FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
+69
Narbah
Jand
soledad
Sacha L.
Loïc Relly
obi
Bakary
Jano
Cerval
muzzo
Chonsdevie
Septembre
Jean Ahlmas
Kash Prex
Sahkti
nouga
Remus
Orakei
Prospero
AliceAlasmartise.
Pussicat
Gobu
Marvejols
polgara
AGANIPPE
midnightrambler
grieg
quellesuite.com
Modération
Pascal-Claude Perrault
mentor
Nathanaël Zenou
Cythéria
Lyra will
gaeli
chris
solfa
Phoenamandre
Marine
hi wen
Frédéric Prunier
Janis
elea
Lunatiic
Kilis
Polixène
Yfig
Aire__Azul
Miinda
LaBeletteMasquée
Calvin
Jha
Camille Acristem
lara71
Zâ
Ezaria
Phylisse
Chako Noir
Rebecca
Yoni Wolf
Rêvelin
milo
Le Greico
Krebs
Lizzie
bertrand-môgendre
Ba
CROISIC
Arielle
73 participants
Page 3 sur 26
Page 3 sur 26 • 1, 2, 3, 4 ... 14 ... 26
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Ce n'est pas le texte (ci-dessus donc) qui me fera vous dire, Eclaircie, lancez-vous dans la prose, c'est votre seconde peau, vraiment, ça vous va comme un gant, non non. Ce texte-ci (dessus, donc) ne me paraît pas naturel du tout, comme une obligation à écrire ?
En revanche, je vous lis avec délice dans vos pérégrinations nocturnes (ou diurnes parfois), vos divagations ont quelque chose d'une échappée belle dans l'imaginaire qui ouvre ma propre fenêtre vers un ciel dégagé de toute obligation. Mais vous n'êtes pas la seule à m'ouvrir cette voie, ce fil billevesées est parfois un coffre à bijoux que j'ouvre avec plaisir, cueillant de ci de là de très jolis brins de poésie, bouquet garni offert à l'envi.
Hum... Suis pas sûre d'avoir répondu à votre question, d'autres le feront peut-être mieux que moi.
Une belle journée à tous, sous un soleil rentré à domicile après quatre jours d'absence !
En revanche, je vous lis avec délice dans vos pérégrinations nocturnes (ou diurnes parfois), vos divagations ont quelque chose d'une échappée belle dans l'imaginaire qui ouvre ma propre fenêtre vers un ciel dégagé de toute obligation. Mais vous n'êtes pas la seule à m'ouvrir cette voie, ce fil billevesées est parfois un coffre à bijoux que j'ouvre avec plaisir, cueillant de ci de là de très jolis brins de poésie, bouquet garni offert à l'envi.
Hum... Suis pas sûre d'avoir répondu à votre question, d'autres le feront peut-être mieux que moi.
Une belle journée à tous, sous un soleil rentré à domicile après quatre jours d'absence !
Phylisse- Nombre de messages : 963
Age : 62
Localisation : Provence
Date d'inscription : 05/05/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
si, si, Phyllisse et encore plus que vous ne pensez, car je suis flemmarde, bavarde, (mais j'ai aussi des qualités
j'ai le même bonheur que vous à fouiner tous les couloirs et (en bon chien) j'aime laisser ma trace
comment vous appeliez-vous "ailleurs" si nous fréquentons aussi, le même "ailleurs" (pas obligez de répondre, je saurai un jour, je saurai....)
j'ai le même bonheur que vous à fouiner tous les couloirs et (en bon chien) j'aime laisser ma trace
comment vous appeliez-vous "ailleurs" si nous fréquentons aussi, le même "ailleurs" (pas obligez de répondre, je saurai un jour, je saurai....)
Invité- Invité
Une agence de rêves pour des destinations de voyage Un maître de loukoum avec des morceaux d’hôtel U
Une agence de rêves pour des destinations de voyage
Un maître de loukoum avec des morceaux d’hôtel
Un groupe de ruines sur un champ de touristes
Un petit verre de piscine au bar de l’apéritif
Des accords de lune sous un clair de guitare.
Un maître de loukoum avec des morceaux d’hôtel
Un groupe de ruines sur un champ de touristes
Un petit verre de piscine au bar de l’apéritif
Des accords de lune sous un clair de guitare.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Le café s'éloigne avec le trottoir sur la ligne du désir de ne pas crever ici dans le sommeil des rues,
dans les rues parallèles comme un pont ouvert en son milieu
c'est une grande route qui mène au cœur
par les artères
suivies des voitures
dans les parterres
suivons suivons
le long des dunes ce cheminement qui mène au canon comme une robe qui se défait
sur le chien de l'arme
la ville s'est ouverte ici où mes pas me mènent
dans les rues parallèles comme un pont ouvert en son milieu
c'est une grande route qui mène au cœur
par les artères
suivies des voitures
dans les parterres
suivons suivons
le long des dunes ce cheminement qui mène au canon comme une robe qui se défait
sur le chien de l'arme
la ville s'est ouverte ici où mes pas me mènent
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 35
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
ici nous ne capturons pas les rues
dans nos mains brisés comme des ponts
aux gestes de danseuses
la ville ne peut nous atteindre si nous sommes enveloppés de nuit
et le genet pousse à nos bouche comme à la pointe
d'un canon
en pleurs
ce sont deux gestes qui se répètent
l'heure complète la coquille
vide du geste
de tous les acteurs qui songent
à songer avec mes yeux
on n'ouvre pas son cœur comme on va à la ville
dans nos mains brisés comme des ponts
aux gestes de danseuses
la ville ne peut nous atteindre si nous sommes enveloppés de nuit
et le genet pousse à nos bouche comme à la pointe
d'un canon
en pleurs
ce sont deux gestes qui se répètent
l'heure complète la coquille
vide du geste
de tous les acteurs qui songent
à songer avec mes yeux
on n'ouvre pas son cœur comme on va à la ville
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 35
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
La ville absorbe quiconque y pose un pied.
Je me suis un jour perdue là-bas jusqu'à être bitume, pavé, chaussée, trottoir et caniveau. Je ne me suis relevée qu'à la lueur de l'Aube offerte par votre main.
Depuis le nuit me parle de ces lieux aux couleurs blafardes, des êtres qui les hantent, des cris qu'ils retiennent et des chiens perdus sous des paillassons de feuilles gribouillées, raturées, baveuse d'encre ou de sang.
La vie m'a choisie pour chanter les rossignols et campagnols, près des campanules et libellules.
Tandis que je coasse plus fort que tout têtard tétant la vase, tâtant la phrase, la lune parcours son ciel, la pluie lave se propre fange et toujours j'entends la musique (des anges ? que nenni) des granges du Gange.
Je me suis un jour perdue là-bas jusqu'à être bitume, pavé, chaussée, trottoir et caniveau. Je ne me suis relevée qu'à la lueur de l'Aube offerte par votre main.
Depuis le nuit me parle de ces lieux aux couleurs blafardes, des êtres qui les hantent, des cris qu'ils retiennent et des chiens perdus sous des paillassons de feuilles gribouillées, raturées, baveuse d'encre ou de sang.
La vie m'a choisie pour chanter les rossignols et campagnols, près des campanules et libellules.
Tandis que je coasse plus fort que tout têtard tétant la vase, tâtant la phrase, la lune parcours son ciel, la pluie lave se propre fange et toujours j'entends la musique (des anges ? que nenni) des granges du Gange.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Le café coule. Le chat miaule. Le soleil point. Les réverbères éclairent encore la rue. Le coq du père Laboche égraine son chant matinal. Les éboueurs ramassent, et éructent bruyamment. Les premiers passants passent.
Debout devant ma fenêtre, j'observe ce ballet et j'aspire l'air glacé des matins de novembre. Je suis étranger à cette ronde infernale. Je ferme les yeux sur le monde qui s'étend à mes pieds. Un chuintement se fait entendre. Je me retourne. Ce matin, j'ai encore fait du café pour deux.
Debout devant ma fenêtre, j'observe ce ballet et j'aspire l'air glacé des matins de novembre. Je suis étranger à cette ronde infernale. Je ferme les yeux sur le monde qui s'étend à mes pieds. Un chuintement se fait entendre. Je me retourne. Ce matin, j'ai encore fait du café pour deux.
