Nous sens-tu ?
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Plotine
Mammouth-Féroce
Iryane
lemon a
jaon doe
9 participants
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Nous sens-tu ?
Ce soir, la bête est là. Je la sens. Elle halète.
Elle halète et j'entends aux quatre coins de l'appartement les ripostes puériles des enfants. Ils agitent leurs bras, ils crient, laissent tout dans leurs assiettes ; non, bien sûr, manger n'a pas d'importance quand on peut s'amuser. Je pourrai continuer, par ailleurs, à les réconforter, surtout lui, là, le petit, le premier venu je crois, celui aux yeux blonds et aux cheveux rieurs, je pourrai encore l'enlacer de mes bras protecteurs et le conforter dans sa haine excessive. Je pourrai le laisser venir dans mon lit la nuit ; non, mesdames, messieurs, il n'est pas trop vieux, il n'a que huit ans. Je pourrai toujours le réveiller doucement, et lentement. Lui apporter le petit déjeuner sur un plateau alors qu'il regarde une émission idiote, emmitouflé dans une laine trop hermétique et allongé sur un des grands canapés du salon.
Je nous verrai crouler dans son monde de gémissements et d'horreurs, mes traits qui se transforment en ses traits ; son courage autistique quant à sa façon de faire face au monde ; et seuls, nous deux.
Tiens, des pâtes à la bolognaise, bouffes-en des tonnes, ce n'est pas grave si tu en mets partout, bouffes-en des tonnes. Tu peux même les étaler un peu sur les murs comme des sacrifices orgueilleux. Oui, ne t'inquiète pas, je continuerai à les emmerder, les autres... je continuerai à leur livrer une partie de nous qui n'est pas la leur, et tant pis s'ils croient à l'inceste.
Mais ce soir, la bête est là. Je la sens. Cache-toi, dans le coin, là, tu y es bien, c'est un monde sans crocs ; tu peux y faire tes listes, marquer encore et encore ces noms, ces titres, avec cette écriture carrée et agressive que tu sais maladroite, tracer tes cris pudiques ; tu ne me devras jamais rien, je me salis, me dévoue ; je te pardonnerai tout.
La bête est là. Du saucisson ? Oui, je t'en apporte. Bouffe, tu es maigre.
La nuit est particulièrement humide, je sais. Oui, maman est toujours devant la porte.
La bête est là, continuez à vous tordre, je la repousserai. Elle étouffe le parquet, et ma cravate, laide.
Habillez-vous n'importe comment : c'est un signe de détresse. Ce soir, les tableaux de l'appartement semblent être cousus à même la peau. La bête est là, et maman toujours devant la porte, repliez-vous, et toi, surtout, ne regarde rien sauf l'écran de la télé. Quelle confusion, dehors : on nous regarde, on nous crève, les yeux hallucinés émergent de la boue comme des trésors.
Toi, tu peux t'en aller. Nathan, je ne connais l'apnée que par ta bouche.
Elle halète et j'entends aux quatre coins de l'appartement les ripostes puériles des enfants. Ils agitent leurs bras, ils crient, laissent tout dans leurs assiettes ; non, bien sûr, manger n'a pas d'importance quand on peut s'amuser. Je pourrai continuer, par ailleurs, à les réconforter, surtout lui, là, le petit, le premier venu je crois, celui aux yeux blonds et aux cheveux rieurs, je pourrai encore l'enlacer de mes bras protecteurs et le conforter dans sa haine excessive. Je pourrai le laisser venir dans mon lit la nuit ; non, mesdames, messieurs, il n'est pas trop vieux, il n'a que huit ans. Je pourrai toujours le réveiller doucement, et lentement. Lui apporter le petit déjeuner sur un plateau alors qu'il regarde une émission idiote, emmitouflé dans une laine trop hermétique et allongé sur un des grands canapés du salon.
Je nous verrai crouler dans son monde de gémissements et d'horreurs, mes traits qui se transforment en ses traits ; son courage autistique quant à sa façon de faire face au monde ; et seuls, nous deux.
Tiens, des pâtes à la bolognaise, bouffes-en des tonnes, ce n'est pas grave si tu en mets partout, bouffes-en des tonnes. Tu peux même les étaler un peu sur les murs comme des sacrifices orgueilleux. Oui, ne t'inquiète pas, je continuerai à les emmerder, les autres... je continuerai à leur livrer une partie de nous qui n'est pas la leur, et tant pis s'ils croient à l'inceste.
Mais ce soir, la bête est là. Je la sens. Cache-toi, dans le coin, là, tu y es bien, c'est un monde sans crocs ; tu peux y faire tes listes, marquer encore et encore ces noms, ces titres, avec cette écriture carrée et agressive que tu sais maladroite, tracer tes cris pudiques ; tu ne me devras jamais rien, je me salis, me dévoue ; je te pardonnerai tout.
