Nouveau départ

coline, demain sans faute, entre une chose et l'autre
(parce que oui, c'est long !)

Je ne vois pas ce qu'on pourrait changer à ce texte. Tout y est bien rendu : la richesse du terroir, décrite avec gourmandise, les caractères des deux soeurs, avec leur façon différente d'aborder la vie, l'amour qui les lie.
La révélation de l'idylle entre Rozenn et François vient mettre en péril le bonheur retrouvé de Joce qui croyait avoir enfin trouvé sa place.
Ce récit, certes long, vaut la peine d'être lu tranquillement, comme l'histoire d'une vie au jour le jour avec ses petits bonheurs, ses réflexions, et puis ses déceptions. Récit empreint de sensibilité.Et d'un peu d'amertume.
En résumé, une lecture qui m'a charmée.

C'est long, mais c'est bon, moi qui n'aime guère les récits linéaires j'ai tout avalé d'un trait. C'est pas mou, c'est doux et triste.

On aimerait peut-être que la narratrice distribue quelques coups de bûche bien placés, se révolte et y puise, dans la colère, de l'énergie plutôt que cette résignation. Rozenn a la maison de maman, Rozenn est la vedette du gîte, Rozenn a François, des claques ! Éric part avec une jeunette pour que le couple ne sombre pas dans l'habitude : claques ! François blesse sans faire exprès (les pires), claques !

C'est ce qui me manque, mais évidemment c'est justement le portrait d'une femme qui se résigne à ne pas occuper sa vie.

Cela n'enlève rien à la qualité cruelle du texte. Peut-être la cruauté peut-elle être un peu creusée, justement, et l'ironie plus mordante ? Je vais laisser reposer, relire et réfléchir.

euh...grippée, tu disais...?
Coline, elle est plutôt carrément bien huilé au contraire cette histoire!!
un texte long mais dont la lecture est fluide, très agréable et attachante, qu'on enfile comme des chaussons. Saint Su' on y est avec la narratrice, complètement, comme si en famille. J'y reviendrais, pour finir le petit pan de lecture qu'il me reste et commenter plus précisément. sur un texte long comme ça je peux déjà dire qu'on ne ronfle pas, non. l'attention du lecteur tu sais la soutenir! le rythme je ne le trouve pas mou car il est en concordance avec le récit, les décors, bref tout le contenu ainsi que la tonalité des sentiments éprouvés par la narratrice. j'aime beaucoup le passage gourmand sur la cuisine de la petite soeur. les effluves délicieuses en traversent mon écran et parviennent directement jusqu'à mes narines, tout comme les parfums de "la terre de mon enfance". Le vent salé accompagne d'un souffle tiède, à la fois tendre et lucide, cette méditation en escalier. Une promenade sur les chemins de la pensée en solitaire, dans les moments de calme où l'esprit est disponible et rend l'heure propice à un retour sur des pans de vie.

C'est long, c'est bon, ça se lit avec une certaine facilité mais je me demande tout de même si ce texte n'y gagnerait pas en vivant certaines ruptures, dans le rythme et/ou dans l'histoire.
Bien sûr, je comprends que la linéarité du récit, ce ton identique du début à la fin, colle assez bien aux sentiments qui animent la narration, cette résignation face à la vie et ses épreuves mais à la longue, ça paraît de temps en temps un brin monocorde. Peut-être cela est-il dû à cette manière distante de raconter, dans laquelle les émotions semblent si contenues.
Difficile de pouvoir dire avec précision où il faudrait modifier et surtout quoi mais voilà, un tout petit truc suffirait sans doute à donner plus de relief à l'ensemble. En même temps, je comprends volontiers que la narratrice se retienne, qu'elle cadenasse sa vie comme elle peut pour ne pas craquer mais ici, en qualité d'observatrice, ça manque par moments - un peu - de bousculades.
Ceci mis à part, j'aime ton texte et ce qu'il évoque avec pas mal de justesse, la vie dans tout ce qu'elle a de dur et de beau aussi.

oublié de te dire que je trouvais aussi que ça ressemblait à un film cette longue histoire qui se déroule, on visualise les personnages, les décors, l'atmosphère... tout cela est très bien rendu.

c'est juste!!
cette "monocorditude" m'évoque aussi pourtant (mais c'est très personnel) le rendu des volutes de pensées, comme un méditatif monologue bercé par la comptoise des bilans, d'un tic-tac ample, pas forcément léger. mais issu d'un mécanisme à l'endurance pérenne et fiable. en quelque sorte de respiration profonde: inspiration...expiration.

igloo a écrit:en quelque sorte de respiration profonde: inspiration...expiration.

ha oui, bien vu ! Vrai que le texte peut être rythmé par cette respiration et la respiration, c'est aussi la vie... ça se tient bien.

