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Monsieur Joseph (les enragés)

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Roz-gingembre
Blackats
bertrand-môgendre
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Monsieur Joseph (les enragés) Empty Monsieur Joseph (les enragés)

Message  bertrand-môgendre Sam 15 Nov 2008 - 20:04

Monsieur Joseph.




En cette fin novembre, les écureuils s'étaient emparés de la direction de l'hôpital. L'établissement tournait rond depuis qu'il fut décidé de se débarrasser du personnel et des patients mâles, récalcitrants. Je vous laisse deviner avec quelles surprises étaient fourrés les bonbons chocolatés trônant en pyramide sur le buffet hebdomadaire du directeur.
Allongé sur la table de massage, Joseph comblait son attente en poursuivant son rêve.
— Bonjour monsieur Joseph
— Bonjour mademoiselle...?
—... Nathalie. Bon, alors. Voyons cette main. Le pied on s'en occupera plus tard.
Le premier contact avec la nouvelle stagiaire kiné resta cantonné dans le cadre formel de la politesse et de l'approche discrète de l'autre.

Retour en chambre, la sentence du milieu hospitalier s'égrenait au quotidien, à coup de repas chauds, de cachets et de piqûres. Patient n'est pas un métier. C'est un état d'être, diminué de ses fonctions autonomes.
— Bonjour monsieur Joseph
— Bonjour mademoiselle Nathalie. Les inondations n'ont pas atteins les villas des stagiaires ?
— Les notres non, mais celle du voisin, oui au moins son garage. C'est lui, le chef infirmier, qui possède le double des clefs de nos logements, autorisant ainsi, l'accès à l'agent de service le week-end, pendant que la majorité d'entre nous sont partis. Or j'étais resté dans ma chambre, seule en ayant pris soin la veille de verrouiller de l'intérieur.
— Tu ne rentres pas chez toi ?
— Montpellier est loin, c'est cher et puis j'avais à travailler ma MSP de mercredi...
— MST c'est quoi ça ?
— MSP Mise en Situation Professionnelle ne pas confondre s'il vous plait. Donc la porte d'entrée ne cédant pas sous l'insistance du chef des infirmiers, je sautais du lit pour lui ouvrir. Il m'apparut, les bras chargés de saucisses Mon congélateur est foutu ! J'occupe le votre. — Profitez-en le notre est vide...
— Tu lui as donné une couverture, j'espère...
— Non pourquoi ?
— Plif, plof (tombe à l'eau). Pardon. Alors, tu as mangé des saucisses pendant deux jours.
— Cette semaine, on va faire un grand barbecue, on vous invitera.

Les jours poursuivant les nuits, l'horloge biologique empruntait au temps sa prouesse régulière. Toilette, petit déjeuner, soins infirmiers, invariables habitudes routinières. Patient n'est pas un état d'être, diminué. Il occupe le rôle principal dans la pièce de théâtre.
— Aïe ! Ouf !
— J'ai touché un point sensible ce matin, je crois, monsieur Joseph.
— Exact ! Tu es très douée. Ici ! Oui ! Sur l'avant-bras, je sens...
— Moi je sens que vous êtes hyper tendu.
— Ailleurs aussi.
— Où ?
— À la base de l'épaule.
— Normal. À force de tenir votre bras en écharpe sans activités physiques, les contractures apparaissent.
— C'est partout pareil ?
— En principe oui.

La chambre de Joseph comportait deux lits. Un univers à partager avec un voisin tout aussi inquiet de se voir attribuer dans si peu d'espace un compagnon inconnu. Leur porte donnait sur le couloir central, sorte de long périphérique aboutissant soit sur un ascenseur inaccessible en cas d'incendie, soit en haut d'un escalier inutilisable pour les personnes alitées ou en chaise roulante.
— Tu as l'air soucieuse Nathalie ? C'est toi qui es tendue aujourd'hui. À quelle heure passes-tu ta première MST ?
— MSP, s'il vous plait. Dans une heure.
— Je ne me trompe pas ! C'est bien une Mise en Situation Traumatisante
— Elle est bonne celle-là. Merci monsieur Joseph pour votre sourire.
— Je ne te dis pas merde. Je le pense fort.