La bête est là. Du saucisson ? Oui, je t'en apporte. Bouffe, tu es maigre.
La nuit est particulièrement humide, je sais. Oui, maman est toujours devant la porte.
La bête est là, continuez à vous tordre, je la repousserai. Elle étouffe le parquet, et ma cravate, laide.
Habillez-vous n'importe comment : c'est un signe de détresse. Ce soir, les tableaux de l'appartement semblent être cousus à même la peau. La bête est là, et maman toujours devant la porte, repliez-vous, et toi, surtout, ne regarde rien sauf l'écran de la télé. Quelle confusion, dehors : on nous regarde, on nous crève, les yeux hallucinés émergent de la boue comme des trésors.
Toi, tu peux t'en aller. Nathan, je ne connais l'apnée que par ta bouche.
jaon doe- Nombre de messages : 169
Age : 113
Localisation : Pseudonyme de publication commun, à la disposition de tous ceux qui veulent. Pour obtenir son mot de passe, vous pouvez envoyer un mail à Procuste à partir de son profil.
Date d'inscription : 05/02/2010
Re: Nous sens-tu ?
Rien pigé, mais je ne suis pas une référence en matière de vivacité d'esprit.
Pour moi ça manque de liant et de limpidité. Convenu dans l'aspect "habité".
Pour moi ça manque de liant et de limpidité. Convenu dans l'aspect "habité".
Re: Nous sens-tu ?
une sensation de malaise, très présent, et ce dès les premiers mots.
de ce que j'ai compris, il s'agit d'une mère qui aime ses enfants certe, mais qui se retient de leur dire/ faire du mal ?
la bête est intérieure, n'est-ce pas ?
une phrase, que je n'ai pas saisie, construction étrange :
"Elle étouffe le parquet, et ma cravate, laide"
de ce que j'ai compris, il s'agit d'une mère qui aime ses enfants certe, mais qui se retient de leur dire/ faire du mal ?
la bête est intérieure, n'est-ce pas ?
une phrase, que je n'ai pas saisie, construction étrange :
"Elle étouffe le parquet, et ma cravate, laide"
Iryane- Nombre de messages : 314
Age : 44
Localisation : là où je dois être ...enfin, sans certitude.
Date d'inscription : 26/01/2010
Re: Nous sens-tu ?
Striking... Moi oui, j'ai senti.
Je trouve que ce texte fait vraiment bien passer l'ambiance du moment, les sentiments qu'épouve la mère. J'ai beaucoup apprécié.
Je trouve que ce texte fait vraiment bien passer l'ambiance du moment, les sentiments qu'épouve la mère. J'ai beaucoup apprécié.
Mammouth-Féroce- Nombre de messages : 28
Age : 31
Localisation : Ici... Et là-bas.
Date d'inscription : 03/02/2010
Re: Nous sens-tu ?
Je suis assez d'accord avec lemon a, la menace n'est pas suffisamment identifiée pour que je m'y retrouve... Bonne ambiance boulante, cela dit.
Invité- Invité
Re: Nous sens-tu ?
Ce serait très intéressant si on savait de quoi il retourne à la fin mais là sinon... C'est une famille de dingues ?
Plotine- Nombre de messages : 1962
Age : 82
Date d'inscription : 01/08/2009
Re: Nous sens-tu ?
Mon interprétation personnelle rejoint assez celle des commentateurs précédents ; comme eux/elles, l'ambiance pesante, lourde, m'a fait réagir mais j'aurais aimé que la menace soit mieux identifiée, moins délibérément cryptique.
Invité- Invité
Re: Nous sens-tu ?
En l'état, je ne suis pas convaincue. Un rébus. Une énigme. Qui frustre.
(Un parent et son enfant autiste ?)
(Un parent et son enfant autiste ?)
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Nous sens-tu ?
la menace est là, présente...Oui mais laquelle?
Yellow_Submarine- Nombre de messages : 278
Age : 53
Localisation : Fougères
Date d'inscription : 08/01/2010
Re: Nous sens-tu ?
J'ai bien peur que cela ne soit l'expression d'un vécu révellé sous couvert d'anonymat.
L'écriture progresse dans le sens d'une délivrance, d'un besoin de partager une situation difficile. Le message est si important qu'il outrepasse les conventions indispensables à la compréhension du texte.
L'écriture progresse dans le sens d'une délivrance, d'un besoin de partager une situation difficile. Le message est si important qu'il outrepasse les conventions indispensables à la compréhension du texte.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Nous sens-tu ?
Bertrand, j'aimerais que tu te trompes...mais j'ai la même crainte, et me dis qu'une fiction serait moins cryptée...
L'écriture est belle et noire.
L'écriture est belle et noire.
Invité- Invité
Re: Nous sens-tu ?
le style plus le fait que j'aie pas capté grand chose me laissent deviner l'auteur, même si peux me tromper
pas accroché, donc
pas accroché, donc
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