Il y a beaucoup de toi dans ce texte, Coline, je le sais. C'est idiot mais ça me fait plaisir de retrouver des choses connues, des anecdotes, des lieux.
Sur le texte à proprement parler, il se lit très agréablement, mais je suis personnellement parfois submergée par trop de détails, des énumérations (par exemple tous les changements apportés au gîte), j'ai l'impression que parfois la machine s'emballe. Noter les étapes oui, en évitant peut-être de trop développer (?)

Le ton du texte ne change pas du début à la fin (sauf à la première mention de Eric, et là, je trouve que tu forces trop le trait naïf de Joce), ça peut lasser par moments, notamment lorsque l'intérêt du texte baisse (pendant les énumérations) mais d'un autre côté, ça correspond parfaitement à la personnalité de la narratrice qui, en dépit de timides sursauts, subit plus qu'elle n'agit, vivote mais ne vit pas. Aime la routine, le confort de la routine.

En cela, l'acte final me paraît bien audacieux. Cela dit, comme il est décrit, il me rappelle la fin d'une certaine Virginia W. et colle donc parfaitement à l'ambiance partiellement british du texte.

Pour conclure, élaguer peut-être un peu. Sinon, c'est tout bon.

Mention spéciale : J’avais l’impression d’être un poseur de rails, à la fois pionnier et routinier.
J'espérais bien que les rails étaient solides.

je suis de l'avis de mes illustres prédécesseurs, je ne vois pas ce qui cloche dans ce récit, l'atmosphère, pesante, est fort bien rendue, et l'on sent glisser inexorablement Jocelyne dans cette vie qu'elle vit justement à travers sa soeur, les plaisirs et bonheurs de sa soeur. elle glisse tellement bien qu'elle ne s'en relèvera pas. Durant toute ma lecture, j'imaginais cathrine Frot dans ce rôle, avec un ciel grisonnant. En fait, j'avais l'impression de lire un film. Je réitère donc, rien ne cloche, tout fonctionne plutôt très bien !

Coucou !

C’est un bon texte, je le trouve très différent de « Attaches », mais peut-être que ton tour de force est justement d’ajuster parfaitement ton écriture à ton personnage. J’ai fait un commentaire au fil de ma lecture. Comme d’hab, tu ne prends que ce que tu juges utile, je te dis ce qui me passe par la tête (et donc…) :-)

Au départ, un ton triste et désabusé. Doux. Tu présentes bien les personnages.

Comme si j'étais en visite dans ma vie.
L'impression de ne plus pouvoir trouver de repos. Je n'étais chez moi nulle part.

Très beau, ça. Très juste, aussi.

Le pessimisme sans doute.

Pas clair.

L'ancienneté que j'aurais perdue...

Je ne la voyais pas « carriériste », pourtant… elle a changé ?

Et surtout, j'étais heureuse de ne plus être seule.

J’aurais fait pareil, mais est-ce la peine d’aller à la ligne ?

Rozenn a toujours été ce qu'on appelle une heureuse nature. Elle est douée pour la vie, elle aime rire, boire, manger, partager, elle sait créer une ambiance, je ne l'ai jamais vue morose, elle voit toujours le bon côté des choses. Ça ne pouvait que me faire du bien.

Là, pour moi, non, trop raconté et sans doute inutile.

A part mes malades
Sauf avec mes malades
les malades

C’est voulu, les répétitions ?

Mes appréhensions étaient totalement injustifiées, on a retrouvé d'emblée une complicité, elle était toujours d'accord avec moi, toujours prête à s'enthousiasmer...

Pareil que plus haut, pas forcément nécessaire de le dire de cette manière. Je ne sais pas, un dialogue ?

J’avais l’impression d’être un poseur de rails, à la fois pionnier et routinier.
J'espérais bien que les rails étaient solides.