LaBeletteMasquée- Nombre de messages : 21
Age : 31
Date d'inscription : 09/06/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
L'odeur du café suinte au travers de cette cloison si mince que je vis chez les autres.
La toux du phtisique me fait craindre le pire. Que fera-t-on des livres et des livres qui peuplent sa chambre? au Nord
J’entendrais presque ronronner le chat et le crissement de ses griffes sur la liseuse soyeuse de la Belle Rousse, à l'est.
Je ne dors ni le jour ni la nuit, pour vivre. Vivre les autres, même les rats et les cafards.
La dernière goutte de la cafetière résonne d'un dernier ploc dans la verseuse, le sucre, la cuiller, l'eau de la douche, le gargarisme pour des dents étincelantes. La clé enfin, et je suis à nouveau seule à l'ouest.
Le sud vire au orangé rose pâle, là pas de bruit, que du spectacle, lumière sans le son, appel du vide, la pesanteur retient. Plus d'insectes ou presque, les martinets qui crient, crient, au loin. Je lis sur leur bec leur pulsion pour aller à demain.
Un univers tourne autour de moi, sans que je sois le centre de rien.
La toux du phtisique me fait craindre le pire. Que fera-t-on des livres et des livres qui peuplent sa chambre? au Nord
J’entendrais presque ronronner le chat et le crissement de ses griffes sur la liseuse soyeuse de la Belle Rousse, à l'est.
Je ne dors ni le jour ni la nuit, pour vivre. Vivre les autres, même les rats et les cafards.
La dernière goutte de la cafetière résonne d'un dernier ploc dans la verseuse, le sucre, la cuiller, l'eau de la douche, le gargarisme pour des dents étincelantes. La clé enfin, et je suis à nouveau seule à l'ouest.
Le sud vire au orangé rose pâle, là pas de bruit, que du spectacle, lumière sans le son, appel du vide, la pesanteur retient. Plus d'insectes ou presque, les martinets qui crient, crient, au loin. Je lis sur leur bec leur pulsion pour aller à demain.
Un univers tourne autour de moi, sans que je sois le centre de rien.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Elle est assise sur son lit depuis deux jours, elle n'a pas bougé.
Elle respire à peine et ne crie jamais. Je crois qu'elle hurle en silence.
Quand je suis venue lui rendre visite hier, elle avait les yeux vides, le coeur écrasé sur le tapis et la main crispée.
J'ai bien essayé de l'allonger , de lui donner à manger ou à boire, ses lèvres n'ont fait qu'effleurer.
Il avait dit qu'il partait faire un tour.
Il avait claqué la porte comme toujours.
Quand elle a ouvert sa fenêtre en grand , avec un sourire et un geste tendre, elle a vu la couleur grise tâchée de rouge.
Quand elle a fermé la fenêtre, elle a frémi une dernière fois: la mort ne se décide pas.
Elle respire à peine et ne crie jamais. Je crois qu'elle hurle en silence.
Quand je suis venue lui rendre visite hier, elle avait les yeux vides, le coeur écrasé sur le tapis et la main crispée.
J'ai bien essayé de l'allonger , de lui donner à manger ou à boire, ses lèvres n'ont fait qu'effleurer.
Il avait dit qu'il partait faire un tour.
Il avait claqué la porte comme toujours.
Quand elle a ouvert sa fenêtre en grand , avec un sourire et un geste tendre, elle a vu la couleur grise tâchée de rouge.
Quand elle a fermé la fenêtre, elle a frémi une dernière fois: la mort ne se décide pas.
Miinda- Nombre de messages : 103
Age : 31
Date d'inscription : 07/07/2009
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Miinda, j'aime bien l'économie de tes mots, tes images qui touchent juste. Tout est dit, on saisit cet instant qui élude tout bavardage. Merci.
Aire__Azul- Nombre de messages : 474
Age : 58
Localisation : TOULOUSE
Date d'inscription : 30/03/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Miinda, bien cette impro (?)
pour être plus percutante, tu pourrais tenter de trouver un autre mot que "effleurer" qui est une caresse, un contact et assez étrange dans le monde vode de cette personne, par exemple.
"elle respire à peine et ne crie pas plus "
la peine en'est pas anodine et on l'étouffe comme le cri...
pour être plus percutante, tu pourrais tenter de trouver un autre mot que "effleurer" qui est une caresse, un contact et assez étrange dans le monde vode de cette personne, par exemple.
"elle respire à peine et ne crie pas plus "
la peine en'est pas anodine et on l'étouffe comme le cri...
Invité- Invité
Aphorismes, alors ....
Qu’est-ce qui est bleu-blanc-rouge et qui flotte au vent ?
Pour moi, c'est un drapeau !
Pour un artiste, c'est un torche-cul !
Et pour ma concierge, c'est du linge à laver !
Ce type (politicien) est si faux cul qu'il est obligé de porter des lunettes de WC !
Yfig- Nombre de messages : 72
Age : 75
Date d'inscription : 06/06/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Aire__Azul (c'est joli comme pseudo, air bleu, et plus beau en Espagnol =D bref, remarque en passant), merci beaucoup pour ton commentaire, je suis contente que ce mini texte ait pu te toucher..
éclaircie, oui, il s'agit d'une impro (furieuse envie d'écrire, un instant, un moment, des fois ça donne quelque chose d'un peu mieux que mauvais..). À vrai dire, effleurer contraste avec l'aigreur de la situation mais accentue (peut-être) la douceur de l'amour. Mais tu as raison, c'est bizarre de trouver "effleurer dans ce texte". Je trouverai peut-être autre chose..
Je médite sur ta proposition concernant "elle respire à peine et ne crie pas plus", parce qu'elle est alléchante, c'est vrai, mais d'un autre côté, j'aime bien la sonorité de ma version "elle respire à peine et ne crie jamais", en relation avec le reste.
Je médite, disais-je!
éclaircie, oui, il s'agit d'une impro (furieuse envie d'écrire, un instant, un moment, des fois ça donne quelque chose d'un peu mieux que mauvais..). À vrai dire, effleurer contraste avec l'aigreur de la situation mais accentue (peut-être) la douceur de l'amour. Mais tu as raison, c'est bizarre de trouver "effleurer dans ce texte". Je trouverai peut-être autre chose..
Je médite sur ta proposition concernant "elle respire à peine et ne crie pas plus", parce qu'elle est alléchante, c'est vrai, mais d'un autre côté, j'aime bien la sonorité de ma version "elle respire à peine et ne crie jamais", en relation avec le reste.
Je médite, disais-je!
Miinda- Nombre de messages : 103
Age : 31
Date d'inscription : 07/07/2009
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Fait divers
Dans les Cévennes, une virée en amoureux tourne à la partie de chasse.
Samedi soir, vers 20 heures, le jeune Clément Hubert, 18 ans, s’apprêtait à sortir quand il découvrit que le pneu de sa voiture avait crevé. L’idée le traversa d’emprunter la Maserati toute neuve de Papa. Coïncidence : son père s’était absenté et avait laissé les clés en évidence sur le guéridon. Dans le village voisin, Hubert s’arrêta pour récupérer sa petite amie, Roseline de la Vasselière. Mais la sortie tourna court assez vite.
Ils venaient de s’engager sur la départementale D14 bordée de grands chênes. Soudain une masse fonça sur eux. Le choc fut violent et les stoppa net. Ils bondirent de la voiture : un sanglier gisait inanimé sur la chaussée. « Ils l’avaient bel et bien eu ! » Souci de se justifier ? d’exhiber leur trophée ? les jeunes gens décidèrent de charger le sanglier dans le coffre. Mais ils n’avaient pas fait trois kilomètres que l’animal, ballotté par les cahots, se réveilla et, se trouvant à l’étroit, se mit à asséner des ruades à qui mieux mieux et à cabosser la voiture dans tous les coins.
Les deux jeunes eurent juste le temps de quitter l’habitacle et d’appeler les pompiers qui accoururent pour maîtriser la bête, constater les dégâts et admirer… le beau tableau de chasse.
Dans les Cévennes, une virée en amoureux tourne à la partie de chasse.
Samedi soir, vers 20 heures, le jeune Clément Hubert, 18 ans, s’apprêtait à sortir quand il découvrit que le pneu de sa voiture avait crevé. L’idée le traversa d’emprunter la Maserati toute neuve de Papa. Coïncidence : son père s’était absenté et avait laissé les clés en évidence sur le guéridon. Dans le village voisin, Hubert s’arrêta pour récupérer sa petite amie, Roseline de la Vasselière. Mais la sortie tourna court assez vite.
Ils venaient de s’engager sur la départementale D14 bordée de grands chênes. Soudain une masse fonça sur eux. Le choc fut violent et les stoppa net. Ils bondirent de la voiture : un sanglier gisait inanimé sur la chaussée. « Ils l’avaient bel et bien eu ! » Souci de se justifier ? d’exhiber leur trophée ? les jeunes gens décidèrent de charger le sanglier dans le coffre. Mais ils n’avaient pas fait trois kilomètres que l’animal, ballotté par les cahots, se réveilla et, se trouvant à l’étroit, se mit à asséner des ruades à qui mieux mieux et à cabosser la voiture dans tous les coins.
Les deux jeunes eurent juste le temps de quitter l’habitacle et d’appeler les pompiers qui accoururent pour maîtriser la bête, constater les dégâts et admirer… le beau tableau de chasse.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Paté VI coconte
« As-tu prié les treize vents ?
-Oui, devant le miroir.
-Alors pipi, dentdent, dodo !
-Une histoire s’il te plait et promis j’irai les rejoindre.
-Promis ? »
Khaleesha serrait très fort son sourire, poumons éclatés, comme s’il lui eut suffi de capturer le silice pour prêter forme à ses souhaits. L’âgé revit sa propre fille l’espace d’un souffle, puis ébouriffa la tignasse brune d’une main trop large. Le poids des ans enfonçait Khaleesha dans l’impatience. Elle courut se gargariser et revint en sourire plus lumineux :
«Grand père ? Tu as promis…»
Le vieux semblait perdu dans les dunes du souvenir, toujours plus mouvantes, tortueuses, à mesure que les treize épuisaient sa flamme.
Il froissa lentement le cuir de son corps, plongea son calumet dans la cendre encore chaude de l’âtre, l’y laissa, attendant que le gras des herbes de Charcot grésille.
A l’extérieur, la tapisserie des sables ondulait sur la trame du Temps, bleuissant le songe de chaque vie. Des cimes rocailleuses, la nuit osait un écho et glissa R’Ngc l’anneau de gaze en tour de hanches.
Quand le parfum se fit suffisamment rond, le vieux retira sa pipe et inspira profondément dedans :
« On dit, dans cette région des brumes, qu’à l’origine trois œufs couvaient dans le ciel, trois Lunes, cadeaux des treize à l’enfant prince. L’Astre brillait alors du feu des jeunes étoiles. De toutes les lumières, enfants d’Ether et Equilibre, il était le plus vorace et régnait fièrement sur la balance des sept mondes.
Il se levait à l’extrême Ouest d’Aephis où nous vivions, bien avant le sel des temps, bien avant que la pluie ne soit apparue. Nous gardions alors le cristal, vibrant sur son contour, allumant le vide pour le garder chaud. Je l’ai appris de mon père, qui le tenait de son père… du sable que mangent nos pieds, des esprits de l’arc. Nous chassions, transpercions, piégions, comme Il commandait. Il ordonnait et nous traquions, sans fin. Puis enfin, Il se lassa. »
Le vieux regardait sa descendance à travers un cercle dense. Elle rouvrit ses yeux et sembla dire continue :
« Alors il déposa ses monstres jouets. C’est lui, Khaleesha, qui éveilla les orgueilleux Naenioks, les golems diamants, pures de malice, coupant sous terre comme au dessus. Pour son plaisir, Il les chargea de chasser à leur tour, faisant de nouvelles proies et notre exode.
-Mais les Drog’irs…
-…Mieux que quiconque Khaleesha, mieux que quiconque. Mais l’interdit des Treize pesa dès lors, on ne le fit ni pour le jeu ni par colère, juste pour nourrir nos plus heureux. »
Le vieux inspira une bouffée de parfum bauge, puis souffla vers la petite dernière un vent de soir incertain. Elle s’emmitoufla plus confortablement sous sa couverture et inspira de quiétude:
« A cette époque nos ancêtres cessèrent de prier l’Astre et s’en remirent aux treize. Il en conçut une telle peine qu’Il remplit la première Lune de toutes ses larmes et de désespoir déchira le ciel pour ne laisser que de la cendre au firmament. Mais la Lune œuf trop pleine vint s’écraser contre Aephis et les Océans naquirent gorgés de toute Son amertume, bordés par le fracas de la coquille. Il hurla si fort de lumière que tout se mit à dessécher jusqu’aux grosses flaques posées là. C’est le silex qui le pleure dans ses arêtes, le Charcot qui le murmure dans ses épines. Ainsi l’Astre nous offrit-il amende et dans l’honneur de ses rigoles si fines nous retrouvâmes de son éclat. Les Naenioks virent leur victoire dans l’eau de pluie coupés du sel de Son angoisse. Ils redoublèrent de cruauté, accentuant la chasse conservant l’eau pour leurs portées, nous obligeant à devenir bêtes pour la trouver. Les mondes devinrent arides et les fils de la pluie facile nous repoussèrent encore plus loin.
-Mais grand père, ils auraient du compr…
-… qui conte Khaleesha, toi ou moi ? Pour leur malheur les Naenioks ne priaient pas les treize et le payèrent plus tard de leur trépas. »
Le vieillard perdit l’espace et le temps quelques cycles de fumée, son regard plongé dans le vide piqué de blanc étincelant. Les nattes de Khaleesha secouaient lentement l’air vaporeux, assise dans sa couche comme la balance des sept mondes. Le regard de son grand père continua de s’éloigner puis il leva un peu la tête et se ravisa :
« Sais-tu ce que sont toutes ces taches luminescentes, Khaleesha ?
-Non, peut-être les éclats de rires perdus de l’Astre solitaire…
-Non ma douce. Ni toi, ni moi ne pourront jamais saisir la foudre, ainsi en va-t-il de la volonté des treize… Comme l’enfant prince avait dérangé ses parents dans leur sommeil, les treize le sommèrent de corriger et le punir. Alors dans le second œuf Il plongea toutes ses chimères et y enferma tous les Naenioks puis comme un nouveau né éclata sa baudruche afin de les rendre, dispersés aux treize vents. De la sorte, en son absence, tous purent contempler les lumières mortes cerclées d’ombres mortes afin que tous se souviennent de ses erreurs, de sa bêtise et son immaturité. Ainsi la nuit quand nous levons nos têtes pouvons-nous simplement le prier de revenir tout enfanter, nous assurant du devenir de chaque mort. Et si tu prêtes suffisamment attention, il est dit dans cette région des brumes, que tu peux encore voir chasser haut dans le ciel quelques Naenioks retardataires, trop occupés à retrouver leur place désignée.
-Mais le troisième œuf est encore là grand-père, l’Astre est-il toujours enfant ?
-La fille de ma fille, ma mère, tu ne sais pas ce que sont les treize ? Ils firent un ultime cadeau à l’Astre devenu père. Le dernier œuf devint miroir tout pétrifié pour qu’à sa guise lui aussi puisse contempler l’œuvre de son œuvre, son éclipse, de quelques minutes. »
Khaleesha ralluma sa joie et battit ses petites mains l’une contre l’autre :
«Elle est belle ton histoire grand père ! »
Le vieux sourit douloureusement :
« Pourtant Khaleesha, c’est la plus triste de toutes, la mère de nos légendes.
-Pourquoi grand père ?
-Je ne t’ai toujours pas confié le nom de cet Astre. Les célestes sages l’avaient appelé Laën, et il ne règne plus que sur ce monde, le notre et nous demeurerons ses serviteurs !»
« As-tu prié les treize vents ?
-Oui, devant le miroir.
-Alors pipi, dentdent, dodo !
-Une histoire s’il te plait et promis j’irai les rejoindre.
-Promis ? »
Khaleesha serrait très fort son sourire, poumons éclatés, comme s’il lui eut suffi de capturer le silice pour prêter forme à ses souhaits. L’âgé revit sa propre fille l’espace d’un souffle, puis ébouriffa la tignasse brune d’une main trop large. Le poids des ans enfonçait Khaleesha dans l’impatience. Elle courut se gargariser et revint en sourire plus lumineux :
«Grand père ? Tu as promis…»
Le vieux semblait perdu dans les dunes du souvenir, toujours plus mouvantes, tortueuses, à mesure que les treize épuisaient sa flamme.
Il froissa lentement le cuir de son corps, plongea son calumet dans la cendre encore chaude de l’âtre, l’y laissa, attendant que le gras des herbes de Charcot grésille.
A l’extérieur, la tapisserie des sables ondulait sur la trame du Temps, bleuissant le songe de chaque vie. Des cimes rocailleuses, la nuit osait un écho et glissa R’Ngc l’anneau de gaze en tour de hanches.
Quand le parfum se fit suffisamment rond, le vieux retira sa pipe et inspira profondément dedans :
« On dit, dans cette région des brumes, qu’à l’origine trois œufs couvaient dans le ciel, trois Lunes, cadeaux des treize à l’enfant prince. L’Astre brillait alors du feu des jeunes étoiles. De toutes les lumières, enfants d’Ether et Equilibre, il était le plus vorace et régnait fièrement sur la balance des sept mondes.
Il se levait à l’extrême Ouest d’Aephis où nous vivions, bien avant le sel des temps, bien avant que la pluie ne soit apparue. Nous gardions alors le cristal, vibrant sur son contour, allumant le vide pour le garder chaud. Je l’ai appris de mon père, qui le tenait de son père… du sable que mangent nos pieds, des esprits de l’arc. Nous chassions, transpercions, piégions, comme Il commandait. Il ordonnait et nous traquions, sans fin. Puis enfin, Il se lassa. »
Le vieux regardait sa descendance à travers un cercle dense. Elle rouvrit ses yeux et sembla dire continue :
« Alors il déposa ses monstres jouets. C’est lui, Khaleesha, qui éveilla les orgueilleux Naenioks, les golems diamants, pures de malice, coupant sous terre comme au dessus. Pour son plaisir, Il les chargea de chasser à leur tour, faisant de nouvelles proies et notre exode.
-Mais les Drog’irs…
-…Mieux que quiconque Khaleesha, mieux que quiconque. Mais l’interdit des Treize pesa dès lors, on ne le fit ni pour le jeu ni par colère, juste pour nourrir nos plus heureux. »
Le vieux inspira une bouffée de parfum bauge, puis souffla vers la petite dernière un vent de soir incertain. Elle s’emmitoufla plus confortablement sous sa couverture et inspira de quiétude:
« A cette époque nos ancêtres cessèrent de prier l’Astre et s’en remirent aux treize. Il en conçut une telle peine qu’Il remplit la première Lune de toutes ses larmes et de désespoir déchira le ciel pour ne laisser que de la cendre au firmament. Mais la Lune œuf trop pleine vint s’écraser contre Aephis et les Océans naquirent gorgés de toute Son amertume, bordés par le fracas de la coquille. Il hurla si fort de lumière que tout se mit à dessécher jusqu’aux grosses flaques posées là. C’est le silex qui le pleure dans ses arêtes, le Charcot qui le murmure dans ses épines. Ainsi l’Astre nous offrit-il amende et dans l’honneur de ses rigoles si fines nous retrouvâmes de son éclat. Les Naenioks virent leur victoire dans l’eau de pluie coupés du sel de Son angoisse. Ils redoublèrent de cruauté, accentuant la chasse conservant l’eau pour leurs portées, nous obligeant à devenir bêtes pour la trouver. Les mondes devinrent arides et les fils de la pluie facile nous repoussèrent encore plus loin.
-Mais grand père, ils auraient du compr…
-… qui conte Khaleesha, toi ou moi ? Pour leur malheur les Naenioks ne priaient pas les treize et le payèrent plus tard de leur trépas. »
Le vieillard perdit l’espace et le temps quelques cycles de fumée, son regard plongé dans le vide piqué de blanc étincelant. Les nattes de Khaleesha secouaient lentement l’air vaporeux, assise dans sa couche comme la balance des sept mondes. Le regard de son grand père continua de s’éloigner puis il leva un peu la tête et se ravisa :
« Sais-tu ce que sont toutes ces taches luminescentes, Khaleesha ?
-Non, peut-être les éclats de rires perdus de l’Astre solitaire…
-Non ma douce. Ni toi, ni moi ne pourront jamais saisir la foudre, ainsi en va-t-il de la volonté des treize… Comme l’enfant prince avait dérangé ses parents dans leur sommeil, les treize le sommèrent de corriger et le punir. Alors dans le second œuf Il plongea toutes ses chimères et y enferma tous les Naenioks puis comme un nouveau né éclata sa baudruche afin de les rendre, dispersés aux treize vents. De la sorte, en son absence, tous purent contempler les lumières mortes cerclées d’ombres mortes afin que tous se souviennent de ses erreurs, de sa bêtise et son immaturité. Ainsi la nuit quand nous levons nos têtes pouvons-nous simplement le prier de revenir tout enfanter, nous assurant du devenir de chaque mort. Et si tu prêtes suffisamment attention, il est dit dans cette région des brumes, que tu peux encore voir chasser haut dans le ciel quelques Naenioks retardataires, trop occupés à retrouver leur place désignée.
-Mais le troisième œuf est encore là grand-père, l’Astre est-il toujours enfant ?
-La fille de ma fille, ma mère, tu ne sais pas ce que sont les treize ? Ils firent un ultime cadeau à l’Astre devenu père. Le dernier œuf devint miroir tout pétrifié pour qu’à sa guise lui aussi puisse contempler l’œuvre de son œuvre, son éclipse, de quelques minutes. »
Khaleesha ralluma sa joie et battit ses petites mains l’une contre l’autre :
«Elle est belle ton histoire grand père ! »
Le vieux sourit douloureusement :
« Pourtant Khaleesha, c’est la plus triste de toutes, la mère de nos légendes.
-Pourquoi grand père ?
-Je ne t’ai toujours pas confié le nom de cet Astre. Les célestes sages l’avaient appelé Laën, et il ne règne plus que sur ce monde, le notre et nous demeurerons ses serviteurs !»
Krebs- Nombre de messages : 22
Age : 80
Date d'inscription : 12/11/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
J'ai pas encore lu, mais j'ai un message pour toi : steup, je sais plus ce que j'ai fait de ton tel !
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Je suis si fatigué. J'ai l'impression que je pourrais mourir. Je dis bien : l'impression. C'est fugace, ainsi, et ça ne tient pas à grand-chose. Tout de même ça se raccroche. Quelque part. L'impression de tout ce corps, de toute cette masse qui pourrait disparaitre ici, simplement, dans la brièveté d'un geste, et devenir poussière. Et me disperser aux vents. Peut-on perdre ainsi son corps ? Son corps... Partout autour de moi, comme un jeu su du monde, je regarde les cérémonies des corps. Ils arrivent. Ils entrent à ma périphérie, à mon regard. Ils m'affectent, de par leurs maladresses répétées, qui sont aussi leur grâce lointaine. Et me laissent ainsi, de par tout l'espace qu'ils occupent, dans la délimitation de mon corps propre, seul.
Vraiment seul.
Il n'y a pas un corps qui ne me porte à l'idée de l'amour.
Cependant eux seuls semblent réels, si bien que je viens à douter de l'existence du monde et de ce que je vis, aussi bien qu'un rêve, quand aucun ne vient m'éclairer de sa présence.
Ma conscience est cette lèvre fugace, qui ne se sait battre que lorsqu'elle est froissée (...)
Vraiment seul.
Il n'y a pas un corps qui ne me porte à l'idée de l'amour.
Cependant eux seuls semblent réels, si bien que je viens à douter de l'existence du monde et de ce que je vis, aussi bien qu'un rêve, quand aucun ne vient m'éclairer de sa présence.
Ma conscience est cette lèvre fugace, qui ne se sait battre que lorsqu'elle est froissée (...)
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 35
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
comme un jeu su du monde
c'est sans coquille ? le su est saugrenu.
Concentré et percutant, pour moi.
merci louis!
c'est sans coquille ? le su est saugrenu.
Concentré et percutant, pour moi.
merci louis!
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Oui, "su" de "savoir" (?)
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 35
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
oui, en regardant mieux j'avais compris ainsi, mais ça ne sonne pas bien, alors.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Blanche était à la terrasse, elle regardait le crépuscule descendre dans cette ville où la nuit tombe d'un geste de théâtre, sans prévenir, la nuit. Alors tout est sombre. Elle releva la tête, salua la nuit, elle dit bonjour à ces lumières. Dit bonjour à la pénombre. A la fraicheur. Bonjour, Bonsoir. Elle pensa à l'homme qui sommeillait à l'intérieur, dans ce lit, le lit... Blanche ne voulait pas aller se coucher. Elle regardait la nuit faire son visage. Et son visage se modifier, lentement, et tout le corps s'assouplir, comme fait sur les peaux fraiches aux mouvements lents la lourde masseuse. Bonjour, Bonsoir. Bientôt le sombre pèsera de tout son poids écrasant. En attendant il se raccroche aux lèvres du balcon, aux lèvres de Blanche, aux lèvres... Blanche laissa tranquillement la nuit emplir son visage. L'homme, dans la chambre, respirait à peine ; on l'entendait si faiblement. Pouvaient alors commencer les cérémonies des corps ; les cérémonies que l'on fait pour soi seul. Fermer les yeux, et s'imaginer théâtre. Défaire sa robe... ne rien laisser que ces lumières confuses entrer à sa périphérie, à son regard. Elle rêvait de visages, elle rêve. Bien sûr elle ne dit rien. Pas un son ne doit troubler l'ambiance qui s'installe, confusément, les spectateurs qu'elles se crée... Blanche se déshabille pour un public imaginaire. L'homme dort. Elle s'assied à côté de lui. Passe ses jambes sous la couverture. Elle s'allonge. Pas un bruit. Elle ferme les yeux. Elle rêve.
Blanche rêve. Elle pense à ces visages. Elle ferme les yeux, longtemps, puis les ouvre et, incapable de se rappeler quoi, elle retient de ces songes l'impression de quelque chose de très loin, de très beau, de très doux...
Blanche rêve. Elle pense à ces visages. Elle ferme les yeux, longtemps, puis les ouvre et, incapable de se rappeler quoi, elle retient de ces songes l'impression de quelque chose de très loin, de très beau, de très doux...
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 35
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Miinda a écrit:Elle est assise sur son lit depuis deux jours, elle n'a pas bougé.
Elle respire à peine et ne crie jamais. Je crois qu'elle hurle en silence.
Quand je suis venue lui rendre visite hier, elle avait les yeux vides, le coeur écrasé sur le tapis et la main crispée.
J'ai bien essayé de l'allonger , de lui donner à manger ou à boire, ses lèvres n'ont fait qu'effleurer.
Il avait dit qu'il partait faire un tour.
Il avait claqué la porte comme toujours.
Quand elle a ouvert sa fenêtre en grand , avec un sourire et un geste tendre, elle a vu la couleur grise tâchée de rouge.
Quand elle a fermé la fenêtre, elle a frémi une dernière fois: la mort ne se décide pas.
Juste poignant.
Bravo
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
La mer mène toujours à Hong-kong. C'est une ile, aucune rivière ne la parcoure mais des sources alimentent des réservoirs qui se déversent dans des canaux des rigoles et l'eau du robinet. Ce sont deux iles. Il n'y a pas de châteaux d'eau à hong-Kong , quelques châteaux de sables dans quelques criques. Oui il y a quelques criques, abritées du vent par les barges, les supertankers et les casier à huitres balayées par le courant. Les barges sont parfois énormes, supportant des montagnes de containers en partance pour ou en attente de, la mer est constellée de carrés , de cubes et de rectangles, les gros logos flottent comme des bouées : "Maersk" " P&O" les gros treuils s'habillent en Total ou en Shell, la mer n'est pas calme de ces avancées bétonnées, des trainées des ferries, du remous des ancres. Quand on pense "Hong-Kong", ce qui vient toujours à l'esprit, c'est "Macao" à cause de la chanson du grand orchestre du splendide, alors que c'est un peu à coté de la plaque, et si on est en plein dans le mille ont pense à Hong-kong par le chenal qui regarde Koloown. Je ne connais pas un mec raisonnable qui sait où se trouve quoi et à quelle place. C'est pas grave.
En France, on dit que le cinéma Hong-Kongais, c'est de la grosse merde, par défaut, avec ses acteurs qui en font trop, ses bagarres au rayon saucisses, les courses-poursuites en Toyota Crown à flan de montagnes. Si , à Hong-kong, y a des montagnes: à Kowloon. Y a un film que j'ai beaucoup aimé, j'en ai oublié le titre, parce que on ne retient pas les titres, alors donc, le film est complètement pourri, et, à un moment, un des héros, s'appuie contre la rambarde de la promenade qui longe la baie en face de Kowloon, puis, il ne s'appuie plus, puis, il met ses mains en porte-voix et il appelle sa petite amie à travers le chenal; le chenal qui fait deux mille mètres de large. j'ai oublié le nom, car vous savez, le mec appelle un vrai nom, pas "Martine" c'est plutôt, mais je ne suis pas sûr : "Hirondelle du Matin" et il appelle encore et encore. Sur ce, une passante, une vieille, le croise, s'arrête et se met à appeler aussi, mais son homme. Pas certain, mais je crois que le nom, c'est "Vaillant Guerrier", puis une jolie nana les imite, se met à appeler par delà les flots , son amoureux, sa mère, je ne sais quoi, et donc à la fin, dans le matin brumeux, se trouvent au minimum 15 personnes entrain de scander des noms aux lampadaires d'en face qui s'éteignent un à un. C'est très loin, 40 fois plus large que la Seine (de Marseille) , mais quand même, quand on regarde le film, on souhaite que quelqu'un entende, mais on le sait bien, ce n'est possible, alors je me dis que je vais regarder plus de navets de Hong-Kong, parce dedans, il y a des accidents de trucs biens. Pour en revenir aux oiseaux, si tu es sur l'Ile de Hong-Kong, il faut traverser pour aller à Kowloon, y'a pleins de solutions qui te sont proposées, dont : le bus impérial, le Métro, le Taxi. moi, honnêtement, j'aime bien emprunter un peu tout, le bus de nuit qui sillonne entre les néons si c'est la nuit ou le métro qui trace dans un premier temps et qui dodeline comme un bon vieux ReR des familles sur la fin du parcours, au nord. C'est très grand Hong-kong. Après la station " Universités" on croise des collines avec des bungalows, des bananiers dans les jardins des bungalows : j'ai vérifié, en fait il y a des villages créoles mais pas habités par des créoles, leurs noms sont en cantonnais, très difficiles à prononcer. D'autre noms sont en chinois mais il faut cependant les dire en cantonnais, sinon les gens ne comprennent rien d'où vous voulez parler. J'espère que vous saviez que l'on parle cantonnais sur l'ile. C'est facile à reconnaitre à l'oreille : si vous entendez "wawawa" comme dans une chanson Jazz, c'est cantonnais, si vous percevez des chicichichis, c'est du mandarin. Il y a des créoles parlés aussi, notamment du Viet-cantonnais, mais dans le cas où vous l'entendez, c'est que vous n'êtes pas normaux pour des gens normalement constitués. Vous feriez mieux de vous occuper d'autres trucs, comme le sonnet ou le rondeau. Feng Shui et les autres agglomérations qui sont complètement au nord, autant dire que c'est plus vraiment Hong-kong, - d'ailleurs, elles sont nommées délicatement les "Nouveaux Territoires" sont tout à fait propices à ressentir une étrange sensation d'être quelque part qui n'existe pas, mais surtout dont tout le monde se branle ineternam vitam. Genres de "Singapours de poche", si je puis me permettre la comparaison, ces bleds aux combinaisons de HLM, de centres commerciaux, de vieux quartiers, de zones industrielles taille-basse aux camions rouillés dans tous les coins, sont sillonnés par ces mini-bus dont les moteurs essence rappellent la combustion deux-temps. Les balayeuses ont des chapeaux rizière kwaï, pt'êt bien, parce que, non, c'est un peu compliqué d'expliquer. Dans le dédale des petites ou, à travers le dédale, on trouve des cantonnements militaires Anglais, recyclés en ci, en ça, en école de filles aux uniformes survêt', en cloître pour nonnes goitreuses, en associations de défense des droits de mes consommateurs, le village de vacance de jean-Jacques Decaux Asie. C'est qu'ils en ont laissé beaucoup, de ces "barracks", deux étages, deux fois deux chambres, salon central, bon bref. C'est à l'intérieur de l'un d'entre eux que Raoul Engelmann attend. Au début, il attendait beaucoup, en temps et en nombre. Après, il a eu à attendre moins, car les gens venaient plus. Puis, il eu à attendre encore, car les gens venaient moins. Maintenant, au moment ou je vous parle, il attend. J'en suis certain. c'est son métier. Son nouveau métier. Il a eu le job facile. Attendeur du Nord. Il attend la bouffe, il attend le soleil, il attend la nuit, il attend tout, il attend les filles et les garçons pareil, il attend et il entend tout , ne dit jamais rien. Il attend des lettres il attend des photos, il attend le DVD qui se charge , il attend de chier. Il attend de manger, il attend l'hiver, il attend l'été. Il attend Jackie Chan, il attend Brucee Lee, il attend comme-ça, posé sur son crâne. Il est ainsi, Raoul Engelmann. Évidemment, à ce jour, personne ne connait Raoul Engelmann. Et si ça changeait ? Et si cela ne changeait rien ça changerait quoi ? Il attendrait d'être tous les jours un peu plus connu, avec cependant peu de chances d'être reconnu. L'attendeur du nord attendrait la même chose en même quantité même célèbre. C'est toujours à cette théorie que je pense quand je me demande si on gagne à être connu ou si l'on gagne à l'invisibilité. En termes invisibilité, Raoul Engelmann est tout-de-même trop fort, dans sa zone industrielle bordée de jardins anglais crevés.
En France, on dit que le cinéma Hong-Kongais, c'est de la grosse merde, par défaut, avec ses acteurs qui en font trop, ses bagarres au rayon saucisses, les courses-poursuites en Toyota Crown à flan de montagnes. Si , à Hong-kong, y a des montagnes: à Kowloon. Y a un film que j'ai beaucoup aimé, j'en ai oublié le titre, parce que on ne retient pas les titres, alors donc, le film est complètement pourri, et, à un moment, un des héros, s'appuie contre la rambarde de la promenade qui longe la baie en face de Kowloon, puis, il ne s'appuie plus, puis, il met ses mains en porte-voix et il appelle sa petite amie à travers le chenal; le chenal qui fait deux mille mètres de large. j'ai oublié le nom, car vous savez, le mec appelle un vrai nom, pas "Martine" c'est plutôt, mais je ne suis pas sûr : "Hirondelle du Matin" et il appelle encore et encore. Sur ce, une passante, une vieille, le croise, s'arrête et se met à appeler aussi, mais son homme. Pas certain, mais je crois que le nom, c'est "Vaillant Guerrier", puis une jolie nana les imite, se met à appeler par delà les flots , son amoureux, sa mère, je ne sais quoi, et donc à la fin, dans le matin brumeux, se trouvent au minimum 15 personnes entrain de scander des noms aux lampadaires d'en face qui s'éteignent un à un. C'est très loin, 40 fois plus large que la Seine (de Marseille) , mais quand même, quand on regarde le film, on souhaite que quelqu'un entende, mais on le sait bien, ce n'est possible, alors je me dis que je vais regarder plus de navets de Hong-Kong, parce dedans, il y a des accidents de trucs biens. Pour en revenir aux oiseaux, si tu es sur l'Ile de Hong-Kong, il faut traverser pour aller à Kowloon, y'a pleins de solutions qui te sont proposées, dont : le bus impérial, le Métro, le Taxi. moi, honnêtement, j'aime bien emprunter un peu tout, le bus de nuit qui sillonne entre les néons si c'est la nuit ou le métro qui trace dans un premier temps et qui dodeline comme un bon vieux ReR des familles sur la fin du parcours, au nord. C'est très grand Hong-kong. Après la station " Universités" on croise des collines avec des bungalows, des bananiers dans les jardins des bungalows : j'ai vérifié, en fait il y a des villages créoles mais pas habités par des créoles, leurs noms sont en cantonnais, très difficiles à prononcer. D'autre noms sont en chinois mais il faut cependant les dire en cantonnais, sinon les gens ne comprennent rien d'où vous voulez parler. J'espère que vous saviez que l'on parle cantonnais sur l'ile. C'est facile à reconnaitre à l'oreille : si vous entendez "wawawa" comme dans une chanson Jazz, c'est cantonnais, si vous percevez des chicichichis, c'est du mandarin. Il y a des créoles parlés aussi, notamment du Viet-cantonnais, mais dans le cas où vous l'entendez, c'est que vous n'êtes pas normaux pour des gens normalement constitués. Vous feriez mieux de vous occuper d'autres trucs, comme le sonnet ou le rondeau. Feng Shui et les autres agglomérations qui sont complètement au nord, autant dire que c'est plus vraiment Hong-kong, - d'ailleurs, elles sont nommées délicatement les "Nouveaux Territoires" sont tout à fait propices à ressentir une étrange sensation d'être quelque part qui n'existe pas, mais surtout dont tout le monde se branle ineternam vitam. Genres de "Singapours de poche", si je puis me permettre la comparaison, ces bleds aux combinaisons de HLM, de centres commerciaux, de vieux quartiers, de zones industrielles taille-basse aux camions rouillés dans tous les coins, sont sillonnés par ces mini-bus dont les moteurs essence rappellent la combustion deux-temps. Les balayeuses ont des chapeaux rizière kwaï, pt'êt bien, parce que, non, c'est un peu compliqué d'expliquer. Dans le dédale des petites ou, à travers le dédale, on trouve des cantonnements militaires Anglais, recyclés en ci, en ça, en école de filles aux uniformes survêt', en cloître pour nonnes goitreuses, en associations de défense des droits de mes consommateurs, le village de vacance de jean-Jacques Decaux Asie. C'est qu'ils en ont laissé beaucoup, de ces "barracks", deux étages, deux fois deux chambres, salon central, bon bref. C'est à l'intérieur de l'un d'entre eux que Raoul Engelmann attend. Au début, il attendait beaucoup, en temps et en nombre. Après, il a eu à attendre moins, car les gens venaient plus. Puis, il eu à attendre encore, car les gens venaient moins. Maintenant, au moment ou je vous parle, il attend. J'en suis certain. c'est son métier. Son nouveau métier. Il a eu le job facile. Attendeur du Nord. Il attend la bouffe, il attend le soleil, il attend la nuit, il attend tout, il attend les filles et les garçons pareil, il attend et il entend tout , ne dit jamais rien. Il attend des lettres il attend des photos, il attend le DVD qui se charge , il attend de chier. Il attend de manger, il attend l'hiver, il attend l'été. Il attend Jackie Chan, il attend Brucee Lee, il attend comme-ça, posé sur son crâne. Il est ainsi, Raoul Engelmann. Évidemment, à ce jour, personne ne connait Raoul Engelmann. Et si ça changeait ? Et si cela ne changeait rien ça changerait quoi ? Il attendrait d'être tous les jours un peu plus connu, avec cependant peu de chances d'être reconnu. L'attendeur du nord attendrait la même chose en même quantité même célèbre. C'est toujours à cette théorie que je pense quand je me demande si on gagne à être connu ou si l'on gagne à l'invisibilité. En termes invisibilité, Raoul Engelmann est tout-de-même trop fort, dans sa zone industrielle bordée de jardins anglais crevés.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Fascinée ! pandaworks, pourquoi ne pas l'avoir mis en prose ? (parce qu'il reste quelques coquilles ? çà et là quelques lourdeurs ? )
Comme l'impression d'une description minutieuse "du dedans" par quelqu'un "de l'extérieur". regard aiguisé.
