Estébàn (les enragés)
+4
Charles
ninananere
Sahkti
bertrand-môgendre
8 participants
Page 1 sur 1
Estébàn (les enragés)
Estébàn
L'être d’un jour sang gris
(les enragés)
L'être d’un jour sang gris
(les enragés)
« Elle est morte, je le sais, elle est morte, je le dis, elle est morte, je la vois. »
Sur son lit étendue, elle repose, froide, son souffle absorbe le vide.
« Je prie l’ennui me terrasser sur place, avant que ne s’installe l’ivresse des espoirs retenus.
Pars ! Sors de moi ! »
L’esprit chagrin inonde les draps tirés-carrés comme suaire, en cadavre déguisé aux ridules guèdes soulignées.
« Plus jamais de batailles pour nous, ni de luttes aux corps mêlés. Plus de cuisses ouvertes jusqu'à ton ventre fécond. Peau, ma peau s’ivresse de froid. Finiras-tu donc jamais, nuit maligne ? A tordre mes doigts, je saigne tout au cœur. En croches, où l’empan mesure tes pointes érectiles, j’aimais ces liens étroits, blancs oiseaux passagers, sculpter tes courbes, façonner tes pleins et déliés, suspendre les formes rondes qui te firent nourrice trois saisons durant.
Plus jamais de rêves pour nous, ni de soupirs à perdre haleine. Offre-moi, ne serait-ce que le bruit de ton souffle, le mouvement d’un cil, le reflet d’un seul de tes cheveu.
Chavirent nos escouades averses, dérivent nos égarements d’humeur.
A deux, la soif s’étanchait sans boire, lorsque nos regards complices s’ennoblissaient de pensées communes.
Qui de toi est nous désormais si tu n’es pas moi ?
Les mots dits s’entendent mieux lorsqu’ils sont tus. Ils interprètent nos signes respectifs.
Que ne m’envoies-tu donc pas, ton âme légère, flotter sur ta couche, transparaître doucement sans attendre ton repos. Ému, je le fus, détruit, je le suis.
Même lépreuse, laisse moi baiser les ulcères de ton ombre égarée.
Reviennent tes yeux m’accrocher en lambeaux de chair nue.
Musique ta voix,. Souffle les silences à tenir longtemps.
J’étrange affaire, lapide ma peur, ma vie, mon envie va vite trouver une place.
Ne reste pas là, si raide-froide, si menue-fragile.
Je t’en prie, agresse mes pauvres bras trop faibles aujourd’hui, lorsque je te serre violemment.
Je m’en agenouille de rage, vaincu d’impuissance.
Je t'en prie, mords moi encore une fois, les tripes si tu veux.
Pars ! Sors de moi !
Achève moi de tes yeux.
Surtout, ne me laisse pas en vie. »
Ça s'est passé comme ça pour Estébàn.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Estébàn (les enragés)
Ben alors, pas de commentaires? Hé ho VE, faut se réveiller! :-)
On dirait de la poésie mise en prose. Beaucoup de lyrisme, certaines tournures de phrases extrêmement poétiques et un côté emphase qui se marie bien au propos.
Tu as dosé cela de manière subtile. Plus long n'aurait pas convenu. Me demande tout de même si tu n'aurais pas pu aller plus loin dans l'emphase, justement, écrire de manière plus grandiloquente pour vraiment exprimer cette déchirure intérieure.
On dirait de la poésie mise en prose. Beaucoup de lyrisme, certaines tournures de phrases extrêmement poétiques et un côté emphase qui se marie bien au propos.
Tu as dosé cela de manière subtile. Plus long n'aurait pas convenu. Me demande tout de même si tu n'aurais pas pu aller plus loin dans l'emphase, justement, écrire de manière plus grandiloquente pour vraiment exprimer cette déchirure intérieure.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Estébàn (les enragés)
A la différencede Sahkti, le côté poésie me gène. Mais je ne suis pas très poèsie, aussi... Du coup, j'ai du mal à apprécier ton texte, en comparaison à ce que tu écris... :-)
ninananere- Nombre de messages : 1010
Age : 49
Localisation : A droite en haut des marches
Date d'inscription : 14/03/2007
Re: Estébàn (les enragés)
sahkti, je crois que je vais avoir du mal à me replonger dans ce texte qui m'a boulversé en l'écrivant. L'épreuve va être difficile.