Belle conclusion. Même remarque pour le retour à la ligne

Former un réseau avec des artisans d'art et exposer ceux qui ne bénéficient pas d'une boutique ou d'un atelier connu (les artisans sont contents d'être exposés, les clients sont contents de découvrir des artistes méconnus, nous sommes contentes d'avoir de beaux objets pour varier la décoration !)
- Installer un jacuzzi et divers gadgets efficaces de bien être corporel
- "Confier" des recettes top secret et offrir des parcours de découverte, en particulier pour ramasser salicorne, herbes et coquillages qui font des plats de ma soeur de vrais produits du terroir.

Trop détaillé à mon sens, surtout la fin de la dernière phrase, ça fait un peu « catalogue cuisines et jardins » (le prends pas mal, hein ? je suis un peu allergique au mot « terroir »).
:-)

Je me suis remise à me maquiller un peu.
D'ailleurs, nous étions obligées de prêter plus d'attention à notre tenue.

Tu insinues tout en délicatesse. J’aime. On voit venir le coup de bûche…

-Heureusement, les clients vont arriver ; et François.
Il va m'aider à remettre mes idées en place.

Pas compris qui parlait.

Je les aimais.
Je n'allais pas gâcher leur visible bonheur. Ils avaient quelque chose d'enfantin.
La cruauté peut être.

Très bon, ça (mais bon sang, les retours à la ligne…).

Alors là, la fin me scotche, venant de toi… j’imaginais quelque chose de bien plus cruel et sanglant. J’avais compris que François était là pour la sœur, ça, c’est bon, mais j’imaginais que Jocelyne réagirait différemment, enfin.
Bravo, beau contrepied.
Et surtout, cette fin colle parfaitement à l’écriture que tu montres tout au long de ce texte. Une écriture en retenue, effacée ou presque, sans éclat de voix, l’écriture d’une femme qui accepte tout. Une chose, pourquoi être allée étudier et vivre à Paris ? Elle a eu, à un moment de sa vie, de la volonté, donc. La cassure a-t-elle eu lieu avec Eric ? C’est la seule chose que je ne comprends pas dans ton personnage. Tu laisses entendre qu’elle n’aime pas Paris, mais elle pouvait faire médecine (enfin, aide-soignante) plus près, non ? J’ai aussi du mal à imaginer une femme aussi passive se battre pour mener des études, passer des examens, en vivant seule loin de chez elle : il faut, je suppose, une certaine volonté pour cela. Pour moi, il y a du y avoir cassure, ce que finalement on ne voit pas dans ton texte, puisqu’elle dit dès le départ qu’elle était dans la résignation de vivre loin de chez elle.

Sinon rien à dire, tout me va !

T'as fait sourire, larmoyé et rire ta lectrice : mais que te faut-il de plus ? ^^

À mon opinion, un texte réussi. On sent venir quelque chose, comme une menace impalpable, une ombre qui menace tout du long, sans trop savoir ce qui vient. En cela, ça me paraît pas mal torché Dame Coline.

Réussi. Un texte iodé et étale comme la mer l'est parfois (et les habitudes). J'ai beaucoup aimé cette "linéarité", moins cette vie par procuration. Je m'explique : quand je dis moins, il ne s'agit pas du texte, mais de Joce et de cette "passivité". La fin est d'ailleurs cruelle : François et Rozenn s'en débarrassent. Certes, il pensent bien faire, ou plutôt ils se donnent bonne conscience.

François disait « mais, bien sûr vous serez toujours la bienvenue chez nous aussi souvent que vous voudrez »

Quand j'entends ce genre de chose, j'ai l'impression de recevoir un coup de pied au cul. En gros, si tu pouvais ne pas revenir. Et ce "chez nous" ! Là est la violence, dans ces deux mots : "chez nous".
Il n'y a rien à retirer (ni à rajouter d'ailleurs).

2 remarques (détails) :
- les retours à la ligne
et

je suis heureuse pour vous (Rozenn disait je ne sais plus quoi à propos de la maison de Marie Gouriou) il avait presque réussi…

Il doit manquer une ponctuation.

t'écris vraiment bien toi,
il devrait faire quarante pages, je me croyais en vacances... comme dans les livres, je jouais l'écrivain mytho qui finissait son énième roman à succés, et qui s'était installé dans cette petite maison d'hôte ou ce petit hotel de village. C'était le déjeuner, et je rêvais la silhouette de la patronne qui repartait en cuisine, celle qui a les odeurs de la petite maison, sur la lande...

Une typographie plus soignee, moins de bavardage ( en ce qui concerne l'auberge notamment ) et un nivellement stylistique (tu passe du langage parle au langage soutenu ) devraient suffire pour rendre justice a cette ecriture aisee et sensible.

J'ai enfin lu ce texte pour lequel tu avais des doutes et je ne suis pas déçue du voyage. Du début à la fin, il y a une cruauté latente, lancinante, qui explose bien entendu dans les dernières lignes. Mais elle se sent dès les premiers mots. Igloo a raison, j'ai eu l'impression que le texte était parfaitement en rythme avec ma respiration, lente et profonde. En revanche, j'ai été un peu gênée par les changements de ton de la narratrice : parfois un ton presque enfantin, qui ne colle pas toujours avec le personnage, cette résignation qui la caractérise, mais finalement cette dignité qui l'habite tout le temps. C'est drôle parce que plus que de résignation, je parlerais de dignité. Une dignité résignée ? :-) Elle est malmenée par tout le monde, parfois volontairement - Éric, les surveillantes - parfois involontairement - sa mère, qui lui répète que c'est peut-être la dernière fois que... quelle torture ! et sa soeur, puis François. Mais si elle est malmenée, elle n'en montre rien, elle se réfugie auprès d'elle même, ne fait jamais de scandale. Elle se retire, tout simplement. Elle se retire de son couple, de sa ville, de son travail, de sa routine, pour finalement y revenir. Bref, non vraiment ce texte m'a plu.

couper ici :

Un soir, j'ai posé la question à Rozenn :
− Tu le trouvais comment, toi, Eric ?
− Nul. Un petit macho gonflé de prétention. Mais tu avais l'air tellement amoureuse...
Ça m'a un peu vexée. Bien obligée de reconnaître qu'elle avait raison... Il m'était désagréable de penser que ma petite soeur avait vu plus clair que moi, qu'elle m'avait jugée un peu gourde...
Rozenn balayait toutes mes ruminations d'un éclat de rire :
− Allez, faut reconnaître qu'il t'allait bien au teint ! T'as eu des bons moments, et puis des mauvais, mais t'as drôlement bien assuré.

j'ai plus senti modestie que résignation.

c'est un bon choix de suicide, se faire recouvrir par son terroir, ses racines, son enfance.

j'aime bien le tout, le titre.

j'étais réticent (ne jamais mettre "je vous vends mon machin mais il y a un truc qui cloche").

Je suis passé outre (mon côté poivrot), et c'est très bien écrit.
Parfois je vois un peu les "ficelles" mais ici ça ne me gène pas (comme ça peut me déranger dans certains autres textes que je lis ici).

Le "mélo" est finement amené.

Il m'a fallut un peu, au départ, me creuser pour savoir qui était Jocelyne, mais j'avais été inattentif.
Je tire mon chapeau devant une telle efficacité sur un texte dont la longueur pourrait rebuter le lecteur fainéant.

Lecteur fainéant, espèce de gland, n'hésite pas : ça en vaut la peine.

Coline.. désolée d'arriver en retard !
ça ce n'est pas du réchauffé... te dire que j'aime serait ridicule n'est-ce pas ? Tout est là. Rien à jeter.

coline Dé a écrit:

Moi, j'aime bien les habitudes. Je trouve ça doux.
Et je ne voyais pas très bien comment on pouvait faire un Couple, un vrai, en se séparant. Mais Eric était beaucoup plus intelligent et cultivé que moi.
Alors je suis restée toute seule pour faire un Couple, un vrai, et ça m'a fait tout drôle pendant un bout de temps.
Comme si j'étais en visite dans ma vie.
L'impression de ne plus pouvoir trouver de repos. Je n'étais chez moi nulle part.

Très beau ça, je trouve.


C'es très agréable à lire, visuel, doux, et oui comme une douce joie diffuse qui fait un peu mal, parce qu'on la sent très fragile

Terribles la soeur et le futur mari!
J'aime bien le pilote automatique puisque sonne assez juste

Parfois je trouve que les réactions/émotions sont décrites par le personnage d'un ton un peu trop naïf (mais très peu de passages me font cet effet en fait)


Sinon, j'étais contente de te lire!