Comme l'impression d'une description minutieuse "du dedans" par quelqu'un "de l'extérieur". regard aiguisé.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Exactement. Mais il y a d'autres raisons, qui sont dans le texte, sur la fin.éclaircie a écrit:pandaworks, pourquoi ne pas l'avoir mis en prose ? (parce qu'il reste quelques coquilles ? çà et là quelques lourdeurs ? )
.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Un mot à pandaworks à propos de ton texte court : continue.
N'attends pas.
N'attends pas.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Toujours sur le texte de Pandaworks: j'ai lu, et pourtant la mise en page n'aide pas... C'est très intéressant, et bizarre aussi. Décousu comme le flot des sensations, ça j'aime beaucoup. On y est, dans cet hong-kong pas de télé. Oui, faudrait sans doute un coup de relecture... mais on y est vraiment. Pour la deuxième partie, pas compris si c'est l'immersion dans quelque chose de bien plus vaste, la description de la ville n'étant qu'une mise en bouche, ou la justification brève et énigmatique de tout ça. Tu peux tout inventer et tout choisir, à partir de là.
Voilà une lecture de quelqu'un "en dehors", même si posté là, peut-être ne souhaitais-tu pas de com ? Boah, j'aime, je le dis... après...
Voilà une lecture de quelqu'un "en dehors", même si posté là, peut-être ne souhaitais-tu pas de com ? Boah, j'aime, je le dis... après...
Lizzie- Nombre de messages : 1162
Age : 58
Localisation : Face à vous, quelle question !
Date d'inscription : 30/01/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Ah Panda, que j’aime ta manière ! Comme tu dévides le fil de ta pensée avec toutes ses ramifications sans jamais perdre l’intérêt du lecteur.
Et j’adore ta réflexion finale autour de la célébrité ou de l’invisibilité. C’est un questionnement que je me pose aussi.
Et j’adore ta réflexion finale autour de la célébrité ou de l’invisibilité. C’est un questionnement que je me pose aussi.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Jour de pluie
En contrebas des fenêtres, le petit chemin qui mène au parc se laissait dévorer par la pluie. C'était une terre docile, abandonnée aux orages ; une matière boueuse que les gouttes maçonnent.
Les rares passants y laissaient une marque, l'empreinte d'une semelle entre les flaques
Profondes
Si l'on en croit les reflets.
C'était donc un jour de pluie, un autre. Le millième sans toi.
Avec l'alcool, les étages semblaient un peu moins haut. Et plus je penchais mon œil dans les verres, mon front au-delà des vitres, plus il me semblait m'éloigner de la boue.
Simple torsion du réel. Les paysages ne sont pas les mêmes quand on les regarde à travers le cul d'une bouteille. On y devine encore les formes et les couleurs ;
la vie, elle, n'y a plus vraiment de sens...
C'était un jour de janvier, un jour pluvieux
Et ma tête empruntait la seule route qui tombe des nuages.
Les rares passants y laissaient une marque, l'empreinte d'une semelle entre les flaques
Profondes
Si l'on en croit les reflets.
C'était donc un jour de pluie, un autre. Le millième sans toi.
Avec l'alcool, les étages semblaient un peu moins haut. Et plus je penchais mon œil dans les verres, mon front au-delà des vitres, plus il me semblait m'éloigner de la boue.
Simple torsion du réel. Les paysages ne sont pas les mêmes quand on les regarde à travers le cul d'une bouteille. On y devine encore les formes et les couleurs ;
la vie, elle, n'y a plus vraiment de sens...
C'était un jour de janvier, un jour pluvieux
Et ma tête empruntait la seule route qui tombe des nuages.
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Ce matin, je me suis réveillé avec des bleus plein le corps. Je ne me rappelle de rien ; et à vrai dire, c'est souvent comme ça, depuis quelques temps.
En fait, ce qui m'inquiète vraiment, ce sont mes mains. Elles sont fines ce matin
élancées et intactes, douces et fragiles, agiles, belles comme des putains de mains de pianiste.
Je n'y ressens aucune douleur, n'y découvre aucune plaie, aucune gêne. Chaque phalange y est à sa place, parfaitement articulée sous la peau. Et les os, à peine saillants, ne remontent à la surface que des formes délicates. Il semblerait qu'hier soir je ne me sois même pas défendu...
Alors oui, ce matin, ce qui m'inquiète vraiment, ce sont mes mains
Et l'histoire qu'elles me racontent à propos de ce que je suis devenu.
En fait, ce qui m'inquiète vraiment, ce sont mes mains. Elles sont fines ce matin
élancées et intactes, douces et fragiles, agiles, belles comme des putains de mains de pianiste.
Je n'y ressens aucune douleur, n'y découvre aucune plaie, aucune gêne. Chaque phalange y est à sa place, parfaitement articulée sous la peau. Et les os, à peine saillants, ne remontent à la surface que des formes délicates. Il semblerait qu'hier soir je ne me sois même pas défendu...
Alors oui, ce matin, ce qui m'inquiète vraiment, ce sont mes mains
Et l'histoire qu'elles me racontent à propos de ce que je suis devenu.
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
C'est drôle ça, je parlais justement des mains il y a un court instant. Les mains, ces oiseaux fascinants...
Excellent, milo, hier et aujourd'hui, comme d'habitude. Toujours autant de plaisir à te lire.
Excellent, milo, hier et aujourd'hui, comme d'habitude. Toujours autant de plaisir à te lire.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
J'aime bien regarder ces paysages dedans vos têtes Panda et Milo. C'est comme des petites fenêtres qui ouvrent sur une façon particulière de cadrer le réel.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
"Les mains, ces oiseaux fascinants..."
...
C'est superbe, Easter(Island). Merci pour ça, et puis merci aussi pour ... Pour tout, en fait...
*
Rebecca, tu n'imagines pas à quel point ton message fait chaud au coeur...
*
[ Oui, je sais, j'aime bien les points de suspensions... Mais c'est parce qu'en fait, j'imagine qu'ils disent clairement tout ce que je ne sais pas dire...] :-)
...
C'est superbe, Easter(Island). Merci pour ça, et puis merci aussi pour ... Pour tout, en fait...
*
Rebecca, tu n'imagines pas à quel point ton message fait chaud au coeur...
*
[ Oui, je sais, j'aime bien les points de suspensions... Mais c'est parce qu'en fait, j'imagine qu'ils disent clairement tout ce que je ne sais pas dire...] :-)
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
« Destruction systématique des choses belles ». Voilà la phrase qui m'est venue, en écrasant le coquelicot.
Je suis resté un moment comme ça, le pied planté dans l'herbe humide, à faire de petits mouvements droite-gauche, jusqu'à ce que la terre recouvre en partie mes orteils.
À cet instant, il me semblait posséder chaque particule de rouge. C'était comme si, moi le mort, je me goinfrais à en vomir de couleurs et de vie sauvage.
L'espace d'une seconde, j'étais le monde entier, j'étais dieu !
Mais maintenant que j'y pense sérieusement,
je me dis qu'il faut vraiment être un gros con pour croire que l'énergie des coquelicots peut traverser les semelles de tongs.
n.b : je tiens à préciser que je n'ai JAMAIS écrasé un coquelicot.
Je suis resté un moment comme ça, le pied planté dans l'herbe humide, à faire de petits mouvements droite-gauche, jusqu'à ce que la terre recouvre en partie mes orteils.
À cet instant, il me semblait posséder chaque particule de rouge. C'était comme si, moi le mort, je me goinfrais à en vomir de couleurs et de vie sauvage.
L'espace d'une seconde, j'étais le monde entier, j'étais dieu !
Mais maintenant que j'y pense sérieusement,
je me dis qu'il faut vraiment être un gros con pour croire que l'énergie des coquelicots peut traverser les semelles de tongs.
n.b : je tiens à préciser que je n'ai JAMAIS écrasé un coquelicot.
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
On l'a posé comme ça, dans une chambre avec vue,
et avec
le sentiment d'être aussi arraché de soi
qu'un bouquet de jonquilles sur une table ikea.
Dehors, les noisetiers rouges ne se lassaient pas d'être verts.
Les enfants étaient partis.
On l'a torché très professionnellement.
On lui a dit bonsoir Mr Gaby.