Tu parles d'emphase, je ne voulais transcrire que la douleur du déchirement de ces longs mariés séparés par le drame. J'ai raté l'exercice. Si je dois amplifier, je vais m'effondrer...il faudra me ramasser à la petite cuillère.
Je l'imagine hurler sur la scène du théâtre de la mort.
ninananère, merci d'apprécier les autres textes.
Tu parles d'emphase, je ne voulais transcrire que la douleur du déchirement de ces longs mariés séparés par le drame. J'ai raté l'exercice. Si je dois amplifier, je vais m'effondrer...il faudra me ramasser à la petite cuillère.
Je l'imagine hurler sur la scène du théâtre de la mort.
ninananère, merci d'apprécier les autres textes.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Estébàn (les enragés)
Je l'ai lu plusieur fois en choisissant des moments ou mon cerveau était libre.
je n'ai rien à en dire sauf que je l'ai relu plusieurs fois :-)
je n'ai rien à en dire sauf que je l'ai relu plusieurs fois :-)
Invité- Invité
Re: Estébàn (les enragés)
panda pour te remercier, en accord avec ton avatar, je t'envoie une dédicace...
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Estébàn (les enragés)
« Elle est morte, je le sais, elle est morte, je le dis, elle est morte, je la vois. »
Sur son lit étendue, elle repose, froide, son souffle absorbe le vide.
« Je prie l’ennui me terrasser sur place, avant que ne s’installe l’ivresse des espoirs retenus.
Pars ! Sors de moi ! »
L’esprit chagrin inonde les draps tirés-carrés comme suaire, en cadavre déguisé aux ridules guèdes soulignées.
« Plus jamais de batailles pour nous, ni de luttes aux corps mêlés. Plus de cuisses ouvertes jusqu'à ton ventre fécond. Peau, ma peau s’ivresse de froid. Finiras-tu donc jamais, nuit maligne ? A tordre mes doigts, je saigne tout au cœur. En croches, où l’empan mesure tes pointes érectiles, j’aimais ces liens étroits, blancs oiseaux passagers, sculpter tes courbes, façonner tes pleins et déliés, suspendre les formes rondes qui te firent nourrice trois saisons durant.
Plus jamais de rêves pour nous, ni de soupirs à perdre haleine. Offre-moi, ne serait-ce que le bruit de ton souffle, le mouvement d’un cil, le reflet d’un seul de tes cheveu.
Chavirent nos escouades averses, dérivent nos égarements d’humeur.
A deux, la soif s’étanchait sans boire, lorsque nos regards complices s’ennoblissaient de pensées communes
Je trouve ce passage tout simplement superbe ...
Le reste du texte me plait également beaucoup. J'avais raté ce post, quelle erreur ! Je le remonte du même coup et j'espère que d'autres en profiteront aussi pour le découvrir.
Sur son lit étendue, elle repose, froide, son souffle absorbe le vide.
« Je prie l’ennui me terrasser sur place, avant que ne s’installe l’ivresse des espoirs retenus.
Pars ! Sors de moi ! »
L’esprit chagrin inonde les draps tirés-carrés comme suaire, en cadavre déguisé aux ridules guèdes soulignées.
« Plus jamais de batailles pour nous, ni de luttes aux corps mêlés. Plus de cuisses ouvertes jusqu'à ton ventre fécond. Peau, ma peau s’ivresse de froid. Finiras-tu donc jamais, nuit maligne ? A tordre mes doigts, je saigne tout au cœur. En croches, où l’empan mesure tes pointes érectiles, j’aimais ces liens étroits, blancs oiseaux passagers, sculpter tes courbes, façonner tes pleins et déliés, suspendre les formes rondes qui te firent nourrice trois saisons durant.
Plus jamais de rêves pour nous, ni de soupirs à perdre haleine. Offre-moi, ne serait-ce que le bruit de ton souffle, le mouvement d’un cil, le reflet d’un seul de tes cheveu.
Chavirent nos escouades averses, dérivent nos égarements d’humeur.
A deux, la soif s’étanchait sans boire, lorsque nos regards complices s’ennoblissaient de pensées communes
Je trouve ce passage tout simplement superbe ...
Le reste du texte me plait également beaucoup. J'avais raté ce post, quelle erreur ! Je le remonte du même coup et j'espère que d'autres en profiteront aussi pour le découvrir.
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Estébàn (les enragés)
Je reconnais ton talent, mais je trouve que tu en fais trop. Je m'exprime peut-être mal.
Je m'exprime sûrement mal.
Disons que pour moi c'est l'histoire qui prime et que là, au milieu de toutes ces figures de style, j'ai perdu le fil. Pour moi, un très bon texte, c'est quand on fait plus gaffe à l'écriture parce qu'on voit défiler les images. Et pour celui-là, ça n'a pas été le cas.
Mais bon, c'est perso. Je veux dire, je suis le seul à faire cette remarque alors...
Je m'exprime sûrement mal.
Disons que pour moi c'est l'histoire qui prime et que là, au milieu de toutes ces figures de style, j'ai perdu le fil. Pour moi, un très bon texte, c'est quand on fait plus gaffe à l'écriture parce qu'on voit défiler les images. Et pour celui-là, ça n'a pas été le cas.
Mais bon, c'est perso. Je veux dire, je suis le seul à faire cette remarque alors...
Re: Estébàn (les enragés)
charles, tu as mis en gras cet extrait du texte qui me retourne encore une fois. Il ne dois pas être de moi, j'en ai des frissons, ou alors il est partie intégrante de ma chair.
oui maniak ici tu as raison, j'en ai fais de trop pour la bonne raison qu'il est difficile d'écrire simple. Je m'exerce, je travaille le sujet. Des images muettes seraient surement les bienvenues. Je vais soumettre le sujet à mes cinéastes fous.
oui maniak ici tu as raison, j'en ai fais de trop pour la bonne raison qu'il est difficile d'écrire simple. Je m'exerce, je travaille le sujet. Des images muettes seraient surement les bienvenues. Je vais soumettre le sujet à mes cinéastes fous.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Estébàn (les enragés)
moi je suis assez partagée. certains moments de purs bonheur, de la superbe poésie.
des moments où tu en fais peut être un peu trop comme la question "qui de toi est nous si tu n'es pas moi?" (ça n'est peut-être pas exactement ça je n'ai plus le texte sous les yeux:-)) et d'autres où comme le dit maniak on perd le fil..
je vais dire que je retiens les magnifiques morceaux de poésie, parce que c'était vraiment super !!
et je dis aussi ne retravaille pas ton texte, lis la "note ajoutée à l'édition définitive" de victor hugo dans notre-dame de paris, tu comprendras pourquoi ! :-)
des moments où tu en fais peut être un peu trop comme la question "qui de toi est nous si tu n'es pas moi?" (ça n'est peut-être pas exactement ça je n'ai plus le texte sous les yeux:-)) et d'autres où comme le dit maniak on perd le fil..
je vais dire que je retiens les magnifiques morceaux de poésie, parce que c'était vraiment super !!
et je dis aussi ne retravaille pas ton texte, lis la "note ajoutée à l'édition définitive" de victor hugo dans notre-dame de paris, tu comprendras pourquoi ! :-)
Lifewithwords- Nombre de messages : 785
Age : 32
Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 27/08/2007
Re: Estébàn (les enragés)
Et bien moi je l'aime beaucoup cette phrase "Qui de toi est nous désormais si tu n’es pas moi ?". Cet homme pour qui ne pas faire un avec sa compagne paraît totalement absurde, et le contexte déchirant dans lequel cette question prend soudainement un sens, ça m'a vraiment touché. Bien sûr, ceci est dû à la grande intensité de la poésie qui précède, dont je ne pourrais que répéter ce qui a été dit.
Re: Estébàn (les enragés)
Très beau, même si j'ai eu besoin d'un dico pour un ou deux mots je l'avoue, moi, tit écrivaillon inculte et analphabète.
verspomme- Nombre de messages : 132
Age : 57
Localisation : à droite toute !!
Date d'inscription : 08/11/2007
Sujets similaires
» les enragés
» Cathy (les enragés)
» Sébastien (les enragés)
» Pierre (les enragés)
» Samir (les enragés)
» Cathy (les enragés)
» Sébastien (les enragés)
» Pierre (les enragés)
» Samir (les enragés)
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum