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Chimères - Prologue

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Chimères - Prologue Empty Chimères - Prologue

Message  Loreena Ruin Dim 5 Oct 2008 - 16:31

Voici le début du roman que j'écris...N'hésitez pas à critiquer, à donner vos impressions! Et si cela ne vous plaît pas ou vous parait mauvais, dites le aussi: je suis là pour ça. J'espère que vous aurez autant de plaisir à lire ces lignes que j'en ai eu à les écrire!

Voici le lien pour télécharger mes trois premiers chapitres en PDF, revus et corrigés grâce aux commentaires et aux critiques de VE. Merci à ceux qui ont pris le temps de me lire! (Pensée chaleureuse pour Socque et Evanescent, toujours présents à l'appel^^).
http://www.mediafire.com/?sharekey=b2db1bfa1638e861d2db6fb9a8902bda



CHIMERES



"A la pointe de ma plume,
Je tracerai tes longues ailes funestes,
Toi, Chimère de mon âme,
Eternelle illusion, de l'ombre céleste."




PROLOGUE



Une goutte de sang s’écoule,
Un chant s’élève...
Le chant de la mort ;
Le dernier chant.


La lame avait fendu l’air ; et pour tous, durant un instant, le temps avait suspendu sa longue course. Seul résonnait le vent, qui balayait la plaine dévastée, sifflant les remords et le doute. L’herbe, jadis verdoyante, n’était plus qu’une étendue sèche et piquante, brûlée par le soleil, souillée par le sang. De ce qui avait été beau autrefois ne restait que des ruines, des cadavres…
Et soudain, cette plainte émergea des ténèbres. Si triste, si douce, à la fois grave mais toujours fragile – dernier adieu à ce monde avant de rejoindre celui des morts. Une légère brise l’emporta vers le lointain, là où nul vivant ne peut aller.
De ceux qui s’étaient réunis ici dans la mort, aucun ne put l’oublier. Et l’on garda, longtemps encore, le souvenir de sa mélancolie ; le souvenir de cette guerre, qui prenait fin.

Ainsi s’éteignit l’une des races les plus anciennes qu’est portée cette terre. Son dernier représentant venait de rejoindre ses aïeux.
La quête s’achevait.

§


Tout avait pourtant commencé un matin d’hiver ensoleillé comme tant d’autres matins, à l’heure où l’air est encore frais, quand la neige est tombée toute la nuit…
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Message  Invité Dim 5 Oct 2008 - 16:40

Un début qui donne envie de connaître la suite. C'est bien court pour avoir une véritable impression, toutefois il me semble que vous avez une écriture soignée... trop peut-être, un peu contrainte. Mais j'attends de lire la suite pour vous donner une opinion plus affirmée.

"l’une des races les plus anciennes qu’ait portées cette terre" (pour le pluriel du participe passé, je ne suis pas entièrement certaine, mais je crois qu'en l'occurrence il faut accorder à "races" et non à "l'une", puisque la terre a porté des races)

Bienvenue !

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Message  Loreena Ruin Dim 5 Oct 2008 - 16:43

Merci bien pour ce premier commentaire!! Je crois que vous avez raison pour ce qui est du temps...je vais y remédier. J'espère que vous reviendrez lire la suite que je posterai prochainement!!

Au plaisir de vous lire à nouveau,
Ruin.
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Message  moun Dim 5 Oct 2008 - 17:19

bonsoir

alors j'aime beaucoup ceci, ( j'ai même adoré)

Et soudain, cette plainte émergea des ténèbres. Si triste, si douce, à la fois grave mais toujours fragile – dernier adieu à ce monde avant de rejoindre celui des morts.

alors evidemment on attend la suite d'un pied ferme ^^
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Message  mentor Dim 5 Oct 2008 - 19:27

Pour compléter les remarques de socque :
"ne (restait) restaient que des ruines, des cadavres…"

J'ai me bien également, c'est accrocheur et j'attends la suite ;-)

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Chimères - Prologue Empty La suite

Message  Loreena Ruin Dim 5 Oct 2008 - 20:15

Enfin, j'ai réussi à poster LA suite et pas une belle feuille vierge...Je m'excuse du dérangement occasionné par mes balbutiements en informatique...

Merci à tous pour vos commentaires! Devant votre enthousiasme, je ne résiste pas à l'envie de vous faire lire la suite...j'espère qu'elle ne vous décevra pas!!
Amicalement,
Ruin.

PS: si quelqu'un pouvait m'indiquer comment faire pour corriger mes fautes sur un texte déjà posté je lui en serais très reconnaissant! Merci d'avance!


Première partie
Naissance


– I –

Rupture



Elorä se réveilla en sursaut.
Devant ses yeux défilaient encore les images saisissantes d’une cité en ruine émergeant de la brume, au plus profond d’une forêt tapissée de mousse. Elle pouvait sentir l’odeur humide du sous-bois, ombragé par le feuillage épais des géants sylvestres.
Et il y avait ce sentier mystérieux, surgissant d’entre les troncs centenaires, qu’elle ne pouvait s’empêcher d’emprunter – et qui la conduisait fatalement vers sa chute incontrôlée dans un abîme insondable…

Ses rêves étaient décidément trop réels. Elorä attendit, avec le calme stoïque caractérisant ceux qui ont fini par apprivoiser leurs peurs, que sa dernière vision s’évanouisse. Elle fit le vide dans sa tête pour reprendre conscience de la réalité. Régulant sa respiration, elle laissa ses sens aiguisés s’éveiller.
Recouvrir ses facultés, endormies par l’inconscience de la nuit, la réconfortait toujours : elle se sentait revivre.
Étendue sur la paillasse qui lui faisait office de lit, elle pouvait contempler les ombres qui dansaient sur le plafond. Un mince filet de lumière s’infiltrait dans la pièce par une unique petite fenêtre située juste au-dessus de sa tête. Le soleil venait à peine de se lever.
Elle se laissa bercer par la mélodie de la brise matinale. Les oiseaux, encore timides, s’étaient remis à chanter – éveillés de leur long sommeil hivernal par la chaleur renaissante. Elle devinait la neige toute fraîche qui, dehors, étouffait peut-être les pas feutrés d’un renard ou d’une biche, surpris par le jour et pressé de rejoindre les bois qui entouraient la chaumière. L’atmosphère chaleureuse de sa chambre était comme une caresse l’invitant à se rendormir.
Cependant, son corps semblaient n’avoir qu’un désir : rejoindre ce monde naissant, à peine sorti de la longue attente nocturne qui, déjà, commençait à s’épanouir sans elle. Ses poumons réclamaient cet air vif, cet air frai – celui qui emporte les senteurs pâles de la nuit pour vous emmener, sous des cieux lumineux, au début d’une nouvelle aventure. Cet air enfin, si particulier des premiers matins de printemps, qui derrière le froid piquant de l’hiver, cache l’effluve délicat du renouveau. Elle voulait entendre les oiseaux et leur chant d’adieu à la rudesse de ces longs mois de blanc, de noir et de gris, éloge à la vie qui allait, enfin, pouvoir inonder les terres et les âmes. Il lui tardait de retrouver Ilonë, sa vieille nourrice, pour goûter avec elle l’intensité de ce moment de passage, dont la beauté ne pouvait lui échapper.
Un léger souffle de vent fit grincer la vieille porte en bois de la pièce voisine. Elorä frissonna. Malgré le soleil, il faisait toujours aussi froid dans la maison de pierre. L’hiver était encore maître des lieux et le printemps ne s’installerait pas avant plusieurs jours. Mais, après toute une saison passée enfermée à étudier ou à raccommoder de vieux vêtements, rien ne pouvait altérer sa joie à la vue des rayons de lumière qui traversaient sa chambre de part en part. Ses jambes semblaient prêtes à la porter au bout du monde.
À peine levée, elle dû entreprendre l’époussetage de son pantalon de lin, savamment rapiécé par les mains habiles d’Ilonë, dans lequel s’étaient accrochées quelques brindilles de paille.
J’ai encore dormi tout habillée, constata t-elle avec un sourire.
Elle se souvenait vaguement s’être écroulée de fatigue après la longue soirée de la veille. Assise auprès de la cheminée, Ilonë lui avait raconté une fois de plus l’histoire de la Guerre d’Ergol, durant laquelle toutes les Races s’étaient allié contre le seigneur Rekam – un Wars Noir à la triste renommée, partagée entre exploits de guerre et sanglantes actions. La vieille femme adorait passer des nuits entières, l’hiver, à se rappeler les temps anciens et les légendes d’autrefois. Elorä écoutait ces aventures depuis sa plus tendre enfance. Elle s’imaginait souvent, vivant à ces époques troublées, parcourant le monde en quête de justice et rencontrant sur sa route toutes sortes de créatures – des sages Elfes, des guerriers fougueux, des Dragons terrifiants, des Fées magiciennes…
Mais ce n’était que des rêves. Destinée à une vie humble, elle n’était qu’une jeune paysanne, vivant une réalité bien monotone dans la campagne la plus reculée d’un monde dont l’immensité faisait travailler son imagination.
Après avoir réajusté son ample chemise blanche, elle resserra son corset de cuir et enfila ses bottes de daim. À cet instant, elle eut un étrange pressentiment.
Elle cessa un instant de s’agiter. Comme elle n’entendait aucun bruit suspect, elle entrepris de faire un brin de toilette. Une bassine remplie d’eau destinée à cet effet était soigneusement préparée sur la petite commode de bois qu’elle s’était elle-même fabriquée et qui, du reste, était son seul mobilier.
Après s’être vivement aspergé le visage pour se réveiller, elle s’essuya du revers de la manche et vérifia rapidement que sa chaîne d’argent, qui ne la quittait jamais, était toujours autour de son cou. Elle eut alors un nouveau sentiment de malaise. Regardant autour d’elle, elle tendit longuement l’oreille : tout semblait calme.
Je me fais des idées.
S’emparant du peigne déposé non loin de la bassine, elle tenta de se coiffer – mais abandonna aussitôt : après tout, elle détestait se laver et cette touffe ébouriffée, d’un étrange vert bleuissant, qui lui couvrait la tête, lui avait toujours donné du fil à retordre. Elle haïssait ces cheveux dont la couleur extravagante suscitait toutes sortes de questions avides, posées sur un ton poliment hypocrite, auxquelles elles ne savait que répondre. Elle n’aimait pas beaucoup les gens, et encore moins ceux qui s’intéressaient à elle dans l’unique but d’avoir de nouveaux ragots à raconter.
Sa réflexion fut dérangée par un grincement sonore venant d’à côté. Brusquement, la source de son malaise lui apparut clairement.
Le silence.
Il n’y avait pas un bruit dans la maisonnette. Seul persistait le bourdonnement joyeux de la nature et de la brise soufflant sur le toit de chaume.
Elle connaissait la vieille maison, chacun de ses bruits, chacune de ses odeurs : c’était son petit monde, sa routine sensorielle. Au fil du temps, elle avait découvert que son appréciation du réel était davantage liée à ses perceptions olfactives et auditives qu’à celles de sa vision. Ainsi, elle entendait, sentait et ressentait les choses bien avant de les voir, là où les autres ne reconnaissaient que de vagues stimuli. Et ce matin-là, justement, il y avait un « je ne sais quoi » qui n’allait pas.
Ce silence était inhabituel.
Elle ne percevait pas la respiration paisible de sa nourrice à travers la mince cloison qui séparait les deux pièces. Elle n’entendait pas non plus le crépitement rassurant du feu dans l’âtre. Ilonë s’était donc absentée ? La chose n’annonçait rien de bon. Son amie sortait rarement le matin, et encore moins à cette époque de l’année.
Elle n’aimait pas que la vieille femme parte sans la prévenir. Cela n’était guère prudent. Habituellement, Elorä était réveillée au moindre bruit et savait donc si elle était sortie ou non. Son ouïe lui aurait-elle fait défaut ?
Sentant une vague d’inquiétude monter en elle, elle pénétra à pas feutrés dans la pièce principale.
- Ilonë ? demanda t-elle – à tout hasard – en poussant la porte.
Elle n’obtint aucune réponse.
Des bourrasques de vent neigeuses s’engouffraient dans la pièce par la porte d’entrée, restée grande ouverte, qui gémissait un peu plus à chaque souffle. Elorä fut parcourue d’un frisson. Elle se dirigea vers la porte pour la fermer.
Ayant fait à peine deux pas dans la pièce, elle s’arrêta, pétrifiée. A quelques mètres, sur le sol de pierre, gisait le corps inerte de sa nourrice.
Elle portait sa robe grise et son tablier de travail, qui tant de fois avaient volé dans la brise du matin – à présent figés sur ses membres raides, durcis par le gel. Son bonnet de laine couronnait son doux visage, aussi blanc que la neige qui venait mourir sur ses joues sans couleurs. Sa peau de porcelaine avait pris les teintes du froid – ses yeux étaient fermés, si bien qu’elle semblait presque paisible, réconciliée avec le monde. A côté d’elle reposait un fagot de branches dont les brindilles éparpillées, mêlées à la neige poudreuse, voletaient d’un angle à l’autre de la pièce.
Elorä se précipita.
Sans vouloir comprendre, elle la prit dans ses bras, elle l’appela. Mais les paupières bleuissantes de son amie restaient closes. Les petites rides qui partaient du coin de ses yeux s’étaient figées dans un éternel sommeil – sa peau était si fine, qu’elle pouvait en distinguer les veines, qui transparaissaient à travers elle en minuscules rivières violettes.
Elorä se tint agenouillée auprès de ce corps rigide et pesant, oubliant le froid qui s’infiltrait en elle et lui glaçait le sang. Ses yeux étaient secs, aussi secs que son cœur qui refusait de croire – d’admettre – ce que son esprit rejetait de toutes ses forces.
Ce n’est pas possible.
Le regard dans le vide, incapable de bouger, immobile comme une statue de marbre, elle restait là, aussi blême que la mort qui venait de lui retirer sa seule famille…
Cela ne pouvait être arrivé.
Pas comme ça.
Elle se sentait blessée au plus profond d’elle-même, là où elle n’avait jamais imaginé pouvoir être touchée.
De longues minutes s’écoulèrent avant que la réalité ne s’impose à elle – glaciale et piquante comme une épée venue se planter dans son flanc. Elle fut secouée de violents sanglots, tentant désespérément d’extirper de son corps la douleur incontrôlable qui lui serrait les entrailles. Elle resta un long moment ainsi, vomissant sa détresse, sans aucune conscience du monde autour d’elle. Et lorsque son corps tremblant n’eut plus assez de force pour pleurer, ses lèvres se figèrent dans un rictus de souffrance, comme prêtes à pousser un terrible cri de détresse. Mais aucun son n’en sorti, et ce cri resta muet, inexprimé à jamais. Elle s’immobilisa dans le noir, vidée de tout et pleine de rien.

Le vent s’était calmé. Une douce brise venait souffler dans ses cheveux, dont l’étrange couleur ressortait curieusement sur ses joues rougies de larmes.
Elle haït ce souffle de vie sur son visage, cette neige fraîche et pure qui venait glisser jusqu’à ses pieds, ce soleil blafard qui semblait rire de son malheur, ces petites fleurs blanches moqueuses, qui apparaissaient à quelques mètres de la porte.
Toute cette beauté lui répugnait.
Dans un élan de colère, elle se précipita à l’extérieur, piétina la neige, arracha les fleurs, frappa le sol gelé de toute la force de ses poings et insulta le monde de tous les noms. Seul le picotement de l’eau sur ses mains éraflées, la fit subitement revenir à la réalité. Elle s’immobilisa par terre, dans un état second.
- Pourquoi ? gémit-elle.
Elle se releva. Et, retournant à l’intérieur, elle s’empara du cadavre de sa nourrice et le secoua comme un vulgaire pantin.
- Pourquoi, tu entends ? Tu n’as pas le droit de me laisser ! ! hurla t-elle. Je te hais !
Réalisant ce qu’elle était en train de faire, emportée par cette colère étrangère à elle-même, elle lâcha le corps qui tomba lourdement sur le sol. Pétrifiée, elle contempla avec horreur la tête rejetée en arrière de la morte, son visage violet et ses cheveux blancs poisseux, s’étalant en flaque sur le sol. Elle détourna les yeux. Submergée par une vague de souvenir, elle éclata à nouveau en sanglots.
Lorsque sa torpeur fut retombée, ne pouvant supporter un instant de plus la vue de ce corps qui n’était pas celui de sa nourrice, elle l’enveloppa dans un linceul blanc et, le soulevant avec difficulté, elle alla l’étendre sur le vieux sommier, à côté de la cheminée. Après quoi, elle resta assise à ses côtés, les minutes puis les heures s’écoulant sans qu’elle en ait conscience.
La journée suivante vint. Elle ne vit ni la nuit se coucher ni le jour se lever. Il faisait noir dans sa tête, dans son cœur et dans ses rêves.
...
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Message  mentor Dim 5 Oct 2008 - 20:19

Loreena Ruin a écrit:PS: si quelqu'un pouvait m'indiquer comment faire pour corriger mes fautes sur un texte déjà posté je lui en serais très reconnaissant! Merci d'avance!
On peut pas ! C'est simple : on peut pas ! ;-)
Nous oui, toi pas
Poum !
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Message  Loreena Ruin Dim 5 Oct 2008 - 20:21

Ah d'accord! Bon bah je saurais pour la prochaine fois. Merci tout plein!

Ruin.
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Message  Invité Dim 5 Oct 2008 - 21:25

Les sentiments du personnage me paraissent bien décrits, convaincants (j'ai bien aimé quand elle se met en colère contre le cadavre), cela dit je trouve que le texte gagnerait à être un peu resserré : au réveil de la jeune femme, la période où elle se demande ce qu'il se passe avant de sortir me paraît un peu longue. Idem pour ses premières réactions à la découverte du corps de sa nourrice.
J'ai aimé les descriptions.

Je trouve que vous abusez parfois des adjectifs, par exemple dans la phrase :
"Et il y avait ce sentier mystérieux, surgissant d’entre les troncs centenaires, qu’elle ne pouvait s’empêcher d’emprunter – et qui la conduisait fatalement vers sa chute incontrôlée dans un abîme insondable",
tous les substantifs sont accompagnés de leur qualificatif. C'est trop pour moi, cela donne une impression de saturation...

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Message  Loreena Ruin Dim 5 Oct 2008 - 21:32

Merci de vos commentaires et d'avoir pris le temps de me lire, socque! Je comprend vos remarques (je sais bien que mon style peut-être un peu "lourd" par moments) mais je ne puis pour l'instant m'en détacher, d'autant que cela me permet de travailler sur le vocabulaire (dont je manque cruellement me semble t-il) et j'avoue apprécier les envolées lyriques!
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Message  Evanescent Dim 5 Oct 2008 - 22:02

Ah, bravo ! J'ai beaucoup aimé ton texte.
Quelques petites (toutes petites) remarques:

Ses rêves étaient décidément trop réels.
Cette phrase me semble en trop. On se doute déjà de la suite, ne nous la dis pas avec autant de clarté.
elle se sentait revivre.
J'aurais plutot dit 'elle se sentait vivre'. Le 'revivre' me semble étrange.

Elle devinait la neige toute fraîche qui, dehors,

à peine sorti de la longue attente nocturne qui, déjà,
Cet air enfin, si particulier des premiers matins de printemps, qui derrière le froid piquant de l’hiver,
éloge à la vie qui allait, enfin,

Une bassine remplie d’eau destinée à cet effet était soigneusement préparée sur la petite commode de bois qu’elle s’était elle-même fabriquée et qui, du reste, était son seul mobilier.
C'est lourd les "qui, ...,", et y'en a beaucoup.

Au fil du temps, elle avait découvert que son appréciation du réel était davantage liée à ses perceptions olfactives et auditives qu’à celles de sa vision.

Oulà, bien compliquée ta phrase. Je trouve qu'elle ne s'accorde pas bien avec le reste du texte.

et savait donc si elle était sortie ou non.
Pas très joli le 'si elle était sortie ou non'.

à présent figés sur ses membres raides, durcis par le gel.

Une image très banale.

Sans vouloir comprendre, elle la prit dans ses bras, elle l’appela. Mais les paupières bleuissantes de son amie restaient closes.
C'est son amie ou sa nourice ?


J'attends la suite en tous cas :-)
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Message  Invité Lun 6 Oct 2008 - 1:37

De ce qui avait été beau autrefois ne restait que des ruines, des cadavres…
J'attire ton attention sur cette phrase.
Tu n'a pas mentionné de villes ou constructions dans ta plaine.
La présence de ruines en devient étrange. Au figuré c'est possible et intéressant. ça ferait même un beau vers: la plaine ruinée...
mais ici ce n'est pas le propos. Bon courage, je lirai la suite bientôt.

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Message  Sahkti Lun 6 Oct 2008 - 11:45

Même si je ne suis pas toujours bon public pour ce genre d'univers et de textes, je reconnais que l'écriture est soignée et que l'ambiance prend progressivement forme, tout comme l'intrigue.
Toutefois, un bémol malgré tout sur certaines phrases, trop longues ou trop détaillées, sur l'emploi également d'un vocabulaire parfois chargé qui alourdit le propos.
De manière générale, je trouve cela très lié, presque trop. Les phrases se suivent, se ressemblent et s'emboîtent pour composer une vaste fresque hésitant entre lyrisme et fantasy, mais il y a peu de respirations possibles et sur du long terme, je crains que cela ne devienne étouffant.
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Message  Loreena Ruin Lun 6 Oct 2008 - 15:05

Evanescent: merci pour le temps que tu as pris à me lire et commenter! Je prends bien note de tout cela (d'autant que nous nous rejoignons sur beaucoup de phrases, que je trouvais moi aussi bancales...) mais j'avoue qu'il est parfois difficile de retoucher un ensemble déjà construit...Et ta remarque sur les "qui" c'est un vieux défaut que je traîne depuis longtemps...mais je ne m'en étais même pas rendu compte cette fois! C'est vrai que quand on a le nez dans son texte, on a parfois du mal à prendre du recul!
En tout cas vraiment, merci, crois-moi tout ce que tu as dis sera revu et corrigé (enfin, je ne garanti pas de supprimer tous les "qui" parce que ça fait aussi partie de ma façon d'écrire ;-) !)

Pandaworks: merci pour ta remarque, c'est vrai que je n'avais pas vraiment pensé à ça...je crois que j'ai péché par amour du mot "ruine"...!!!

Sahkti: ta remarque m'a beaucoup plu, parce qu'elle parle du rythme et du style, sur lesquels j'ai encore quelques difficultés: cela ne fait qu'un an que je retravaille mes textes dans ce sens, et j'avoue que ça donne un ensemble encore dépareillé du à la recherche de quelque chose de vraiment personnel..d'où peut-être cette hésitation entre lyrisme et fantasy que tu as senti. J'aimerai réussir à allier les deux, je sais que j'ai encore du travail: mais le fait que tu le remarque est déjà bon signe: j'ai réussi à faire quelque chose, au moins! Quand aux respirations, je penses que lorsque j'aurais écrit un peu plus (100 pages seulement à l'heure qu'il est) je ferai un travail d'épuration général, pour redonner une uniformité au tout et faire "couler" un peu plus les choses...il faut voir les textes que je présente comme des essais sur certains effets de style...la trame ne changera probablement pas, mais je ne considère rien de ce que j'écris comme "abouti" pour l'instant. En tout cas, j'espère que tu liras la suite et me donneras tes impressions afin que je sache où c'est trop "lourd" et où ça l'est moins. Mais je pense que la phrase longue, si elle est bien ponctuée est tout à fait lisible et peu ne pas être "étouffante" (j'essaye de tendre vers quelque chose qui y ressemble, mais je suis encore bien loin de maître Proust :-)!!!)


Bientôt la suite du chapitre 1,
Au plaisir de vous lire,

Ruin.
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Message  Sahkti Lun 6 Oct 2008 - 15:11

Loreena Ruin a écrit:En tout cas, j'espère que tu liras la suite et me donneras tes impressions afin que je sache où c'est trop "lourd" et où ça l'est moins.
Avec plaisir!
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Chimères - Prologue Empty Chapitre I - suite

Message  Loreena Ruin Lun 6 Oct 2008 - 15:50

Voilà la suite du chapitre I (Rupture)! J'espère que cela ne vous paraîtra pas trop long...Je conçois qu'on mette un peu de temps à rentrer dans l'action... Je sais, je suis lente ><. je précise aussi que j'ai fait de récentes modifications sur cette partie, donc qu'il est possible qu'il y ait des lourdeurs (pas encore pris le temps de retravailler ce que j'ai ajouté) et que je n'en suis pas encore très satisfaite. A revoir donc, mais j'espère que cela vous plaira quand même. :-)

Le matin suivant, un voyageur arrivant du sud, espérant obtenir quelques vivres et de quoi abreuver son cheval, s’arrêta devant la chaumière. Il se demanda s’il ne s’était pas mépris : la maison semblait vide. Comme il frappait, la petite porte en bois, tout juste repoussée, s’ouvrit dans un grincement sec.
Intrigué, le voyageur jeta un coup d’œil à l’intérieur. Il tomba né à né avec une jeune femme à moitié évanouie, les yeux cernés de noirs et le teint blanc craie. Un instant effrayé par cette vision fantomatique, il eut un mouvement de recul. Puis, se reprenant, il s’approcha, incertain.
Les lèvres entrouvertes de l’enfant étaient aussi bleues que ses cheveux touffus. Elle ne devait pas avoir conscience de sa présence – ses yeux à la couleur vert d’eau regardaient dans le vide et ses membres semblaient durs comme le bois. Seul le soulèvement irrégulier de sa poitrine lui indiquait qu’elle était encore en vie.
- Mademoiselle ?
Sa voix résonna comme un lointain écho dans la tête d’Elorä. Elle prononça quelques mots qu’il ne comprit pas, puis ferma les yeux et retomba dans sa torpeur.
- Mademoiselle, réveillez-vous ! ! fit-il en la prenant par les épaules.
Elle ne réagit pas. Il hésita un instant avant de la soulever précautionneusement. Il chercha un endroit où l’allonger et découvrit, non sans un sursaut, que le lit était déjà occupé, par un véritable cadavre cette fois. Il emmena donc sa protégée dans la seconde pièce où il trouva une paillasse pour l’étendre. Après quoi, il sortit sa gourde d’eau et lui donna à boire. Elle ouvrit les yeux à demi.
Elle est à bout de force, cette pauvre petite.
- Reposez-vous, ordonna t-il avec bienveillance.
Il retourna dans la cuisine et y trouva de la viande fumée et des fruits secs. Il revint au chevet de la jeune fille avec ses trouvailles.
- Mangez, dit-il, il faut reprendre des forces.
Elle mangea en silence. Au fur et à mesure qu’elle avalait, Elorä se sentait vivre à nouveau. Son cerveau se remettait lentement en marche.
- C’est bien ! fit l’homme.
Elorä l’observait, sans trop comprendre ce qui lui arrivait. Elle ne le connaissait pas. Il sentait le cheval et la sueur. C’était un voyageur, à en juger par son accoutrement. Il portait une longue cape marron trouée par endroits, de vieilles bottes et une sacoche usagée. Il devait avoir une quarantaine d’années, mais son regard bienveillant, plein de sagesse, lui donnait l’air plus âgé.
- Je m’appelle Sengrüs, dit-il.
Elorä eut l’impression de ne plus savoir parler. Elle se contenta donc de le regarder avec méfiance.
- Vous reprenez des couleurs, c’est bon signe.
Elle esquissa un sourire. Puis, soudain exténuée, elle ferma les yeux et s’endormit. Sengrüs fut heureux de la voir dormir si paisiblement. Elle lui rappelait sa fille – qu’il avait laissée à Eban avec le reste de sa famille.
Pris de compassion envers cette inconnue, il décida d’attendre qu’elle soit remise pour reprendre la route. Après tout, le message qu’il avait à transmettre n’était pas urgent et cette jeune fille avait visiblement besoin de la présence de quelqu’un, au moins pendant quelques jours.

§


Cinq jours s’étaient écoulés depuis le décès brutal d’Ilonë. Sengrüs était resté à son chevet, il lui avait raconté ses voyages, parlé du message qu’il devait amener à Minéas, la cité royale, et de sa famille. Il avait trois enfants – deux filles et un garçon. Elles, venaient de se marier et son fils était soldat dans l’armée royale. Il n’avait jamais eu d’ennuis et son travail de messager à la Cour lui permettait amplement de subvenir à ses besoins et à ceux de sa femme. Il la décrivait comme une épouse de caractère, douce et intentionnée. « Têtue comme un cochon » affirmait-il en riant. C’était un homme comblé, disait-il. Elorä voulait bien le croire.
Ils avaient finalement enterré le corps de sa nourrice derrière la maison. La jeune fille ne s’y était recueillie qu’une fois ; depuis, elle était prise d’un tel malaise lorsqu’elle passait non loin de la tombe, qu’elle préférait encore faire le tour pour l’éviter. Elle s’était convaincue que s’apitoyer sur le sort ne la mènerait nulle part. C’est ainsi que, lentement, elle avait commencé à songer à l’avenir.
La première chose qui lui était venu à l’esprit était qu’elle ne supporterait pas de rester plus longtemps dans la vieille maison, qui lui rappelait sans cesse l’absence de son amie. Mais où aller ? Qu’allait-elle devenir ? Ces questions ne cessaient de la tourmenter.
Elle ne voyait pas qui pourrait l’accueillir, ne se souvenant pas avoir « d’amis » qui puissent l’aider. Les gens qu’elle fréquentait se résumaient au vieux prêtre sénile de l’église, à l’aubergiste et au forgeron du village voisin – pour lesquels elle faisait quelques courses de temps en temps.
Elle passait la plupart de son temps dans la forêt, ou avec Ilonë. Si elle se rendait tous les ans, malgré tout, à la fête du village, c’était surtout pour faire plaisir à cette dernière – car elle-même s’y sentait mal à l’aise. En effet, comme elle ne venait pas souvent, tous les regards se posaient sur elle, curieux ou moqueurs. Ilonë lui avait souvent dit, lorsqu’elle était petite, après qu’elle se soit plainte des mauvaises blagues faites par les gamins du village, qu’il fallait qu’elle fasse des efforts pour être aimable et que tout ce passerai bien. Elorä avait essayé ; mais elle finissait toujours par être celle qu’on laissait de côté. Les chamailleries enfantines l’ennuyait et, lorsque ce n’étaient pas ses camarades qui lui demandait de partir, elle s’en allait d’elle-même, préférant retourner à la maison et se plonger dans un livre. Eux, qui ne savaient pour la plupart ni lire ni écrire, trouvaient cela bizarre, de même que sa couleur de cheveux, que toutes les filles montraient du doigt avec pitié, ou encore cette mystérieuse capacité qu’elle avait de porter des objets bien trop lourds pour elle.
Comme leurs bambins, les villageois, habitués à leur routine, faisaient facilement d’un petit détail une montagne de ragots et de messe basses. Leurs esprits étriqués ne savaient que critiquer et juger ; si Elorä n’avait pas été pas persuadée qu’il existait, quelque part, des gens dont les préoccupations dépassaient les limites de leur jardin, elle se serait, en se basant sur ce village, fait une bien piètre idée de l’espèce humaine. Ilonë défendaient ces « braves » paysans avec une naïveté qui avait toujours révolté la jeune fille. Sa nourrice prétendait que c’était là des gens simples mais courageux, élevés dans le labeur. Elorä ne voyait pas en quoi il fallait du courage pour répéter, jour après jour, les mêmes gestes, les mêmes histoires et les mêmes complaintes.
Pour toutes ces raisons, et aussi parce qu’elle était trop fière pour admettre devant Sengrüs qu’elle n’avait aucun « ami » parmi les villageois, elle refusait catégoriquement l’idée d’aller demander de l’aide à l’un d’entre eux.
Elle aimait à croire qu’elle était capable de partir seule sur les routes, et de trouver un travail à Minéas, l’unique ville de la région Idormienne. L’opulence de cette grande cité, dont elle avait souvent entendu parler, semblait promettre à quiconque s’y installait une prospérité immense. Elle voyait donc la ville comme le lieu de tous les possibles, où elle rencontrerait, sans doutes, des gens ouverts sur le monde. C’était de toute façon le seul endroit où elle se voyait aller, car le pays Idormien se résumait, en dehors de cette cité, à de petits villages repliés sur eux-mêmes, à l’image du sien, et elle ne comptait pas, si elle s’en allait, retrouver le même mode de vie que celui qu’elle quittait. Elle avait avoué ce projet à son hôte, s’attendant à le voir sourire de son audace ; mais sa réaction avait été toute autre :
- Tu pourrais venir avec moi, dans ce cas, avait-il joyeusement proposé.
Elorä n’en avait pas cru ses oreilles.
- Je vais à Minéas, nous pourrions faire voyage ensemble. Je connais quelqu’un là-bas qui pourra peut-être te donner du travail. Ce n’est pas grand chose, mais c’est mieux que rien !
Devant l’air ébahi d’Elorä, il se mit à rire. Elle resta muette. Depuis le début, cet homme s’était occupé d’elle comme s’ils se connaissaient depuis toujours, comme s’il n’y avait là rien de plus naturel. Elle s’était d’abord méfiée de cette sympathie à laquelle elle n’était pas habituée de la part d’un étranger ; mais très vite, ses intentions lui avaient parues parfaitement bienveillantes et nobles. Elle avait toujours pu sentir ces choses-là ; mais c’était la première fois que quelqu’un d’autre qu’Ilonë lui adressait une telle amitié et une telle compréhension. Au lieu de lui conseiller de rester dans cette vieille chaumière et de continuer à vivre comme elle l’avait toujours fait (ce qui aurait été, assurément, la meilleure chose à faire dans la situation), il comprenait son besoin de partir et lui ouvrait un passage inespéré entre sa vie présente et un futur jusque-là rêvé.
- Il ne faut pas que tu te sentes obligée de m’accompagner – je sais que nous ne nous connaissons pas depuis longtemps, avança t-il en faisant les cent pas dans la cuisine. Mais si tu veux partir, autant le faire avec quelqu’un. Je me vois mal te laisser t’aventurer seule, au hasard, sur les routes, au risque de faire de mauvaises rencontres. Réfléchis à ce qu’aurait souhaité ta nourrice.
Elorä baissa les yeux. Elle ignorait ce qu’Ilonë lui aurait conseillé pour son départ ; en revanche, elle était persuadée que son amie n’aurait jamais laissé la maison à l’abandon, et qu’elle lui en aurait voulu de renoncer à la vie de paysanne qui pour elle, était la meilleure. En même temps, depuis sa plus tendre enfance, Elorä rêvait de partir – elle ne s’était jamais imaginé rester toute sa vie dans cet endroit. Elle avait même élaboré, à plusieurs reprises, des plans pour s’enfuir, quitter cette vie recluse qui l’étouffait et ce village où tous lui semblaient hostiles. Mais au dernier moment, elle s’était toujours fait une raison, se trouvant ridicule et ingrate envers celle qui l’avait élevée.
- Allons, tu as besoin de temps pour te décider – je pars demain. A toi de voir.
Sengrüs s’était donné cette limite, conscient que, même si son message n’était pas urgent, il devait respecter un minimum son délai. Un trop grand retard serait suspect, et il n’aimait pas qu’on ait à redire de ses services. Il s’étonnait lui-même d’être déjà resté aussi longtemps, lui qui s’était promis de ne plus se mêler des affaires des autres ! Mais il y avait quelque chose chez cette jeune fille de quinze ans qui l’avait ému – dès l’instant où il l’avait vue – et qui s’était confirmé par la suite. Etait-ce la franchise tranchante de ses émotions, sa méfiance vis-à-vis de tout ce qu’elle ne connaissait pas, son aspect étrange – avec ce quelque chose de sauvage dans le regard, qui lui donnait à la fois un air animal et mystérieux – ou tout simplement, la tragédie qui la frappait, qui le poussait à s’en occuper ainsi ? Peut-être tout à la fois, en fait.
Une enfant dans un corps de femme…pensa t-il en l’observant.
Avec ses grands yeux rêveurs, d’un bleu-vert étonnant, et ses traits doux qui dépareillaient d’avec ses vieux vêtements rapiécés, il voyait bien qu’elle n’était pas faite pour cette vie isolée et il devinait qu’elle aspirait à autre chose. Après être parvenu à créer un lien avec elle, il s’était aperçu que son comportement distant, un peu brut pour une si jeune femme, cachait un esprit vif, un ardent désir de découverte et un tempérament ferme, un peu cassant, qu’il mettait en partie sur le compte de sa récente peine. Elle était comme une petite fille qui, résignée à une vie humble, aurait refoulé ses aspirations d’aventurière.
S’il affichait toujours une humeur joviale, s’entendant bien avec tout le monde, Sengrüs avait l’habitude de ne pas se lier aux gens qu’il croisait au cours de ses voyages – pour ne pas avoir à en souffrir par la suite. Pourtant, il s’était vite attaché à Elorä. Son intuition le trompait rarement. Il était d’ores et déjà persuadé qu’il pouvait lui accorder sa confiance – et quelque chose lui disait que ce sentiment était réciproque.


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Message  Loreena Ruin Lun 6 Oct 2008 - 15:58

Hum, je me relis en postant le message précédent: certain passages sont carrément mauvais!!! je le reconnais... et pas mal de "et" devraient êtres transformés en point virgule...l'utilisation du mot "bizarre" est inadéquate et le début est trop saccadé par des virgules inutiles...(et s'il n'y avait que cela! enfin, maintenant, c'est posté, je ne peux plus reculer.)

*J'attends avec angoisse vos critiques*

Amicalement,
Ruin.
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Message  Invité Lun 6 Oct 2008 - 17:07

Ben, ça roule... Je n'ai rien vu de choquant en lisant (sauf le "né à né" au lieu de "nez à nez"), mais, bien sûr, c'est toujours bon de relire et d'améliorer. Peut-être avez-vous un peu trop tendance à vous appesantir sur les états d'âme des personnages, j'ai l'impression qu'il vous arrive de dire plusieurs fois la même chose.

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Message  Evanescent Lun 6 Oct 2008 - 20:57

Le matin suivant, un voyageur arrivant du sud, espérant obtenir quelques vivres et de quoi abreuver son cheval, s’arrêta devant la chaumière.

Deux participes présent dans la même phrase c'est beaucoup.

par un véritable cadavre cette fois.
Le 'véritable' est... bizarre.

Elle ouvrit les yeux à demi.
Elle ouvrit à demi les yeux.
ou
Elle ouvrit les yeux à moitié.
Mais là je crois que ça colle pas.

Elle est à bout de force, cette pauvre petite.
Cette phrase devrait pas être au passé ? Le discour indirecte libre... ben il est indirecte par définition ^^

Elorä eut l’impression de ne plus savoir parler.
Avait l'impression... non ?

Cinq jours s’étaient écoulés depuis le décès brutal d’Ilonë. Sengrüs était resté à son chevet,
"...au chevet d'Elorä." Là le 'son' se rapporte à Ilonë.

Elles, venaient de se marier
La virgule un peu en trop ^^

Il la décrivait comme une épouse de caractère, douce et intentionnée.
attentionnée, non ?

La jeune fille ne s’y était recueillie qu’une fois ; depuis, elle était prise d’un tel malaise lorsqu’elle passait non loin de la tombe, qu’elle préférait encore faire le tour pour l’éviter.
Beaucoup de 'elle' dans cette phrase.

La première chose qui lui était venu à l’esprit était qu’elle ne supporterait pas de rester plus longtemps dans la vieille maison, qui lui rappelait sans cesse l’absence de son amie.
Les 'qui' sont déjà lourd, on peut s'en servir mais ne mets pas en plus des virgules en trop devant. Y'a pas de virgule avant un 'qui' (enfin quand il est placé de cette manière).

Ilonë lui avait souvent dit, lorsqu’elle était petite, après qu’elle se soit plainte des mauvaises blagues faites par les gamins du village, qu’il fallait qu’elle fasse des efforts pour être aimable et que tout ce passerai bien.
Oulà... met un point ! Cinq propositions, rien que ça. ^^

Les chamailleries enfantines l’ennuyaient
Eux, qui ne savaient pour la plupart ni lire ni écrire, trouvaient cela bizarre, de même que sa couleur de cheveux, que toutes les filles montraient du doigt avec pitié, ou encore cette mystérieuse capacité qu’elle avait de porter des objets bien trop lourds pour elle.
Pareil. Fais sauter les touches "Q" et "U" de ton clavier lool

Et la touche " , " aussi. Y'en a au moins trois fois trop:
si Elorä n’avait pas été pas persuadée qu’il existait, quelque part, des gens dont les préoccupations dépassaient les limites de leur jardin, elle se serait, en se basant sur ce village, fait une bien piètre idée de l’espèce humaine.
si Elorä n'avait pas été persuadée qu'il existait quelque part des gens dont les préoccupations dépassaient les limites de leur jardins elle se serait, en se basant sur ce village, fait une bien piètre idée de l'espèce humaine.

En même temps, depuis sa plus tendre enfance, Elorä rêvait de partir
'En même temps' est pas le bon mot je crois. C'est très parlé. 'D'un autre coté' conviendrait mieux.

lui qui s’était promis de ne plus se mêler des affaires des autres !
Je comprends pas le point d'exclamation, là.

En fait après réflexion le problème c'est peut-être pas les 'qui', c'est les virgules en trop (et en particulier avant les 'qui').

J'ai fait pas mal de remarques mais pour la plupart ce sont des détails.
J'attends la suite. Ca démarre bien bien ton histoire ^^
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Message  kazar Lun 6 Oct 2008 - 23:44

Salut Loreena, et bienvenue ici !

Je n'ai pas commenté ton prologue car trop court pour me faire une idée du monde que tu crées.

Tout ce qui suit n'est que mon avis personnel et subjectif ; à prendre comme il vient ! ;-)

Ca fait beaucoup, et ça peut donner l'impression d'une refonte ; il n'en est rien. Je pense juste qu'une aide n'est utile qu'illustrée.

Sur la forme, j'ai peiné dès le début de ton premier chapitre, à cause des adjectifs (et compléments) trop nombreux :
Devant ses yeux défilaient encore les images saisissantes d’une cité en ruine émergeant de la brume, au plus profond d’une forêt tapissée de mousse. Elle pouvait sentir l’odeur humide du sous-bois, ombragé par le feuillage épais des géants sylvestres.
Et il y avait ce sentier mystérieux, surgissant d’entre les troncs centenaires, qu’elle ne pouvait s’empêcher d’emprunter – et qui la conduisait fatalement vers sa chute incontrôlée dans un abîme insondable
Je me suis ressaisi et ai poursuivi en omettant cette profusion :

que sa dernière vision s’évanouisse
.
On est au passé : s'évanouît (ou se fût évanouie). Détail. Mais la concordance des temps, c'est primordial pour pondre un texte abouti.

D'une manière générale, tes phrases sont longues, passent d'une action à l'autre, d'un sujet à l'autre dans une succession qui ne sert pas le récit :
Elle devinait la neige toute fraîche qui, dehors, étouffait peut-être les pas feutrés d’un renard ou d’une biche, surpris par le jour et pressé de rejoindre les bois qui entouraient la chaumière.
Ca en fait, du monde ! :-))

Cependant, son corps semblaient n’avoir qu’un désir : rejoindre ce monde naissant, à peine sorti de la longue attente nocturne qui, déjà, commençait à s’épanouir sans elle.
Là, je me dis : bon, d'accord, elle se réveille, elle aime ça, d'accord, elle en a envie, d'accord...C'est un peu longuet.
Destinée à une vie humble, elle n’était qu’une jeune paysanne, vivant une réalité bien monotone dans la campagne la plus reculée d’un monde dont l’immensité faisait travailler son imagination
.
Voilà, enfin, on entre dans le personnage, dans l'histoire, le paysage...

Comme elle n’entendait aucun bruit suspect, elle entrepris de faire un brin de toilette
.
Je ne comprends pas pourquoi un bruit suspect pourrait l'empêcher de faire sa toilette ? Il n'y a que la vieille, et elle s'entend bien avec ?

Sa réflexion fut dérangée par un grincement sonore
Si un grincement n'est pas sonore, on ne l'entend pas et on n'est pas dérangé par lui.

Sans vouloir comprendre, elle la prit dans ses bras, elle l’appela.
Encore un détail (mais la qualité réside dans le détail) : elle prend qui ? La porte, la neige, la vieille ? C'est logique mais pas clair. Dans la globalité, tout le passage de la découverte du corps est peu clair. Les sujets (elle) ne sont pas toujours bien définis : attention, le lecteur doit savoir qui il regarde quand il te lit.

Mais les paupières bleuissantes de son amie restaient closes.
Encore bleuissantes. C'est loin d'être une répétition chocante, mais le mot est assez bizarre pour laisser une trace. Et longtemps.

Elle s’immobilisa dans le noir, vidée de tout et pleine de rien.
J'adore cette phrase !

Pétrifiée, elle contempla avec horreur la tête rejetée en arrière de la morte,

On sent que tu as eu du mal sur cette phrase. La tête de la morte rejetée en arriière ? Pas clair : c'est la morte ou la tête qui est rejetée ? Bon, c'est pas simple.

Sur la forme, toujours, c'est très lent et redondant. Les cheveux, le bleu, la neige, le vent, le corps, tout revient sans cesse, et sans apporter de nouveauté.
Je pense que tu pourrais gagner en rythme sans perdre la poésie qui baigne ton histoire.
On sent que tu aimes écrire, que tu aimes t'attarder sur les choses et en tirer leur beauté profonde, celle qui nous échappe si on passe trop vite devant.
Mais pense "vision d'ensemble". Tout ce que tu dis (ou en tout cas, la majorité) devrait raconter quelque chose. Pas simplement décrire, avec de belles phrases. Va à l'essentiel.

Pour finir, c'est écrit dans un bon français (et c'est un bon point !)

Voilà, je vais lire le deuxième chapitre.

:-)
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Message  Loreena Ruin Mar 7 Oct 2008 - 12:22

Hé bien, Evanescent et Kazar, vous me gâtez!! Je suis vraiment ravie de rencontrer (par texte interposé, comprenons-nous bien) des gens aussi attentifs aux détails et désireux de m'aider!

Juste un détail pour Evanescent: la phrase "Elle est à bout de force cette pauvre petite" ce n'est pas du discours indirect, c'est juste que j'ai oublié de le mettre en italique pour montrer qu'il s'agit des pensées du personnage! Ca risque d'arriver souvent, je loupe parfois ce genre de chose quand je mets les codes, j'en suis désolée!

Sinon, Kazar, pour l'histoire du "s'évanouisse" je t'assure que c'est le bon temps (la fille qui a vérifié dans sa grammaire^^) et relis la phrase avec "se fût évanouie": ça n'a pas le même sens. Sinon, tu as raison, le "bon français" est essentiel dans un texte. Je précise que ce que tu vas lire est la suite (et pas la fin) du chapitre 1, non le chapitre 2 (enfin ce n'est qu'un détail :-))

Pour les substantifs, au risque de me répéter, je comprend que cela soit un peu lourd pour certains, mais je suis dans un "travail" d'écriture, et je cherche donc à approfondir mon lexique et je tente différents style...j'ai conscience que cela puisse sembler lourd, et j'épurerai plus tard, pour donner une uniformité au texte, mais pour l'instant, je laisse comme ça. Par contre pour la répétition des actions, je note et je changerai ça. Vous me direz si la suite du texte est aussi répétitive.

Pour ce qui est de la découverte du corps de la nourrice, j'ai chercher à transmettre une émotion et la répétition des mêmes thèmes est voulue: la lenteur traduit la longueur du moment...et la douleur qui dure elle aussi. Si j'avais voulu seulement dire que la nourrice était morte j'aurais écrit: "elle découvrit le corps inerte de sa nourrice et pleura longtemps" (c'est un peu caricatural mais c'est l'idée)...je pense que ce portrait à pour but de porter autre chose...si je n'ai pas réussi c'est un autre problème :S!

Kazar, pour tous les détails du genre "la tête en arrière de la nourrice", c'est très juste, je ne m'étais pas vraiment rendu compte des problèmes de compréhension que cela pouvait poser, je vais essayer de faire plus attention, et je compte sur toi pour me signaler ces incorrections ;-)!

Enfin Evanescent, je suis d'accord: peut-être moins de "qui" mais surtout un retravaillage sur le rythme avec moins de virgules!

En vous remerciant et en espérant que la suite vous plaira...

Ruin.

PS: n'hésitez pas non plus à donner votre avis sur la psychologie des personnages, s'ils vous paraissent attachants ou pas du tout, si ils sont "plausibles"...
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Message  kazar Mar 7 Oct 2008 - 13:03

Loreena Ruin a écrit: mais pour l'instant, je laisse comme ça.
C'est toi le patron hein !! ^^
Ton oeuvre, ton ressenti, tout ça.

Pour ce qui est de la découverte du corps de la nourrice, j'ai chercher à transmettre une émotion et la répétition des mêmes thèmes est voulue:
Je comprends bien. Mais il y a (à mon avis) un compromis entre ces deux options...

PS: n'hésitez pas non plus à donner votre avis sur la psychologie des personnages, s'ils vous paraissent attachants ou pas du tout, si ils sont "plausibles"...
La psychologie d'Elorä est pour l'instant (pour moi) absente. Entends là : je n'ai pas lu (dans cette première partie) beaucoup d'elle-même (à part qu'elle est seule, avec une nourrice, etc). Je te donnerai mon avis.

C'est marrant, il y a pas mal d'éléments de ton texte qui me rappellent le mien...Tu peux fouiller dans le forum. La jeune fille et la montagne ;-)
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Message  Evanescent Mar 7 Oct 2008 - 20:58

A mon avis tout ce qui nous a dérangé a été amplifié par les virgules en trop. C'est bêtes que de si petites choses alourdissent à ce point. Mais ça c'est facile à corriger ^^

Je suis d'accord avec kazar, la psychologie des personnages je ne la vois pas. Pour l'instant ils restent très classiques. La fille solitaire et pas comme les autres qui part à l'aventure et l'homme plein de bonté qui la prend sous sa protection... Un peu banal. Tu pourrais te pencher plus sur des détails (des défauts ? on a l'impression qu'ils n'en ont pas ^^) qui nous les rendraient plus humains.

Tu es sûre que c'est pas "s'évanouît" ? "évanouisse", c'est du subjonctif présent si je ne m'abuse...
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Message  mentor Mar 7 Oct 2008 - 21:03

Evanescent a écrit:Tu es sûre que c'est pas "s'évanouît" ? "évanouisse", c'est du subjonctif présent si je ne m'abuse...
trop forte ! ;-)

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Message  Evanescent Mar 7 Oct 2008 - 21:12

moque toi ! Moi qui essaye de dire malgré mon exquise politesse qui entrave mes explications (ainsi que mon absolue modestie ^^) que la concordance des temps de base c'est de pas mettre un présent perdu abandonné dans un texte au passé. le pauv'...

Puis fringué d'une phrase de deux mots, non verbale, une exclamation atrocement (ignoblement) familière à mes oreilles d'ado, finie par un point d'exclamation facile et (pire, bien pire) suivi d'un smiley puéril ><

:-) non je ne suis pas chiante. C'est juste une impression lool
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Message  Lucy Mar 7 Oct 2008 - 22:07

C'est pas mal mais j'ai, parfois, été un peu perdue.

Je n'ai lu que le prologue et la première partie. Je reviendrai, plus tard, pour la suite.

Et bienvenue à toi !!!
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Message  Lucy Mer 8 Oct 2008 - 12:24

Voilà, j'ai lu la suite comme promis.

De petites fautes et certains termes dont le sens m'échappe mais, dans l'ensemble, ton histoire se tient. Ton écriture est fluide et agréable.

Bon courage pour la suite de cette aventure qui ne fait - je pense - que commencer !
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Message  Loreena Ruin Sam 11 Oct 2008 - 11:03

Merci pour tous vos commentaires et désolé si j'ai mis un peu de temps à y répondre! Merci Lucy pour tes encouragements! Et mentor et Evanescent, je vous en prie, ne vous étripez pas!!!

Laissant Sengrüs faire la sieste après le repas, Elorä alla se promener dans les bois, espérant trouver conseil auprès des arbres silencieux. La forêt avait toujours été un lieu où elle pouvait se ressourcer. Là, elle était libre de prendre des décisions en toute sincérité avec elle-même. Et aujourd’hui, justement, elle avait un choix à faire.
Bien qu’elle n’en eut pas pris conscience immédiatement après le décès d’Ilonë, elle commençait à entrevoir, à présent, que sa vie prenait un tournant décisif. Par le passé, elle avait laissé Ilonë prendre les décisions importantes à sa place, en se contentant le plus souvent de donner son avis sans s’impliquer. Maintenant, par la force des choses, elle se trouvait devant un choix qu’elle seule pouvait faire. Et ce choix allait probablement déterminer le reste de sa vie.
Si je reste, la vie qu’Ilonë voulait avoir m’attend : une vie paisible, solitaire, entre le village et les champs. Si je pars, c’est l’aventure. Les découvertes et le danger. C’est faire confiance à un inconnu, prendre le risque de ne jamais revenir et d’abandonner tout ce que je connais.
Elle avait toujours désiré s’en aller mais – maintenant qu’elle en avait la possibilité – cela l’effrayait.
Les oiseaux chantaient dans les branches dénudées des feuillus, lui rappelant la vie paisible qu’elle avait mené jusque-là. Mais cette vie s’était brisée, lui semblait-il, avec la disparition de sa nourrice. Plus jamais son bonheur ne serait le même.
Comme il n’avait plus neigé ces derniers jours, le sol était encore gelé, mais la neige fondait à vive allure sous le soleil printanier. Elorä inspira une grande bouffée d’air frai. Sans s’en apercevoir, elle se mit à caresser du bout de doigts sa chaîne d’argent. Elle la portait déjà autour du coup lorsque Ilonë l’avait trouvée devant sa porte, alors qu’elle n’était qu’un bébé. Cette dernière lui avait dit plus tard de ne jamais la détacher : elle pensait qu’il s’agissait d’un porte-bonheur d’une grande valeur. Elorä ne l’avait jamais retirée. C’était devenu pour elle l’objet qui la reliait à ses origines inconnues, comme si, à chaque fois qu’elle la touchait, elle était un peu plus proche de ses parents. Qui étaient-ils ? Et pourquoi l’avaient-ils abandonnée? Ces questions, elle se les posait depuis toujours. Ilonë ne lui en avait jamais parlé. Et maintenant, il était trop tard.
Indécise, mais le cœur plus léger, Elorä prit le chemin du retour.

Lorsqu’elle arriva, Sengrüs l’attendait, assis sur le vieux muret de pierres qui entourait la maison, affûtant la lame de son épée. Elle s’étonna de ne pas avoir remarqué plus tôt qu’il était armé.
- Alors, tu t’es décidée ? demanda t-il.
- Non, fit-elle, gênée.
- Je m’en doutais…Tu sais manier l’épée ?
Elorä le regarda, interloquée.
- Je voudrais savoir si tu sais manier l’épée, répéta t-il en désignant son arme, cela peut servir. Il faudrait que tu saches te défendre – que tu viennes avec moi ou pas.
- J’ai bien essayé, quelques fois…
- Tu as appris ?
- Je faisais ça pour m’amuser. Le forgeron m’avait montré quelques coups – j’essayais juste de l’imiter.
- Tu en as une ?
- Je ne sais pas où Ilonë l’a rangée – elle n’aimait pas me voir avec – mais je pense pouvoir la retrouver.
- Je serais ravi de voir de quoi tu es capable !
Devant son enthousiasme non dissimulé, Elorä décida d’aller la chercher. Elle rentra et se mit à fouiller un peu partout. Elle regarda sous le lit, dans les placards et dans l’unique armoire qui contenait tous les livres d’Ilonë – ceux avec lesquels elle avait appris à lire – mais ne trouva rien. Ilonë s’en était-elle débarrassée ? Elle s’était mis dans une telle fureur en la surprenant, un jour, en train de jouer avec…
C’est alors que ses yeux se posèrent sur une petite malle, discrètement rangée sur l’armoire. Elle monta sur une chaise et la descendit. Comme elle s’apprêtait à l’ouvrir, elle retint son geste. Ilonë ne lui avait jamais parlé de cette malle. Elle ne l’avait même jamais ouverte devant elle. Ce qu’il y avait dedans ne la regardait pas. Elle hésita – mais sa curiosité eut finalement le dessus. Ilonë était partie, cela ne pouvait plus faire de mal à personne.
La malle s’ouvrit sans résistance. Elorä écarquilla les yeux. La boîte contenait un véritable trésor : il y avait non seulement sa vieille épée, mais aussi une bourse remplie de pièces et une lettre. Cette dernière attira l’attention d’Elorä – peut-être parce qu’elle était à son nom.
Les idées se bousculèrent dans sa tête tandis que, les mains tremblantes, elle s’emparait du précieux objet. Elle avait immédiatement reconnu l’écriture d’Ilonë, propre et appliquée. Le papier avait été jauni par le temps.
Cela fait des années qu’elle l’a écrite…
Que pouvait bien contenir ce message pour qu’Ilonë ne lui ait jamais donné ? Peut-être sa nourrice l’avait t-elle laissé ici dans l’espoir que sa fille adoptive le découvre ? Les jambes tremblantes, Elorä alla s’asseoir sur une chaise avant de parcourir les premières lignes – non sans appréhension. La lettre commençait ainsi :

Ma très chère Elorä,

Si tu as trouvé cette lettre c’est que je ne suis plus de ce monde à l’heure qu’il est. Alors avant tout, continue d’avoir confiance en la vie, comme je te l’ai toujours appris. Il te faut savoir que où que je sois à présent, tu es toujours ma petite fille entêtée, ma courageuse Elorä. Je sais que tu es triste, ne te le caches pas à toi-même. Mais il ne faut pas s’abandonner à la peine. Je veux que tu ailles de l’avant.
J’ai beaucoup de choses à te dire et c’est peut-être un tort de ne pas l’avoir fait de mon vivant. Mais je sais alors que j’écris ces lignes et que je te regarde jouer devant la maison, que je n’en trouverai pas la force. J’ai donc, peut-être par acquis de conscience, entrepris de t’écrire cette lettre que – je l’espère – tu as trouvé à temps.
Nous sommes si différentes, toi et moi. Tu as à peine dix ans aujourd’hui, et tu m’étonnes chaque jour un peu plus. Je me demande quel âge tu as à présent. Tu es sans doute une belle et grande jeune fille…
Une jeune fille apte à connaître la vérité. Vérité que je t’ai si longtemps cachée, par peur que tu ne me rejettes ou que tu ne puisses pas comprendre…Je m’excuse de cette lâcheté, elle me répugne sans que je puisse la combattre et pourtant les Dieux savent combien la sincérité est chère à mes yeux. Je n’ai d’autre excuse que celle d’avoir fait ce que mon cœur me dictait et cela en dépit du bon sens. Je n’ai jamais pensé à mal, j’essayais juste de te préserver.
Mais il faut maintenant que je m’explique. Ton histoire ne commence pas, comme je te l’ai souvent dit, un matin de printemps. Je ne t’ai pas trouvée devant ma porte. Cela n’est qu’une fable, inventée longtemps après le jour où le Comte Héar de Minéas, chez lequel je travaillais alors comme servante, m’a confié ta garde.


Elorä interrompit sa lecture, essayant de se respirer. Son visage, qu’elle avait si difficilement gardé impassible les jours précédents, dégoulinait à présent de larmes. Reconnaître l’écriture d’Ilonë l’avait émue, mais son cœur s’était brusquement serré en comprenant que le message n’était nullement une simple lettre d’adieux. C’était comme si, après le choc de la mort de sa nourrice, le monde s’écroulait une seconde fois.
Je n’ai pas été abandonnée.
On l’avait confiée à sa nourrice. Elle n’était pas une enfant indésirée, rejetée, comme elle l’avait toujours cru. Comment Ilonë avait-elle pu lui mentir à ce point ? « par peur que tu me rejettes ou que tu ne puisses pas comprendre…» relut-elle. Mais comment pouvait-elle comprendre un tel manque de confiance ? Sa nourrice, en écrivant ces mots, ne semblait pas avoir pris conscience du fait que toute la vie d’Elorä avait jusqu’à présent été influencée par l’idée d’être une enfant adoptée. Elle s’était toujours considérée comme abandonnée et c’est pourquoi elle se réjouissait d’être encore en vie et d’avoir eu la chance d’être recueillie, se contentant de son humble condition. Mieux, elle avait accordé une confiance sans limites à cette mère que le destin lui avait envoyé. Toutes ces idées préconçues – qu’elle s’était elle-même fabriquées – lui avaient permis pendant toutes ses années de se satisfaire du minimum et de se contenter de ce que la vie lui avait apporté.
Et maintenant, elle découvrait que tout cela n’était qu’une illusion fausse et que, depuis tout ce temps, elle s’était sentie obligée de jouer un rôle qui n’était pas le sien. Cela était tout simplement injuste.
La lettre continuait ainsi :

Lorsque j’ai accepté de m’occuper de toi, le Comte Héar m’a demandé de quitter le château et d’aller m’installer dans un endroit reculé. Je lui ai demandé qui tu étais et pourquoi je devais te cacher ainsi. Il a répondu qu’une Dame t’avait confiée à lui, pour te mettre en sûreté. Il semblait effrayé, mais ne m’en a pas dit davantage. Ton arrivée tombait mal : le roi venait de mourir sans laisser de descendance et ses vassaux, dont faisait partie le Comte, s’affrontaient pour prendre le pouvoir. A tout moment la demeure où nous vivions pouvait être prise d’assaut. Le Comte, afin d’honorer la promesse faite à cette mystérieuse « Dame », devait te protéger. C’est pourquoi il fit appel à moi, pour t’éloigner le temps des affrontements.
J’avais alors un cousin qui habitait ici même, dans la maison où tu as grandi, et je savais – malgré quelques différents dans le passé – qu’il nous accueillerait bien. J’ai donc quitté la demeure du Comte dans le plus grand secret, avec un nourrisson et assez d’argent pour subsister quelques temps. Le voyage depuis Minéas fut long et difficile en cette période de troubles. J’en garde un souvenir douloureux – on trouvait des villages incendiés et des soldats mourants partout. Mais malgré ces obstacles, nous sommes arrivées à destination. Comme je l’espérais, mon cousin nous a accueillies à bras ouverts.
Voilà comment tu es arrivée ici. La suite n’est pas glorieuse et j’ai honte de te dire que ton destin a été décidé sur les caprices d’un homme que j’estimais. Les affrontements durèrent presque deux ans, durant lesquels je n’eus aucune nouvelle du Comte. Mon cousin mourut dans un accident à la chasse, et nous nous retrouvâmes toutes les deux. Conformément à ce que l’on m’avait demandé, je gardais le secret de ton origine et racontais aux gens du village que tu avais été abandonnée.
Te voir grandir était merveilleux. Je commençais même à apprécier la vie de campagne. Et puis, un jour, un messager avec une lettre du Comte arriva. Cette lettre me remerciait de tout ce que j’avais fait et m’annonçait qu’il venait d’avoir un fils. Elle m’expliquait aussi clairement que ton retour n’était pas désiré, du moins pas immédiatement. A ma grande surprise, le Comte me demandait un dernier service, qui consistait à veiller sur toi jusqu’à l’âge adulte. Il ne donnait pas d’explication sinon qu’il était très occupé et qu’il savait que je t’éduquerais aussi bien qu’il aurait pu le faire. Il ajoutait que tu serais toujours la bienvenue dans sa maison s’il m’arrivait malheur et que lorsque tu serais en âge de décider, tu pourrais venir lui rendre visite si tu le désirais.
Une importante somme d’argent accompagnait ce message. Tu la trouveras dans la malle: elle t’appartient. Je n’ai pas eu le cœur de m’en servir : j’aurais eu l’impression d’avoir été achetée pour te garder. Après cet événement, je décidais d’oublier jusqu’au nom de Héar pour t’éviter la souffrance d’avoir été rejetée de cette manière...
Tu connais le reste de cette histoire qui nous a amené à vivre ensemble comme paysannes, moi qui ne m’étais jamais imaginé vivre à la campagne et encore moins élever un enfant....
Je ne sais pas qui est cette «Dame» dont parlait Héar. Ni ce que lui et sa famille sont devenus. Tu es libre maintenant d’aller te présenter devant lui, si tu le veux. S’il refuse de te reconnaître, montres-lui le message qu’il m’a lui-même envoyé: tu le trouveras dans la malle. Ce n’est pas un homme mauvais, malgré ses tords, et je pense qu’il tiendra sa dernière promesse.

Je ne veux pas que tu te sentes obligée de partir, mais je pense qu’il faut que tu te réconcilies avec le passé et que tu tentes ta chance. Toi qui adores les contes, pourquoi ne pas vivre ta propre histoire ?
Mais c’est à toi de faire ce choix. Je te confie la maison de mon cousin. Si tu décide de la quitter, saches que cela fait des années que le forgeron veut l’acheter pour en faire un atelier. Prends les livres que tu veux, je lègue le reste au prêtre du village, s’il est encore en vie. Une dernière chose : le collier d’argent, tu l’avais déjà quand tu es arrivée chez le Comte. Je t’ai dit qu’il s’agissait d’un porte bonheur…non pas pour échapper à tes questions, mais parce que j’avais le sentiment que si j’avais dû abandonner mon enfant, je lui aurais laissé quelque chose de moi, sinon un protecteur, un objet qui lui permette de me retrouver, un jour. C’est pourquoi je tenais à ce que tu le portes.
Voilà. C’est tout. Merci de m’avoir rendu heureuse. Sache que t’élever n’a pas été une charge pour moi. J’ai l’impression d’avoir découvert la vie, ici, dans la simplicité.
Je ne regrette rien.
Ton amie qui veillera toujours sur toi,
Ilonë


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Message  Invité Sam 11 Oct 2008 - 11:23

L'histoire se déroule de manière attendue, dans une écriture fluide... C'est agréable mais un peu prévisible à mon goût.

J'ai relevé quelques maladresses :
"Elle avait toujours désiré s’en aller mais – maintenant qu’elle en avait la possibilité – cela l’effrayait.
Les oiseaux chantaient dans les branches dénudées des feuillus, lui rappelant la vie paisible qu’elle avait mené jusque-là. Mais cette vie s’était brisée, lui semblait-il, avec la disparition de sa nourrice. Plus jamais son bonheur ne serait le même.
Comme il n’avait plus neigé ces derniers jours, le sol était encore gelé, mais la neige fondait à vive allure sous le soleil printanier." (Je pinaille, c'est vrai, mais je trouve que ça se voit, ces trois "mais" rapprochés.)
"Son visage, qu’elle avait si difficilement gardé impassible les jours précédents, dégoulinait à présent de larmes" : je trouve malheureux le choix du verbe "dégouliner".
"une illusion fausse"

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Message  Loreena Ruin Sam 11 Oct 2008 - 11:46

Merci socque, toujours premier à commenter, ça fait plaisir

Pour le déroulement de l'histoire, je sais qu'il peut paraître attendu...de même que la personnalité de mes personnages. Il est vrai que j'ai inventé la trame à l'âge de 14 ans et que ça s'en ressent un peu...je m'en excuse, et je dirais juste pour "ma défense" :-) , que cela se complexifie considérablement par la suite, même si cela met un peu de temps à démarrer.

Voilà, merci encore, et à bientôt!

Ruin.
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Message  Evanescent Sam 11 Oct 2008 - 13:53

Et mentor et Evanescent, je vous en prie, ne vous étripez pas!!!
T'inquiète on vas pas s'étriper. C'est juste que je suis tellement adorable et douée et intelligente et (bref)... Faut pas en vouloir à Mentor il se bat contre l'immence jalousie qui le catatonise (ça existe pas ça je crois ^^), le pauvre. Mais l'est gentil, si si. :-)))

La forêt avait toujours été un lieu où elle pouvait se ressourcer. Là, elle était libre de prendre des décisions en toute sincérité avec elle-même. Et aujourd’hui, justement, elle avait un choix à faire.
'ressourcer', je trouve que le mot est mal choisi ; sinon les deux autres phrases sont un peu en trop. On a compris !! :-))

Maintenant, par la force des choses, elle se trouvait devant un choix qu’elle seule pouvait faire. Et ce choix allait probablement déterminer le reste de sa vie.
Y'a pas un synonyme au mot 'choix' ? Un peu dommage la répétition.

Indécise, mais le cœur plus léger, Elorä prit le chemin du retour.
J'ai pas compris pourquoi elle a le coeur plus léger ? Ca fait "j'en ai marre de cette scène ; aller, entourloupe : scène suivante"

Elle s’était mis dans une telle fureur en la surprenant, un jour, en train de jouer avec…
'en train de jouer avec...' C'est pas joli comme fin de phrase... (oui je suis chiante, mentor, vient confirmer ^^)

Cette dernière attira l’attention d’Elorä – peut-être parce qu’elle était à son nom.
Peut-être ? J'aurais plutôt vu :
"Cette dernière atira l'attention d'Elorä : elle était à son nom."

J’ai donc, peut-être par acquis de conscience, entrepris de t’écrire cette lettre que – je l’espère – tu as trouvé à temps.
Ca fait beaucoup de précautions en une seule phrase. 'peut-être par acquis de conscience' ; 'je l'espère'. Ca m'a coupé dans ma lecture.

Tu as à peine dix ans aujourd’hui, et tu m’étonnes chaque jour un peu plus. Je me demande quel âge tu as à présent.
Deux présents qui renvoient à deux moments différent. L'un à coté de l'autre ça fait bizarre.

Toutes ces idées préconçues
Je ne suis pas sûre que préconçue soit le bon mot.


Ah, beaucoup mieux l'écriture, sans les 'qui' et les virgules en trop.
J'attends toujours la suite et je m'en réjouis à l'avance. Si je te prends la tête sur des détails... bah tant pis pour toi t'avais qu'a écrire un texte que j'aime pas ^^
Bravo, ton histoire commence à avancer, je veux savoir la suite.

sinon tes personnages ont toujours aucuns défauts, ils sont pas humains ? ^^
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Message  Loreena Ruin Sam 11 Oct 2008 - 14:10

Merci tout plein Evanescent! Comme d'habitude je prend bonne note de tes remarques, toujours incisives et en général (presque toujours^^) justifiées! Faudra te faire à mes super personnages bien "idéaux" enfin surtout Elorä...je ne lui ai pas encore trouvé d'autre défaut que la perfection, désolée! Je poste le début du chapitre 2 alors???...Oui!

– II –

Découverte


- Debout ! C’est l’heure !
Elorä leva un regard ensommeillé vers Sengrüs. Celui-ci se tenait devant la porte, son baluchon à l’épaule.
- Prépare-toi, nous partons dans cinq minutes. Je suis en bas.
Sans attendre de réponse, il tourna les talons et sortit. Elorä entendit ses pas s’éloigner dans le couloir et descendre l’escalier menant à la salle principale. A cette heure, l’auberge était encore silencieuse – si l’on exceptait les ronflements sifflants du propriétaire dans la pièce d’en dessous, et la respiration paisible de leurs voisins de chambre. Des moineaux piaillaient en sautillant sur le toit, tandis que dehors les roues d’une charrette craquaient sur le sol dur.
Elorä s’extirpa de son lit et, traversant la petite pièce sous les toits, vint appuyer son visage contre les carreaux sales de la minuscule fenêtre. Dans la pénombre lumineuse de l’aube, quelques villageois matinaux allaient et venaient en faisant claquer leurs sabots sur le pavé. Les dernières traces boueuses de neige avaient gelé au cours de la nuit. Le contraste saisissant entre le ciel limpide et la nature flétrie lui fit songer à sa propre existence en pleine transformation.
La journée passée ainsi que la précédente avaient été les plus excitentes de toute son existence. Rien, en quinze années de vie au milieu des bois, ne l’avait préparé à un tel bouleversement de ses habitudes – et elle aimait cette impression d’aller chaque jour vers l’inconnu.
Elle avait rêvé le monde au fil de ses lectures, marché aux côtés de personnages imaginaires, rêvé les paysages de cette terre familière et étrangère à la fois, qu'elle n'avait jusque-là contemplée qu’à travers de vieilles cartes. Ce monde devenait réel, il prenait des couleurs et des aspects inattendus – elle faisait corps avec lui à chaque instant dans cette découverte, comme si, pour la première fois, tout ce qui l’entourait avait une véritable consistance. Elle savait où elle allait, sans savoir où cela la mènerait.
Comme le lui avait conseillé Ilonë, elle avait vendu la maison au forgeron. Celui-ci lui avait assuré que, si elle se décidait à revenir au village, elle y serait toujours la bienvenue – Elorä l'avait remercié tout en sachant qu’il était peu probable que cela se produise. A son grand étonnement, les villageois étaient venu lui présenter leurs condoléances. Apparemment, tous avaient connu sa mère adoptive et partageaient son chagrin.
« Même si on la voyait plus d’puis quelqu’s’années – lui avait confié la boulangère, une grosse femme aux cheveux gras et poudreux – on l’aimait bien, vot’mère. Elle pensait aux aut’es c’te femme, ça s’fait rare les gens pareils à c’t’époque. ».
Elorä s’était senti étrangement agacée par toutes ces manifestations de sympathie.
- Quelque chose te tracasse ? lui avait demandé Sengrüs en voyant son air renfrogné.
- Tous ces gens prétendent connaître Ilonë, ils disent qu’ils sont désolés et qu’ils me comprennent. Mais que savent-ils d’elle ? De moi ? Ils ne sont jamais venu lui rendre visite, et ils n’iront probablement jamais sur sa tombe. Alors, pourquoi faire semblant d’être triste ?
- Les gens ont besoin d’avoir la conscience tranquille. Ils ressentent peut-être une tristesse sincère – elle est juste très différente de la tienne. Certains s’en veulent sans doute de ne pas être venu voir ta nourrice plus tôt et espèrent qu’en se montrant gentils et bienveillants avec toi, ils se sentiront mieux. Ils aiment leur tranquillité. Parce qu’ils ont versé quelques larmes ce matin, ils dormiront sur leurs deux oreilles ce soir, et demain sera une journée comme les autres. La vie continue. Tout le monde fait ça.
- Je ne ferai jamais ça. Je les déteste.
Et ils étaient partis. Elorä s’était décidée à rechercher le comte Héar. Elle sentait au fond d’elle-même que cette rencontre lui était indispensable. Quelque chose avait changé, sans qu’elle sache trop quoi, depuis qu’elle avait l’espoir de n’avoir pas été abandonnée par ses parents. Peut-être même était-elle d’origine noble ? Elle avait toujours su qu’elle n’était pas faite pour être paysanne. Mais dans ce cas, pourquoi le comte l’avait-il laissée à Ilonë ? Qui était cette mystérieuse « Dame » dont la lettre de sa nourrice parlait ? Et pourquoi avait-elle été confiée au comte ? Etait-elle née de quelques amours honteux? Cela aurait pu expliquer qu’Héar n’ait pas souhaité l’élever.
Elle en voulait toujours à Ilonë de lui avoir caché la vérité. Si elle avait su plus tôt, elle aurait pu rencontrer le comte et lui demander des explications. Maintenant, comment savoir ce qu’il était devenu ? L’idée qu’il puisse être décédé avant de lui avoir révélé ce qu’il savait l’horrifiait. Il lui était égal qu’il se soit débarrassé d’elle : c’était un homme important, elle pouvait comprendre. En revanche, elle avait lu et relu la lettre qu’il avait envoyée à Ilonë, deux ans après la guerre, et les mots « l’enfant, si elle le souhaite, sera la bienvenue dans ma demeure lorsqu’elle aura atteint l’âge de 14ans… » résonnaient furieusement dans sa tête. Son bonheur à l’idée que quelqu’un, dont elle ignorait tout et qui ignorait tout d’elle, puisse attendre sa venue ou l’avoir attendue, suffisait à faire passer la colère qu’elle avait envers sa nourrice. Elle était impatiente de le rencontrer et en même temps inquiète de ce qu’elle allait découvrir ; mais il fallait qu’elle sache, enfin, qui étaient ses parents et ce à quoi sa véritable naissance lui donnait droit.
Quittant ces pensées, elle regarda autour d’elle. La petite chambre de l’auberge, avec ses volets de bois mal repeints et ses draps rapiécés, avait un certain charme à ses yeux. Le charme de ces lieux qui sentent l’aventure. « On est toujours heureux d’arriver pour se reposer et encore plus de repartir vers de nouvelles contrées » disait Sengrüs. Il n’y avait pas meilleure définition.
Dans ces maisons de passage, toutes sortes de personnes se croisaient, et certaines venaient de loin. Pour avoir des nouvelles de contrées éloignées, ce genre d’endroit était idéal. Elorä avait été impressionnée par l’ambiance à la fois accueillante et pesante de ces lieux de rencontre d’un soir, où les voyageurs se succédaient sans jamais s’attarder.
Combien d’hommes et de femmes s’étaient tenu dans cette même chambre, songeant à leurs prochaines destinations, rêvant à leur lointain foyer ou s’abandonnant au sommeil après une tempête ? Tous étaient passés ici avant elle, tous avaient laissé leur odeur entre ces murs et leurs soucis sur l’oreiller – elle ne les connaîtrait probablement jamais, mais elle partageraient toujours avec eux le souvenir de cette minuscule pièce étroite et sombre, de ce matelas miteux et de cette poutre sur laquelle ils avaient sans doute, eux aussi, posé la main. Peut-être qu’à cette heure, parmi eux, certains marchaient sur les routes du sud, à des milliers de kilomètres, tandis que d’autres voguaient sur l’océan, chevauchant les vagues vers l’horizon, ou dormaient paisiblement au pied d’une montagne après une longue nuit d’orage…Tant de vies et de destins, de rêves et de chagrins, dans un si petit espace!
De même que chaque chambre était unique et à la fois semblable à toutes les autres, chaque auberge avait sa grande salle commune, avec ses tables massives polies et graissée à force d’usage, ses bancs en bois instables et ses lumières chaleureuses invitant à un repos bien mérité.
Il y avait toujours, dans un coin, une cheminée crépitante près de laquelle s’installaient les vieillards et les bardes. À toutes les tables, étaient assis les badauds du village, qui parlaient fort et riaient gras – lorsqu’ils n’étaient pas en train d’organiser quelques trafics suspects avec des individus encapuchonnés. Mais les plus répugnants étaient encore ceux qui venaient tâter de leurs mains sales le postérieur de la serveuse, ceux qui crachaient par terre en regardant le sol avec mépris et qui vidaient leur chope de bière en faisant dégouliner la moitié dans leur barbe huileuse.
Heureusement, persistaient les véritables voyageurs, ceux dont les vêtements poussiéreux étaient raccommodés avec soin et les bottes usées par la marche. Ceux-là qui s’asseyaient, fatigués, au comptoir, pour révéler les dernières nouvelles du monde à qui voulait bien écouter. Ils parlaient d’événements dont personne n’avait encore entendu parler, et pourtant leurs récits sonnaient déjà dans leur bouche comme de lointains souvenirs, marqués de nostalgie ou encore de révolte. Parfois, ils daignaient ouvrir leur précieuse sacoche de cuir pour en sortir diverses trouvailles, inventant une histoire rocambolesque – et d’autant plus appréciée – quant à leur découverte.
Elle se remémora le soir précédent avec un petit sourire. Ils étaient arrivés à Ingram au crépuscule et Sengrüs les avaient directement conduits à l’auberge. Des rires, des bruits de chaises bousculées et des odeurs de cuisine s’en échappaient. Lorsqu’ils étaient entrés dans la bâtisse, une vague de fumée nauséabonde les avaient submergés. Le silence s’était fait dans la salle, tous les regards s’étaient tournés vers eux tandis qu’ils allaient s’asseoir à une table.
Une fois installés, les conversations avaient repris comme si de rien était. Sengrüs avait échangé quelques mots avec l’aubergiste qui venait prendre leur commande. Légèrement mal à l’aise, Elorä en avait profité pour observer discrètement autour d’elle.
Son ouïe aiguisée lui avait toujours permis de surprendre des conversations qu’elle n’aurait pas dû entendre, mais dans ce brouhaha perpétuel, elle ne pouvait rien distinguer en particulier. Toutes les odeurs étaient fortes, salées, comme celle de la sueur de ces bûcherons à la table d’à côté qui mangeaient avec la pointe de leur couteau et racontaient des histoires salaces. La fumée lui piquait les yeux et le nez. La soupe était grasse, des morceaux de légume spongieux y flottaient courageusement – dans une autre vie, il avait dû s’agir de courge et de pomme de terre.
Elle avait remarqué que certains clients baissaient le ton en lui jetant des regards furtifs – ce qui lui avait donné l’impression étrange d’être un animal de foire suscitant la méfiance. Cette impression s’était renforcée lorsque l’aubergiste, qui semblait bien connaître Sengrüs, avait attiré ce dernier dans un coin de la salle. Là, il lui avait murmuré quelque chose à l’oreille avant de la désigner de la tête. Sengrüs avait haussé les épaules avant de lui rire au nez. Puis il était venu la rejoindre, laissant l’aubergiste vexé retourner à ses clients.
- Ce vieux bougre me demandait qui tu étais. Il dit qu’il n’est pas prudent de nos jours de voyager avec une demoiselle…
- Ce n’est pas une raison pour me dévisager comme ça.
- Tu vois beaucoup de jeunes filles de ton âge ici ?
- Non. Et alors ?
Sengrüs la regarda de haut et prit un ton paternel :
- À ton âge, rares sont celles qui partiraient ainsi sur les routes, en compagnie d’un vieux renard comme moi. Il paraît qu’il y a beaucoup de gens mal intentionnés dans les environs depuis quelque temps : les dernières récoltes ont été mauvaises, alors les pillards et les voleurs se multiplient. Apparemment plusieurs voyageurs se sont fait attaquer.
- Ils ne s’en prendraient pas à des gens armés, avait-elle affirmé, portant la main à la garde de son épée.
- Tu serais étonnée de voir ce que la faim peut faire faire à des hommes. Le tout n’est pas d’avoir une épée, la vraie question est de savoir s’en servir.
Il avait dit ces derniers mots sur un ton très sérieux qu’Elorä ne lui connaissait pas.
- À partir du moment où tu portes une épée, tu dois être prête à l’utiliser. Elle peut te permettre de dissuader un voleur de pacotille mais, face à un bandit qui ne recule devant rien, une épée est faite pour tuer. Et ne crois pas être à la hauteur de cette tâche après nos petits exercices d’hier : manier une lame demande un entraînement régulier et beaucoup de persévérance ; du moins si l’on veut atteindre un bon niveau.
Elorä avait acquiescé, mais ces derniers mots l’avaient tourmentée toute la soirée. Elle s’était toujours sentie prête à se battre et même à tuer pour se défendre, mais n’avait jamais réalisé que cela puisse demander du « travail ».
Elle avait appris à lire et à écrire et se souvenait s’être longuement entraîné pour cela – mais aucun travail physique ne lui avait jamais posé problème, elle n’avait ni appris à nager ni à monter à cheval, tout cela lui venant comme d’instinct. Avec le maniement de l’épée, les choses étaient différentes. Sengrüs lui avait appris quelques coups le jour précédent, lors de la pause de midi ; elle s’était d’abord figuré qu’il lui suffirait d’imiter son ami, mais son corps n’avait pas réagi comme elle s’y attendait : aucun « instinct » n’était venu à son secours et elle avait eu bien du mal à reproduire les postures que Sengrüs lui montrait – et qui semblait chez lui parfaitement naturelles. Il était frustrant de se sentir aussi incompétente, elle aurait préféré impressionner son ami, et pouvoir s’opposer à lui à armes égales. Mais il n’y avait rien à faire : l’épée ne lui obéissait pas, elle ne parvenait pas, comme disait Sengrüs, à en faire « un cinquième membre ». Elle avait eu tellement honte de sa maladresse que les larmes lui étaient venues aux yeux – Sengrüs lui avait expliqué que c’était normal qu’elle n’y arrive pas tout de suite, que lui, avait de longues années de pratique derrière lui ; Elorä avait fini par se faire une raison et décidé que, de rien avant, elle s’entraînerait autant que possible, chaque jour s’il le fallait, pour pouvoir rivaliser avec son ami.
Elle ramassa son sac. Il contenait, en plus de ses vivres et des lettres qu’elle avait trouvées dans la malle d’Ilonë, trois bourses : une petite, qui contenait l’argent donné par le comte Héar, une grosse qui contenait celui issu de la vente de la maison et des économies d’Ilonë, et la dernière qui ne contenait que des orins et des pazs, les monnaies les plus courantes. Le tout faisant d’elle, qui n’avait jamais eu auparavant ne serait-ce qu’un centième de cette somme sur elle, une personne bien plus riche que n’importe quelle paysanne.
Elle s’empara de sa nouvelle épée, achetée au forgeron avant de partir, et l’agita dans le vide, s’imaginant face à un ennemi. Aussitôt, elle sentit son poignet douloureux et son bras courbaturé des exercices de la veille ;
C’est le métier qui rentre, pensa t-elle avec un sourire.
Elle fit un bond en avant et fendit l’air brusquement, histoire d’achever son ennemi invisible, puis glissa l’arme dans son ceinturon. Sengrüs s’était étonné de la voir si vite s’habituer à la porter – car une telle arme était tout de même lourde pour une jeune fille. Elorä n’étant pas une épéiste née, elle pouvait au moins se vanter d’être solide et endurante, faisant preuve d’une force physique plutôt inattendue chez une personne aussi frêle d’apparence. Tout comme ses cheveux, son ouïe et son odorat, cette force mystérieuse faisait partie des choses qu’elle ne s’expliquait pas, mais qu’elle avait jusque là accepté comme partie intégrante d’elle-même.
Elle laissa les clefs sur la porte et descendit rejoindre son compagnon.

§




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Message  Evanescent Sam 11 Oct 2008 - 14:54

Merci tout plein Evanescent! Comme d'habitude je prend bonne note de tes remarques, toujours incisives et en général (presque toujours^^) justifiées!
Faut mieux en mettre trop que pas assez, je te laisse faire le tri après.

A cette heure, l’auberge était encore silencieuse – si l’on exceptait les ronflements sifflants du propriétaire dans la pièce d’en dessous, et la respiration paisible de leurs voisins de chambre. Des moineaux piaillaient en sautillant sur le toit, tandis que dehors les roues d’une charrette craquaient sur le sol dur.
Ah, ça j'aime beaucoup :-)

Elle avait rêvé le monde au fil de ses lectures, marché aux côtés de personnages imaginaires, rêvé les paysages de cette terre familière et étrangère à la fois, qu'elle n'avait jusque-là contemplée qu’à travers de vieilles cartes.
Répétition ! Soit c'est volontaire, faut qu'on le voit, soit ça l'est pas, ça disparait ! Naméo ! (non en fait c'est un détail sans importance ^^ mais j'adore le début de cette suite (ou la suite de ce début comme tu veux) et j'étais triste de rien avoir à critiquer hargneusement ^^)

Elle savait où elle allait, sans savoir où cela la mènerait.
Pas de virgule, ch'il te plaîîîîîîît...... :''-(

« Même si on la voyait plus d’puis quelqu’s’années – lui avait confié la boulangère, une grosse femme aux cheveux gras et poudreux – on l’aimait bien, vot’mère. Elle pensait aux aut’es c’te femme, ça s’fait rare les gens pareils à c’t’époque. ».
:-)))

- Les gens ont besoin d’avoir la conscience tranquille.

Comment placer une petite critique de la société sans qu'on s'en aperçoive... Pas mal !

Tant de vies et de destins, de rêves et de chagrins, dans un si petit espace!
'Dans un si petit espace'. Dommage après un si beau paragraphe.

Parfois, ils daignaient ouvrir leur précieuse sacoche de cuir pour en sortir diverses trouvailles, inventant une histoire rocambolesque – et d’autant plus appréciée – quant à leur découverte.
'Quand à' c'est lourd...

des morceaux de légume spongieux y flottaient courageusement – dans une autre vie, il avait dû s’agir de courge et de pomme de terre.
eh eh :-) joli ça ^^

manier une lame demande un entraînement régulier et beaucoup de persévérance ; du moins si l’on veut atteindre un bon niveau.
'du moins si on veut avoir une chance de survivre à l'éclat de la lame d'un autre' ? (désolée, je voulais juste dire que 'bon niveau' c'est pas tout à fait dans le ton du dialogue :-) )

Les guillemets me gènent dans la lecture. Tu veux pas les remplacer par des " " ou ' ' ? (je sais plus lesquels sont anglais, français, allemands mais c'est plus discret et moins dérangeant quand on lit)

Sengrüs lui avait expliqué que c’était normal qu’elle n’y arrive pas tout de suite, que lui, avait de longues années de pratique derrière lui
Ah ben nooooonnn...

Le tout faisant d’elle, qui n’avait jamais eu auparavant ne serait-ce qu’un centième de cette somme sur elle, une personne bien plus riche que n’importe quelle paysanne.
snif ^^

Là j'ai adoré ! vraiment. Beaucoup mieux que les épisodes précedents, dans le récit, le style, les personages, les dialogues... enfin bref, bravo :-)
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Message  Loreena Ruin Sam 11 Oct 2008 - 14:59

Je suis vraiment contente de tout cela! Ce chapitre était à l'origine beaucoup plus faible que le précédent...Tout ce que tu as relevé de "bien" c'est précisément ce que j'ai ajouté. je n'ai pas retravaillé le chapitre 1, contrairement à ce chapitre-ci...je suppose que cela explique la disparité :-)! Mais vraiment merci! J'espère que la suite sera à la hauteur.

A bientôt!
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Message  Invité Sam 11 Oct 2008 - 16:00

Les descriptions sont vives, bien menées, l'écriture alerte permet de bien se représenter les scènes (bravo pour votre style, soit dit en passant) ; mais j'aimerais bien qu'il se passât quelque chose et que les personnages cessassent d'être aussi "lisses" (une remarque qu'on vous a faite ailleurs, je crois)...

Ceci m'a paru assez maladroit :
" Elorä avait fini par se faire une raison et décidé que, de rien avant, elle s’entraînerait autant que possible, chaque jour s’il le fallait, pour pouvoir rivaliser avec son ami."
Je vois l'idée mais la formulation m'en semble par trop elliptique.

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Message  Loreena Ruin Sam 11 Oct 2008 - 16:17

Merci pour les compliments (et aussi les critiques^^) socque!! Je suis heureuse de voir que mon travail (car vous pouvez me croire, il y en a eu, même si c'était il y a quelques mois) ait porté ses fruits. Pour la platitude des personnages, je sais!! Et je comprend votre agacement...j'ai déjà ajouté beaucoup à leur personnalité, qui était encore plus plate que cela au début (je sais ça paraît difficile...) mais j'avoue que cela se fait progressivement et que je n'ai pas encore beaucoup travaillé cette dimension...j'ai encore des difficultés à leur donner un caractère propre. D'autres personnages viendront qui eux auront des tempéraments bien plus marqués: je vous demande donc de prendre votre mal en patience, et vous assure que j'ai conscience de cette faiblesse à laquelle j'essaye de remédier. Mais comme on dit: "Rome ne s'est pas construite en un jour...". Par ailleurs, le côté caricatural de ces personnages (je parle surtout pour Elorä et pour un autre que vous découvrirez plus tard) est voulu: les "types" sont fait pour être déconstruits par l'histoire: en quelques sortes, les robots deviennent humains à la fin....du moins j'espère que j'arriverai à ce résultat.

Au plaisir de vous lire,
Ruin.
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Message  Evanescent Sam 11 Oct 2008 - 16:54

Fais juste attention à ce qu'on finisse pas par prendre en grippe tes persos.

Je ne sais pas si tu as lu ce fantastique pour gosses, la quête d'Ewilan, mais justement dans ce bouquin Bottero finit par rendre sa petite Ewilan absolument insupportable. (pour exemple)
Dommage pour un 'à partir de douze ans' je trouvais qu'il écrivait pas mal du tout.
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Message  mentor Sam 11 Oct 2008 - 16:59

il fallait qu’elle sache, enfin, qui étaient ses parents et ce à quoi sa véritable naissance lui donnait droit.
un peu dommage cette phrase, ou alors maladroite, un peu mal tournée
ça pourrait laisser penser que ton héroïne ne cherche pas seulement la vérité mais aussi à en tirer un éventuel profit, ce qui risque de la rendre antipathique
mais c'est un détail
très belle écriture, toujours, les ambiances sont bie retranscrites
lecture intéressante,

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Message  Loreena Ruin Sam 11 Oct 2008 - 17:11

J'ai pas lu ce bouquin, je suis tout de suite passé à La croisée des Mondes de P. Pullman, puis Tolkien et enfin toute la bande des Gemmell, Hobb, Goodkind (pas génial d'ailleurs ce dernier, série à rallonge pour faire du fric bof)...mais je comprend ce que tu veux dire...un peu comme Harry Potter en somme (j'avais qu'une envie à la fin du dernier livre c'est qu'il meure!!!). Mais mon but n'est pas qu'on aime Elorä, elle est juste le support qui permet à tous les autres personnages d'exister, c'est le type même du personnage tragique soumis à son destin avant même d'avoir choisi elle-même sa voie: en quelque sorte elle se débattra toujours vainement, car tout ce qui lui arrivera devait lui arriver et tout ce fini pour elle comme cela devait se finir...l'humanité n'est pas vraiment en elle, mais dans tous les personnages qui gravitent autour d'elle!
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Chimères - Prologue Empty Chapitre 2 - suite

Message  Loreena Ruin Sam 11 Oct 2008 - 17:28

Merci bien mentor pour ta remarque. Une lecture intéressante? Dis m'en plus! ;-) Voici la suite pour les amateurs!

- Alors…Où sommes nous ? fit Sengrüs en mettant pied-à-terre. Il sortit la carte et regarda autour de lui. Elorä, assise en croupe, attendit silencieusement qu’il se repère.
Cela faisait une bonne heure qu’ils étaient partis; ils avaient empreinté la route de l’Est et se trouvaient devant le fleuve Rodîn. De l’autre côté s’étendait la Grande Forêt.
- La dernière fois que je suis venu, il y avait un pont ici. Il a dû être emporté par le courant pendant un orage et reconstruit à un endroit moins dangereux. La question est de savoir où…
Il réfléchit un instant. Elorä contempla l’eau claire. Sur la rive opposée, la route continuait, longeant la forêt et ses feuillus, dont les branches décharnées commençaient à bourgeonner. Ici, il n’y avait déjà plus une trace de neige: c’était le début du printemps.
- Puisqu’il faut se décider, nous allons aller en aval du fleuve, en espérant que le pont y sera – normalement le courant y est moins fort. Sinon, peut-être croiserons-nous un voyageur averti qui nous indiquera son emplacement.
Ils galopèrent encore deux bonnes heures. Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsqu’ils croisèrent un étrange vieux bonhomme portant un gros fagot de bois sur son dos.
- Bonjour, grand-père ! s’exclama joyeusement Sengrüs.
Le vieil homme tenta de lever les yeux vers eux pour les saluer, mais manqua de basculer en arrière, emporté par son lourd fardeau.
Elorä sauta aussitôt de selle – au grand étonnement de Sengrüs. Elle s’empara du fagot en adressant un sourire amical au vieil homme, qui se massa le dos en la remerciant avec soulagement.
- Il ne faut pas porter de telles charges à votre âge, fit Elorä.
- Oh, vous savez, je vis seul depuis des années…Il faut bien se débrouiller.
Il voulut se remettre en route, mais ses jambes semblaient ne plus vouloir le porter.
- Vous habitez loin ? demanda Sengrüs, descendant à son tour de cheval.
- Que non…Je vais me reposer un peu et je repartirais.
- Vous allez plutôt monter sur le cheval et vous reposer, nous allons vous ramener chez vous, déclara Sengrüs avec un soupçon d’irritation.
Le vieil homme leva suffisamment les yeux pour jeter un regard perçant vers lui. Les joues de Sengrüs rougirent légèrement, mais il soutint son regard.
- Ça va aller. Je ne voudrais pas vous faire de soucis, jeune homme…
Tout en parlant, il essaya à nouveau de se redresser, mais vacilla. Elorä s’empressa d’aller le soutenir, et sourit en voyant son « jeune » compagnon de voyage complètement désarçonné par l’entêtement de ce vieil homme inoffensif.
Finalement, Sengrüs soupira et, avec un « Allons ! » agacé, il insista pour aider le vieillard à monter à cheval. Une fois installé, ce dernier leur adressa un sourire édenté.
Ils se remirent en route, dirigés par les indications de leur étrange guide aux vêtements sales et troués. Elorä marchait à ses côtés pour éviter qu’il ne glisse de selle, lui tendant de temps à autre une gourde d’eau fraîche. Heureux comme un roi sur ce trône de fortune, le bougre se mit à chantonner de sa voix rauque et chevrotante.
Ils pénétrèrent dans un petit bois et marchèrent encore quelques minutes avant d'atteindre une clairière au milieu de laquelle était construite une cabane. Sengrüs fit descendre le vieil homme et Elorä alla attacher le cheval au bord du ruisseau qui coulait non loin. Ce faisant, elle fut submergée par une vague de nostalgie, se rappelant les bois entourant la chaumière du cousin d’Ilonë. Le coulis de l’eau sur les gravillons et la mousse mouchetée de gouttelettes scintillantes, lui rappelèrent que la nature était sa maison d’enfance et qu’elle s’y sentirait toujours chez elle, où qu’elle soit. Elle comprenait parfaitement que le vieillard puisse aimer vivre ainsi, seul. Après tout, sa vie aurait pu ressembler à celle de cet ermite…

Pour les remercier, le vieil homme – dénommé Eïs – leur offrit un repas composé de viande séchée et de fromage de sa fabrication. Il possédait deux chèvres qui lui permettaient de subsister en vendant sa production de lait.
Après manger, il leur fit une petite démonstration de poterie. Il ne vendait pas ses œuvres, ou rarement, et passait un temps infini à modeler et remodeler sur son tour.
Pendant que Sengrüs faisait sa sieste quotidienne, Eïs entreprit d’expliquer à la jeune fille ce qu’il appelait « sa façon de voir le monde », à travers son art.
- Peu de gens sont aptes à comprendre ce que représente pour moi le travail de la terre : ils pensent que ce n’est qu’un passe-temps comme un autre. Mais c’est bien plus que cela, fit-il avec un petit sourire.
Elorä choisit de rester silencieuse et attentive – plus pour lui faire plaisir que par véritable intérêt. Il se pencha vers elle, comme pour lui dire un secret, et murmura :
- La poterie c’est l’art de la vie.
La jeune fille le dévisagea – mi amusée, mi intriguée.
- Regarde, fit-il en saisissant une motte d’argile fraîche. Cette terre est humide – on peut changer sa forme comme on le désire, tant qu’on lui donne un peu d’eau régulièrement. Sans cela, on ne pourrait rien en faire.
Il scruta le visage d’Elorä, attendant visiblement une réaction de sa part. Comme elle ne faisait que lui renvoyer son regard, il reposa l’argile et s’empara d’une cruche joliment émaillée, dont l’anse avait été cassée.
- Regarde maintenant cette cruche. Avant, elle était comme cette motte d’argile. Mais je lui ai donné une forme, une utilité, et je l’ai décorée. Elle est plus belle, plus solide…Mais l’anse n’a pas tenu et elle ne sert plus à rien.
Il leva le bras et laissa tomber la cruche qui se brisa en mille morceaux sur le sol.
- Tu vois ? fit-il en se tournant à nouveau vers elle. Elorä contempla les morceaux éparpillés et se demanda ce qu’elle devait comprendre.
- Hum…bon. Imagine maintenant que l’argile est un homme. L’eau est ce qui permet à l’homme de subsister, comme elle permet à l’argile de rester utilisable. Lorsqu’il est petit, l’homme est pur, on peut l’influencer et le « modeler » facilement. Et ainsi, au fur et à mesure qu’il grandit, ses parents, son milieu de vie et lui-même le construisent. Il change de forme doucement...On lui inculque des principes moraux, des idées, une façon de penser. Il doit se trouver une utilité et choisir un métier. Ainsi, l’argile finit par devenir une cruche bien décorée d’une carapace de morale, d’une belle apparence qui dissimule ce qu’elle est et sera toujours en réalité : de la terre.
Elorä lui sourit : elle commençait à comprendre.
- Il arrive parfois, continua t-il, que des événements inattendus remettent en cause tous nos principes. L’homme peut perdre un être cher, être gravement blessé, ou tout simplement devenir vieux et sénile et ne pas s’en remettre…Ce n’est pas un hasard si l’on dit alors qu’il est brisé. C’est lorsque sa carapace est mise à nu qu’il est le plus fragile. Comme cette cruche devenue inutile dont on finit par se débarrasser – malgré ses beaux atours et sa solidité apparente – l’homme qui ne se bat plus pour vivre, ne peut pas lutter contre la loi de la vie. Les apparences qu’il se donne et les principes derrière lesquels il se cache ne lui sont d’aucun secours. Il n’a plus, comme cette cruche, qu’à redevenir poussière.
- C’est une façon un peu simpliste de voir les choses…fit Sengrüs qui venait de se réveiller.
Il bailla longuement avant de continuer :
- Certains hommes parviennent à se reconstruire même après avoir vécu des choses terribles…
- Toutes les cruches ne sont pas faites de la même terre, fit Eïs, le regard brillant. En tout état de cause, souviens toi de cela, jeune fille : « Celui qui saura rester aussi modelable que l’argile fraîche ne se brisera jamais. ». Ne t’encombre pas d’une belle carapace, adapte toi au monde qui t’entoure sans en devenir l’esclave, et accepte de ne pas être éternelle. La vie te paraîtra d’autant plus belle.
À cet instant, ses yeux vifs se posèrent sur la chaîne d’Elorä. Il fronça les sourcils. Brusquement, comme prit de folie, il se leva et pointa un doigt accusateur sur elle:
- Qu’est ce donc que cela ! Où avez-vous eu ce bijou ?
Elorä, effrayée par ce soudain élan de vivacité, fit un pas en arrière et déclara d'un ton possessif :
- Il est à moi, il me vient de ma mère – ou du moins j’aime à le croire. Je l’ai toujours eu.
Il y eut un silence durant lequel l’homme ne détourna pas son regard du cou d’Elorä. Puis, doucement, il sembla s’apaiser et son visage ridé – déformé par la colère – repris son aspect calme et bienveillant. Il se rassit et invita la jeune fille à faire de même. Sengrüs se détendit.
- Veuillez excuser l’extravagance d’un vieil homme qui n’a plus toute sa tête.
Elorä et Sengrüs crurent bon de sourire avec indulgence. Rassuré, l’ermite repris la parole, sa voix se faisant plus distante et ses yeux se perdant dans le vide.
- J’ai cru un instant me trouver devant l’une de ces œuvres que seules les Fées savent réaliser…Autrefois, dans ma jeunesse, j’ai vu une chaîne en tout semblable à celle-ci, lors de l’un de mes nombreux voyages. Elle était portée par une femme d’une grande beauté qui m’a sauvé à bien des égards. Mais je me trompe – de toute évidence – et mes yeux ne sont plus aussi bons qu’ils étaient.
- Vous avez rencontré des Fées ? demanda avidement Elorä.
- J’ai eu cette chance, oui. Mais je ne vous en dirais pas plus, jeune fille, car leur magie survit dans l’imaginaire et non dans les paroles. Il n’y a aucun mot pour ces souvenirs, et s’il y en avait, ils ne seraient que trop pâles face à la vérité.
La conversation s’arrêta là. Plus tard, Eïs leur indiqua l’emplacement du nouveau pont qui, comme l’avait deviné Sengrüs, avait bel et bien été construit un peu plus loin en aval.
Le vieil ermite les raccompagna jusqu’à la route.
- Bon voyage à vous ! Vous serez toujours la bienvenue dans ma modeste demeure.
- Merci, prenez soin de vous ! répondit Elorä.
Et ils partirent tranquillement, laissant un ermite bien mystérieux retourner auprès de ses chèvres et de sa vie paisible, qu’ils étaient venus troubler l’espace d’un repas.

§
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