On a fermé la porte et lui
il a pleuré,
ses moignons encore gonflés de pus pédalant
doucement au clair de lune.
et avec
le sentiment d'être aussi arraché de soi
qu'un bouquet de jonquilles sur une table ikea.
Dehors, les noisetiers rouges ne se lassaient pas d'être verts.
Les enfants étaient partis.
On l'a torché très professionnellement.
On lui a dit bonsoir Mr Gaby.
On a fermé la porte et lui
il a pleuré,
ses moignons encore gonflés de pus pédalant
doucement au clair de lune.
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Suberbe, ça!milo a écrit:En contrebas des fenêtres, le petit chemin qui mène au parc se laissait dévorer par la pluie. C'était une terre docile, abandonnée aux orages ; une matière boueuse que les gouttes maçonnent.
Les rares passants y laissaient une marque, l'empreinte d'une semelle entre les flaques
Profondes
Si l'on en croit les reflets.
C'était donc un jour de pluie, un autre. Le millième sans toi.
Avec l'alcool, les étages semblaient un peu moins haut. Et plus je penchais mon œil dans les verres, mon front au-delà des vitres, plus il me semblait m'éloigner de la boue.
Simple torsion du réel. Les paysages ne sont pas les mêmes quand on les regarde à travers le cul d'une bouteille. On y devine encore les formes et les couleurs ;
la vie, elle, n'y a plus vraiment de sens...
C'était un jour de janvier, un jour pluvieux
Et ma tête empruntait la seule route qui tombe des nuages.
Sans nom
Le vent dans la poussière et dans les feuilles qui tremblent,
Son souffle retenu et son haleine obscène
Tout jeter sur la scène
Naitre qu’en sacrifice
Son souffle retenu et son haleine obscène
Tout jeter sur la scène
Naitre qu’en sacrifice
Jha- Nombre de messages : 1374
Age : 48
Localisation : Archaeopteryx à l'envolée
Date d'inscription : 30/05/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Il n'y a pas plus de sincérité à se donner en entier par amour, qu'à se pendre pour les mêmes motifs.
Le choix de mort est le même.
Tout le reste, n'est qu'une question de temps et d'espoirs divergeant ; une question de heurts ou de petits bonheurs. L'amour est un accident
Les chimistes le savent bien, les trompe-la-mort aussi.
En fait, tout ceci n'est qu'une histoire de bulles et de funambules
Avec plus ou moins de penchants pour le vide intérieur.
Le choix de mort est le même.
Tout le reste, n'est qu'une question de temps et d'espoirs divergeant ; une question de heurts ou de petits bonheurs. L'amour est un accident
Les chimistes le savent bien, les trompe-la-mort aussi.
En fait, tout ceci n'est qu'une histoire de bulles et de funambules
Avec plus ou moins de penchants pour le vide intérieur.
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Jules Pintade (drame bourgeois)
Il rentra chez lui aux alentours de midi. Il se fit cuire des oeufs,
et les fit accompagner d'une fine tranche de jambon - il ne mangea,
bien sûr,
pas la couenne.
Il n'avait plus de liquide vaisselle, mais dans sa poche tout de même,
lui restaient 2 euros et 40 centimes
d'euro.
Il avait possédé, sur lui, jusqu'à hier encore - c'est à dire:
tantôt,
3 euros et 40 centimes
d'euro,
mais, ayant confondu une pièce de vingt centimes
d'euro
avec une pièce de 1
euro,
ne lui restaient, à présent, comme dit
plus tôt,
que 2 euros quarante centimes
d'euros.
Il pensa: comment vais-je donc faire la vaisselle si je n'ai plus de liquide vaisselle?
Et tout de suite: avec de l'eau chaude tirée par moi du robinet pardi!
Tout à coup il était brun.
Il mangea décidément bien trop vite au goût de Bernadette. Oui,
mais c'était lui qui nourrissait les chats, après
tout.
Sa boîte aux lettres était en fer et elle était verte et il y avait son nom marqué dessus. Mais pas
celui de sa femme du fait qu'il comptait trop de lettres de l'alphabet pour tenir
dessus.
On était le douze.
Il y a vait* des cartes postales sur sa cheminée (cartes qui,
par ailleurs,
a
vaient** été jadis déposées déposées*** dans la boîte au lettres en fer susnommée par la main du facteur.
Une fois la cuisson terminée, il mit les oeufs
dans sa bouche et les mangea (avec le jambon toutefois).
C'était bon.
A postériori, il alluma la télé et urina dans ses toilettes. Il la
secoua vigoureusement parce que sinon - il en était intimement persuadé - cela
va
faire
tâche sur le carrelage ou sur la cuvette c'est selon.
Voila donc ce qui provoqua chez lui cet insatiable besoin de reconnaissance qui le
marquera lui-même à jamais.
Lorsque, des années plus tard, il décida d'y revenir bientôt...
* cette faute est voulue car j'ai ainsi souhaité exprimer la détresse et la distance consécutive à ladite détresse
entre le A, symbole de la réussite, et le V (ici orthographié vait pour des raisons personnelles) symbole
de l'appartenance à une patrie définie par la position du corps dans l'espace. (Note de l'auteur.)
** Même chose que le premier * mais au pluriel. (Note du traducteur.)
*** C'est à dire déposées en deux temps. (Note de moi-même.)
Il rentra chez lui aux alentours de midi. Il se fit cuire des oeufs,
et les fit accompagner d'une fine tranche de jambon - il ne mangea,
bien sûr,
pas la couenne.
Il n'avait plus de liquide vaisselle, mais dans sa poche tout de même,
lui restaient 2 euros et 40 centimes
d'euro.
Il avait possédé, sur lui, jusqu'à hier encore - c'est à dire:
tantôt,
3 euros et 40 centimes
d'euro,
mais, ayant confondu une pièce de vingt centimes
d'euro
avec une pièce de 1
euro,
ne lui restaient, à présent, comme dit
plus tôt,
que 2 euros quarante centimes
d'euros.
Il pensa: comment vais-je donc faire la vaisselle si je n'ai plus de liquide vaisselle?
Et tout de suite: avec de l'eau chaude tirée par moi du robinet pardi!
Tout à coup il était brun.
Il mangea décidément bien trop vite au goût de Bernadette. Oui,
mais c'était lui qui nourrissait les chats, après
tout.
Sa boîte aux lettres était en fer et elle était verte et il y avait son nom marqué dessus. Mais pas
celui de sa femme du fait qu'il comptait trop de lettres de l'alphabet pour tenir
dessus.
On était le douze.
Il y a vait* des cartes postales sur sa cheminée (cartes qui,
par ailleurs,
a
vaient** été jadis déposées déposées*** dans la boîte au lettres en fer susnommée par la main du facteur.
Une fois la cuisson terminée, il mit les oeufs
dans sa bouche et les mangea (avec le jambon toutefois).
C'était bon.
A postériori, il alluma la télé et urina dans ses toilettes. Il la
secoua vigoureusement parce que sinon - il en était intimement persuadé - cela
va
faire
tâche sur le carrelage ou sur la cuvette c'est selon.
Voila donc ce qui provoqua chez lui cet insatiable besoin de reconnaissance qui le
marquera lui-même à jamais.
Lorsque, des années plus tard, il décida d'y revenir bientôt...
* cette faute est voulue car j'ai ainsi souhaité exprimer la détresse et la distance consécutive à ladite détresse
entre le A, symbole de la réussite, et le V (ici orthographié vait pour des raisons personnelles) symbole
de l'appartenance à une patrie définie par la position du corps dans l'espace. (Note de l'auteur.)
** Même chose que le premier * mais au pluriel. (Note du traducteur.)
*** C'est à dire déposées en deux temps. (Note de moi-même.)
Page 3 sur 26 • 1, 2, 3, 4 ... 14 ... 26
Sujets similaires
» textes courts (et tristes) en écriture libre
» FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
» Fragments
» Pour les demandes à la Modération : modifications, catalogue VOS ÉCRITS, c'est ici !
» Celeron02 - Textes courts
» FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
» Fragments
» Pour les demandes à la Modération : modifications, catalogue VOS ÉCRITS, c'est ici !
» Celeron02 - Textes courts
Page 3 sur 26
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum