Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
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Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
Amour et vieilles guimauves
Je la regarde. Même ses taches de rousseur ont pâli. Elle a maigri.
"Les hommes sont fragiles…", je lui dis tendrement.
"Ils sont fragiles après".
Elle me fait un sourire, qui s'use vite. J'aperçois près du front une petite veine sinueuse qui n'existait pas hier. On dirait qu'elle s'applique à me rejoindre, à combler nos vingt sept ans d'écart. Je la détaille maintenant, je sais que dans peu de temps elle va cesser d'être cette jeune femme pour redevenir ma fille. Cesser d'être cette jeune femme que je ne connais pas, pour redevenir ma fille que je ne connais pas.
Elle a rangé la vaisselle et cherché, tout au fond du tiroir, sa petite cuiller en argent. Je verse le café dans nos tasses, la sienne à moitié seulement, comme elle aime, elle se resservira dans trois minutes. Un silence. Dois-je le laisser s'installer ?
"C'est… tout ce" schmaltz", toutes ces histoires qu'on se raconte… comment tu as fait, toi ?" et elle me plante dans le vif de l'âme un regard qui ouvre en deux.
Comment j'ai fait, moi ?
Je vais pour lui mouliner la semoule habituelle, mais ce goût de réchauffé me tourne le cœur, et soudain, je cherche mes mots.
Les miens.
C'est difficile ; déjà à l'intérieur de mes limites, leur validité est temporaire, alors les exporter…
J'ai essayé de la munir de rêves auxquels je ne croyais plus et je me demande si une désillusion immédiate ne l'aurait pas mieux armée.
Et vlan, je suis encore dans le cliché : "armée", il faut armer nos enfants pour la vie. Une lourde armure et dessous, dentelle et guimauve. Qui suscitera, en face, un petit garçon terrifié prêt à fanfaronner, doublé d'un prédateur soulagé.
On devrait se présenter nue, d'emblée, dans sa plus intime contradiction… Et surtout, n'être mère qu'après l'amour. Bien après. Pour ne pas tout confondre.
C'est la première fois que je vais parler à ma fille.
Je m'assieds.
Elle se lève, remet en place une belle longue mèche et me dit : "Tu viens avec moi ? Il y a des soldes chez Arthur Confiture ; il faut que je rachète des pyjamas à Zoé, elle a tellement grandi…"
Les choses ont repris leur place habituelle.
Les hommes n'ont pas changé. Les femmes non plus.
Au bois dormant
Elle est en train de laver son joli pull de cachemire rouge, celui qui offre ses seins dans un nid duveteux, avec un décolleté rond plein de promesses. Elle a choisi celui-là sans réfléchir, c'est celui qui la rassure le plus. Il a quelque chose de spécial, dont elle a besoin pour se donner du courage. Un moment, elle a hésité : remettre le chemisier qui avait provoqué ce regard si …
Elle repousse du poignet les mèches sur son front, tandis que ce regard s'empare d'elle de nouveau, lui tombe dessus, tellement inattendu.
Un collègue. Quelqu'un qu'elle côtoie tous les jours depuis plus de deux ans. Avec qui elle a de bons rapports, comme on dit.
Mais rien de plus. D'ailleurs, jamais rien de plus, avec personne.
Sauf ce matin dans l'ascenseur. Ils n'étaient même pas seuls.
Le nez dans ses papiers, elle parlait d'un dossier qu'ils avaient à boucler ; ne sentait pas de répondant. Ca l'avait cueillie en relevant la tête : il fixait l'échancrure de son chemisier, absent à tout ce qui n'était pas sa chair.
La douceur, la profondeur, l'intensité de ce regard avait tout submergé, elle avait senti se réveiller un corps oublié, un ventre de délices, des reins amoureux, de la soie et du velours, des langueurs, des élans, de la chaleur, un étonnement : Tiens, il existe encore celui-là ?
Tellement différent de celui auquel elle accordait quelques sèches masturbations.
Elle n'avait pu s'empêcher de passer la main dans l'échancrure, pour remonter une bretelle menteuse et avait joui du vacillement perçu dans le regard de l'homme.
Quel cadeau ! Ce regard ressuscitait son âme, Euh, drôle de façon de localiser l'âme… Bon, disons : sa féminité. Mais non, c'était plus que ça : comme si la vie lui était rendue ; elle avait oublié de vivre depuis Xavier : ce qui avait continué à parler, bouger, bosser était une enveloppe vide, une sorte de poupée gonflable désexualisée.
D'un regard, il avait rempli de chair, de sensations cette vacuité … Elle venait de comprendre ce qui se passait dans la Belle au bois dormant. Il n'y avait même pas besoin d'un baiser.
Elle est debout, face à l'évier, les mains immobiles dans la lessive depuis vingt sept minutes. La peau de ses doigts est toute ridée. La scène de l'ascenseur, ce matin… Elle a vécu un grand moment amoureux.
La vie augmente.
Mais pas la sienne.
La télé en occupe toute la largeur, marécage omniprésent qui décourage les visiteurs.
Elle veut garder l'illusion que cet écoulement incessant d'images alimente son esprit appauvri par l'inactivité.
Dès midi, elle attend la nuit.
La nuit, elle attend le jour.
Elle soupire après l'extérieur, mais, vite envahie par les vies proches, auxquelles elle n'apporte plus rien, n'est-ce pas ? préfère regarder Highlander, ces réincarnations, tout de même…
Où sont passés ses sentiments, ses réflexions ? Ca et là, quelques convulsifs élans témoignent d'un passé déjà trop lointain pour n'être pas à demi mort. Elle vit d'images.
Ne pas penser à cette étrange expérience : vieillir !
Le corps, d'abord qui étonne, puis déçoit.
Qui inquiète. Dégoûte. Cet étranger. Cet ennemi.
Comment, ensuite, se fier aux autres, lorsque la trahison est survenue là où l'on ancrait sa plus profonde certitude ?
De cette intime défection va découler l'impitoyable enchainement : elle scrute ses relations avec son entourage. Y décèle des fissures minuscules, les exagère. S'en plaint, suscite des retraits, décourage des tendresses, froisse des bonnes volontés.
Ce qui lui reste de vitalité est dédié à l'opposition. Elle appelle et rembarre, agresse, ironise, creuse des fossés pour se protéger de ses assaillants internes.
Elle a été le monde et n'est plus qu'une pauvre humaine qui lutte et se résigne, lutte et se résigne, ne se résigne pas …
Elle ne regarde plus ce qui l'entoure qu'à travers le prisme fou qui diffracte vie et mort sans jamais réconcilier leur continuité.
Et bientôt ses proches vont justifier ses plaintes : ils s'éloignent, c'est vrai, incapables de rester perméables à cette douleur. Les gestes sont là, l'amour aussi, mais à l'abri d'un retrait protecteur : on ne peut mourir qu'une fois, et jamais par procuration. Ils ne partageront pas sa terrifiante solitude ; ce n'est pas le moment.
Ils meublent leur impuissance avec de petites attentions qui les épuisent par leur insignifiance même.
La fin de vie est un massacre lent.
Je la regarde. Même ses taches de rousseur ont pâli. Elle a maigri.
"Les hommes sont fragiles…", je lui dis tendrement.
"Ils sont fragiles après".
Elle me fait un sourire, qui s'use vite. J'aperçois près du front une petite veine sinueuse qui n'existait pas hier. On dirait qu'elle s'applique à me rejoindre, à combler nos vingt sept ans d'écart. Je la détaille maintenant, je sais que dans peu de temps elle va cesser d'être cette jeune femme pour redevenir ma fille. Cesser d'être cette jeune femme que je ne connais pas, pour redevenir ma fille que je ne connais pas.
Elle a rangé la vaisselle et cherché, tout au fond du tiroir, sa petite cuiller en argent. Je verse le café dans nos tasses, la sienne à moitié seulement, comme elle aime, elle se resservira dans trois minutes. Un silence. Dois-je le laisser s'installer ?
"C'est… tout ce" schmaltz", toutes ces histoires qu'on se raconte… comment tu as fait, toi ?" et elle me plante dans le vif de l'âme un regard qui ouvre en deux.
Comment j'ai fait, moi ?
Je vais pour lui mouliner la semoule habituelle, mais ce goût de réchauffé me tourne le cœur, et soudain, je cherche mes mots.
Les miens.
C'est difficile ; déjà à l'intérieur de mes limites, leur validité est temporaire, alors les exporter…
J'ai essayé de la munir de rêves auxquels je ne croyais plus et je me demande si une désillusion immédiate ne l'aurait pas mieux armée.
Et vlan, je suis encore dans le cliché : "armée", il faut armer nos enfants pour la vie. Une lourde armure et dessous, dentelle et guimauve. Qui suscitera, en face, un petit garçon terrifié prêt à fanfaronner, doublé d'un prédateur soulagé.
On devrait se présenter nue, d'emblée, dans sa plus intime contradiction… Et surtout, n'être mère qu'après l'amour. Bien après. Pour ne pas tout confondre.
C'est la première fois que je vais parler à ma fille.
Je m'assieds.
Elle se lève, remet en place une belle longue mèche et me dit : "Tu viens avec moi ? Il y a des soldes chez Arthur Confiture ; il faut que je rachète des pyjamas à Zoé, elle a tellement grandi…"
Les choses ont repris leur place habituelle.
Les hommes n'ont pas changé. Les femmes non plus.
Au bois dormant
Elle est en train de laver son joli pull de cachemire rouge, celui qui offre ses seins dans un nid duveteux, avec un décolleté rond plein de promesses. Elle a choisi celui-là sans réfléchir, c'est celui qui la rassure le plus. Il a quelque chose de spécial, dont elle a besoin pour se donner du courage. Un moment, elle a hésité : remettre le chemisier qui avait provoqué ce regard si …
Elle repousse du poignet les mèches sur son front, tandis que ce regard s'empare d'elle de nouveau, lui tombe dessus, tellement inattendu.
Un collègue. Quelqu'un qu'elle côtoie tous les jours depuis plus de deux ans. Avec qui elle a de bons rapports, comme on dit.
Mais rien de plus. D'ailleurs, jamais rien de plus, avec personne.
Sauf ce matin dans l'ascenseur. Ils n'étaient même pas seuls.
Le nez dans ses papiers, elle parlait d'un dossier qu'ils avaient à boucler ; ne sentait pas de répondant. Ca l'avait cueillie en relevant la tête : il fixait l'échancrure de son chemisier, absent à tout ce qui n'était pas sa chair.
La douceur, la profondeur, l'intensité de ce regard avait tout submergé, elle avait senti se réveiller un corps oublié, un ventre de délices, des reins amoureux, de la soie et du velours, des langueurs, des élans, de la chaleur, un étonnement : Tiens, il existe encore celui-là ?
Tellement différent de celui auquel elle accordait quelques sèches masturbations.
Elle n'avait pu s'empêcher de passer la main dans l'échancrure, pour remonter une bretelle menteuse et avait joui du vacillement perçu dans le regard de l'homme.
Quel cadeau ! Ce regard ressuscitait son âme, Euh, drôle de façon de localiser l'âme… Bon, disons : sa féminité. Mais non, c'était plus que ça : comme si la vie lui était rendue ; elle avait oublié de vivre depuis Xavier : ce qui avait continué à parler, bouger, bosser était une enveloppe vide, une sorte de poupée gonflable désexualisée.
D'un regard, il avait rempli de chair, de sensations cette vacuité … Elle venait de comprendre ce qui se passait dans la Belle au bois dormant. Il n'y avait même pas besoin d'un baiser.
Elle est debout, face à l'évier, les mains immobiles dans la lessive depuis vingt sept minutes. La peau de ses doigts est toute ridée. La scène de l'ascenseur, ce matin… Elle a vécu un grand moment amoureux.
La vie augmente.
Mais pas la sienne.
La télé en occupe toute la largeur, marécage omniprésent qui décourage les visiteurs.
Elle veut garder l'illusion que cet écoulement incessant d'images alimente son esprit appauvri par l'inactivité.
Dès midi, elle attend la nuit.
La nuit, elle attend le jour.
Elle soupire après l'extérieur, mais, vite envahie par les vies proches, auxquelles elle n'apporte plus rien, n'est-ce pas ? préfère regarder Highlander, ces réincarnations, tout de même…
Où sont passés ses sentiments, ses réflexions ? Ca et là, quelques convulsifs élans témoignent d'un passé déjà trop lointain pour n'être pas à demi mort. Elle vit d'images.
Ne pas penser à cette étrange expérience : vieillir !
Le corps, d'abord qui étonne, puis déçoit.
Qui inquiète. Dégoûte. Cet étranger. Cet ennemi.
Comment, ensuite, se fier aux autres, lorsque la trahison est survenue là où l'on ancrait sa plus profonde certitude ?
De cette intime défection va découler l'impitoyable enchainement : elle scrute ses relations avec son entourage. Y décèle des fissures minuscules, les exagère. S'en plaint, suscite des retraits, décourage des tendresses, froisse des bonnes volontés.
Ce qui lui reste de vitalité est dédié à l'opposition. Elle appelle et rembarre, agresse, ironise, creuse des fossés pour se protéger de ses assaillants internes.
Elle a été le monde et n'est plus qu'une pauvre humaine qui lutte et se résigne, lutte et se résigne, ne se résigne pas …
Elle ne regarde plus ce qui l'entoure qu'à travers le prisme fou qui diffracte vie et mort sans jamais réconcilier leur continuité.
Et bientôt ses proches vont justifier ses plaintes : ils s'éloignent, c'est vrai, incapables de rester perméables à cette douleur. Les gestes sont là, l'amour aussi, mais à l'abri d'un retrait protecteur : on ne peut mourir qu'une fois, et jamais par procuration. Ils ne partageront pas sa terrifiante solitude ; ce n'est pas le moment.
Ils meublent leur impuissance avec de petites attentions qui les épuisent par leur insignifiance même.
La fin de vie est un massacre lent.
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
Au début j'ai eu du mal à faire le lien avec les itinéraires ordinaires mais disons que je suis lente à la détente ("don" décuplée grâce à un mal de tête).
Ton texte est bien écrit mais je n'est pas ressenti grand chose. Si ce n'est une parfaite courtoisie de très très loin. Absence quoi.
Disons qu'au premier paragraphe je suis curieuse, au deuxième l'eau à la bouche, troisième désintéressée.
(Un peu cafouillis mon avis, mais j'ai toujours était bordélique).
Ton texte est bien écrit mais je n'est pas ressenti grand chose. Si ce n'est une parfaite courtoisie de très très loin. Absence quoi.
Disons qu'au premier paragraphe je suis curieuse, au deuxième l'eau à la bouche, troisième désintéressée.
(Un peu cafouillis mon avis, mais j'ai toujours était bordélique).
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
le premier demande à être développé, on reste un peu sur sa faim, dommage car une belle ambiance voit le jour dès les premières lignes
le 2, bof ! un peu convenu
le 3 est très beau, cette solitude qui s'installe et ce détachement des autres
à force de ne pas vivre comme l'on pense on finit par penser comme on vit, tristement
j'aurai plaisir à lire d'autres textes de toi
le 2, bof ! un peu convenu
le 3 est très beau, cette solitude qui s'installe et ce détachement des autres
à force de ne pas vivre comme l'on pense on finit par penser comme on vit, tristement
j'aurai plaisir à lire d'autres textes de toi
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 64
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
Je trouve que ces trois textes collent parfaitement à l'idée des "Itinéraires ordinaires" (même s'ils n'ont pas été écrits pour l'occasion).
J'aime l'angle avec lequel tu abordes ces trois chemins de vie : celui de la féminité, empreinte de douceur de tendresse mais aussi d'amertume.
Ce qui importe finalement, ce ne sont pas ces femmes, ni leurs histoires justement si "ordinaires", mais la façon dont tu nous les donnes à voir; en cela je trouve ces textes réussis.
J'aime l'angle avec lequel tu abordes ces trois chemins de vie : celui de la féminité, empreinte de douceur de tendresse mais aussi d'amertume.
Ce qui importe finalement, ce ne sont pas ces femmes, ni leurs histoires justement si "ordinaires", mais la façon dont tu nous les donnes à voir; en cela je trouve ces textes réussis.
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
Maitrisée l'option confettis même si un poil convenu mais comment parler de l'ordinaire et s'en extraire ?
J'ai aimé le 2ème pour son effet miroir avec mon peintre, il y a des regards et de odeurs qui font vivre. Cependant mon intérêt pour ces itinéraires va au delà de mon texte, ils tiennent la route seuls.
Comment parler (écrire ?) le silence qui s'installe ?
J'ai aimé le 2ème pour son effet miroir avec mon peintre, il y a des regards et de odeurs qui font vivre. Cependant mon intérêt pour ces itinéraires va au delà de mon texte, ils tiennent la route seuls.
Comment parler (écrire ?) le silence qui s'installe ?
Mano- Nombre de messages : 233
Age : 55
Localisation : hyères
Date d'inscription : 17/01/2008
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
J'ai relu, avec plaisir, ces " Femmes confettis ".
Merci, Coline !
Merci, Coline !
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
c'est ce que j'avais dit la première fois et ce que je voudrais dire encoreles frissons sont assez rares, et là, j'en ai eu plein.
tu caresses avec délicatesse les sentiments, les pensées.
je me suis dit plusieurs fois: "mince! j'aurais voulu écrire ça"
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
Merci ! Encore! C'est bon !!!
Je reposte juste la la fin de "la vie augmente", que je viens de retoucher.
Mieux ?
Et bientôt ses proches vont justifier ses plaintes : ils s'éloignent, c'est vrai, incapables de rester perméables à cette douleur. Les gestes sont là, l'amour aussi, mais à l'abri d'un retrait protecteur : on ne peut mourir qu'une fois, et jamais par procuration.
Ils ne partageront pas sa terrifiante solitude. Elle en tire parfois un peu d'orgueil, vite délité.
Ils meublent leur impuissance avec de petites attentions qui les épuisent par leur insignifiance même.
Sa vie n'est plus qu'un massacre lent.
Je reposte juste la la fin de "la vie augmente", que je viens de retoucher.
Mieux ?
Et bientôt ses proches vont justifier ses plaintes : ils s'éloignent, c'est vrai, incapables de rester perméables à cette douleur. Les gestes sont là, l'amour aussi, mais à l'abri d'un retrait protecteur : on ne peut mourir qu'une fois, et jamais par procuration.
Ils ne partageront pas sa terrifiante solitude. Elle en tire parfois un peu d'orgueil, vite délité.
Ils meublent leur impuissance avec de petites attentions qui les épuisent par leur insignifiance même.
Sa vie n'est plus qu'un massacre lent.
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
Je me demande si cette phrase n'est pas un peu hors sujet (même si elle est très vraie) c'est plutôt la solitude devant la mort qui est évoquée ici.on ne peut mourir qu'une fois, et jamais par procuration
C'est de Gaulle qui disait, je crois :
la vieillesse est un naufrage
J'ai aimé comme la première fois ces délicats confettis, trois côtés de la même médaille que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
C'est l'angle de vue que j'apprécie, ni condescendant, ni jugeant, tout en observation. Un retrait de scène qui me séduit.
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
Je viens de relire avec le même bonheur qu'à la première fois et donc je reprends mon commentaire:
De petits textes mais qui vont loin, qui font du bien. C'est aérien, subtil et profond. Tu proposes une réflexion plutôt que des affirmations. Les écrivains femmes qui parlent des femmes me déçoivent souvent. Là, dans tes lignes, je m'y retrouve et retrouvent mes soeurs, mes filles.
Tu as bien fait de les lancer, ces confettis. Je suis certaine d'en retrouver partout longtemps, très longtemps après.
De petits textes mais qui vont loin, qui font du bien. C'est aérien, subtil et profond. Tu proposes une réflexion plutôt que des affirmations. Les écrivains femmes qui parlent des femmes me déçoivent souvent. Là, dans tes lignes, je m'y retrouve et retrouvent mes soeurs, mes filles.
Tu as bien fait de les lancer, ces confettis. Je suis certaine d'en retrouver partout longtemps, très longtemps après.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
Un régal d'écriture ! Tout me parle, depuis le plus ordinaire au plus intimement pensé, de ces perceptions de l'extérieur qui forment farandole en soi.
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
Coline ou l'art de sublimer l'ordinaire. Rien de moins.
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
...Cesser d'être cette jeune femme que je ne connais pas, pour redevenir ma fille que je ne connais pas... Pourquoi ne pas jouer sur le pas et le plus ?
Tes confettis sèchent au sol sous l'air désuet des lendemains de fête. Comme un môme, j'adore les rassembler par poignées pour leur redonner vie en les jetant au ciel.
Alors à toi de souffler dessus pour les voir se coller entre les pages d'un livre prochain.
Tes confettis sèchent au sol sous l'air désuet des lendemains de fête. Comme un môme, j'adore les rassembler par poignées pour leur redonner vie en les jetant au ciel.
Alors à toi de souffler dessus pour les voir se coller entre les pages d'un livre prochain.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
J'ai du mal à lier les fragments.
Par contre, ce que j'aime, ce sont tous les questionnements à travers ces lignes, tous les sentiments bien décrits, palpables, et qui souvent, tapent juste.
Par contre, ce que j'aime, ce sont tous les questionnements à travers ces lignes, tous les sentiments bien décrits, palpables, et qui souvent, tapent juste.
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
Confettis, justement pour regrouper alors qu'il n'y a pas de lien direct, Lyrette ( je peux ?)
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
Est-ce qu'il est possible que j'ai déjà lu ces textes ? Est-ce que tu les as déjà postés ? C'est ce que je crois comprendre à lire les commentaires...
Tant pis, si je les ai déjà commentés, je le refais, au risque de me contredire (mais ça peut-être intéressant...)
J'ai beaucoup aimé le premier texte. J'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'une femme et de sa vieille mère. Mais j'ai vite compris que c'était sa fille et j'ai relu. Je vois que tu as 34 ans. Je trouve cela formidable que tu arrive si bien à te mettre dans la tête de cette mère. Tout à l'air si vrai dans ce texte.
J'ai beaucoup aimé le deuxième texte aussi. J'étais avec le personnage féminin, chez elle, dans l'ascenseur. J'ai eu l'impression de vivre la scène.
J'ai moins accroché pour le 3ème texte. J'ai même décroché pendant ma lecture. Je crois que c'est parce qu'il est un peu trop abstrait pour moi.
Tant pis, si je les ai déjà commentés, je le refais, au risque de me contredire (mais ça peut-être intéressant...)
J'ai beaucoup aimé le premier texte. J'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'une femme et de sa vieille mère. Mais j'ai vite compris que c'était sa fille et j'ai relu. Je vois que tu as 34 ans. Je trouve cela formidable que tu arrive si bien à te mettre dans la tête de cette mère. Tout à l'air si vrai dans ce texte.
J'ai beaucoup aimé le deuxième texte aussi. J'étais avec le personnage féminin, chez elle, dans l'ascenseur. J'ai eu l'impression de vivre la scène.
J'ai moins accroché pour le 3ème texte. J'ai même décroché pendant ma lecture. Je crois que c'est parce qu'il est un peu trop abstrait pour moi.
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
Oui, Anne, j'avais déjà posté ces textes , quand j'avais soixante cinq ans, il n'y a pas très longtemps... et je te remercie de tes commentaires. Le dernier est plus difficile à passer que les deux premiers, parce qu'on voudrait tellement que les choses soient différentes...
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
J'ai déjà dit ce que je pensais de ces textes... mais je ne peux pas m'empêcher de répéter qu'ils sont magnifiques. On se régale et on soupire d'arriver à la fin.
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
coline Dé a écrit:Oui, Anne, j'avais déjà posté ces textes , quand j'avais soixante cinq ans, il n'y a pas très longtemps... et je te remercie de tes commentaires. Le dernier est plus difficile à passer que les deux premiers, parce qu'on voudrait tellement que les choses soient différentes...
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
Parcourue de ces mots parcourus. Touchée par le premier texte et particulièrement sensible au dernier.
Flaneuse- Nombre de messages : 49
Age : 57
Date d'inscription : 16/10/2008
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
j'aime beaucoup. On entre dans l'intime de la femme, des femmes.
Une petite remarque cependant : j'aurais aimé aussi une référence à la mèche dans le troisième texte, pas pour faire croire à une seule et même personne mais bien pour montrer la pluralité de la Femme, même si le titre le dit admirablement.
Oui vraiment, belle perception des choses
Une petite remarque cependant : j'aurais aimé aussi une référence à la mèche dans le troisième texte, pas pour faire croire à une seule et même personne mais bien pour montrer la pluralité de la Femme, même si le titre le dit admirablement.
Oui vraiment, belle perception des choses
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 62
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
Parce que mon avis n'a pas changé, je reprends mon commentaire sur les deux premiers textes, lorsque tu les as postés la première fois ici:
Deux textes beaux et sensibles, Coline, et bien écrits, c'est certain.
J'ai particulièrement apprécié le fait que la fragilité de ces femmes soit exposée sans forcément servir d'excuse. Pas de victimisation gratuite, d'excuse à tout va ou de supplication pour un regard ou un morceau d'affection.
Le fait de parler du quotidien (celui des femmes, souvent) permet d'empêcher le pathos et la mèvrerie de s'installer. Tout reste sobre.
A cela, tu ajoutes une écriture maîtrisée et voilà, ça donne de bons textes que j'ai aimés. Du début à la fin.
Deux textes beaux et sensibles, Coline, et bien écrits, c'est certain.
J'ai particulièrement apprécié le fait que la fragilité de ces femmes soit exposée sans forcément servir d'excuse. Pas de victimisation gratuite, d'excuse à tout va ou de supplication pour un regard ou un morceau d'affection.
Le fait de parler du quotidien (celui des femmes, souvent) permet d'empêcher le pathos et la mèvrerie de s'installer. Tout reste sobre.
A cela, tu ajoutes une écriture maîtrisée et voilà, ça donne de bons textes que j'ai aimés. Du début à la fin.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
« Amour et vieilles guimauves » : j’aime bien ce titre, il me fait penser à un vieux film que j’avais adoré et qui s’intitulait « Arsenic et vieilles dentelles », tout un programme… ! Bon, ici ça n’a rien à voir… Dans cette première partie, j’aime la façon dont le rapport mère-fille est présenté, le regard de la mère sur sa fille, j’ai trouvé le ton très juste.
C’est leur conversation qui m’a un peu déroutée : « Les hommes sont fragiles…" / « Ils sont fragiles après » / "C'est… tout ce" schmaltz", toutes ces histoires qu'on se raconte… comment tu as fait, toi ?"
Là, on ne peut que faire des suppositions sur l’objet de leur conversation. Je ne parviens pas à déterminer si c’est dérangeant ou pas, s’il serait bon d’en savoir plus… Je m’interroge. La justesse des propos, le style et la richesse les images (« Une lourde armure et dessous, dentelle et guimauve. ») m’ont beaucoup plu. Et puis aussi cette occasion manquée de communiquer, le genre de choses qui arrive trop souvent, ce temps qu’on ne prend pas pour se dire les choses. « Arthur Confiture » m’a fait sourire, aussi.
« Au bois dormant » : « Euh, drôle de façon de localiser l'âme » : le changement de ton m'a semblé un peu curieux par rapport au reste du texte qui est plus profond. J'ai bien aimé cette incursion dans l’intimité de cette femme.
« La vie augmente » : Un récit de fin de vie, de vieillesse et d’isolement, d’éloignement du monde, le « naufrage » qu’évoquait Arielle plus haut...
Le ton est toujours juste, les images aussi. Trois très beaux moments de vie, dépeints par subtiles touches.
C’est leur conversation qui m’a un peu déroutée : « Les hommes sont fragiles…" / « Ils sont fragiles après » / "C'est… tout ce" schmaltz", toutes ces histoires qu'on se raconte… comment tu as fait, toi ?"
Là, on ne peut que faire des suppositions sur l’objet de leur conversation. Je ne parviens pas à déterminer si c’est dérangeant ou pas, s’il serait bon d’en savoir plus… Je m’interroge. La justesse des propos, le style et la richesse les images (« Une lourde armure et dessous, dentelle et guimauve. ») m’ont beaucoup plu. Et puis aussi cette occasion manquée de communiquer, le genre de choses qui arrive trop souvent, ce temps qu’on ne prend pas pour se dire les choses. « Arthur Confiture » m’a fait sourire, aussi.
« Au bois dormant » : « Euh, drôle de façon de localiser l'âme » : le changement de ton m'a semblé un peu curieux par rapport au reste du texte qui est plus profond. J'ai bien aimé cette incursion dans l’intimité de cette femme.
« La vie augmente » : Un récit de fin de vie, de vieillesse et d’isolement, d’éloignement du monde, le « naufrage » qu’évoquait Arielle plus haut...
Le ton est toujours juste, les images aussi. Trois très beaux moments de vie, dépeints par subtiles touches.
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
Pour le troisième, je me souviens (et je suis allée revoir mon commentaire) que j'avais moyennement apprécié.
Tu l'as retravaillé depuis et j'apprécie les changements. Justesse et pertinence des réflexions sont toujours là. Les phrases que je trouvais trop longues ont été raccourcies, permettant au texte de faire ressortir la misère humaine sans pour autant tomber dans le pathos ou trop flirter avec lui. Du coup, la distance que je pouvais reprocher à la narratrice dans mon premier commentaire a pratiquement disparu.
Tu l'as retravaillé depuis et j'apprécie les changements. Justesse et pertinence des réflexions sont toujours là. Les phrases que je trouvais trop longues ont été raccourcies, permettant au texte de faire ressortir la misère humaine sans pour autant tomber dans le pathos ou trop flirter avec lui. Du coup, la distance que je pouvais reprocher à la narratrice dans mon premier commentaire a pratiquement disparu.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
Oui, bien sûr ;0)coline Dé a écrit:Confettis, justement pour regrouper alors qu'il n'y a pas de lien direct, Lyrette ( je peux ?)
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
j'ai souvent du mal à m'interesser aux textes avec une narratrice ou un personnage principal féminin, je suis rentré un peu à reculons dans ton texte et puis ... et puis, tu m'as emporté ! J'ai trouvé très beaux ces instantanés, ces portraits, très justes, très bien racontés, rendus ... je ne sausrais même pas dire lequel je préfère. pile dans le sujet !
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
C'est écrit avec sensibilité, une façon d'entrer dans l'intimité en gardant la bonne distance. C'est ce que j'ai apprécié dans ces textes.
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
Age : 52
Localisation : loupbleu@vosecrits.com
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
Ma chère coline, j'avais déjà commenté ces trois textes.
Ma préférence allait au deuxième, celui du pull. Parce qu'il était celui que me touchait le plus, qui racontait sans décrire.
Je n'ai pas changé (non, tu n'as pas changééééé).
Tout en pudeur, ledit texte est doux et joli.
Un peu de mal avec le dernier, parce que trop lointain.
Le premier est entre les deux autres.
Dans celui-ci, j'ai particulièrement apprécié la fierté féminine (avouer ses limites est une preuve de sagesse) qui se dégage. Une femme tient toujours sa tête plus droite que son voisin barbu.
Et d'un côté plus formel, j'aime ta façon de voir - et d'écrire.
Ma préférence allait au deuxième, celui du pull. Parce qu'il était celui que me touchait le plus, qui racontait sans décrire.
Je n'ai pas changé (non, tu n'as pas changééééé).
Tout en pudeur, ledit texte est doux et joli.
Un peu de mal avec le dernier, parce que trop lointain.
Le premier est entre les deux autres.
Dans celui-ci, j'ai particulièrement apprécié la fierté féminine (avouer ses limites est une preuve de sagesse) qui se dégage. Une femme tient toujours sa tête plus droite que son voisin barbu.
Et d'un côté plus formel, j'aime ta façon de voir - et d'écrire.
Re: Itinéraires ordinaires : Femmes Confettis
1/ très bien vu et relaté ce face à face mère-fille. Belle observation. 2/ que d’émoi pour un simple regard plongeant ! ;-) là aussi : jolie scène. 3/ de la meilleure manière de s’enfoncer soi-même en gambergeant trop. Décidément tu réussis fort bien tous ces petits portraits instantanés.
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