit déposés sur le dessus de la pile, ceux-là même qui gravitent autour du sujet principal.
C'est humain, très compréhensible.
D"autre part, voici comment se déroule la prière séance de lecture d'un lecteur type payé par une maison d'édition pour lire un premier manuscrit. Deux premières pages : note de 1 à 5. Centième page : note de 1 à 5. Deux dernières pages : note de 1 à 5. Si la moyenne n'atteint pas 4 : manuscrit poubelle, si elle est à 4 le manuscrit file direction le second lecteur. Il en reste encore trois avant que le manuscrit n'atteigne un lecteur décisionnaire qui, pour une raison X ou Y, parce que le manuscrit ne s'inscrit pas dans la ligne éditoriale de la collection par exemple, peut le refuser ou, chance : le passer à l'un de ses confrères.
Tout ceci n'étant plus, bien entendu, si l'auteur a déjà publié, mais pour autant, rien ne lui garantit de l'être de nouveau.
Voici pourquoi je dis, rabâche que chaque mot compte, et aussi, que si lorsque vous écrivez, vous entendez la petite musique, alors la moitié du chemin est parcouru.
Bref, faut bosser, lire et se baigner de littérature.
À propos des chiffres : 180 000 est ce qu'annonce les éditeurs quant aux manuscrits reçus chaque année.
Si nous prenons par exemple, la rentrée littéraire de 2006 qui comptaient 683 romans dont 1 sur 7 environ étaient des premiers romans. Ne gardons que ceux-là et retirons d ceux-là ceux qui, certes premiers romans mais qui portait un nom connu, fils de machin, neveu de truc, participant à telle ou telle émission télévisée, j'en passe et des pires, et bien il n'en restait qu'une trentaine environ. Pourquoi alors dis-je un ou deux par la poste ? Mais parce que c'est c'est ce qu'il se raconte dans le milieu. Les gens écrivant sont attirés par ledit milieu, s'en rapproche donc, connaissent à force les correcteurs, les lecteurs des maisons d'éditions, des journalistes, des rédacteurs quand il ne le sont pas eux-même, bref écrivent et baignent là dedans, de fait, glissent leurs manuscrits par d'autres voies. Aussi simple que ça.
Mais ça ne change pas d'hier, pas davantage pour cet art-là que pour un autre, qui aurait l'idée d'être reconnu comme peintre (par exemple) en officiant en Lozère ? Non, il lui faudra pour ça faire des concessions, la première étant de se rapprocher d'une capitale artistique ou navigue la critique, les amateurs, les acheteurs, les communicants… Bref, s'il y a le savoir faire, il y a le faire savoir.
Sont donc lus en priorité, soit déposés sur le dessus de la pile, ceux-là même qui gravitent autour du sujet principal.
C'est humain, très compréhensible.
D"autre part, voici comment se déroule la prière séance de lecture d'un lecteur type payé par une maison d'édition pour lire un premier manuscrit. Deux premières pages : note de 1 à 5. Centième page : note de 1 à 5. Deux dernières pages : note de 1 à 5. Si la moyenne n'atteint pas 4 : manuscrit poubelle, si elle est à 4 le manuscrit file direction le second lecteur. Il en reste encore trois avant que le manuscrit n'atteigne un lecteur décisionnaire qui, pour une raison X ou Y, parce que le manuscrit ne s'inscrit pas dans la ligne éditoriale de la collection par exemple, peut le refuser ou, chance : le passer à l'un de ses confrères.
Tout ceci n'étant plus, bien entendu, si l'auteur a déjà publié, mais pour autant, rien ne lui garantit de l'être de nouveau.
Voici pourquoi je dis, rabâche que chaque mot compte, et aussi, que si lorsque vous écrivez, vous entendez la petite musique, alors la moitié du chemin est parcouru.
Bref, faut bosser, lire et se baigner de littérature.
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Vos idées sur l'écriture
Loupbleu :
L’art est un artisanat, tout à fait d’accord avec toi : il nécessite une technique. La question porte sur le but de cet artisanat ; je pense, et ce n’est évidemment qu’un avis personnel de la chose, que l’art est sa propre fin. Il me semble que voir l’art comme « tekhnè » et comme sa propre fin n’est pas impossible, je ne pense donc pas que nos visions soient en contradiction sur ce point.
Pour ce qui est de l’hédonisme : je suis à la fois en accord et en désaccord avec ton propos. En accord dans la mesure où l’on a souvent tendance à considérer l’épicurisme – car je suppose que c’est à cette doctrine que tu fais référence, mais peut-être que je me trompe – comme une forme de l’hédonisme et elle n’a effectivement rien à voir avec les théories sadiennes ; en désaccord car on peut s’apercevoir en creusant un peu, que l’épicurisme est bien plus proche de l’anti-hédonisme que de l’hédonisme.
Je m’explique : la visée d’Epicure (ainsi que celle de Lucrèce et du reste…) était le plaisir dit catastématique – cette fois pas d’erreur dans le terme je crois^^. C'est-à-dire un plaisir qui ne naît qu’en l’absence de tout mouvement : aponie et ataraxie. On retrouve donc une hiérarchisation des plaisirs aux tendances moralistes qui n’est pas sans rappeler la problématique des plaisirs vrais et faux chez Platon. Le problème du plaisir chez Epicure alors ? C’est que comme dans tout anti-hédonisme, la plaisir proposé n’a plus rien d’humain – l’homme doit, pour éprouver le plaisir prôné par Epicure, se détacher de tout désir, se détacher de tout mouvement, bref c’est un peu le syndrome de la plante verte tout ça… ^^
L’hédonisme proprement dit maintenant : c’est-à-dire celui qui prend le plaisir comme fin, sans hiérarchisation du plaisir – bref l’hédonisme qui s’assume. Hélas je pense qu’il ne puisse être autre que sadien, soit un plaisir qui nie l’Autre, qui dérive sur l’insatisfaction permanente, et donc le besoin de la performance… Evidemment ça ne veut pas dire que le premier venu qui se dit « hédoniste » est sadien, le terme est employé dans un sens très large de nos jours.
Alors qu’est-il ce premier venu ? Je pense qu’il est un oisif, de ceux qui apprécient les petits riens de l’existence dont parle Hesse dans « L’Art de l’oisiveté ». Il me semble que la meilleure proposition est celle d’Aristote : c’est-à-dire faire avec le plaisir, être « homme-mesure » tout en éliminant pas les plaisirs, mais en les utilisant à cette fin. On est donc ni dans l’ascétisme, ni dans l’hédonisme, mais dans un dépassement des deux doctrines.
Enfin je pense que considérer l’art pour lui-même et seulement pour lui-même n’est pas dans la logique transcendantale mais bien au contraire dans une logique de l’immanence. Mes propos ont des couleurs philosophiques, je l’admets, mais non pas métaphysiques – la métaphysique ayant besoin pour appui d’un absolu qui se trouve en Dieu ou un au-delà, cf. Platon, Descartes, Leibniz, Kant... que je désapprouve.
Lucy : hâte d’avoir la citation exacte, et le nom de l’auteur. :-)
Yali : Je profite de ton expérience pour te demander comment on envoie un texte à une maison d’édition (J’ai jamais fait) ? Courrier, texte et puis c’est tout ? Par avance merci.
Bonne soirée à tous et bon LOISEAU à certains
Disons que tu bâtis ta "vision" à partir de "l'art pour l'art", et d'une certaine façon, je dis davantage que l'art est d'abord un artisanat.
L’art est un artisanat, tout à fait d’accord avec toi : il nécessite une technique. La question porte sur le but de cet artisanat ; je pense, et ce n’est évidemment qu’un avis personnel de la chose, que l’art est sa propre fin. Il me semble que voir l’art comme « tekhnè » et comme sa propre fin n’est pas impossible, je ne pense donc pas que nos visions soient en contradiction sur ce point.
Je t’assure être très loin de penser une telle chose, aucune interprétation n’est obtuse ici, ça me paraît évident. Je trouve bien que nous ayons des avis divergents, encore mieux que nous puissions les partager, les exposer, les confronter. Dans un débat, on assène des coups, on défend, mais toujours avec respect, et il me semble que c’est bel et bien le cas ici. Sache qu’il n’y a pas une once de mépris dans mes réponses, et j’espère sincèrement ne pas avoir donné l’impression inverse – mais si tel est le cas, je ne doute pas que tu le mettras sur le compte de mon jeune âge, d’un certain manque de maturité qui se traduit peut-être parfois par une envie de briller.Tout en étant d'accord tous les deux sur le fait que notre interprétation n'est pas obtuse.
Ici je me permets quelques précisions :-), tout en prenant toujours compte, évidemment, de ce qui a été confirmé supra.Au passage (ça n'a rien à voir), je dis ça, je suis pas philosophe, mais l'hédonisme est quand meme autre chose que Sade ou les "onze mille verges", (qui à mon sens ne sont pas à proprement parler des oeuvres hédonistes). Disons que pour parler métaphysique, du coup, (même si c'était pas ton propos), tu serais plutôt dans une logique transcendantale et moi matérialiste. C'était juste une parenthèse et c'est bien sûr pas une critique !
Pour ce qui est de l’hédonisme : je suis à la fois en accord et en désaccord avec ton propos. En accord dans la mesure où l’on a souvent tendance à considérer l’épicurisme – car je suppose que c’est à cette doctrine que tu fais référence, mais peut-être que je me trompe – comme une forme de l’hédonisme et elle n’a effectivement rien à voir avec les théories sadiennes ; en désaccord car on peut s’apercevoir en creusant un peu, que l’épicurisme est bien plus proche de l’anti-hédonisme que de l’hédonisme.
Je m’explique : la visée d’Epicure (ainsi que celle de Lucrèce et du reste…) était le plaisir dit catastématique – cette fois pas d’erreur dans le terme je crois^^. C'est-à-dire un plaisir qui ne naît qu’en l’absence de tout mouvement : aponie et ataraxie. On retrouve donc une hiérarchisation des plaisirs aux tendances moralistes qui n’est pas sans rappeler la problématique des plaisirs vrais et faux chez Platon. Le problème du plaisir chez Epicure alors ? C’est que comme dans tout anti-hédonisme, la plaisir proposé n’a plus rien d’humain – l’homme doit, pour éprouver le plaisir prôné par Epicure, se détacher de tout désir, se détacher de tout mouvement, bref c’est un peu le syndrome de la plante verte tout ça… ^^
L’hédonisme proprement dit maintenant : c’est-à-dire celui qui prend le plaisir comme fin, sans hiérarchisation du plaisir – bref l’hédonisme qui s’assume. Hélas je pense qu’il ne puisse être autre que sadien, soit un plaisir qui nie l’Autre, qui dérive sur l’insatisfaction permanente, et donc le besoin de la performance… Evidemment ça ne veut pas dire que le premier venu qui se dit « hédoniste » est sadien, le terme est employé dans un sens très large de nos jours.
Alors qu’est-il ce premier venu ? Je pense qu’il est un oisif, de ceux qui apprécient les petits riens de l’existence dont parle Hesse dans « L’Art de l’oisiveté ». Il me semble que la meilleure proposition est celle d’Aristote : c’est-à-dire faire avec le plaisir, être « homme-mesure » tout en éliminant pas les plaisirs, mais en les utilisant à cette fin. On est donc ni dans l’ascétisme, ni dans l’hédonisme, mais dans un dépassement des deux doctrines.
Enfin je pense que considérer l’art pour lui-même et seulement pour lui-même n’est pas dans la logique transcendantale mais bien au contraire dans une logique de l’immanence. Mes propos ont des couleurs philosophiques, je l’admets, mais non pas métaphysiques – la métaphysique ayant besoin pour appui d’un absolu qui se trouve en Dieu ou un au-delà, cf. Platon, Descartes, Leibniz, Kant... que je désapprouve.
Mes propos peuvent paraître envahissants – ils le sont d’ailleurs – mais je ne vise vraiment pas au prosélytisme. Je suis pour la pluralité des opinions et ne considère en aucun cas mon opinion comme la meilleure. Je peux aussi comprendre que l’on ait simplement l’envie d’écrire sans s’adonner à des questions parfois pompeuses, parfois rédhibitoires. Seulement je tente de mettre au clair mes pensées, de trouver un système cohérent, système qui parfois s’écroule et qu’il faut donc que je revois ; débattre me semble indispensable pour avancer, c’est une aide précieuse que de trouver des avis contraires – sinon bonjour le désert humain. Je le répète : je suis ravi d’avoir l’occasion de ces dialogues, mais comprends tout aussi bien qu’on n’ait pas l’envie de faire ce qui quelquefois prend des allures de « verbiage ».L'essentiel (dans tout ce fil) n'est pas de dire LA vérité, je crois qu'il y en a plusieurs en littérature, mais dire "sa vision", comment on la décline quand on écrit. Partager des idées, pour à la fin trouver sa voie propre et unique.
Lucy : hâte d’avoir la citation exacte, et le nom de l’auteur. :-)
Yali : Je profite de ton expérience pour te demander comment on envoie un texte à une maison d’édition (J’ai jamais fait) ? Courrier, texte et puis c’est tout ? Par avance merci.
Bonne soirée à tous et bon LOISEAU à certains
EmilSinclair- Nombre de messages : 68
Age : 36
Date d'inscription : 29/06/2008
Re: Vos idées sur l'écriture
Je profite de ce fil et de la longue et détaillée explication de Yali pour demander si quelqu'un sait comme on peut tenter sa chance pour publier une nouvelle dans une revue ?
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
Age : 52
Localisation : loupbleu@vosecrits.com
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Vos idées sur l'écriture
Loupbleu a écrit:Je profite de ce fil et de la longue et détaillée explication de Yali pour demander si quelqu'un sait comme on peut tenter sa chance pour publier une nouvelle dans une revue ?
Question qui m'intéresse aussi beaucoup. Je relance donc d'un poivron vert et d'un nain de jardin qui mange un pneu d'automne piqué dans une blague médiévale.
Kamoulox.
Alskay- Nombre de messages : 242
Age : 38
Date d'inscription : 06/08/2008
Re: Vos idées sur l'écriture
EmilSinclair a écrit :
Un à deux ans pour écrire un roman, oui ! Au moins ça !
Intéressant, ce fil !!!
Navrée, je n'ai rien pu faire avec le seul outil internet. Il faudra que je retourne à Québec ( zut alors ! ) pour la retrouver. Ce ne sera pas avant un moment, désolée !Lucy : hâte d’avoir la citation exacte, et le nom de l’auteur. :-)
Un à deux ans pour écrire un roman, oui ! Au moins ça !
Intéressant, ce fil !!!
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Vos idées sur l'écriture
Tristan a écrit:Je trouve ça étrange, vu que poésie et musique étaient au départ quasiment indissociables.pandaworks a écrit:J'ai lu récement un commentaire (intro de recueuil), dont je désaprouve le tenant qui disait:
Quand l'homme ne trouva plus assez de puissance dans ses mots , il inventa la poesie, et quand il ne trouva plus assez de puissance dans ses poèmes il les mis en chansons.
A mon avis, c'est une théorie bancale sutout qu'elle n'est pas étayée.
Peut être qu'il existe des gens totalement hermétiques au degré primaire selon ce type: le roman.
juste une hypothèse ;-)
'bsolument, le recueil est à brûler.
pierre-henri- Nombre de messages : 699
Age : 66
Localisation : Raiatea
Date d'inscription : 17/02/2008
Re: Vos idées sur l'écriture
Citation:
Mais je me pose quand même des questions au sujet de cette notion : "surprendre ".
On dirait que ça devient le but de beaucoup d'écrivains.
On le voit très bien ici sur le site : beaucoup de nouveaux venus le disent très clairement dans leurs tous derniers commentaires à propos de leurs textes : il faut surprendre !
Comme si c'était un but en soi.
Je te suis sur ce coup, à ceci près que, depuis le XIX° au moins, (on peut penser à Baudelaire, par ex.), la tendance est en marche.
Ceci posé, un texte qui ne «surprend»pas mérite-t-il plus qu'un intérêt poli ? La question serait: que signifie surprendre ? Les textes qui montrent leurs fesses, c'est une image, of course, étonnent-ils ? Ceux qui étalent leur inachèvement, etc.
Mais ça se vérifie aussi dans les autres arts contemporains, en musique et, plus clairement, en peinture : la créativité consiste à "surprendre" en produisant des trucs, si possible incompréhensible et la plupart du temps, affreux !
Ah ! la grandeur des génies incompris du bête publique...
(Sur ce paragraphe, tu as un peu relâché ton orthographe, camarade philosophe!). Oui, moi aussi, les lignes noires sur fond blanc, les vingt-trois types vêtus de blanc tendant un appareil photo vers le ciel, etc., ça me gave. Même pire, ça me met en colère. Pourquoi ? Tu as déjà accompané des jeunes dans une expo ? Quand ils en ressortent en disant: c'est de la daube- et que oui, c'est de la daube- c'est l'art qui a perdu. Alors, les faux-monnayeurs me débectent.
Moi je suis de la vieille école ! (forcément, diras-tu.) ;-))
Je crois que les génies existent, mais il y en a deux ou trois par siècle, et puis il faut attendre 200 ans pour en voir surgir un nouveau...
Bof... Là, tes statistiques, la notion de «génie», tout ça, hein... Ben, non.
Et quand on n'est pas un génie, ben ! Il faut apprendre... Il faut, pour commencer, se mettre "à l'école de".
Apprendre, c'est le lot commun, de tous. Tous.
Quand tu vas dans un musée, tu vois des jeunes peintres qui passent des journées à copier des maîtres. Ils apprennent ! Un jour ils seront capables de produire de belles choses. Ils sont conscients de ne pas être des génies mais leur but est de se réaliser un jour dans des trucs de belle qualité...
Non, il faut tenter, chercher « sa » voie/voix. La reproduction, si ce n'est à des fins de maîtrise technique, (bon exercice, d'ailleurs), n'a aucun intérêt. On ne s'y met pas en danger. On n'y trouve que mort et sel carthaginois...
C'est la même chose en littérature.
Je crois que pour arriver à quelque chose, si on veut écrire, il faut lire les maîtres. Pas pour les imiter mais pour apprendre : apprendre la construction d'un texte, le mot juste, l'emploi des temps... etc, etc...
'bsolument. Ex nihilo nihil. ( etc. pas: etc...)
Et pour terminer cette trop longue tartine, je te dirai que j'enrage quand quelqu'un vient dire :
J'ai écrit à toute vitesse, sans me relire, ect, etc... Je trouve ça une honte ! mais ça, c'est un avis tout à fait personnel...
Avis que je partage. Écrire vite, ouaille not ? Mais ne pas se relire, et même cent fois, c'est (se) manquer de respect.
Autre idole que je n’affectionne pas : le génie tel qu’il est ici défini. Il y a, à mon sens, quelque chose de contradictoire à croire au génie – même si déclaré « rare » – capable de créer sans apprendre (« Et quand on n’est pas un génie, ben ! Il faut apprendre… ») et reprocher à certains leur manque de travail – et donc d’avoir espéré être de la trempe de ces génies. Il n’y a qu’un génie : le génie du labeur. Stendhal a écrit « La Chartreuse » en sept semaines, et Kerouac « Sur la route » en trois, rapidité remarquable certes : mais ces œuvres sont tout simplement les résultats d’une vie de travail, de lectures, de réflexions. Qu’ils se soient penchés sur l’Arioste, l’Italie, ou sur le be-bop, le constat est le même : pour créer, ils ont appris.
Ouipre !
Citation:
« On écrit bien que ce qu'on connaît bien » (Brautigan)
Dans ces moments-là, j’aurais aimé avoir un grand-père féru de littérature, un vieux grognon coloré, aux déclarations prétentieuses et sans concession. Du genre qui dirait : « Faut avoir le zob aussi gros qu’un Bic pour croire qu’on écrit comme on baise ! »
Bref, tout ça pour dire quoi ? Qu’effectivement on écrit bien que ce qu’on connaît bien, mais le bien connaître passe inéluctablement et surtout par le mot, non pas que par le vécu.
Pour le coup, on en revient à Platon et à ses conflits avec les sophistes. Qu'est-ce que connaître et connait-on jamais ?
Mais, oui, l'écrivant est artisan des mots. « e suis un syntaxier», Stéphane dixit.
Citation:
Tu proposes de rejeter la technicité de l'art, comme si elle faisait écran à la vérité, à l'émotion, à l'authenticité... Je te suis, dans le sens où je n'aime pas non plus que la technicité se voit, je n'aime pas l'écriture virtuose, je n'aime pas l'écriture pour le goût des mots ou (pire) le goût de la littérature.
L’écriture virtuose c’est justement quand la technicité ne s’affiche pas comme une verrue superfétatoire mais se fait nécessité. Pour écrire, il faut avoir le goût du mot, le goût de la littérature. Croire l’inverse, c’est, je pense, condamner ses écrits au contingent.
Moui...
Y-a-t-il des lois en la matière ?
Ne peut-on jouir de la lecture d'une écriture « transparente », au service du récit (ce que font, le plus souvent, les conteurs et/ou des maîtres de la forme, de Gustave à Vladimir ?
J'aurais tendance à penser que la virtuosité, c'est la maîtrise pure de la forme, la technicité au service... de rien.
Citation:
Je pense simplement que nous ne sommes que le reflet et l'expression de notre époque et ceci dans tous les domaines, pas seulement dans celui de l'art sous toutes ses formes. Parce que c'est aussi ce qui caractèrise l'humain : aller toujours plus "loin", dépasser un acquis. Assimiler et... créer (inover) toujours !
J’adhère.
Même les plus beaux esprits n'échappent pas à l'horizon de pensée de leur époque, s'pas ? Oui. (Quoique... René Huyghe voyait, par ex., dans l'impresionnisme un pressentiment de l'atomisme...). La recherche du neuf ne mène nulle part. Si ce n'est dans les supermarchés. A vouloir être à la mode, on y reste, inéluctablement.
Ce qu'il faut cherchjer, je crois, c'est « sa » voie/voix. Mais c'est dur d'échapper à la copie, consciente, inconsciente, aux facilités de tous genres...
Bonne journée.
Mais je me pose quand même des questions au sujet de cette notion : "surprendre ".
On dirait que ça devient le but de beaucoup d'écrivains.
On le voit très bien ici sur le site : beaucoup de nouveaux venus le disent très clairement dans leurs tous derniers commentaires à propos de leurs textes : il faut surprendre !
Comme si c'était un but en soi.
Je te suis sur ce coup, à ceci près que, depuis le XIX° au moins, (on peut penser à Baudelaire, par ex.), la tendance est en marche.
Ceci posé, un texte qui ne «surprend»pas mérite-t-il plus qu'un intérêt poli ? La question serait: que signifie surprendre ? Les textes qui montrent leurs fesses, c'est une image, of course, étonnent-ils ? Ceux qui étalent leur inachèvement, etc.
Mais ça se vérifie aussi dans les autres arts contemporains, en musique et, plus clairement, en peinture : la créativité consiste à "surprendre" en produisant des trucs, si possible incompréhensible et la plupart du temps, affreux !
Ah ! la grandeur des génies incompris du bête publique...
(Sur ce paragraphe, tu as un peu relâché ton orthographe, camarade philosophe!). Oui, moi aussi, les lignes noires sur fond blanc, les vingt-trois types vêtus de blanc tendant un appareil photo vers le ciel, etc., ça me gave. Même pire, ça me met en colère. Pourquoi ? Tu as déjà accompané des jeunes dans une expo ? Quand ils en ressortent en disant: c'est de la daube- et que oui, c'est de la daube- c'est l'art qui a perdu. Alors, les faux-monnayeurs me débectent.
Moi je suis de la vieille école ! (forcément, diras-tu.) ;-))
Je crois que les génies existent, mais il y en a deux ou trois par siècle, et puis il faut attendre 200 ans pour en voir surgir un nouveau...
Bof... Là, tes statistiques, la notion de «génie», tout ça, hein... Ben, non.
Et quand on n'est pas un génie, ben ! Il faut apprendre... Il faut, pour commencer, se mettre "à l'école de".
Apprendre, c'est le lot commun, de tous. Tous.
Quand tu vas dans un musée, tu vois des jeunes peintres qui passent des journées à copier des maîtres. Ils apprennent ! Un jour ils seront capables de produire de belles choses. Ils sont conscients de ne pas être des génies mais leur but est de se réaliser un jour dans des trucs de belle qualité...
Non, il faut tenter, chercher « sa » voie/voix. La reproduction, si ce n'est à des fins de maîtrise technique, (bon exercice, d'ailleurs), n'a aucun intérêt. On ne s'y met pas en danger. On n'y trouve que mort et sel carthaginois...
C'est la même chose en littérature.
Je crois que pour arriver à quelque chose, si on veut écrire, il faut lire les maîtres. Pas pour les imiter mais pour apprendre : apprendre la construction d'un texte, le mot juste, l'emploi des temps... etc, etc...
'bsolument. Ex nihilo nihil. ( etc. pas: etc...)
Et pour terminer cette trop longue tartine, je te dirai que j'enrage quand quelqu'un vient dire :
J'ai écrit à toute vitesse, sans me relire, ect, etc... Je trouve ça une honte ! mais ça, c'est un avis tout à fait personnel...
Avis que je partage. Écrire vite, ouaille not ? Mais ne pas se relire, et même cent fois, c'est (se) manquer de respect.
Autre idole que je n’affectionne pas : le génie tel qu’il est ici défini. Il y a, à mon sens, quelque chose de contradictoire à croire au génie – même si déclaré « rare » – capable de créer sans apprendre (« Et quand on n’est pas un génie, ben ! Il faut apprendre… ») et reprocher à certains leur manque de travail – et donc d’avoir espéré être de la trempe de ces génies. Il n’y a qu’un génie : le génie du labeur. Stendhal a écrit « La Chartreuse » en sept semaines, et Kerouac « Sur la route » en trois, rapidité remarquable certes : mais ces œuvres sont tout simplement les résultats d’une vie de travail, de lectures, de réflexions. Qu’ils se soient penchés sur l’Arioste, l’Italie, ou sur le be-bop, le constat est le même : pour créer, ils ont appris.
Ouipre !
Citation:
« On écrit bien que ce qu'on connaît bien » (Brautigan)
Dans ces moments-là, j’aurais aimé avoir un grand-père féru de littérature, un vieux grognon coloré, aux déclarations prétentieuses et sans concession. Du genre qui dirait : « Faut avoir le zob aussi gros qu’un Bic pour croire qu’on écrit comme on baise ! »
Bref, tout ça pour dire quoi ? Qu’effectivement on écrit bien que ce qu’on connaît bien, mais le bien connaître passe inéluctablement et surtout par le mot, non pas que par le vécu.
Pour le coup, on en revient à Platon et à ses conflits avec les sophistes. Qu'est-ce que connaître et connait-on jamais ?
Mais, oui, l'écrivant est artisan des mots. « e suis un syntaxier», Stéphane dixit.
Citation:
Tu proposes de rejeter la technicité de l'art, comme si elle faisait écran à la vérité, à l'émotion, à l'authenticité... Je te suis, dans le sens où je n'aime pas non plus que la technicité se voit, je n'aime pas l'écriture virtuose, je n'aime pas l'écriture pour le goût des mots ou (pire) le goût de la littérature.
L’écriture virtuose c’est justement quand la technicité ne s’affiche pas comme une verrue superfétatoire mais se fait nécessité. Pour écrire, il faut avoir le goût du mot, le goût de la littérature. Croire l’inverse, c’est, je pense, condamner ses écrits au contingent.
Moui...
Y-a-t-il des lois en la matière ?
Ne peut-on jouir de la lecture d'une écriture « transparente », au service du récit (ce que font, le plus souvent, les conteurs et/ou des maîtres de la forme, de Gustave à Vladimir ?
J'aurais tendance à penser que la virtuosité, c'est la maîtrise pure de la forme, la technicité au service... de rien.
Citation:
Je pense simplement que nous ne sommes que le reflet et l'expression de notre époque et ceci dans tous les domaines, pas seulement dans celui de l'art sous toutes ses formes. Parce que c'est aussi ce qui caractèrise l'humain : aller toujours plus "loin", dépasser un acquis. Assimiler et... créer (inover) toujours !
J’adhère.
Même les plus beaux esprits n'échappent pas à l'horizon de pensée de leur époque, s'pas ? Oui. (Quoique... René Huyghe voyait, par ex., dans l'impresionnisme un pressentiment de l'atomisme...). La recherche du neuf ne mène nulle part. Si ce n'est dans les supermarchés. A vouloir être à la mode, on y reste, inéluctablement.
Ce qu'il faut cherchjer, je crois, c'est « sa » voie/voix. Mais c'est dur d'échapper à la copie, consciente, inconsciente, aux facilités de tous genres...
Bonne journée.
pierre-henri- Nombre de messages : 699
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Re: Vos idées sur l'écriture
Loupbleu a écrit:Je profite de ce fil et de la longue et détaillée explication de Yali pour demander si quelqu'un sait comme on peut tenter sa chance pour publier une nouvelle dans une revue ?
Il y a peu de revue nouvelliste, deux qui fonctionnent bien d'un point de vue vente et "Aura".
Rue Saint-Ambroise
http://ruesaintambroise.blogspot.com/
Le canard en Plastic
http://lecanardenplastic.free.fr/
Pour cette dernière je peux aiguiller les textes vers la rédaction. Je précise que je ne fais pas partie du comité de lecture mais j'y publie des textes.
Une autre, Les Muses à Tremplin. Une nouvelle maquette bientôt, plus professionnelle disons, la maquette pas la distribution malheureusement. Mais 2000 exemplaires quand même.
http://lesmusesatremplin.com/
Avec cette dernière, VE va fort probablement créer un partenariat prochainement. Le temps que nous fictions les modalités dudit partenariat et je vous en reparle
Yali- Nombre de messages : 8624
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Re: Vos idées sur l'écriture
Loup, les éditions Quadrature publient des recueils de nouvelles, c'est même leur spécificité.
http://www.editionsquadrature.be/
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Kilis- Nombre de messages : 6085
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Re: Vos idées sur l'écriture
Pierre-henri, je t’avoue avoir eu du mal à comprendre tout ton post :-)), dans la mesure où tu réponds à la fois aux personnes que je cite, ainsi qu’à mes propos – enfin… si j’ai compris correctement ? M’en veux pas, c’est un peu tard. Je m’autorise à n’intervenir que sur les réponses qui, je crois, me concernent plus directement.
Lucy: Pas grave ;-)
Bonne soirée.
R. A. S. donc.pierre-henri a écrit:EmilSinclair a écrit:Autre idole que je n’affectionne pas : le génie tel qu’il est ici défini. Il y a, à mon sens, quelque chose de contradictoire à croire au génie – même si déclaré « rare » – capable de créer sans apprendre (« Et quand on n’est pas un génie, ben ! Il faut apprendre… ») et reprocher à certains leur manque de travail – et donc d’avoir espéré être de la trempe de ces génies. Il n’y a qu’un génie : le génie du labeur. Stendhal a écrit « La Chartreuse » en sept semaines, et Kerouac « Sur la route » en trois, rapidité remarquable certes : mais ces œuvres sont tout simplement les résultats d’une vie de travail, de lectures, de réflexions. Qu’ils se soient penchés sur l’Arioste, l’Italie, ou sur le be-bop, le constat est le même : pour créer, ils ont appris.
Ouipre !
Oui et non. Oui parce que Platon pensait que la connaissance était possible par l’accès de l’âme au monde des Idées (on va quand même s’épargner sa théorie de la réminiscence pour ce soir) et donc n’accordait que peu d’importance au mot (finalement le mot ne serait que simple dégradation ontologique de la pensée pure, ce que beaucoup, consciemment ou non, présupposent encore de nos jours) ; non parce que même si les sophistes considéraient le discours comme premier (et en cela j’admets être proche de leur doctrine), ils n’étaient plus dans la problématique du vrai, mais dans celle de l’utilité. Or, je crois que le mot est ce qui fait la chose (la pensée n’est pas sans le mot, la pensée n’est que par et dans le mot), parce que l’objet ne peut être sans le sujet, et parce que le langage est indissociable du sujet.pierre-henri a écrit:Pour le coup, on en revient à Platon et à ses conflits avec les sophistes. Qu'est-ce que connaître et connait-on jamais ?
R.A.S.pierre-henri a écrit:Mais, oui, l'écrivant est artisan des mots. « e suis un syntaxier», Stéphane dixit.
Je pense qu’il faut en premier lieu se débarrasser de cette connotation péjorative qu’on associe au terme : virtuosité n’est pas synonyme de complexité. À mon sens, la virtuosité ne signifie d’ailleurs pas une maîtrise « totale » du texte – quel est ce moi mystérieux dont a pu parler Proust ? – Elle est plutôt expression d’une adéquation entre l’œuvre et l’homme, notamment le lecteur et le livre (car évidemment le lecteur a aussi son rôle à jouer), la forme et le fond. Et en cela l’art nous apprend beaucoup, car la « re-présentation » n’est pas simple copie du monde mais une réalité singulière qui permet à chacun de mieux appréhender et comprendre son environnement (comprendre tout ce et tous ceux qui l’entoure(nt)).pierre-henri a écrit:Moui...
Y-a-t-il des lois en la matière ?
Ne peut-on jouir de la lecture d'une écriture « transparente », au service du récit (ce que font, le plus souvent, les conteurs et/ou des maîtres de la forme, de Gustave à Vladimir ?
J'aurais tendance à penser que la virtuosité, c'est la maîtrise pure de la forme, la technicité au service... de rien.
Disons que pour innover il faut d’abord apprendre, comprendre, reprendre notre passé (individuel et commun) et non pas s’en arracher, bref faut jouer les écrevisses du « Bestiaire ». J’suis d’accord pour ce qui est de chercher sa voie/voix.pierre-henri a écrit:Même les plus beaux esprits n'échappent pas à l'horizon de pensée de leur époque, s'pas ? Oui. (Quoique... René Huyghe voyait, par ex., dans l'impresionnisme un pressentiment de l'atomisme...). La recherche du neuf ne mène nulle part. Si ce n'est dans les supermarchés. A vouloir être à la mode, on y reste, inéluctablement.
Ce qu'il faut cherchjer, je crois, c'est « sa » voie/voix. Mais c'est dur d'échapper à la copie, consciente, inconsciente, aux facilités de tous genres...
Lucy: Pas grave ;-)
Bonne soirée.
EmilSinclair- Nombre de messages : 68
Age : 36
Date d'inscription : 29/06/2008
Re: Vos idées sur l'écriture
pierre-henri a écrit:
Pour le coup, on en revient à Platon et à ses conflits avec les sophistes. Qu'est-ce que connaître et connait-on jamais ?
Oui et non. Oui parce que Platon pensait que la connaissance était possible par l’accès de l’âme au monde des Idées (on va quand même s’épargner sa théorie de la réminiscence pour ce soir) et donc n’accordait que peu d’importance au mot (finalement le mot ne serait que simple dégradation ontologique de la pensée pure, ce que beaucoup, consciemment ou non, présupposent encore de nos jours) ; non parce que même si les sophistes considéraient le discours comme premier (et en cela j’admets être proche de leur doctrine), ils n’étaient plus dans la problématique du vrai, mais dans celle de l’utilité. Or, je crois que le mot est ce qui fait la chose (la pensée n’est pas sans le mot, la pensée n’est que par et dans le mot), parce que l’objet ne peut être sans le sujet, et parce que le langage est indissociable du sujet.
Je n'étais pas dans les questions de langue, nominalisme, etc., mais dans la question du sujet-(selon moi autrement plus pertinente) "l'homme est la mesure de toutes choses".
Pour le coup, on en revient à Platon et à ses conflits avec les sophistes. Qu'est-ce que connaître et connait-on jamais ?
Oui et non. Oui parce que Platon pensait que la connaissance était possible par l’accès de l’âme au monde des Idées (on va quand même s’épargner sa théorie de la réminiscence pour ce soir) et donc n’accordait que peu d’importance au mot (finalement le mot ne serait que simple dégradation ontologique de la pensée pure, ce que beaucoup, consciemment ou non, présupposent encore de nos jours) ; non parce que même si les sophistes considéraient le discours comme premier (et en cela j’admets être proche de leur doctrine), ils n’étaient plus dans la problématique du vrai, mais dans celle de l’utilité. Or, je crois que le mot est ce qui fait la chose (la pensée n’est pas sans le mot, la pensée n’est que par et dans le mot), parce que l’objet ne peut être sans le sujet, et parce que le langage est indissociable du sujet.
Je n'étais pas dans les questions de langue, nominalisme, etc., mais dans la question du sujet-(selon moi autrement plus pertinente) "l'homme est la mesure de toutes choses".
pierre-henri- Nombre de messages : 699
Age : 66
Localisation : Raiatea
Date d'inscription : 17/02/2008
Re: Vos idées sur l'écriture
Yali a écrit:Loupbleu a écrit:Je profite de ce fil et de la longue et détaillée explication de Yali pour demander si quelqu'un sait comme on peut tenter sa chance pour publier une nouvelle dans une revue ?
Il y a peu de revue nouvelliste, deux qui fonctionnent bien d'un point de vue vente et "Aura".
Rue Saint-Ambroise
http://ruesaintambroise.blogspot.com/
Le canard en Plastic
http://lecanardenplastic.free.fr/
Pour cette dernière je peux aiguiller les textes vers la rédaction. Je précise que je ne fais pas partie du comité de lecture mais j'y publie des textes.
Une autre, Les Muses à Tremplin. Une nouvelle maquette bientôt, plus professionnelle disons, la maquette pas la distribution malheureusement. Mais 2000 exemplaires quand même.
http://lesmusesatremplin.com/
Avec cette dernière, VE va fort probablement créer un partenariat prochainement. Le temps que nous fictions les modalités dudit partenariat et je vous en reparle
Dis moi, Yali, je relisais ton post avec intérêt - merci beaucoup, d'ailleurs - et je me demandais :
je n'arrive pas à trouver d'informations sur les lignes éditoriales de ces revues (sachant que mes nouvelles trempent dans l'horreur/suspense). Tu saurais où je peux trouver ça ?
Sinon j'ai trouvé Borderline, un Fanzine (accès horreur suspense fantastique) cette fois. Super ! A voir.
Encore merci, Yali.
Alskay- Nombre de messages : 242
Age : 38
Date d'inscription : 06/08/2008
Re: Vos idées sur l'écriture
Désolé Alskay, les trois revues citées mettent toutes l'accent sur une autre littérature mais pas une littérature de genre.
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Vos idées sur l'écriture
Yali a écrit:Désolé Alskay, les trois revues citées mettent toutes l'accent sur une autre littérature mais pas une littérature de genre.
Tu eux préciser s'il te plaît ?
C'est à dire qu'ils acceptent "de tout" ?
Alskay- Nombre de messages : 242
Age : 38
Date d'inscription : 06/08/2008
Re: Vos idées sur l'écriture
Non, pas de tout. Pas de littérature de genre. Soit celle qui pour être, d'emblée se classe dans une catégorie comme pour s'excuser d'être ce qu'elle est : polar, horreur, héroïque fantaisie, S.F. noire… Ne vois-là aucun jugement, juste une préférence pour cette réalité qui nous fait homme, femme, et parler de ça sans que nous court sur le corps, alors qu'elle et moi faisons l'amour, une armées de petits lutins débraillés et gueulards avec des oreilles pointues et toute la panoplie : arc, flèches, un passé de 118059852131 générations mais que tous ont en tête, ou que dégringole en plein orgasme, le sien, le mien : une tête nouvellement tranchée et que l’on se retrouve trois au pieu, se demandant tout de même pourquoi cette tête-là, n’a pas cru bon de ramener ses fesses histoire qu’on se fasse une partouze ?Alskay a écrit:Yali a écrit:Désolé Alskay, les trois revues citées mettent toutes l'accent sur une autre littérature mais pas une littérature de genre.
Tu eux préciser s'il te plaît ?
C'est à dire qu'ils acceptent "de tout" ?
Je plaisante.
Il existe une revue spécialisée, fort réputée et Québécoise pour ce qui est du genre Fantastique, sauf que là, j’ai plus le titre en tête, faudrait demander à Jonjon.
Jonjon ?
Sur le fil adéquat, si toutefois une souris le tient encore éveillé.
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
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