En cas d'urgence, la consigne de sécurité invitait les malades à se cloîtrer dans leur chambre. Joseph ne se sentait pas malade. Il lui restait la fenêtre comme échappatoire envisageable. Il sauterait dans les tas de feuilles sèches.
— À demain monsieur Joseph...
— Oui, merci.
— Et quittez votre écharpe pour éviter les contractures.

Après trois semaines de cohabituation, la première alerte invita Joseph à se concentrer sur la lecture et l'écriture plutôt que d'ingurgiter les niaiseries débilitantes crachées par une télévision allumée en permanence seule capable de nourrir l'ennui de son voisin décidément très malheureux de passer Noël loin des siens.
— C'est ta dernière épreuve mercredi prochain ?
— Oui
— Ton visage a perdu son éclat.
— Ah bon ? Ça se voit tant que ça ?
— Un souci ?
— Je préfère me taire.
— Tu veux contenir ta colère à propos d'une chose que tu ne digères pas ?
— Vous avez mis le doigt là où ça fait mal.
— Chacun son tour ! Seule différence entre toi et moi, c'est que je ne peux t'apporter de réconfort. Et je sens que tu es énervée.
— Tout simplement parce qu'il y a des choses que l'on ne peut pas dire au risque de perdre...
—...Tout peut se dire...
—...Oui, mais pas à tout le monde...
— C'est ta crainte qui étouffée par ta colère t'empêches de t'exprimer. Ne crains rien n'y personne. Si tu as quelque chose à dire vas-y. Ne prends pas sur toi. Cumuler une humeur serait néfaste, forcement pour toi ou ton entourage. Dans un groupe il y a celui qui dirige et ceux qui écoutent, appliquent les consignes avec plus ou moins de bonheur. Si tu es consciencieuse et que ton travail est bien fait, quelque soit le niveau de ton supérieur tu as l'obligation de te faire entendre si tu penses être bafouée, laisée ou injustement jugée. Ce n'est pas un droit, mais un devoir, ne serait-ce pour ne pas voir apparaitre tes cheveux blancs trop tôt.
— Sourire
— Ah ! C'est plaisant de retrouver ce petit éclair dans tes yeux.
— Je connais le sujet de ma MSP qui aura lieu chez les brulés, alors que je n'ai fait que de la traumato.
— Prends-le comme un défit, ni plus ni moins. Cette épreuve n'est que l'aboutissement de ton travail. Plus tard tu pourras dire ce que tu as sur le coeur, sans haine, ni rancune. Ne crains rien. Ne crains personne. Si tu es claire avec toi même sois-le avec les autres. Tu sortiras de cette impasse dans laquelle tu t'engouffres, la tête haute, l'esprit libre.
— Peut-être. Après mon examen alors.
— Tu vois ! Toi même tu as trouvé la parade. Surtout, ne pars pas de ce lieu sans parler de ce que tu penses de ton stage. Ton honnêteté sera valorisée.

En dehors du temps d'occupation, l'horloge du couloir basculait les secondes dans le passé...
— Bonjour monsieur Joseph.
— Bonjour mademoiselle...?
— ...Martine.

...les minutes suivaient tout autant....
— Bon, alors. Voyons ce pied.

... les tranches heures s'effritaient de même, à foison.
— Aujourd'hui vous quittez le fauteuil et essayez de marcher avec les béquilles.

Patient est un état d'esprit.

Les écureuils bondissaient entre les violettes et les oeufs des enfants dissimulés dans l'herbe. Comme dans un rêve.


Ça s'est passé comme ça pour monsieur Joseph.
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Message  Invité Sam 15 Nov 2008 - 20:49

J'ai trouvé l'ambiance bien rendue mais l'ensemble brouillon, un peu verbeux parfois (les conseils de monsieur Joseph).

J'aime beaucoup la fin à partir de "Patient est un état d'esprit."

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Message  Blackats Sam 15 Nov 2008 - 21:02

Ho et bien j'ai trouvé ce texte pas évident au début. Peut-être à cause du manque de description (par exemple au début, j'ai vraiment eu l'impression d'un vide phénoménal). Les paroles me sembles irréel et sa me plait bien.

Mais je l'aime bien (même si je ne pourrais pas dire que ce sera l'un de mes préférés).
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Message  Invité Sam 15 Nov 2008 - 21:24

Comme Socque j'ai vraiment trouvé le discours de M. Joseph long et sentencieux.
La relation patient-soignant est bien rendue. Et j'aime toujours la phrase finale, cela apporte vraiment un petit quelque chose en plus, une ponctuation familière.

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Message  Invité Lun 17 Nov 2008 - 17:49

Ca rend tout à fait l'ambiance perceptible, Monsieur Joseph qui ronge le frein de son fauteuil, la gentille incompréhension des jeunes stagiaires, le temps qui s'écoule comme il peut et il peut lentement quand ça clopine, on comprend pourquoi on dit un "patient"...
Je sors d'une étude sur le terrain qui me permet de confirmer " y'a du jus dans ce texte!"

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Message  Roz-gingembre Lun 17 Nov 2008 - 18:23

Je n'ai pas deviné à quoi était fourré les bonbons. C'est grave?

Mais j'ai bien aimé la fin (ou la faim - ils ont du bol les écureuils dans cet hosto d'avoir des chocolats à Pâques)
et l'angoisse de la MSP bien rendue.
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Message  Roz-gingembre Lun 17 Nov 2008 - 18:24

étaient fourrés....
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Message  loic Mar 18 Nov 2008 - 9:12

ca m'a fait le même effet que lorsque l'on ma infligé la lecture de l'écume des jours de Vian

je ne doute pas que ceux qui aiment ce style aprécieront..
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Message  grieg Mer 19 Nov 2008 - 8:48

Bertrand, je n’arrive pas à lire ce texte.

Je n’arrive pas à le lire parce qu’il me semble que tu veux trop en faire, trop bien.

Tes descriptions par exemple :
A rechercher toujours l’image originale tu tombes parfois dans :
L’incompréhensible :
« L’horloge biologique » qui « emprunte au temps sa prouesse »
L’illogique :
Un « couloir central » qui devient « périphérique ».

Je n’arrive pas à le lire parce qu’il me manque des éléments pour bien imaginer les situations, pour ressentir des sentiments pour tes personnages.

Je n’arrive pas à le lire parce que je n’ai pas les clefs des nombreuses ellipses.

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Message  bertrand-môgendre Jeu 20 Nov 2008 - 14:04

Grieg si tous ceux qui n'arrivaient pas à lire avaient comme toi, (et les autres commentateurs que je salue au passage) décelé les ellipses, je dois avouer que j'aimerais continuer à ne pas être lu de la sorte.

L'imperfection, j'y suis abonné, je reste avec vous encore un moment.
Vous corrigez mes exercices, je vous écoute volontiers.

L'écriture est un jeu, j'aime habiller les contraintes avec de la peau de personnages imaginaires ou non.
En ce moment, je suis dans la mise en abîme, puisque l'ellipse j'en ai soupé plus que de raison (merci à Yali, le déclencheur d'inspiration dirigée).
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Message  yohanntv Ven 21 Nov 2008 - 13:13

Moi je n'en reviens pas qu'on puisse passer à côté, en fait,
je l'ai lu le soir où je l'ai reçu, et c'est passé comme un chocolat chaud;
alors, euh, bah, moi j'aime bien Bermo !
mais c'est peut être parce que je te connais et que je l'ai lu à un infirmier...
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Message  Sahkti Mar 9 Déc 2008 - 8:58

Par moments, cela me paraît plutôt brouillon et très bavard. Je déplore également que tu n'ailles pas plus loin dans l'exploration de l'absurde, tout cela reste cantonné à quelque chose de trop sage et dénué d'humour. Non pas que cela doive forcément être drôle mais entre rire et larmes, il y a parfois des milieux qui ne disent pas grand-chose; c'est ce que je ressens ici.
De plus, tu tentes de te faire comprendre à tout prix, dans certains passages, tu en dis beaucoup, souvent trop.

Je suis plus intéressée par contre par le rapport que tu induis à l'hôpital, mais c'est ton histoire personnelle qui prend là le dessus et c'est peut-être ce qui empêche le recul d'exister et de faire vivre ce texte en toute indépendance.
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