Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
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Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
le ton de ces deux nouvelles scènes est très différent je trouve
notamment le tout début avec ce très "choquant "fait chier !" de Victor !
s'il y a quelque chose que je n'imaginais pas dans sa bouche, c'était bien ce vocabulaire ! En tout cas après lecture de tout ce qui précède. Car jusqu'alors on était dans un langage quasiment châtié, posé, politiquement correct, même entre mari et femme
d'où ma surprise, shocking ! ;-)
j'ai été également un peu "frustré" de la façon dont Magali parle à ce Noé qui, en fait, est bien un personnage connu d'elle, comme on s'en doutait un peu. Je trouve ces "retrouvailles" totalement froides, trop
sinon l'histoire avance bien et tu parviens à capter l'attention et donner envie de savoir la suite, et c'est très bien !
notamment le tout début avec ce très "choquant "fait chier !" de Victor !
s'il y a quelque chose que je n'imaginais pas dans sa bouche, c'était bien ce vocabulaire ! En tout cas après lecture de tout ce qui précède. Car jusqu'alors on était dans un langage quasiment châtié, posé, politiquement correct, même entre mari et femme
d'où ma surprise, shocking ! ;-)
j'ai été également un peu "frustré" de la façon dont Magali parle à ce Noé qui, en fait, est bien un personnage connu d'elle, comme on s'en doutait un peu. Je trouve ces "retrouvailles" totalement froides, trop
sinon l'histoire avance bien et tu parviens à capter l'attention et donner envie de savoir la suite, et c'est très bien !
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
apoutsiak a écrit:.
Arielle, finalement, je trouve ta réaction épidermique très élogieuse. Ces personnages ont l'air si incarnés pour toi que l'auteur serait tenté de croire qu'il a réussi.
Mais c'est évident! C'est bien parce-qu'ils sont plus vrais que nature et tellement convaincants qu'ils me hérissent le poil tes petits bourgeois!
Pour faire court, et j'en resterai là, je trouve que c'est gâcher bien du talent (le tien) que de consacrer tant d'attention à leur vide BC-BG mais encore une fois ce n'est que mon avis et je crois que je continuerai à lire cette saga...parce-que je suis sûre que tu vas m'étonner.
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Tu me demandes ce que je pense des scènes 6 et 7. Si je te dis rien de spécial, ce n'est pas une critique ! La seule chose qui me déplaise c'est le ton employé par le couple entre eux : qui parle comme ça ? on dirait au théatre ce soir, et ça , c'est regrettable ! Sinon, tout le reste me plait
Invité- Invité
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
.
Je n'étais pas très content du dialogue Magali-Noé de la scène 7. Elle est assez difficile car elle conditionne une partie de la pièce. Je vous propose ceci :
[b]Scène 7
- Noé : Toi… Je veux dire vous, vous avez l'air moins pressée.
- Magali : Oui. Il me reste trois jours de vacances. C'est bon ! Je n'ai aucun problème pour qu'on se tutoie, vous savez.
- Noé : Et après ces trois jours ?
- Magali : Je pars en Espagne. Tu comprends, il y fait déjà beau et bon.
- Noé : Là, tu te fiches carrément de moi.
- Magali : Oui.
- Noé : N'empêche que c'est vrai.
- Magali : Et ce qui n'est pas moins vrai, c'est que tu ne pourras pas continuer éternellement cette vie-là.
- Noé : Je n'en demande pas tant.
Silence. Magali sert du jus d'orange.
- Magali : Je vais chercher le café.
Elle revient avec un plateau garni. Sert. Ils boivent un peu en silence.
- Magali : Je te croyais mort, Noé Zulawski. Pourquoi as-tu disparu de ma vie sans crier gare ?
- Noé : Quelle importance, maintenant ?
- Magali : Tu me dois au moins une explication, tu ne crois pas ? Quelles que soient tes raisons, tu m'as lâchement abandonnée. Quand on écrit "je reviens" et qu'on ne revient pas, on passe un coup de fil, on écrit. J'ai toujours cru que tu étais mort d'une manière horrible, ce jour-là. Un accident. Un assassinat sordide. J'ai imaginé que personne n'avait jamais retrouvé ton corps. Qu'est-ce qui s'est passé ? Je ne veux pas crier "salaud !" sans raison. Je le crierai sans doute, mais pour l'instant, je me retiens. On ne sait jamais. Tu sauras peut-être m'inventer une histoire abracadabrante qui saura quand même tenir la route. Je me souviens, tu étais très fort, pour les histoires.
- Noé : Pourquoi te la raconter, si tu penses d'avance qu'elle sera un tissu de mensonges ? De l'eau a coulé sous les ponts, Magali. Gualtier Maldé* est loin, maintenant. Il a pris un sacré coup dans l'aile.
* Verdi, Rigoletto, faux-nom d'étudiant pauvre donné par le Duc de Mantoue à la belle Gilda, pour la séduire.
- Magali : Je m'en étais aperçue. Mais ta manière de vivre ne regarde que toi, Noé. Que tu veuilles partir en Espagne continuer à faire le clochard lyrique t'appartient entièrement aussi. Mais la douleur que tu m'as causée, certainement pas.
(Silence)
- Noé : Tu peux sûrement te passer de ma réponse. Qu'est-ce qu'elle peut bien représenter pour toi aujourd'hui ? Une curiosité à satisfaire ? Une énigme à résoudre ? Un trou à combler ? Tu es mariée. Tu aimes ton mari.
- Magali : C'est vrai.
- Noé : Qui te le rend bien.
- Magali : C'est vrai aussi.
- Noé : Tu vois.
- Magali : Justement non, là tu te trompes du tout au tout. Je ne vois plus rien. Plus rien du tout. Avant que tu m'apparaisses dans les jumelles, oui, tout était très clair. Depuis, c'est la nuit.
- Noé : Je ne te suis pas.
- Magali : Je t'ai cru mort, Noé.
- Noé : Je peux parfaitement comprendre que tu m'aies pris pour un salaud, mais mort ? Dans le cas d'un accident, j'imagine qu'on en aurait parlé dans les journaux, à la radio. Quant au meurtre, personne n'aurait eu intérêt à avoir ma peau. Ma peau n'a jamais eu aucune valeur sur le marché.
- Magali : Ta peau avait une grande valeur pour moi, salaud ! Voilà, j'ai fini par le dire. D'un jour à l'autre elle n'était plus sous mes doigts et elle ne t'avait pas trahi une seconde. Elle ne m'a pas parlé une seconde de ta fuite ! Alors je t'ai imaginé la bouche ouverte, tantôt au fond d'une rivière, tantôt enseveli, quelque part, dans la montagne. J'ai accompli un long deuil secret, tout en regardant Victor dans les yeux, en continuant de le toucher, et même, de l'aimer. Ta mort a arraché mon cœur par les racines. Mon corps s'est desséché. J'ai appris alors qu'on peut continuer de vivre sans cœur. J'ai appris qu'un corps aussi sec que le bois sait encore remuer sa tête, ses bras, ses jambes, parler, et même courir. Et puis un jour, j'ai senti qu'un nouveau cœur, plus petit, s'était remis à pousser. Je crois bien que je n'ai rien fait pour l'aider. Je l'ai laissé se remplir tout seul. Je ne sais pas si tout ce qui m'est arrivé ensuite est un véritable choix. Tu peux comprendre ça ?
- Noé : Permets-moi de remettre tout ça en perspective. Quand je t'ai connue, tu vivais déjà avec Victor. En une semaine, je t'arrache le cœur, et en dépit de toutes les lois physiques tu survis.
- Magali : Comment peux-tu ?...
- Noé : Mieux, un miracle se produit, un cœur gros comme un haricot pousse en toi par l'opération du Saint-Esprit, et tu regardes Victor le remplir. Sans un mot.
- Magali : J'ai compris ton stratagème. Tu veux me pousser à bout pour que je te chasse d'ici.
- Noé : Tu n'as pas besoin de me chasser. Je t'ai dit que je vais partir.
- Magali : Je ne veux pas que tu partes.
- Noé : Rassure-toi, tu as fait le bon choix. Tu n'aurais jamais quitté Victor pour un salaud comme moi. Je suis parti un beau matin parce qu'une ancienne maîtresse m'avait sifflée comme un chien et que j'ai rappliqué la queue basse. Et j'ai léché ses pieds. Un coup de fil, trois mots, et j'avais les pattes qui me démangeaient. Juste après t'avoir susurré mon bonheur quelques petites heures avant. Ce n'est pas une conduite de salaud, ça ? Maintenant, tu vois un peu mieux ? Tu as remarqué que je ne te demande même pas de me pardonner ? Je suis sûr que Victor n'a jamais fait de choses pareilles.
- Magali : Victor ? Je ne pense pas, non. (silence) Et c'est le même…homme, qui veut repartir vers l'Espagne ?
- Noé : Le même salaud, tu veux dire ? Bien sûr. Mais très fatigué.
- Magali : Tu ne parlais pas comme ça, avant. (Silence) Nous avions fait la fête, la veille de ton départ, tu te souviens ?
- Noé : Tais-toi.
- Magali : Une orgie de tout. De vin. De danse. De baisers.
- Noé : Tais-toi ! (ton douloureux) Tais-toi !
- Magali : Tu te trompes de rôle, Noé, cette souffrance m'appartient ! Ne crois pas que tu puisses, tout d'un coup, t'emparer de cette douleur pour la partager avec moi !
Silence
- Magali : Tu as fait du café, ce jour-là. Je reconnaîtrais cette odeur délicieuse entre mille. Je l'ai respiré à fond et je me suis levée. Il y avait celle de ton tabac, aussi. Après, quand j'ai vu que tu n'étais pas là, je me suis dit : il est allé marcher. Faire un tour. Et puis, un peu plus tard, j'ai pensé : Il a fait du café, il a fumé trois cigarettes, il est allé prendre l'air. Et il va revenir. J'ai eu une pensée en forme de sourire : un homme qui se lève, fume tranquillement, boit son café à côté d'une femme endormie, doit être heureux d'être là.
- Noé : Arrête. Je t'en prie. Arrête.
- Magali : Tu me ferais presque croire que tu souffres à cette évocation. Tu souffres ? (Noé met la tête dans ses mains). Tu n'avais aucun regret. Dis-moi que tu es allé les puiser et qu'ils jaillissent malgré toi. Tu sais bien que je te pardonnerais. Tu le sais Noé. (Silence) C'est au moment où j'ai entendu les cloches sonner l'heure que la peur m'a saisie. Je m'en suis voulue de l'éprouver. Je m'en suis fait le reproche à haute voix : Tu es idiote d'avoir peur. Vraiment idiote. Mais ça ne m'a pas empêché de me diriger vers la penderie. Devant elle, un reflet brillant a détourné mon attention. Ta montre. Sur la table de chevet. J'ai souri encore, je crois. Non, je ne crois pas, j'en suis sûre. Je n'ai pas ouvert la penderie. J'ai entendu une voix étrange au fond de ma tête. Elle disait : Un homme qui s'en va pour toujours ne laisse pas une si belle montre derrière lui. C'est idiot. Peut-être ne l'as-tu remarqué que le lendemain. Peut-être as-tu oublié l'existence de cette montre.
- Noé : J'ai fait exprès de l'oublier.
Elle se lève, part dans sa chambre, revient, présente la montre dans une de ses paumes ouverte.
- Magali : Elle est… elle est toujours dans un tiroir de ma table de chevet. Victor l'a découverte il y a peu. Il croit qu'elle me vient de mon père.
Noé prend l'objet avec délicatesse. L'observe un certain moment. La rend à Magali.
- Noé : Tu dormais encore quand je me suis réveillé. La matinée était avancée. Malgré les persiennes, l'appartement était inondé de lumière. Je suis allé chercher le courrier. Ton odeur était partout sur ma peau. Elle était si puissante et si intime que j'avais peur de rencontrer quelqu'un, dans l'escalier. N'importe qui aurait pu goûter un peu de ton sexe. Il n'y avait rien dans la boîte. Je suis remonté en vitesse. Je me suis fait un café, j'ai fumé sur le balcon pour ne pas te déranger. Je t'ai déjà parlé du coup de téléphone.
On entend des pas dans l'escalier. De plus en plus proches. Ils s'arrêtent sur le palier. La clef tourne dans la serrure. Magali cache la montre. Victor apparaît, l'air défait.
- Magali : Victor ? Qu'est-ce qui se passe ?
etc.
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Je n'étais pas très content du dialogue Magali-Noé de la scène 7. Elle est assez difficile car elle conditionne une partie de la pièce. Je vous propose ceci :
[b]Scène 7
- Noé : Toi… Je veux dire vous, vous avez l'air moins pressée.
- Magali : Oui. Il me reste trois jours de vacances. C'est bon ! Je n'ai aucun problème pour qu'on se tutoie, vous savez.
- Noé : Et après ces trois jours ?
- Magali : Je pars en Espagne. Tu comprends, il y fait déjà beau et bon.
- Noé : Là, tu te fiches carrément de moi.
- Magali : Oui.
- Noé : N'empêche que c'est vrai.
- Magali : Et ce qui n'est pas moins vrai, c'est que tu ne pourras pas continuer éternellement cette vie-là.
- Noé : Je n'en demande pas tant.
Silence. Magali sert du jus d'orange.
- Magali : Je vais chercher le café.
Elle revient avec un plateau garni. Sert. Ils boivent un peu en silence.
- Magali : Je te croyais mort, Noé Zulawski. Pourquoi as-tu disparu de ma vie sans crier gare ?
- Noé : Quelle importance, maintenant ?
- Magali : Tu me dois au moins une explication, tu ne crois pas ? Quelles que soient tes raisons, tu m'as lâchement abandonnée. Quand on écrit "je reviens" et qu'on ne revient pas, on passe un coup de fil, on écrit. J'ai toujours cru que tu étais mort d'une manière horrible, ce jour-là. Un accident. Un assassinat sordide. J'ai imaginé que personne n'avait jamais retrouvé ton corps. Qu'est-ce qui s'est passé ? Je ne veux pas crier "salaud !" sans raison. Je le crierai sans doute, mais pour l'instant, je me retiens. On ne sait jamais. Tu sauras peut-être m'inventer une histoire abracadabrante qui saura quand même tenir la route. Je me souviens, tu étais très fort, pour les histoires.
- Noé : Pourquoi te la raconter, si tu penses d'avance qu'elle sera un tissu de mensonges ? De l'eau a coulé sous les ponts, Magali. Gualtier Maldé* est loin, maintenant. Il a pris un sacré coup dans l'aile.
* Verdi, Rigoletto, faux-nom d'étudiant pauvre donné par le Duc de Mantoue à la belle Gilda, pour la séduire.
- Magali : Je m'en étais aperçue. Mais ta manière de vivre ne regarde que toi, Noé. Que tu veuilles partir en Espagne continuer à faire le clochard lyrique t'appartient entièrement aussi. Mais la douleur que tu m'as causée, certainement pas.
(Silence)
- Noé : Tu peux sûrement te passer de ma réponse. Qu'est-ce qu'elle peut bien représenter pour toi aujourd'hui ? Une curiosité à satisfaire ? Une énigme à résoudre ? Un trou à combler ? Tu es mariée. Tu aimes ton mari.
- Magali : C'est vrai.
- Noé : Qui te le rend bien.
- Magali : C'est vrai aussi.
- Noé : Tu vois.
- Magali : Justement non, là tu te trompes du tout au tout. Je ne vois plus rien. Plus rien du tout. Avant que tu m'apparaisses dans les jumelles, oui, tout était très clair. Depuis, c'est la nuit.
- Noé : Je ne te suis pas.
- Magali : Je t'ai cru mort, Noé.
- Noé : Je peux parfaitement comprendre que tu m'aies pris pour un salaud, mais mort ? Dans le cas d'un accident, j'imagine qu'on en aurait parlé dans les journaux, à la radio. Quant au meurtre, personne n'aurait eu intérêt à avoir ma peau. Ma peau n'a jamais eu aucune valeur sur le marché.
- Magali : Ta peau avait une grande valeur pour moi, salaud ! Voilà, j'ai fini par le dire. D'un jour à l'autre elle n'était plus sous mes doigts et elle ne t'avait pas trahi une seconde. Elle ne m'a pas parlé une seconde de ta fuite ! Alors je t'ai imaginé la bouche ouverte, tantôt au fond d'une rivière, tantôt enseveli, quelque part, dans la montagne. J'ai accompli un long deuil secret, tout en regardant Victor dans les yeux, en continuant de le toucher, et même, de l'aimer. Ta mort a arraché mon cœur par les racines. Mon corps s'est desséché. J'ai appris alors qu'on peut continuer de vivre sans cœur. J'ai appris qu'un corps aussi sec que le bois sait encore remuer sa tête, ses bras, ses jambes, parler, et même courir. Et puis un jour, j'ai senti qu'un nouveau cœur, plus petit, s'était remis à pousser. Je crois bien que je n'ai rien fait pour l'aider. Je l'ai laissé se remplir tout seul. Je ne sais pas si tout ce qui m'est arrivé ensuite est un véritable choix. Tu peux comprendre ça ?
- Noé : Permets-moi de remettre tout ça en perspective. Quand je t'ai connue, tu vivais déjà avec Victor. En une semaine, je t'arrache le cœur, et en dépit de toutes les lois physiques tu survis.
- Magali : Comment peux-tu ?...
- Noé : Mieux, un miracle se produit, un cœur gros comme un haricot pousse en toi par l'opération du Saint-Esprit, et tu regardes Victor le remplir. Sans un mot.
- Magali : J'ai compris ton stratagème. Tu veux me pousser à bout pour que je te chasse d'ici.
- Noé : Tu n'as pas besoin de me chasser. Je t'ai dit que je vais partir.
- Magali : Je ne veux pas que tu partes.
- Noé : Rassure-toi, tu as fait le bon choix. Tu n'aurais jamais quitté Victor pour un salaud comme moi. Je suis parti un beau matin parce qu'une ancienne maîtresse m'avait sifflée comme un chien et que j'ai rappliqué la queue basse. Et j'ai léché ses pieds. Un coup de fil, trois mots, et j'avais les pattes qui me démangeaient. Juste après t'avoir susurré mon bonheur quelques petites heures avant. Ce n'est pas une conduite de salaud, ça ? Maintenant, tu vois un peu mieux ? Tu as remarqué que je ne te demande même pas de me pardonner ? Je suis sûr que Victor n'a jamais fait de choses pareilles.
- Magali : Victor ? Je ne pense pas, non. (silence) Et c'est le même…homme, qui veut repartir vers l'Espagne ?
- Noé : Le même salaud, tu veux dire ? Bien sûr. Mais très fatigué.
- Magali : Tu ne parlais pas comme ça, avant. (Silence) Nous avions fait la fête, la veille de ton départ, tu te souviens ?
- Noé : Tais-toi.
- Magali : Une orgie de tout. De vin. De danse. De baisers.
- Noé : Tais-toi ! (ton douloureux) Tais-toi !
- Magali : Tu te trompes de rôle, Noé, cette souffrance m'appartient ! Ne crois pas que tu puisses, tout d'un coup, t'emparer de cette douleur pour la partager avec moi !
Silence
- Magali : Tu as fait du café, ce jour-là. Je reconnaîtrais cette odeur délicieuse entre mille. Je l'ai respiré à fond et je me suis levée. Il y avait celle de ton tabac, aussi. Après, quand j'ai vu que tu n'étais pas là, je me suis dit : il est allé marcher. Faire un tour. Et puis, un peu plus tard, j'ai pensé : Il a fait du café, il a fumé trois cigarettes, il est allé prendre l'air. Et il va revenir. J'ai eu une pensée en forme de sourire : un homme qui se lève, fume tranquillement, boit son café à côté d'une femme endormie, doit être heureux d'être là.
- Noé : Arrête. Je t'en prie. Arrête.
- Magali : Tu me ferais presque croire que tu souffres à cette évocation. Tu souffres ? (Noé met la tête dans ses mains). Tu n'avais aucun regret. Dis-moi que tu es allé les puiser et qu'ils jaillissent malgré toi. Tu sais bien que je te pardonnerais. Tu le sais Noé. (Silence) C'est au moment où j'ai entendu les cloches sonner l'heure que la peur m'a saisie. Je m'en suis voulue de l'éprouver. Je m'en suis fait le reproche à haute voix : Tu es idiote d'avoir peur. Vraiment idiote. Mais ça ne m'a pas empêché de me diriger vers la penderie. Devant elle, un reflet brillant a détourné mon attention. Ta montre. Sur la table de chevet. J'ai souri encore, je crois. Non, je ne crois pas, j'en suis sûre. Je n'ai pas ouvert la penderie. J'ai entendu une voix étrange au fond de ma tête. Elle disait : Un homme qui s'en va pour toujours ne laisse pas une si belle montre derrière lui. C'est idiot. Peut-être ne l'as-tu remarqué que le lendemain. Peut-être as-tu oublié l'existence de cette montre.
- Noé : J'ai fait exprès de l'oublier.
Elle se lève, part dans sa chambre, revient, présente la montre dans une de ses paumes ouverte.
- Magali : Elle est… elle est toujours dans un tiroir de ma table de chevet. Victor l'a découverte il y a peu. Il croit qu'elle me vient de mon père.
Noé prend l'objet avec délicatesse. L'observe un certain moment. La rend à Magali.
- Noé : Tu dormais encore quand je me suis réveillé. La matinée était avancée. Malgré les persiennes, l'appartement était inondé de lumière. Je suis allé chercher le courrier. Ton odeur était partout sur ma peau. Elle était si puissante et si intime que j'avais peur de rencontrer quelqu'un, dans l'escalier. N'importe qui aurait pu goûter un peu de ton sexe. Il n'y avait rien dans la boîte. Je suis remonté en vitesse. Je me suis fait un café, j'ai fumé sur le balcon pour ne pas te déranger. Je t'ai déjà parlé du coup de téléphone.
On entend des pas dans l'escalier. De plus en plus proches. Ils s'arrêtent sur le palier. La clef tourne dans la serrure. Magali cache la montre. Victor apparaît, l'air défait.
- Magali : Victor ? Qu'est-ce qui se passe ?
etc.
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Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Ca sonne beaucoup plus juste, à mon avis.
On sent beaucoup mieux les sentiments, les ambiguïtés.
J'avais vraiment envie que le ton change pour bien mettre en relief la différence entre la relation Magali/Victor, relation qui ronronne gentiment, (ce qui transparait dans les formules toutes faites qu'ils emploient l'un envers l'autre) et la relation Magali/Noé qui, beaucoup plus passionnelle se devait aussi d'avoir un ton plus âpre et des mots plus percutants.
Et là, ça me semble réussi.
On sent beaucoup mieux les sentiments, les ambiguïtés.
J'avais vraiment envie que le ton change pour bien mettre en relief la différence entre la relation Magali/Victor, relation qui ronronne gentiment, (ce qui transparait dans les formules toutes faites qu'ils emploient l'un envers l'autre) et la relation Magali/Noé qui, beaucoup plus passionnelle se devait aussi d'avoir un ton plus âpre et des mots plus percutants.
Et là, ça me semble réussi.
Invité- Invité
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
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Chouette. je le sens aussi comme ça. Allez, au travail ! Ah, non, j'ai mes poivrons farcis à lancer et ma machine à café à inaugurer, miam miam !
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Chouette. je le sens aussi comme ça. Allez, au travail ! Ah, non, j'ai mes poivrons farcis à lancer et ma machine à café à inaugurer, miam miam !
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Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
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ACTE II, scène I
(1/2)
Magali, Noé, Victor
Le frère de Magali : Jérémie.
Ambiance de fin de soirée après repas. La table n'est pas desservie.. Tous sont au salon, dans une position très relax, sauf Victor, debout.
- Victor : J'ai une petite prune pas à piquer des hannetons. Qui est partant ? Je ne sais pas pourquoi je pose la question. Je sais sur qui je peux compter et qui n'en prendra pas.
- Magali : Et bien, pour une fois, tu auras tort. Parce que de la prune, j'en ai bien envie, ce soir.
- Victor : Tiens donc ?
- Magali : Oui monsieur. Il se pourrait même que je sois tentée de me saouler, tu vois.
- Victor : Tu as quelque chose à célébrer ? à noyer ? à…
- Magali : Pas la peine de chercher des raisons à tout Victor.
- Victor : En cherchant, pourtant, on finit un jour par trouver. Longtemps, on a cru qu'un petit malin fermait les écluses du ciel quand les hommes faisaient trop de bêtises. Quand un corps n'avait pas son intégrité, c'était encore un moyen pour le même petit malin de nous passer des messages. Même aujourd'hui, un homme qui s'assoit près d'une femme ignore souvent qu'il est peut-être en train d'exécuter un ordre chimique. Etcetera etcetera, alors, dans le futur, qui sait si on ne pourra pas dire exactement pourquoi Magali Potier, un soir, a choisi, contre toute habitude, un alcool dépassant les cinquante degrés ? Noé ? Prune ?
- Noé : Avec plaisir, Victor.
- Victor : Jérémie ?
- Jérémie : Ah, non, surtout pas. Tu sais bien que ça me flingue ces trucs-là, mon petit Victor. Si tu as un peu de tisane, par contre ? Tu sais, la…
- Victor : Réglisse-menthe. Je sais.
- Jérémie : Voilà.
- Victor : Á raison d'un sachet tous les trois mois, tu n'as pas à craindre de rupture de stock, le paquet est à peine entamé.
- Jérémie : S'il te plaît, avec…
- Victor : Deux sachets, je sais aussi. Bon, et bien ça me fait quand même une note de trois sur quatre, les amis. J'aurais dû penser à l'adage pour faire un sans-faute (Il se dirige vers le buffet, sort une bouteille, des verres, suivi par sa femme).
- Magali : Quel adage ? Laisse, je vais servir. Si tu veux bien t'occuper de la tisane. Quel adage ?
- Jérémie : Pas très compliqué, soeurette. Souvent, femme varie.
- Noé (en chantonnant sur l'air de Verdi) : La donna e mobile…
Victor quitte le salon pour la cuisine. Quand Victor s'est passablement éloigné :
- Jérémie : Victor est plutôt tendu ou je me trompe ?
- Magali : Tant que son histoire de boulot ne sera pas entièrement claire, tu sais.
- Jérémie : Dis, au passage, il a quand même touché (sa sœur lui fait des gros yeux) un bon…enfin, je veux dire, ça ne s'est pas trop mal passé pour lui, d'après ce que je sais. Pourquoi ne pas laisser couler ? Il fait partie des gens qui peuvent trouver du boulot du jour au lendemain, non ?
- Magali : Qu'est-ce que tu racontes, toi ? On voit bien que tu n'as pas travaillé dans une boîte depuis longtemps, Jérémie. Elle est finie, l'époque où on était au chomâge parce qu'on était seulement sous qualifié. Maintenant, n'importe qui partage cette peur. N'importe qui peut basculer du jour au lendemain du haut vers le bas.
- Jérémie : N'importe qui. Bien sûr. Toi, par exemple. (La désignant à Noé, avec humour Elle n'a jamais foutu les pieds dans une ANPE ! C'est simple, quand elle en a marre, elle le fait savoir à son réseau. L'info tombe illico presto dans les oreilles des chasseurs de tête. Á peine le temps d'une semaine de balnéo et madame attaque les premiers rounds d'entretien. Pardon, la dernière fois c'était deux semaines. Non seulement elle n'a jamais besoin de chercher du boulot, mais en plus, elle fait chaque fois, comment tu dis ?... (elle hausse les épaules, secoue la tête) ah oui. Un jump ! Hop ! plus dix, plus quinze, plus vingt. Quand tu penses que des tas de gens gueulent pour obtenir, au final, un euro de plus sur leur ticket restau ou une augmentation minable, qui sert à payer une place de cinéma ou un CD !
- Victor (qui réapparaît avec un plateau) : Ça y est, notre gaucho de service s'est réveillé, Noé. Je crois bien qu'on a oublié de lui faire sa piqûre de rappel. Alors, mon petit Jérémie, révision. (il dépose le tout devant Jérémie). A peine sortie d'un bac difficile, ta sœur, elle, n'a pas musardé à Kathmandou mais a passé un an sans lever le nez pour préparer ses concours. Ensuite, elle a entamé de longues études, qui ne lui permettaient pas de passer trois mois d'hiver sur une plage balinaise. Enfin, dès qu'elle a eu son premier job, elle n'a jamais cesser de travailler comme une dingue. Elle ne compte pas ses heures, ses voyages éreintants, elle est tributaire des volontés parfois tyranniques de ses clients. En conclusion, ta soeur ne vole à personne son salaire, Jérémie.
- Magali : Ça va, ça va, Victor. Merci, mais je peux me défendre toute seule.
- Jérémie : En même temps, il se défend lui-même. Bien joué. Une pierre deux coups.
- Victor : Je ne vois vraiment pas où tu veux en venir, Jérémie. Tu disais toi-même que s'en sortir est une affaire de volonté. D'ailleurs, tu en es une preuve vivante et tu le sais bien. Tu as réussi. (le désignant à Noé). Jérémie faisait mille et un boulots le jour. La nuit, il écrivait. Et bien, ça a payé. Volonté. Travail. La méthode est incroyablement simple et efficace. Son troisième bouquin fait encore plus de tabac que le précédent. Je parle de tout ça aussi pour vous encourager, Noé. Il n'y a pas si longtemps, Jérémie dormait dans le même lit que vous, se demandait de quoi demain allait être fait. Maintenant…il est plus gras que nous, le cochon !
- Noé : Un mois que je suis ici et je ne sais pas que Magali a un frère écrivain. Écrivain. C'est un des plus beaux métiers du monde, non ? Laissez-moi vous regarder, Jérémie. Tout jeune, je pensais qu'un écrivain concentrait tant de rêves, de passions, de connaissances humaines et tant d'autres choses merveilleuses dans un seul être, qu'il devait se distinguer de beaucoup d'autres par un regard abyssal, où s'abîmerait celui du commun des mortels qui viendrait à le croiser. (Jérémie sort discrètement un petit carnet et un crayon, pour noter quelque chose). Attention, monsieur l'écrivain, si vous me piquez mes phrases, je vous demanderai des royalties. Alors, ce livre ? Je peux le voir ?
Magali se lève, va chercher le livre de son frère et le tend à Noé.
- Noé : Jérémie Sfax. Sfax ?
- Jérémie : C'est l'éditeur. Il m'a proposé de changer de nom. Plus percutant que l'original.
- Noé : C'est vrai que ça frappe agréablement l'oreille (il touche la couverture, tourne le livre, lit un peu de la quatrième de couverture, le remet à l'endroit. Son regard se perd). Les écrivains sont des grands-prêtres. Ils ordonnent pour nous une secrète liturgie, à laquelle nous participons dès l'instant où nous ouvrons et parcourons le livre. De là leur puissance. Que vous aimiez ou détestiez un livre, dès que vous le lisez, vous parcourez un labyrinthe, une forêt qui a été créée pour vous perdre, pour vous entourer de toute part (il rit, se tourne vers Jérémie). Je ne vois pas pourquoi je vous raconte ça. Vous devez savoir toutes ces choses mieux que moi.
- Victor : Je ne trouve pas qu'on se perd tant que ça dans le livre de Jérémie. Au contraire, c'est très structuré. Et à la fois très simple. Attention, ce n'est pas une critique, hein ? Il paraît que c'est très difficile, d'écrire de manière dépouillée. Lisez-le Noé, vous vous ferez votre propre avis.
- Noé : Merci.
ACTE II, scène I
(1/2)
Magali, Noé, Victor
Le frère de Magali : Jérémie.
Ambiance de fin de soirée après repas. La table n'est pas desservie.. Tous sont au salon, dans une position très relax, sauf Victor, debout.
- Victor : J'ai une petite prune pas à piquer des hannetons. Qui est partant ? Je ne sais pas pourquoi je pose la question. Je sais sur qui je peux compter et qui n'en prendra pas.
- Magali : Et bien, pour une fois, tu auras tort. Parce que de la prune, j'en ai bien envie, ce soir.
- Victor : Tiens donc ?
- Magali : Oui monsieur. Il se pourrait même que je sois tentée de me saouler, tu vois.
- Victor : Tu as quelque chose à célébrer ? à noyer ? à…
- Magali : Pas la peine de chercher des raisons à tout Victor.
- Victor : En cherchant, pourtant, on finit un jour par trouver. Longtemps, on a cru qu'un petit malin fermait les écluses du ciel quand les hommes faisaient trop de bêtises. Quand un corps n'avait pas son intégrité, c'était encore un moyen pour le même petit malin de nous passer des messages. Même aujourd'hui, un homme qui s'assoit près d'une femme ignore souvent qu'il est peut-être en train d'exécuter un ordre chimique. Etcetera etcetera, alors, dans le futur, qui sait si on ne pourra pas dire exactement pourquoi Magali Potier, un soir, a choisi, contre toute habitude, un alcool dépassant les cinquante degrés ? Noé ? Prune ?
- Noé : Avec plaisir, Victor.
- Victor : Jérémie ?
- Jérémie : Ah, non, surtout pas. Tu sais bien que ça me flingue ces trucs-là, mon petit Victor. Si tu as un peu de tisane, par contre ? Tu sais, la…
- Victor : Réglisse-menthe. Je sais.
- Jérémie : Voilà.
- Victor : Á raison d'un sachet tous les trois mois, tu n'as pas à craindre de rupture de stock, le paquet est à peine entamé.
- Jérémie : S'il te plaît, avec…
- Victor : Deux sachets, je sais aussi. Bon, et bien ça me fait quand même une note de trois sur quatre, les amis. J'aurais dû penser à l'adage pour faire un sans-faute (Il se dirige vers le buffet, sort une bouteille, des verres, suivi par sa femme).
- Magali : Quel adage ? Laisse, je vais servir. Si tu veux bien t'occuper de la tisane. Quel adage ?
- Jérémie : Pas très compliqué, soeurette. Souvent, femme varie.
- Noé (en chantonnant sur l'air de Verdi) : La donna e mobile…
Victor quitte le salon pour la cuisine. Quand Victor s'est passablement éloigné :
- Jérémie : Victor est plutôt tendu ou je me trompe ?
- Magali : Tant que son histoire de boulot ne sera pas entièrement claire, tu sais.
- Jérémie : Dis, au passage, il a quand même touché (sa sœur lui fait des gros yeux) un bon…enfin, je veux dire, ça ne s'est pas trop mal passé pour lui, d'après ce que je sais. Pourquoi ne pas laisser couler ? Il fait partie des gens qui peuvent trouver du boulot du jour au lendemain, non ?
- Magali : Qu'est-ce que tu racontes, toi ? On voit bien que tu n'as pas travaillé dans une boîte depuis longtemps, Jérémie. Elle est finie, l'époque où on était au chomâge parce qu'on était seulement sous qualifié. Maintenant, n'importe qui partage cette peur. N'importe qui peut basculer du jour au lendemain du haut vers le bas.
- Jérémie : N'importe qui. Bien sûr. Toi, par exemple. (La désignant à Noé, avec humour Elle n'a jamais foutu les pieds dans une ANPE ! C'est simple, quand elle en a marre, elle le fait savoir à son réseau. L'info tombe illico presto dans les oreilles des chasseurs de tête. Á peine le temps d'une semaine de balnéo et madame attaque les premiers rounds d'entretien. Pardon, la dernière fois c'était deux semaines. Non seulement elle n'a jamais besoin de chercher du boulot, mais en plus, elle fait chaque fois, comment tu dis ?... (elle hausse les épaules, secoue la tête) ah oui. Un jump ! Hop ! plus dix, plus quinze, plus vingt. Quand tu penses que des tas de gens gueulent pour obtenir, au final, un euro de plus sur leur ticket restau ou une augmentation minable, qui sert à payer une place de cinéma ou un CD !
- Victor (qui réapparaît avec un plateau) : Ça y est, notre gaucho de service s'est réveillé, Noé. Je crois bien qu'on a oublié de lui faire sa piqûre de rappel. Alors, mon petit Jérémie, révision. (il dépose le tout devant Jérémie). A peine sortie d'un bac difficile, ta sœur, elle, n'a pas musardé à Kathmandou mais a passé un an sans lever le nez pour préparer ses concours. Ensuite, elle a entamé de longues études, qui ne lui permettaient pas de passer trois mois d'hiver sur une plage balinaise. Enfin, dès qu'elle a eu son premier job, elle n'a jamais cesser de travailler comme une dingue. Elle ne compte pas ses heures, ses voyages éreintants, elle est tributaire des volontés parfois tyranniques de ses clients. En conclusion, ta soeur ne vole à personne son salaire, Jérémie.
- Magali : Ça va, ça va, Victor. Merci, mais je peux me défendre toute seule.
- Jérémie : En même temps, il se défend lui-même. Bien joué. Une pierre deux coups.
- Victor : Je ne vois vraiment pas où tu veux en venir, Jérémie. Tu disais toi-même que s'en sortir est une affaire de volonté. D'ailleurs, tu en es une preuve vivante et tu le sais bien. Tu as réussi. (le désignant à Noé). Jérémie faisait mille et un boulots le jour. La nuit, il écrivait. Et bien, ça a payé. Volonté. Travail. La méthode est incroyablement simple et efficace. Son troisième bouquin fait encore plus de tabac que le précédent. Je parle de tout ça aussi pour vous encourager, Noé. Il n'y a pas si longtemps, Jérémie dormait dans le même lit que vous, se demandait de quoi demain allait être fait. Maintenant…il est plus gras que nous, le cochon !
- Noé : Un mois que je suis ici et je ne sais pas que Magali a un frère écrivain. Écrivain. C'est un des plus beaux métiers du monde, non ? Laissez-moi vous regarder, Jérémie. Tout jeune, je pensais qu'un écrivain concentrait tant de rêves, de passions, de connaissances humaines et tant d'autres choses merveilleuses dans un seul être, qu'il devait se distinguer de beaucoup d'autres par un regard abyssal, où s'abîmerait celui du commun des mortels qui viendrait à le croiser. (Jérémie sort discrètement un petit carnet et un crayon, pour noter quelque chose). Attention, monsieur l'écrivain, si vous me piquez mes phrases, je vous demanderai des royalties. Alors, ce livre ? Je peux le voir ?
Magali se lève, va chercher le livre de son frère et le tend à Noé.
- Noé : Jérémie Sfax. Sfax ?
- Jérémie : C'est l'éditeur. Il m'a proposé de changer de nom. Plus percutant que l'original.
- Noé : C'est vrai que ça frappe agréablement l'oreille (il touche la couverture, tourne le livre, lit un peu de la quatrième de couverture, le remet à l'endroit. Son regard se perd). Les écrivains sont des grands-prêtres. Ils ordonnent pour nous une secrète liturgie, à laquelle nous participons dès l'instant où nous ouvrons et parcourons le livre. De là leur puissance. Que vous aimiez ou détestiez un livre, dès que vous le lisez, vous parcourez un labyrinthe, une forêt qui a été créée pour vous perdre, pour vous entourer de toute part (il rit, se tourne vers Jérémie). Je ne vois pas pourquoi je vous raconte ça. Vous devez savoir toutes ces choses mieux que moi.
- Victor : Je ne trouve pas qu'on se perd tant que ça dans le livre de Jérémie. Au contraire, c'est très structuré. Et à la fois très simple. Attention, ce n'est pas une critique, hein ? Il paraît que c'est très difficile, d'écrire de manière dépouillée. Lisez-le Noé, vous vous ferez votre propre avis.
- Noé : Merci.
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
ACTE II, scène II
2/2
- Victor : Mais je vous préviens, c'est un peu violent.
- Jérémie : C'est la société, Victor, qui est violente. Mon livre n'en est que le reflet. Le reflet n'est pas la violence elle-même. Il en est juste le miroir.
- Victor : Tu joues un peu sur les mots, là, non ?
- Jérémie : Pas du tout !
- Victor : Admettons. Son bouquin tourne pas mal autour du sexe et de la pornographie. J'espère que vous n'êtes pas trop prude, Noé.
- Jérémie : C'est en partie une critique sur la mafia et du commerce du sexe en Russie, alors, forcément, je ne parle pas beaucoup de balades en troïkas sur des lacs gelés. C'est frontal, c'est violent, c'est vrai, parce que je le répète, j'ai choisi de parler d'un sujet violent. Notre époque est d'une violence inouïe, non ? Regardez ce que la société vous a obligé à faire, Noé, vous, un homme intelligent et instruit. Par quelle aberration, avec quelle violence elle vous a jeté sur le pavé !
- Noé : Pour ma part, je ne suis pas tombé de très haut, vous savez. Et puis, je ne peux pas lui donner tous les torts. Loin de là. J'aurais pu m'arrêter ici ou là. Me former à un métier. Je n'ai ni voulu, ni pu. Allez savoir.
- Jérémie : D'après ce que j'ai compris, à ce sujet, vous avez un scoop, non ?
- Victor : Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Magali : Il veut dire qu'il a entendu des choses, avant que tu n'arrives, dont je ne t'ai pas encore parlé parce qu'elles sont toutes neuves. N'est-ce pas, Noé ?
- Noé : C'est vrai, Victor. C'est arrivé si vite. Je le ressens tellement encore comme une gifle que j'ai du mal à en parler. C'est encore très confus, pour moi.
- Magali (regardant son mari et son frère à tour de rôle) : On oublie l'Espagne, les délires paupéro-lyriques. On parle de véritable projet de vie. Ce n'est pas ce qu'on espérait, en recueillant dans cette maison un inconnu dans le dénuement absolu ? Bien sûr, il a fallu batailler ferme, mais le résultat est là. Noé a renoncé aux solutions à la petite semaine.
- Victor : Tu lui as trouvé un boulot, c'est ça ?
- Magali : Pas tout à fait.
- Victor : Ah ? Parce que je n'imaginais pas vraiment Noé travaillant dans la pub ou le marketing.
- Jérémie : D'un autre côté, s'il réussissait là-dedans, je pourrais lui servir de nègre pour écrire un bouquin sur son parcours. Je vois d'ici le titre : "Du trottoir aux nuages".
- Magali : Garde ton idée au chaud, Jérémie. Elle pourtait servir. Évidemment, Noé n'a aucune envie de travailler dans mon univers, (s'adressant à Victor) ni dans le tien. Il va faire ce qu'il aurait dû faire depuis longtemps.
- Victor : Ça y est. J'ai compris. (Il claque des doigts) L'opéra.
- Magali : Exact.
- Jérémie : Vous aviez commencé une carrière ?
- Noé : Non. Je voulais devenir professionnel, mais… la vie…
- Magali : La vie, tu parles. Il faut avoir l'honnêteté de le reconnaître aujourd'hui, Noé. Tu devais avoir un grand poil dans la main. Il a répété tout le mois et les gens que je viens de lui présenter sont unanimes.
- Victor : Ah, je commence à comprendre toutes vos cachotteries.
- Magali : C'est ça le scoop. Il a tout pour être un grand chanteur. La voix. La technique. Le physique. Parce que ça compte aussi. Noé a tout laissé tomber parce que… (se tournant vers Noé), tu me contrediras si je me trompe, il n'avait pas suffisamment de volonté.
- Victor : On n'y revient toujours.
- Magali : Il faut le dire, le chant demande une volonté de fer, une discipline d'athlète.
- Jérémie : Donc, si je comprends bien, vous vous y remettez, Noé.
- Noé : Oui.
- Jérémie : Après autant d'années, ça n'est pas …?
- Magali : Dur ? Ça le sera, bien sûr. Mais on n'a rien sans rien. Noé a enfin compris qu'il était en train de laisser croupir un trésor. Et puis on va être là, autour de lui, comme une famille (elle prend la main de Victor), hein, Victor ?
- Victor (un peu troublé) : Bien sûr. Bien sûr.
- Magali : Allez, un petit coup de prune, pour le deuxième scoop.
- Victor (peinant à paraître détendu): Ah oui ? C'est drôle, je suis à peine surpris. Laisse-moi deviner. Il va jouer un rôle-titre. Don José dans Carmen ? Tu vois Mag, qu'il me reste quelque chose des concerts où tu me trimballes.
- Magali (indifférent à son trouble) : Tu es sur la bonne voie, mais il ne faut pas exagérer, tout de même. Noé a obtenu une audition pour Aïda. C'est déjà très bien. Qu'est-ce que je dis, c'est déjà formidable ! Bon, c'est un peu lourd pour lui, mais il ne tombera pas dans le piège, il a assez de technique.
- Jérémie : Attends, attends, qu'est-ce que tu racontes, là, qu'est-ce qui est plus lourd que quoi ?
- Magali : Attends. D'abord, je sers.
- Jérémie : Non, pas pour moi, tu sais bien.
- Magali : Tu ne veux pas faire un effort ? Pour trinquer tous ensemble ?
- Jérémie : Non, non, tu sais bien que ça me rend malade. Noé, vous ne m'en voulez pas ?
- Noé : Absolument pas, Jérémie, vous pensez bien !
- Victor : Fiche la paix à ton frère. Et puis, modère ton enthousiasme. Tu as dit que c'était une audition. Tu m'as raconté toi-même qu'il y avait souvent des entourloupes, dans ces histoires.
- Jérémie : M'étonne pas. C'est comme les concours d'architecte. Ou les comités de lecture dans les maisons d'édition.
- Noé : Vous avez bien été publié, Jérémie.
- Jérémie : Oui. Mais je ne l'aurais peut-être pas été si le type qui avait eu mon premier bouquin dans les mains s'était fait larguer le jour même pas sa dulcinée. Ou si une nana l'avait jeté avant même d'y avoir jeté un coup d'oeil.
- Noé : Il n'y a pas un peu de mythe, dans ce que vous racontez ?
- Magali : Noé a parfaitement raison. Un très bon livre est forcément publié un jour. Un éditeur peut se tromper, mais pas cinq. Donc, tu n'as que ce que tu mérites. Maintenant, trinquons à notre futur grand ténor. Et toi, frérot, tu n'as qu'à lever haut ta tasse de tisane. Si Noé le permet.
- Noé : Moi, vous savez…
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
chipotons :
On n'y revient toujours => on y revient toujours
et bien => eh bien
je relis plus tard pour le commentaire
On n'y revient toujours => on y revient toujours
et bien => eh bien
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Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
.
Tout à fait Thierry. Tu ne sais pas, pour le "eh bien", j'ai dû en corriger six, pas moins, pour tout le texte ! Et puisque j'y suis, un erratum :
il faut lire :
"- Victor : Á raison d'une prise tous les trois mois, tu n'as pas à craindre de rupture de stock, le paquet est à peine entamé.
- Jérémie : S'il te plaît, avec…
- Victor : Deux sachets, je sais aussi."
et non d'un sachet qui rend la suite un peu contradictoire.
.
Tout à fait Thierry. Tu ne sais pas, pour le "eh bien", j'ai dû en corriger six, pas moins, pour tout le texte ! Et puisque j'y suis, un erratum :
il faut lire :
"- Victor : Á raison d'une prise tous les trois mois, tu n'as pas à craindre de rupture de stock, le paquet est à peine entamé.
- Jérémie : S'il te plaît, avec…
- Victor : Deux sachets, je sais aussi."
et non d'un sachet qui rend la suite un peu contradictoire.
.
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
ACTE II, scène 2, 1/2
Jérémie, Victor
Victor est seul au début. Il est assis à table. Face public. Á portée de main,une bouteille d'alcool et un verre. Son attitude est celle d'un homme en état d'ivresse ..
- Victor : Il ne suffisait pas de grand-chose, pourtant. Noé ne serait pas apparu de nouveau à la fenêtre… Avec, combien ? une minute en plus ? Quinze secondes ? et il aurait disparu, avec sa gueule de chanteur de charme. Merde, quinze secondes et tu échappes à l'enfer. Qu'est-ce que ça peut être d'autre ? Une machination ? Ils avaient tout prévu ? Non. Pas possible, ça. Noé était assez amoché. Pas possible d'imiter la déchéance comme ça, au fond des yeux, avec un tube et un pinceau d'esthéticienne. Reste concentré, Victor. Reste concentré. Pas la peine de chercher. Quinze secondes. Et qui sait si c'est pas cinq ? Cinq secondes pour tout foutre en l'air. Et si ça se trouve, c'est cette histoire qui a entraîné l'autre. Sinon, je ne vois pas comment… Une espèce de loi du genre. Comment on dit déjà ? Ah oui. Loi de l'emmerdement maximum. Évidemment, moi j'ai le nez collé dessus alors je ne vois pas comment c'est possible. Mais quelqu'un avec le dossier en main, dans cent ans, dans deux cents ans, trouvera sûrement et le nombre de secondes et pourquoi se produit une nouvelle secousse un peu plus tard. Fergus, Grangier, Junger, eux, c'est juste des pièces, des rouages. L'ensemble de la machine, celle qui cherche à me réduire en bouillie, elle, elle n'a pas de nom aujourd'hui. Mais demain. Sauf que demain, je ne serai plus là pour comprendre. Alors il faut que je me débrouille avec ce que je sais. Concentre-toi, Victor. Pas le détective privé, non. (il s'énerve) Á quoi ça sert de faire ressortir le détective privé, tu peux me le dire ? Parce qu'il t'avait demandé si tu voulais une photo de l'amant et que tu n'en as pas voulu ? Ça te fait une belle jambe de le savoir, tiens. Tu l'aurais reconnu dans la rue, avec sa barbe et sa gueule cassée ? Peut-être. Oui, tu l'aurais reconnu, il me semble, et tu aurais pensé que c'était bien fait pour sa gueule. Tu aurais fait un deuxième chocolat pour ta femme et tu les aurais regardés tour à tour. Elle à se délecter. Lui à se peler le cul. Et ils ne seraient pas en train de bâtir un nouveau royaume. Parce que c'est évident qu'après avoir rongé leur frein, ils ont dû se précipiter n'importe où, dans une loge, dans une voiture, pour se jeter l'un sur l'autre. Arrête, Victor. Économise tes forces. Tu es un type pragmatique. Carré. Tu sais que tu ne peux pas faire machine arrière, mais pour ce qui est devant toi, par contre…
La sonnerie de l'interphone retentit. Victor met un temps fou pour se lever, se traîner, tituber jusqu'au combiné.
- Victor : …qu'y a ? Ah, c'est toi. Bien sûr. Monte.
Il repose le combiné, va à la porte d'entrée, l'ouvre en grand et rejoint avec peine un canapé avec sa bouteille. Jérémie monte quatre à quatre les escaliers, ferme la porte derrière lui et le voit faire deux ou trois pas avant de s'affaler.
- Jérémie : Pourquoi tu as quitté le spectacle de cette façon ? On t'a cherché partout. Après le spectacle, on a pris un pot avec la troupe. Ils doivent y être encore. Noé a reçu un triomphe, Victor. Il était déçu que tu ne sois pas là. Vraiment. Je ne sais pas pourquoi, mais j'étais sûr de te trouver là. Ce n'est pas la grande forme, on dirait. Ce n'est pas à cause du boulot, quand même ? Parce que ce soir, c'est la fête. Vous avez réussi, Victor ! Du trottoir aux nuages, tu te souviens ?
- Victor : Tu tiens ton meilleur best-seller, Jérémie.
- Jérémie (haussant les épaules) : Je ne pensais pas à ça. Dis donc, tu n'as l'air vraiment pas en forme, toi.
- Victor : Au contraire, mon petit Jérémie, au contraire. Tout à l'heure, je tournais autour des choses, j'avais beau m'échiner, je ne voyais pas par quel bout prendre quoi. J'ai bien essayé de briser des coquilles, par endroit, mais rien à faire. Alors que là, par je ne sais quel miracle…
- Jérémie (s'approchant de Victor, prenant la bouteille pour en lire l'étiquette) : Moi je sais. Il porte même un un joli nom. Wyborova.
- Victor : Tu es écrivain, Jérémie, pas patron de bar. Tu aurais pu me dénicher un miracle qui a de la gueule ! Faut dire… faut dire… la poésie…c'est pas vraiment ta spécialité, je crois. Toi, tu es un écrivain de la vérité. Surtout celle qui sent très fort sur les étals.
- Jérémie (blessé, irrité, hésitant, bouteille en l'air, et décidant de la rendre à Victor) : Tiens, je t'offre quelques miracles de plus, histoire de connaître le reste. In vino veritas.
- Victor : Va-t-en, Jérémie ! Je n'ai pas autre chose que de la bile, en magasin. Et c'est par tonnes, que je la distribue.
- Jérémie : Et la Wyborova ?
- Victor : Ça t'obligerait à voir clair. Malheureusement, c'est le genre de vision qu'on n'obtient pas dans les salons littéraires. (Après une pause Ni dans les conseils d'administration, d'ailleurs. Ça te les coupe, hein ? Qu'est-ce que tu croyais ? Que je te réservais mes kilos d'amertume ? Tu n'en as eu que quelques gouttes, mon vieux. Avant ton arrivée, je m'en suis servi des fûts entiers, fugure-toi. Avant même d'avoir goûté à la vodka.
- Jérémie: Je vais te prouver que nous sommes des amis.
Il lui arrache la bouteille des mains, boit une lampée au goulot, tousse, surpris par la force de l'alcool.
- Victor : C'est bien. C'est bien. Je n'avais pas l'intention d'embarquer avec un buveur de tisane.
- Jérémie: Qu'est-ce qui se passe, Victor ? Je ne t'ai jamais vu dans un état pareil.
- Victor : C'est une erreur de ma part. Plus tôt j'aurais commencé, plus tôt ma vision aurait été élargie. J'aurais gagné du temps.
- Jérémie : J'ai un peu de mal à te suivre. Gagné du temps pourquoi ?
- Victor : Tu n'as rien bu. Bois encore, Jérémie ! Bois ! (Jérémie avale une petite gorgée) Allez ! (une deuxième, bien plus généreuse) C'est ça (une troisième identique à la seconde). C'est bien. Qu'est-ce que tu vois ?
- Jérémie (écarquillant les yeux): Rien de spécial. Deux pauvres cons solitaires.
- Victor : C'est un bon début. Pour ce que tu as bu, tu as de meilleures facultés que moi. Normal, après tout. Passer de la menthe-réglisse à la vodka pure sans transition… (silence, puis se prenant la tête dans les mains). J'ai la tête qui va éclater, moi. (il se lève, va à la salle de bains, en revient la tête trempée, dégoulinante). Purée, ça fait du bien. Tu disais quoi, déjà. Ah, oui, deux cons solitaires. En ce qui me concerne, il n'y a pas de mystère.
- Jérémie : C'est vrai. Tu t'es tiré du spectacle comme un goujat et tu nous as laissés en plan.
- Victor : Tu as vu comme elle le regardait ?
- Jérémie : Qui regardait qui ?
- Victor : Arrête de faire l'idiot ! Ta sœur, bien sûr, bavant de désir au-dessus de la scène pour son petit champion.
- Jérémie : Noé ?
- Victor : Qui d'autre ? Et en ce moment, tu crois qu'ils font quoi ? Qu'ils lèvent un toast à ma santé ?
- Jérémie : Qu'est-ce que tu racontes ? C'est toi qui t'es tiré, Victor. Magali et moi on t'a cherché partout, à l'entracte. Tu lui as gâché sa soirée, oui !
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Acte II, scène II, 2/2
- Victor (poussant un rire jaune) : Ah ah ! C'est la meilleure !
- Jérémie : Tu es complètement à la masse, mon pauvre Victor !
- Victor : Ah oui ?
- Jérémie : On est en Occident et au vingt-et-unième siècle, rappelle-toi. Un homme et une femme qui trinquent ensemble ne fomentent pas nécessairement une scéance de rut effréné.
- Victor (les yeux dans le vague) : Quinze secondes. Peut-être cinq.
- Jérémie : C'est quoi, encore, ce délire ?
- Victor : Si ça se trouve, encore moins. Dans cent ans. Dans deux cents ans…
- Jérémie : Bon sang, Victor, il faudrait me donner une clef ou deux.
- Victor : Bois, Jérémie. C'est la première clef. Les autres tomberont toutes seules dans tes poches. Bois, je te dis. (Jérémie s'exécute, il descend allègrement la bouteille) Tu es un bon gars, Jérémie. Tu fais ce qu'il faut pour faire un bout de voyage avec moi.
- Jérémie : Je sais que tu m'aimes bien mais que tu n'aimes pas ce que j'écris.
- Victor : Oh, tu sais, des goûts et des couleurs. Tu as combien de lecteurs ? Cent mille ? Deux cent mille ?
- Jérémie : Trois cent cinquante mille, pour le dernier.
- Victor : Quel homme ! Mettons que la moitié l'aient acheté parce que les précédents leur avaient plu. Ça fait tout de même… aide-moi, Jérémie !
- Jérémie : Cent soixante quinze mille.
- Victor : Exact ! Ça fait un sacré paquet de lecteurs qui aiment ce que tu fais. Qu'est-ce que ça peut te foutre qu'un type comme Victor, qui ne connaît rien en littérature, qui ne pense qu'à gagner du pognon, ne sois pas dans le bon paquet ? Hein, qu'est-ce que ça peut te foutre ?
- Jérémie : Tu te caricatures toi-même, Victor. C'est grâce à toi, si Noé s'en est sorti. (Il vient s'asseoir près de Victor. Le prend par l'épaule) Tu as un énorme cœur, je le sais. Magali m'a raconté le jour où vous avez fait monter Noé. C'est toi qui ne supportait pas de voir un type crever sous tes fenêtres.
- Victor : Je l'aurais laissé partir. C'est ta sœur, qui…
- Jérémie : Je sais.
- Victor : C'est vrai que vous vous racontez des tas de choses. Alors tu dois savoir que Noé n'était pas un inconnu pour elle. (Silence. Il se dégage péniblement, se lève et crie : ) Plus fort, j'entends rien !
- Jérémie : Ok, ok, je le savais ! Mais c'est de l'histoire ancienne, Victor. Elle n'a pas eu pitié d'un inconnu mais d'un ancien amant, c'est d'accord, mais ça reste de la pitié, pas de l'amour.
Silence
- Victor : Ils ne vont pas revenir.
- Jérémie : Qu'est-ce que tu racontes ?
- Victor : C'est quand même clair, non ? Ils ne vont pas revenir, je te dis. Ils vont passer la nuit à l'hôtel et elle reviendra chercher ses affaires en catimini. Le problème, c'est que je n'ai plus d'horaires fixes. C'est un peu compliqué. Elle va beaucoup stresser, à l'idée de me croiser.
- Jérémie : Je crois qu'il est temps de débarquer, mon pauvre Victor.
- Victor : Au contraire, moussaillon, au contraire. Le grain, approche. C'est une tempête qui se prépare. Il faut être sur le pont. Se préparer. Mais je ne sais pas si j'ai bien fait de t'embarquer. Tu ne connais rien à ce type de navigation.
- Jérémie : Mais encore … ?
- Victor : Je ne t'ai jamais vu au bras d'une femme, Jérémie. Quand tu allais de petit boulot en petit boulot, je comprenais que tu avais d'autres soucis en tête, mais maintenant que tu es offert en pâture par piles entières, ne me dis pas que ce sont les occasions qui manquent. Les évènements édito… édito..
- Jérémie (fort) :… riaux !
- Victor : Merci. Et les traductrices. Les signatures dans les librairies. Ajoute les nanas qui te reconnaissent dans la rue. Celles des télés. C'est quoi ton problème, mon gars ? Personne ne se rappelle t'avoir vu au bras d'une gonzesse ! Tu peux parler, tu sais. On est seuls, sur le bateau. Et puis après, va y avoir la tempête. Je ne sais pas si je serai en état.
- Jérémie : Je ne suis pas gay, si c'est ce que tu veux dire.
- Victor : Pas du tout. Qu'est-ce que tu crois ? J'ai l'air d'un type dont le sang se fige à la vue d'un homosexuel ?
(silence)
- Jérémie : Au début… au début…
- Victor : Allez, compagnon, du cran.
Jérémie boit de nouveau.
- Jérémie : Avec tes manières, tes montages financiers, tes placements, tu… tu m'emmerdais, Victor, tu m'emmerdais, oui !
- Victor : Et maintenant, tu es riche, tu as besoin de conseils pour bien gérer ton fric alors tu te mets à m'adorer, ah ah !!! File-moi la bouteille, amigo !
- Jérémie (lui apporte la bouteille) : Je dois réfléchir à tout ça. Je ne vais pas me faire bouffer par ta logique.
- Victor : Réfléchis, réfléchis, mon ami, mais n'espère pas te distinguer en ce sens. Ton fric te tiendra de plus en plus chaud. Et ce n'est pas les… les quelques larmes qu'il assèchera ici ou là qui y changeront grand-chose. Où est passée ta fièvre sociale (prononcé d'une manière passionnée) depuis que tu es arrivé au hit-parade ? Regarde-toi, Jérémie. Avec tes bottes de cow-boy à 800 euros, ton pantalon, ta chemise de chez truc muche. Aucune méchanceté, là-dedans, mon petit Jérémie, attention. Belle chemise, soit dit en passant, tu me donneras l'adresse. Attention ! Je dis une chose toute bête. Je ne dis rien d'autre que tu es quelqu'un de normal (ce dernier mot est appuyé). Pas un héros. Normal. Parfaitement normal. Comme moi. Comme Magali. Comme Noé. (Silence). Avec tout ça, je n'ai pas de réponse à ma question, tiens.
- Jérémie : Á savoir ?
- Victor : Les femmes, pardi ! Celles qui devraient être pendues à ton bras et qui ne le sont pas.
Jérémie fait mine de réfléchir.
- Jérémie : Je prends mon temps. J'ai quelques liaisons discrètes. La base des relations ? Presque exclusivement sexuelle. Je n'ai envie de présenter à personne des filles que je ne suis pas sûr de revoir la semaine d'après. Surtout aux amis. Surtout à la famille.
- Victor : C'est aussi simple que ça ?
- Jérémie : Oui.
- Victor : Il est quelle heure ?
- Jérémie (levant le bras avec lenteur, écarquillant les yeux) : Deux heures.
- Victor (après un sourire) : Qu'est-ce que je t'ai dit ? Viendront pas. Au moment où on parle, ils baisent comme des chiens.
- Jérémie : Tu es complètement soûl, Victor.
- Victor (riant exagérément, puis) : Ce n'est pas ce qu'il faut dire, Jérémie. Á quoi ça sert de t'avoir embarqué, bon dieu ? Tu connais mal tes répliques ! Il faut dire : Victor, tu as les yeux grands ouverts ! tu vois au travers des murs ! Tu vois au travers du temps ! Et de la nuit !
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Salut Apou,
Tu ne n'as jamais raconté la naissance du titre de ta pièce, qui, est une formule que j'utilise bien souvent pour désigner bien autre chose.
Je ne suis ni en colère ni jaloux, ni protecteur, ni droits réservés, seulement curieux de cette coïncidence rigolote, et éventuellement curieux de savoir la relation que tu lui prêtes avec ton texte.
Rien de plus ou de moins.
:-)
Tu ne n'as jamais raconté la naissance du titre de ta pièce, qui, est une formule que j'utilise bien souvent pour désigner bien autre chose.
Je ne suis ni en colère ni jaloux, ni protecteur, ni droits réservés, seulement curieux de cette coïncidence rigolote, et éventuellement curieux de savoir la relation que tu lui prêtes avec ton texte.
Rien de plus ou de moins.
:-)
Invité- Invité
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Peut-être un peu difficile à prononcer pour l'acteur?J'ai une petite prune pas à piquer des hannetons
Invité- Invité
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Deux fautes de frappe (t'as vu comme je suis !) :
"sois pas dans le bon paquet" = soiT
"C'est toi qui ne supportait pas" = supportaiS
Ca commence à chauffer (à la vodka), ça commence à bouillir même, ben oui, qu'est-ce qu'ils traficottent Noé et Magali, hein, pendant que le pauvre Victor sirote avec son bof
Toujours de bons dialogues, très humains maintenant
j'aime toujours autant ta pièce
et j'attends la suite, Apou
;-)
"sois pas dans le bon paquet" = soiT
"C'est toi qui ne supportait pas" = supportaiS
Ca commence à chauffer (à la vodka), ça commence à bouillir même, ben oui, qu'est-ce qu'ils traficottent Noé et Magali, hein, pendant que le pauvre Victor sirote avec son bof
Toujours de bons dialogues, très humains maintenant
j'aime toujours autant ta pièce
et j'attends la suite, Apou
;-)
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Panda, l'image obsessionnelle ayant donnée naissance à la pièce est celle d'un type bien au chaud dans un appartement, à sa fenêtre, voyant un SDF se les geler sur une place vide, sa femme lui réclamant un deuxième chocolat chaud, que son compagnon réussit particulièrement bien. J'ai pensé à "sans toit", j'ai glissé sur "sans toit ni loi", un film d'Agnès Varda, et pour mon titre provisoire, j'ai encore glissé sur une oie, une oie grasse comme celle qu'on peut, avec du pognon, manger quand on veut . Voilà, tu sais tout. Mais, je le rappelle, c'est un titre très provisoire, juste pour identifier ce travail. Mais je l'aime quand même. Dans ma bouche, c'est mon histoire en bonbon.
Mentor, merci de suivre mes héros sur leur chemin de "croix ?" de "transfiguration" ? Et merci pour tes corrections, que j'applique illico à l'original. Ça monte en puissance. Il y a encore quelques marches.
.
Mentor, merci de suivre mes héros sur leur chemin de "croix ?" de "transfiguration" ? Et merci pour tes corrections, que j'applique illico à l'original. Ça monte en puissance. Il y a encore quelques marches.
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Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Me souviens plus, c'est pas "une petite prune à pas piquer des hannetons, plutôt ?pandaworks a écrit:Peut-être un peu difficile à prononcer pour l'acteur?J'ai une petite prune pas à piquer des hannetons
Difficile à prononcer ? A jeun, sûrement. ;-)
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Voilà, que de lecture ! Cela me fait plusieurs scènes d'un coup. Je préfère lire de cette façon. Le temps d'entrer dans l'histoire, de se placer par rapport à l'action.
Même réflexion que Mentor sur le langage employé par Victor, si onctueux et poli au début ( un peu trop ? ) et sur " fait chier ! " et " merde " qui m'ont heurté. Cela ne s'applique, bien évidemment, qu'à la scène 6 - si je me souviens bien.
Pour le ton ( bouteille à l'appui ), c'est bien pensé. On assiste à un retournement de situation qui n'est pas pour me déplaire. Tu maîtrises toujours très bien tes personnages et la progression de ton histoire.
J'aimerais savoir si tu classerais ta pièce dans un registre humoristique, dramatique ou si, comme je le ressens, tu verrais plus Sans toi ni 'oie comme une comédie-dramatique.
J'attends la suite ( ou plutôt, les suites ) pour poursuivre l'aventure.
Beau travail !
Même réflexion que Mentor sur le langage employé par Victor, si onctueux et poli au début ( un peu trop ? ) et sur " fait chier ! " et " merde " qui m'ont heurté. Cela ne s'applique, bien évidemment, qu'à la scène 6 - si je me souviens bien.
Pour le ton ( bouteille à l'appui ), c'est bien pensé. On assiste à un retournement de situation qui n'est pas pour me déplaire. Tu maîtrises toujours très bien tes personnages et la progression de ton histoire.
J'aimerais savoir si tu classerais ta pièce dans un registre humoristique, dramatique ou si, comme je le ressens, tu verrais plus Sans toi ni 'oie comme une comédie-dramatique.
J'attends la suite ( ou plutôt, les suites ) pour poursuivre l'aventure.
Beau travail !
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Merci Lucy. Je ne vois pas pourquoi Victor n'aurait pas le droit de pousser des petites exclamations ordurières, surtout dans l'intimité, comme c'est la cas. "Merde" ou "fait chier" s'est démocratisé depuis belle lurette comme le jean. Porter un jean et prononcer des gros mots n'invite plus personne dans une case sociale déterminée. Dans aucune autre case, d'ailleurs. Ni sexuelle, ni générationnelle.
Pour les histoires de classement, à vrai dire, je ne sais pas et ça ne me préoccupe pas beaucoup, pour être franc. Le sujet est grave, au départ, mais l'humour m'est nécessaire pour le faire entendre dans sa dimension la plus large possible : Le SDF qui a bu du champ dans la journée, le type privilégié qui parle comme un marchand de fringues de manière inconsciente, le hasard, très important, le hasard (Paul Auster aime beaucoup ce sujet), qui fait qu'une vie, en quelques secondes, parfois, peut prendre tel ou tel chemin, le SDF qui n'est pas aussi prompt que les plus nantis à accuser la société de tous les maux. Sans ce jeu de la complexité, on ne peut, à mon sens poser le sujet. Grinçant, le jeu. Grinçant, l'humour. Comédie dramatique, peut-être que tu as raison, c'est assez proche de ce que je ressens.
Et puis, tu sais, plus le temps passe, plus me marrer m'aide dans ma vie, parce que je ne trouve pas beaucoup de solutions sérieuses aux problèmes, généraux ou personnels. Une manière d'être conscient et en même temps de désamorcer les bombes qui risquent de m'éclater à la figure. Je ne sais pas si je suis bien clair.
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Pour les histoires de classement, à vrai dire, je ne sais pas et ça ne me préoccupe pas beaucoup, pour être franc. Le sujet est grave, au départ, mais l'humour m'est nécessaire pour le faire entendre dans sa dimension la plus large possible : Le SDF qui a bu du champ dans la journée, le type privilégié qui parle comme un marchand de fringues de manière inconsciente, le hasard, très important, le hasard (Paul Auster aime beaucoup ce sujet), qui fait qu'une vie, en quelques secondes, parfois, peut prendre tel ou tel chemin, le SDF qui n'est pas aussi prompt que les plus nantis à accuser la société de tous les maux. Sans ce jeu de la complexité, on ne peut, à mon sens poser le sujet. Grinçant, le jeu. Grinçant, l'humour. Comédie dramatique, peut-être que tu as raison, c'est assez proche de ce que je ressens.
Et puis, tu sais, plus le temps passe, plus me marrer m'aide dans ma vie, parce que je ne trouve pas beaucoup de solutions sérieuses aux problèmes, généraux ou personnels. Une manière d'être conscient et en même temps de désamorcer les bombes qui risquent de m'éclater à la figure. Je ne sais pas si je suis bien clair.
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Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
j'ai un problème apoutziak.
Ne serait-ce que par politesse, j'aurais voulu lire et commenter, comme tu l'as fait pour le mien. mais, je suis bien incapable de lire du théâtre (pas plus que la poésie), je n'y entend rien, je m'y ennuie vite, je m'y perd...
voilà, je tenais juste à glisser un petit mot d'excuse.
j'irai fouiller le site pour trouver d'autres textes, en prose...
Ne serait-ce que par politesse, j'aurais voulu lire et commenter, comme tu l'as fait pour le mien. mais, je suis bien incapable de lire du théâtre (pas plus que la poésie), je n'y entend rien, je m'y ennuie vite, je m'y perd...
voilà, je tenais juste à glisser un petit mot d'excuse.
j'irai fouiller le site pour trouver d'autres textes, en prose...
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
C'est très gentil de ta part, Killgrieg, j'en connais qui sont là depuis belle lurette et qui n'ont jamais eu ce type d'attention. Merci à toi.
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
désolé, je sais pas pour toi, mais quand j'ai vu hier au "campus" de l'UMP Fillion arriver en jean et chemise ouverte, j'ai trouvé que ça sonnait faux, mais faux ! le pompon c'est s'il avait dit "fait chier ce ps" mais comme c'est pas le cas, rien à craindre ;-)apoutsiak a écrit:"Merde" ou "fait chier" s'est démocratisé depuis belle lurette comme le jean. Porter un jean et prononcer des gros mots n'invite plus personne dans une case sociale déterminée. Dans aucune autre case, d'ailleurs. Ni sexuelle, ni générationnelle.
bref, tu vois, la vulgarisation des fois ça devient vulgaire
en tout cas d'après mon ressenti perso
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Pour ma part, j'attends seulement la fin, suis pas un fan de la lecture épisodique (enfin, si, mais je préfère choisir mes moments — c'est égoïste oui, j'en ai conscience) et quitte à être égoïste ce serait bien d'avoir un fichier PDF tout prêt à se faire imprimer :-)apoutsiak a écrit:C'est très gentil de ta part, Killgrieg, j'en connais qui sont là depuis belle lurette et qui n'ont jamais eu ce type d'attention. Merci à toi.
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Je comprends tout à fait, Yali, c'est plus agréable de lire une oeuvre d'un coup. Je ferai bien sûr un fichier de cette pièce à la fin. Mais alors, pourquoi ne pas jeter un coup d'oeil un de ces quatre sur mon polar (Vâyû) et mon recueil de "nouvelles inséparables" (La Ville et le Voyageur, roman-nouvelles façon polar aussi), téléchargeables depuis belle lurette uniquement à partir de VE ? Parce qu'il y a beaucoup de critiques pour les textes courts, sur ce forum, mais pour les autres, c'est galère de recevoir des avis.
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Oui c'est galère Apou et je comprends ta déception mais tous nous travaillons et quelques uns d'entre nous au sortir du boulot essaient de rassembler ce qu'il reste de leurs méninges afin de se coller au travail des mots :un roman demande beaucoup d'énergie. Les textes longs sont si peu lus parce que les journées sont trop courtes. D'autre part, pour qui connait cette démarche, celle d'un texte long, sait que ledit texte subira d'infinies retouches, nombre d'aménagements avant sa version finale. Le premier jet n'étant que l'ossature du projet. Aussi, c'est vrai que pour ma part je préfère patienter et lire le projet abouti, celui partant tenter sa chance à l'édition. Au moins là je me sens à peu près utile. Si t'as ça dans tes fichiers, j'ai une adresse mail :-)
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Cette scène aurait dû s'appeler ACTE II, scène 3, mais je me rends compte que les "actes" ne conviennent pas à cette pièce. Quand je reprendrai le tout, je numéroterai tout simplement les scènes. Et celle-ci est pour l'instant la scène 10.
scène 10, 1/2
Magali, Jérémie
Magali est seule. Quelques cartons de déménagement. L'un d'eux est ouvert, rempli de vêtements. Des robes sont posées dessus, en vrac. Sur la table, des photos, en vrac elles aussi. Magali chantonne. S'affaire.
- Magali : C'est la roue du destin ma petite. La roue du destin. Elle tourne, tourne (Elle regarde la photo de Harlem) New-York, à nous deux ! (Elle va vers la table, regroupe les photos, cherche une petite boîte, la trouve, veut ranger les photos, se saisit de l'une d'entre elles) Victor. Mon pauvre Victor. Je ne peux pas faire semblant, tu comprends. Ne me regarde pas comme ça ! Je n'ai jamais dit que je n'avais plus d'affection pour toi. Il s'agit de passion, Victor. D'amour fou. Ça ne s'édicte pas. Je n'y peux rien, moi. On est emporté avec une force. Une force. Rien ne peut y résister. Tu ne peux pas t'imaginer, Victor. Je sais que tu es malheureux. Je sais que perdre son boulot et sa femme coup sur coup, c'est… Je sais tout ça Victor, je sais. (Elle crie) Mais je ne marche pas à la pitié, tu comprends. Tu en ferais quoi de ma pitié, quand je finirai par te détester ? (Elle jette la photo sur le tas, énervée, veut mettre le tas dans la boîte, renverse les photos). Et merde ! Tu vois, Victor. Tu vois. Si j'essaie d'y échapper, elle me rattrape, me fait faire n'importe quoi. ((Elle ramasse les photos, les repose en tas grossier sur la table, en prends une, la regarde). On aurait connu l'enfer, tu sais.
L'interphone sonne, Magali va répondre
- Magali : Oui ? C'est pas vrai ! Monte ! (Elle ouvre à Jérémie, lui passe les mains autour du cou, l'embrasse ) Trois mois sans nouvelles, tu exagères, quand même.
- Jérémie : Je t'avais bien prévenu soeurette. C'est un break complet que je voulais faire. Déconnection totale. Pas d'ordi. Pas de téléphone. La jungle, la vraie, avec de vrais anacondas, de vrais aras beaux comme des sucettes, des cons dont le sport est d'abattre le plus d'arbres possibles, d'autres cons qui imaginent pouvoir chasser un jour les vilains démons et leurs horribles machines de destruction. Et pendant qu'ils font des rêves vieux de milliers d'années, les premiers avancent, rasent, amassent, chassent, pillent. Tuent parfois. J'ai même failli rencontrer le sous-commandant Marcos, je te jure. J'ai de la matière pour un gros, gros bouquin, je t'assure. C'est quoi, ces cartons, vous déménagez ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?
- Magali : Il s'est passé… pas mal de trucs, tu sais.
- Jérémie : Ne me dis pas que vous peinez parce que Victor n'a pas retrouvé de boulot. Tu gagnes quand même bien ta vie.
- Magali (au bord des larmes) : C'est pas ça, Jérémie.
- Jérémie : Dis donc, qu'est-ce qu'il se passe ? T'as l'air drôlement secoué, toi.
- Magali (elle se jette dans ses bras). Oh, Jérémie !
Ils restent un temps silencieux
- Jérémie : Bon, on va s'asseoir et parler de ça tranquillement, tu ne crois pas ? On se fait un petit café ? Á moins que tu n'aies déjà emballé la machine.
- Magali (s'essuyant les yeux). Non. Non. Elle, elle reste.
- Jérémie : Tu l'offres au suivant ?
- Magali (hésitant à répondre) : Je vais faire le café.
Jérémie s'asseoit dans un fauteuil. Se relève. Jette un œil aux cartons. Aux photos, en vrac. S'approche d'elles. Quand il entend les pas de sa sœur, il va se rasseoir. Elle apparaît avec un plateau. Elle le dépose sur la petite table du salon.
- Magali : Sans sucre ? Avec sucre ?
- Jérémie : Quelle question. Sans sucre, tu sais bien. Depuis toujours. Oh là là, ça ne va vraiment pas, toi.
- Magali (servant le café) : En fait si, mais en te voyant…
- Jérémie : Sympa !
- Magali : Mais non, je ne voulais pas dire ça…
- Jérémie : Je suis tout ouï.
- Magali : Tu reviens ici avec dans ta tête des choses… des choses… vieilles de trois mois. Je les vois dans tes yeux et, en même temps, je vois qu'elles sont beaucoup plus vieilles que ça, qu'elles sont mortes…
- Jérémie : Excuse-moi, petite sœur, mais si tu pouvais ajouter les sous-titres, là, je sens que ça m'aiderait un peu.
- Magali : Pardon. Oui. (silence) Je quitte Victor.
- Jérémie (silence. Puis, avec gravité) : J'essayais de ne pas y croire, en fait. (silence). Aujourd'hui ?
- Magali : Dans les faits, on s'est déjà quittés.
- Jérémie : Tu me fais un petit résumé ?
- Magali : J'ai très vite compris que je n'avais cessé d'aimer Noé.
- Jérémie : Tu parles bien de l'homme qui t'a largué un jour comme une merde et qui s'est fait passer pour mort ?
- Magali : Jérémie.
- Jérémie : Quoi, Jérémie ? C'est bien ce qui s'est passé ou tu vas m'apprendre encore quelque chose ? (silence). Donc c'est bien ce qui s'est passé. Mais entre temps, il est redevenu fréquentable, aimable. Baisable.
scène 10, 1/2
Magali, Jérémie
Magali est seule. Quelques cartons de déménagement. L'un d'eux est ouvert, rempli de vêtements. Des robes sont posées dessus, en vrac. Sur la table, des photos, en vrac elles aussi. Magali chantonne. S'affaire.
- Magali : C'est la roue du destin ma petite. La roue du destin. Elle tourne, tourne (Elle regarde la photo de Harlem) New-York, à nous deux ! (Elle va vers la table, regroupe les photos, cherche une petite boîte, la trouve, veut ranger les photos, se saisit de l'une d'entre elles) Victor. Mon pauvre Victor. Je ne peux pas faire semblant, tu comprends. Ne me regarde pas comme ça ! Je n'ai jamais dit que je n'avais plus d'affection pour toi. Il s'agit de passion, Victor. D'amour fou. Ça ne s'édicte pas. Je n'y peux rien, moi. On est emporté avec une force. Une force. Rien ne peut y résister. Tu ne peux pas t'imaginer, Victor. Je sais que tu es malheureux. Je sais que perdre son boulot et sa femme coup sur coup, c'est… Je sais tout ça Victor, je sais. (Elle crie) Mais je ne marche pas à la pitié, tu comprends. Tu en ferais quoi de ma pitié, quand je finirai par te détester ? (Elle jette la photo sur le tas, énervée, veut mettre le tas dans la boîte, renverse les photos). Et merde ! Tu vois, Victor. Tu vois. Si j'essaie d'y échapper, elle me rattrape, me fait faire n'importe quoi. ((Elle ramasse les photos, les repose en tas grossier sur la table, en prends une, la regarde). On aurait connu l'enfer, tu sais.
L'interphone sonne, Magali va répondre
- Magali : Oui ? C'est pas vrai ! Monte ! (Elle ouvre à Jérémie, lui passe les mains autour du cou, l'embrasse ) Trois mois sans nouvelles, tu exagères, quand même.
- Jérémie : Je t'avais bien prévenu soeurette. C'est un break complet que je voulais faire. Déconnection totale. Pas d'ordi. Pas de téléphone. La jungle, la vraie, avec de vrais anacondas, de vrais aras beaux comme des sucettes, des cons dont le sport est d'abattre le plus d'arbres possibles, d'autres cons qui imaginent pouvoir chasser un jour les vilains démons et leurs horribles machines de destruction. Et pendant qu'ils font des rêves vieux de milliers d'années, les premiers avancent, rasent, amassent, chassent, pillent. Tuent parfois. J'ai même failli rencontrer le sous-commandant Marcos, je te jure. J'ai de la matière pour un gros, gros bouquin, je t'assure. C'est quoi, ces cartons, vous déménagez ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?
- Magali : Il s'est passé… pas mal de trucs, tu sais.
- Jérémie : Ne me dis pas que vous peinez parce que Victor n'a pas retrouvé de boulot. Tu gagnes quand même bien ta vie.
- Magali (au bord des larmes) : C'est pas ça, Jérémie.
- Jérémie : Dis donc, qu'est-ce qu'il se passe ? T'as l'air drôlement secoué, toi.
- Magali (elle se jette dans ses bras). Oh, Jérémie !
Ils restent un temps silencieux
- Jérémie : Bon, on va s'asseoir et parler de ça tranquillement, tu ne crois pas ? On se fait un petit café ? Á moins que tu n'aies déjà emballé la machine.
- Magali (s'essuyant les yeux). Non. Non. Elle, elle reste.
- Jérémie : Tu l'offres au suivant ?
- Magali (hésitant à répondre) : Je vais faire le café.
Jérémie s'asseoit dans un fauteuil. Se relève. Jette un œil aux cartons. Aux photos, en vrac. S'approche d'elles. Quand il entend les pas de sa sœur, il va se rasseoir. Elle apparaît avec un plateau. Elle le dépose sur la petite table du salon.
- Magali : Sans sucre ? Avec sucre ?
- Jérémie : Quelle question. Sans sucre, tu sais bien. Depuis toujours. Oh là là, ça ne va vraiment pas, toi.
- Magali (servant le café) : En fait si, mais en te voyant…
- Jérémie : Sympa !
- Magali : Mais non, je ne voulais pas dire ça…
- Jérémie : Je suis tout ouï.
- Magali : Tu reviens ici avec dans ta tête des choses… des choses… vieilles de trois mois. Je les vois dans tes yeux et, en même temps, je vois qu'elles sont beaucoup plus vieilles que ça, qu'elles sont mortes…
- Jérémie : Excuse-moi, petite sœur, mais si tu pouvais ajouter les sous-titres, là, je sens que ça m'aiderait un peu.
- Magali : Pardon. Oui. (silence) Je quitte Victor.
- Jérémie (silence. Puis, avec gravité) : J'essayais de ne pas y croire, en fait. (silence). Aujourd'hui ?
- Magali : Dans les faits, on s'est déjà quittés.
- Jérémie : Tu me fais un petit résumé ?
- Magali : J'ai très vite compris que je n'avais cessé d'aimer Noé.
- Jérémie : Tu parles bien de l'homme qui t'a largué un jour comme une merde et qui s'est fait passer pour mort ?
- Magali : Jérémie.
- Jérémie : Quoi, Jérémie ? C'est bien ce qui s'est passé ou tu vas m'apprendre encore quelque chose ? (silence). Donc c'est bien ce qui s'est passé. Mais entre temps, il est redevenu fréquentable, aimable. Baisable.
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
scène 10, 2/2
- Magali : Tu ne comprends rien aux femmes. Et puis, ce n'est pas en continuant ta petite vie d'ermite que tu y changeras quelque chose.
- Jérémie : Tu crois que ça m'amuse ? Tu crois que je n'ai pas envie de connaître de doux frissons, moi aussi ?
- Magali : Alors, ose, Jérémie. Ose. D'abord, tes petits problèmes…
- Jérémie : Tu appelles ça des petits problèmes ? Un mec tellement sensible qu'il jouit quand on lui lèche l'oreille, un mec qui à peine le temps de coller son corps à un autre corps avant de se rhabiller, tu appelles ça des petits problèmes, toi ?
- Magali : Écoute, il y a des solutions. Le Viagra n'a pas été inventé pour les chiens. Il y a des spécialistes. Tu ne fais rien. Au lieu de ça, tu fabriques des magnifiques putains polonaises en papier.
- Jérémie : Russes.
- Magali : Russes, oui. C'est pareil. Et puis tu décris des trucs dingues.
- Jérémie : Ils existent.
- Magali : Le problème n'est pas là, Jérémie. J'essaie de comprendre. Je ne pense pas que ce soit sain pour toi de passer du temps en esprit dans la luxure alors que, dans ta vie… Je n'ai pas raison ?
- Jérémie : Sans doute.
- Magali : Tu sais que les problèmes de sexe sont très psychologiques, non ? On en a déjà parlé. Quand il y a beaucoup de tendresse, de confiance, dans le couple, ça ne peut qu'améliorer les choses. Les femmes sont patientes, tu sais. La tendresse, l'attention, c'est déjà beaucoup.
- Jérémie : On dirait que je ne t'ai rien raconté sur Béatrice.
- Magali : C'est une expérience malheureuse, je sais. Mais…
- Jérémie : Elle avait de la tendresse, Béatrice. De la patience.
- Magali : Mais elle plaçait la baise à la toute première place, elle te stressait, elle renforçait ta peur. Il ne faut pas qu'elle t'empêche d'avancer, Jérémie. Fais-en ton deuil. Tu ne m'avais pas parlé d'une petite assistante, chez ton éditeur brésilien ?
- Jérémie : Anna (sourire, yeux dans le vague). Un visage… Un visage… je n'ai toujours pas trouvé le tableau où je l'ai vue.
- Magali : Tu vois… j'aurais bien aimé, moi, que tu parles comme ça des visages, des gens, dans tes romans. Plutôt que…
- Jérémie : J'ai été tellement troublé en la voyant, la dernière fois, que j'ai fait le con. J'ai joué à l'écrivain célèbre, adulé.
- Magali : Tu es célèbre, Jérémie. Et adulé.
- Jérémie : Pas Jérémie. Sfax. C'est Sfax qu'on célèbre. Moi, je préfèrerais qu'on aime Jérémie. Si possible d'amour. Mais Anna, elle, s'en contrefout. Elle doit me détester. Une fois, je l'ai entendu dire qu'elle adorait Dostoïevski. Et Kafka. Tu imagines ? Après sa tirade, elle m'a jeté un regard noir. Il était très facile à lire. Il disait : Tu sens, là, à quel point tu es minuscule ?
- Magali : Ton imagination te joue de mauvais tours. Et si elle n'aime pas vraiment Sfax, ce n'est pas grave. Dans ce cas, présente-lui Jérémie. Ça changera beaucoup de choses.
- Jérémie : Tu as raison. Je vais essayer. (silence) Tu vas où, avec tous ces cartons ?
- Magali : Chez une copine. Après, je pars en Amérique.
- Jérémie : En Amérique ? Tu fais un break ? Comme moi ?
- Magali : Noé a une série de récitals. New-York, San-Francisco, Boston, Mi...
- Jérémie : Tu as pris des vacances ?
- Magali : Oui. Non. Enfin… pas vraiment.
- Jérémie : Mais encore ?
- Magali : Je décroche, Jérémie. Noé va voyager souvent dans le monde entier. Une grande partie de l'année. Si un des deux ne fait pas un sacrifice, on ne se verra jamais. En fait, ce n'est pas un sacrifice. C'est un bonheur. Il a beaucoup de projets, disques, films, spectacles. Je vais veiller à sa carrière. Je suis un peu de la partie, souviens-toi.
- Jérémie : Mais abandonner ton boulot, comme ça (silence). Et si…
- Magali : Si quoi ?
- Jérémie : Ben, tu sais bien. Tu vois bien, avec Victor.
- Magali : Ça n'a rien à voir. C'est à des années-lumières de ce que j'ai vécu avec Victor. Quand tu vivras une histoire d'amour proche de la transfiguration, de l'éblouissement, qui te soulève comme je suis soulevée en ce moment, tu comprendras. Pas avant.
- Jérémie : Et Victor ?
- Magali : Quoi, Victor ?
- Jérémie : Par exemple, il vit où ? Il va bien ?
- Magali : Victor est parti quelques temps chez des amis que tu ne connais pas.
- Jérémie : Tu me donneras leur numéro ? Je pourrais peut-être lui remonter un peu le moral. Et son boulot ?
- Magali : En fait, il n'est pas resté longtemps chez eux.
- Jérémie : Il est où ?
- Magali : Je ne sais pas vraiment.
- Jérémie : Tu ne sais pas.
- Magali : Je ne sais pas, non.
- Jérémie : Il ne leur a rien dit, c'est ça ?
- Magali : C'est ça.
- Jérémie : Et son boulot ?
- Magali : Aux dernières nouvelles, il n'en cherchait pas.
- Jérémie : Aux dernières, hein ? J'imagine qu'elles ne sont pas très fraîches, tes nouvelles.
- Magali : Trois semaines, un mois, je ne sais pas. Il vivait sur ses économies. (elle fait un effort pour prendre une grande inspiration, se relâche). Un de ses anciens collègues m'a appelé, un soir. Grangier. Il m'a dit qu'il n'allait pas bien. Qu'il se laissait aller.
- Jérémie : Tu as essayé de le joindre, sur son portable ?
- Magali : Il ne répond jamais.
Jérémie : Merde ! Tu as cherché ? Tu as fait le tour des amis ? De la famille ?
- Magali : Oui. Bien sûr.
- Jérémie : Moi, je ne te sens pas très sûre.
- Magali (avec humeur) : Je suis une menteuse, c'est ça ? Je suis la délinquante et toi le flic. Facile, hein, ta distribution des rôles (silence). Le pire… c'est Grangier qui me l'a dit, moi…
- Jérémie : Dit quoi ?
- Magali : Je ne l'ai pas vu de mes yeux, mais…
- Jérémie : Accouche, bon sang !
- Magali : Tout d'un coup, tu t'intéresses de près à Victor ! Victor serait un grand ami de toujours. Tu n'arrêtais pas de te foutre de lui. Tu te souviens comme tu l'imitais, avec sa mallette, rentrant du boulot fatigué ? Tu te souviens de ton mépris ? C'est sûr que le cul posé sur une chaise à torcher des succès de librairie, c'est plus cool, comme métier. (silence) Pardon, Jérémie. Pardon. Je ne le pensais pas. Je… Je suis dans un drôle d'état (Jérémie se lève, abattu, se dirige sans se presser vers la porte d'entrée). Excuse-moi. Ne fais pas l'enfant, Jérémie ! Reste ! Pardonne-moi !
- Jérémie : See you. Ce n'est pas comme ça, qu'on dit, en Amérique ?
Il sort sans bruit de l'appartement. Magali met la tête dans ses mains, la secoue d'impuissance de nombreuses fois.
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Bon, j'ai fait ce que j'ai pu, c'est pas parfait, mais faut voir l'original de ce que tu postes !
c'est d'un compliqué au niveau des "fonts" !
;-)
c'est d'un compliqué au niveau des "fonts" !
;-)
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
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Au fait, Mentor, je ne comprends rien à cette complication de fontes. Je n'en utilise que deux dans le texte et je fais un copier-coller de word, c'est tout.
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Au fait, Mentor, je ne comprends rien à cette complication de fontes. Je n'en utilise que deux dans le texte et je fais un copier-coller de word, c'est tout.
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Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
[ACTE II, scène 2, 1/2
Jérémie, Victor
Victor est seul au début. Il est assis à table. Face (au?) public. Á portée de main,une bouteille d'alcool et un verre. Son attitude est celle d'un homme en état d'ivresse ..(.)
- Victor : Il ne suffisait pas de grand-chose, (le «ne» est-il utile ?) pourtant. Noé ne serait pas apparu de nouveau à la fenêtre… Avec, combien ? une minute en plus ? Quinze secondes ? et il aurait disparu, avec sa gueule de chanteur de charme. Merde, quinze secondes et tu échappes à l'enfer. Qu'est-ce que ça peut être d'autre ? Une machination ? Ils avaient tout prévu ? Non. Pas possible, ça. Noé était assez amoché. Pas possible d'imiter la déchéance comme ça, au fond des yeux, avec un tube et un pinceau d'esthéticienne. Reste concentré, Victor. Reste concentré. Pas la peine de chercher. Quinze secondes. Et qui sait si c'est pas cinq ? Cinq secondes pour tout foutre en l'air. Et si ça se trouve, c'est cette histoire qui a entraîné l'autre. Sinon, je ne vois pas comment… Une espèce de loi du genre. Comment on dit déjà ? Ah oui. Loi de l'emmerdement maximum. Évidemment, moi j'ai le nez collé dessus alors je ne vois pas comment c'est possible. Mais quelqu'un avec le dossier en main, dans cent ans, dans deux cents ans, trouvera sûrement et le nombre de secondes et pourquoi se produit une nouvelle secousse un peu plus tard.
J'ai le sentiment de « lire » du théâtre, cad que ça me semble écrit pour être lu en pensant que ça se joue, plus que pour être réellement joué.
Fergus, Grangier, Junger, eux, c'est juste des pièces, des rouages. L'ensemble de la machine, celle qui cherche à me réduire en bouillie, elle, elle n'a pas de nom aujourd'hui. Mais demain. Sauf que demain, je ne serai plus là pour comprendre. Alors il faut que je me débrouille avec ce que je sais. Concentre-toi, Victor. Pas le détective privé, non. (il s'énerve) Á quoi ça sert de faire ressortir le détective privé, tu peux me le dire ? Parce qu'il t'avait demandé si tu voulais une photo de l'amant et que tu n'en as pas voulu ? Ça te fait une belle jambe de le savoir, tiens. Tu l'aurais reconnu dans la rue, avec sa barbe et sa gueule cassée ? Peut-être. Oui, tu l'aurais reconnu, il me semble, et tu aurais pensé que c'était bien fait pour sa gueule. Tu aurais fait un deuxième chocolat pour ta femme et tu les aurais regardés tour à tour. Elle à se délecter. Lui à se peler le cul. Et ils ne seraient pas en train de bâtir un nouveau royaume. Parce que c'est évident qu'après avoir rongé leur frein, ils ont dû se précipiter n'importe où, dans une loge, dans une voiture, pour se jeter l'un sur l'autre. Arrête, Victor. Économise tes forces. Tu es un type pragmatique. Carré. Tu sais que tu ne peux pas faire machine arrière, mais pour ce qui est devant toi, par contre…
La sonnerie de l'interphone retentit. Victor met un temps fou pour se lever, se traîner, tituber jusqu'au combiné.
- Victor : …qu'y a ? Ah, c'est toi. Bien sûr. Monte.
Il repose le combiné, va à la porte d'entrée, l'ouvre en grand et rejoint avec peine un canapé avec sa bouteille. Jérémie monte quatre à quatre les escaliers, ferme la porte derrière lui et le voit faire deux ou trois pas avant de s'affaler.
- Jérémie : Pourquoi tu as quitté le spectacle de cette façon ? On t'a cherché partout. Après le spectacle, on a pris un pot avec la troupe. Ils doivent y être encore. Noé a reçu un triomphe, Victor. Il était déçu que tu ne sois pas là. Vraiment. Je ne sais pas pourquoi, mais j'étais sûr de te trouver là. Ce n'est pas la grande forme, on dirait. Ce n'est pas à cause du boulot, quand même ? Parce que ce soir, c'est la fête. Vous avez réussi, Victor ! Du trottoir aux nuages, tu te souviens ?
- Victor : Tu tiens ton meilleur best-seller, Jérémie.
- Jérémie (haussant les épaules) : Je ne pensais pas à ça. Dis donc, tu n'as l'air vraiment pas en forme, toi.
- Victor : Au contraire, mon petit Jérémie, au contraire. Tout à l'heure, je tournais autour des choses, j'avais beau m'échiner, je ne voyais pas par quel bout prendre quoi. J'ai bien essayé de briser des coquilles, par endroit, mais rien à faire. Alors que là, par je ne sais quel miracle…
- Jérémie (s'approchant de Victor, prenant la bouteille pour en lire l'étiquette) : Moi je sais. Il porte même un un joli nom. Wyborova.
- Victor : Tu es écrivain, Jérémie, pas patron de bar. Tu aurais pu me dénicher un miracle qui a de la gueule ! Faut dire… faut dire… la poésie…c'est pas vraiment ta spécialité, je crois. Toi, tu es un écrivain de la vérité. Surtout celle qui sent très fort sur les étals.
- Jérémie (blessé, irrité, hésitant, bouteille en l'air, et décidant de la rendre à Victor) : Tiens, je t'offre quelques miracles de plus, histoire de connaître le reste. In vino veritas.
- Victor : Va-t-en, Jérémie ! Je n'ai pas autre chose que de la bile, en magasin. Et c'est par tonnes, que je la distribue.
- Jérémie : Et la Wyborova ?
- Victor : Ça t'obligerait à voir clair. Malheureusement, c'est le genre de vision qu'on n'obtient pas dans les salons littéraires. (Après une pause))))
Ni dans les conseils d'administration, d'ailleurs. Ça te les coupe, hein ? Qu'est-ce que tu croyais ? Que je te réservais mes kilos d'amertume ? Tu n'en as eu que quelques gouttes, ((je ne pige pas bien la mesure))mon vieux. Avant ton arrivée, je m'en suis servi des fûts entiers, fugure-toi. Avant même d'avoir goûté à la vodka.
- Jérémie: Je vais te prouver que nous sommes des amis.
Il lui arrache la bouteille des mains, boit une lampée au goulot, tousse, surpris par la force de l'alcool.
- Victor : C'est bien. C'est bien. Je n'avais pas l'intention d'embarquer avec un buveur de tisane.
- Jérémie: Qu'est-ce qui se passe, Victor ? Je ne t'ai jamais vu dans un état pareil.
- Victor : C'est une erreur de ma part. Plus tôt j'aurais commencé, plus tôt ma vision aurait été élargie. J'aurais gagné du temps.
- Jérémie : J'ai un peu de mal à te suivre. Gagné du temps pourquoi ?
- Victor : Tu n'as rien bu. Bois encore, Jérémie ! Bois ! (Jérémie avale une petite gorgée) Allez ! (une deuxième, bien plus généreuse) C'est ça (une troisième identique à la seconde). C'est bien. Qu'est-ce que tu vois ?
- Jérémie (écarquillant les yeux): Rien de spécial. Deux pauvres cons solitaires.
- Victor : C'est un bon début. Pour ce que tu as bu, tu as de meilleures facultés que moi. Normal, après tout. Passer de la menthe-réglisse à la vodka pure sans transition… (silence, puis se prenant la tête dans les mains). J'ai la tête qui va éclater, moi. (il se lève, va à la salle de bains, en revient la tête trempée, dégoulinante). Purée, ça fait du bien. Tu disais quoi, déjà. Ah, oui, deux cons solitaires. En ce qui me concerne, il n'y a pas de mystère.
- Jérémie : C'est vrai. Tu t'es tiré du spectacle comme un goujat et tu nous as laissés en plan.
- Victor : Tu as vu comme elle le regardait ?
- Jérémie : Qui regardait qui ?
- Victor : Arrête de faire l'idiot ! Ta sœur, bien sûr, bavant de désir au-dessus de la scène pour son petit champion.
- Jérémie : Noé ?
- Victor : Qui d'autre ? Et en ce moment, tu crois qu'ils font quoi ? Qu'ils lèvent un toast à ma santé ?
- Jérémie : Qu'est-ce que tu racontes ? C'est toi qui t'es tiré, Victor. Magali et moi on t'a cherché partout, à l'entracte. Tu lui as gâché sa soirée, oui !
Jérémie, Victor
Victor est seul au début. Il est assis à table. Face (au?) public. Á portée de main,une bouteille d'alcool et un verre. Son attitude est celle d'un homme en état d'ivresse ..(.)
- Victor : Il ne suffisait pas de grand-chose, (le «ne» est-il utile ?) pourtant. Noé ne serait pas apparu de nouveau à la fenêtre… Avec, combien ? une minute en plus ? Quinze secondes ? et il aurait disparu, avec sa gueule de chanteur de charme. Merde, quinze secondes et tu échappes à l'enfer. Qu'est-ce que ça peut être d'autre ? Une machination ? Ils avaient tout prévu ? Non. Pas possible, ça. Noé était assez amoché. Pas possible d'imiter la déchéance comme ça, au fond des yeux, avec un tube et un pinceau d'esthéticienne. Reste concentré, Victor. Reste concentré. Pas la peine de chercher. Quinze secondes. Et qui sait si c'est pas cinq ? Cinq secondes pour tout foutre en l'air. Et si ça se trouve, c'est cette histoire qui a entraîné l'autre. Sinon, je ne vois pas comment… Une espèce de loi du genre. Comment on dit déjà ? Ah oui. Loi de l'emmerdement maximum. Évidemment, moi j'ai le nez collé dessus alors je ne vois pas comment c'est possible. Mais quelqu'un avec le dossier en main, dans cent ans, dans deux cents ans, trouvera sûrement et le nombre de secondes et pourquoi se produit une nouvelle secousse un peu plus tard.
J'ai le sentiment de « lire » du théâtre, cad que ça me semble écrit pour être lu en pensant que ça se joue, plus que pour être réellement joué.
Fergus, Grangier, Junger, eux, c'est juste des pièces, des rouages. L'ensemble de la machine, celle qui cherche à me réduire en bouillie, elle, elle n'a pas de nom aujourd'hui. Mais demain. Sauf que demain, je ne serai plus là pour comprendre. Alors il faut que je me débrouille avec ce que je sais. Concentre-toi, Victor. Pas le détective privé, non. (il s'énerve) Á quoi ça sert de faire ressortir le détective privé, tu peux me le dire ? Parce qu'il t'avait demandé si tu voulais une photo de l'amant et que tu n'en as pas voulu ? Ça te fait une belle jambe de le savoir, tiens. Tu l'aurais reconnu dans la rue, avec sa barbe et sa gueule cassée ? Peut-être. Oui, tu l'aurais reconnu, il me semble, et tu aurais pensé que c'était bien fait pour sa gueule. Tu aurais fait un deuxième chocolat pour ta femme et tu les aurais regardés tour à tour. Elle à se délecter. Lui à se peler le cul. Et ils ne seraient pas en train de bâtir un nouveau royaume. Parce que c'est évident qu'après avoir rongé leur frein, ils ont dû se précipiter n'importe où, dans une loge, dans une voiture, pour se jeter l'un sur l'autre. Arrête, Victor. Économise tes forces. Tu es un type pragmatique. Carré. Tu sais que tu ne peux pas faire machine arrière, mais pour ce qui est devant toi, par contre…
La sonnerie de l'interphone retentit. Victor met un temps fou pour se lever, se traîner, tituber jusqu'au combiné.
- Victor : …qu'y a ? Ah, c'est toi. Bien sûr. Monte.
Il repose le combiné, va à la porte d'entrée, l'ouvre en grand et rejoint avec peine un canapé avec sa bouteille. Jérémie monte quatre à quatre les escaliers, ferme la porte derrière lui et le voit faire deux ou trois pas avant de s'affaler.
- Jérémie : Pourquoi tu as quitté le spectacle de cette façon ? On t'a cherché partout. Après le spectacle, on a pris un pot avec la troupe. Ils doivent y être encore. Noé a reçu un triomphe, Victor. Il était déçu que tu ne sois pas là. Vraiment. Je ne sais pas pourquoi, mais j'étais sûr de te trouver là. Ce n'est pas la grande forme, on dirait. Ce n'est pas à cause du boulot, quand même ? Parce que ce soir, c'est la fête. Vous avez réussi, Victor ! Du trottoir aux nuages, tu te souviens ?
- Victor : Tu tiens ton meilleur best-seller, Jérémie.
- Jérémie (haussant les épaules) : Je ne pensais pas à ça. Dis donc, tu n'as l'air vraiment pas en forme, toi.
- Victor : Au contraire, mon petit Jérémie, au contraire. Tout à l'heure, je tournais autour des choses, j'avais beau m'échiner, je ne voyais pas par quel bout prendre quoi. J'ai bien essayé de briser des coquilles, par endroit, mais rien à faire. Alors que là, par je ne sais quel miracle…
- Jérémie (s'approchant de Victor, prenant la bouteille pour en lire l'étiquette) : Moi je sais. Il porte même un un joli nom. Wyborova.
- Victor : Tu es écrivain, Jérémie, pas patron de bar. Tu aurais pu me dénicher un miracle qui a de la gueule ! Faut dire… faut dire… la poésie…c'est pas vraiment ta spécialité, je crois. Toi, tu es un écrivain de la vérité. Surtout celle qui sent très fort sur les étals.
- Jérémie (blessé, irrité, hésitant, bouteille en l'air, et décidant de la rendre à Victor) : Tiens, je t'offre quelques miracles de plus, histoire de connaître le reste. In vino veritas.
- Victor : Va-t-en, Jérémie ! Je n'ai pas autre chose que de la bile, en magasin. Et c'est par tonnes, que je la distribue.
- Jérémie : Et la Wyborova ?
- Victor : Ça t'obligerait à voir clair. Malheureusement, c'est le genre de vision qu'on n'obtient pas dans les salons littéraires. (Après une pause))))
Ni dans les conseils d'administration, d'ailleurs. Ça te les coupe, hein ? Qu'est-ce que tu croyais ? Que je te réservais mes kilos d'amertume ? Tu n'en as eu que quelques gouttes, ((je ne pige pas bien la mesure))mon vieux. Avant ton arrivée, je m'en suis servi des fûts entiers, fugure-toi. Avant même d'avoir goûté à la vodka.
- Jérémie: Je vais te prouver que nous sommes des amis.
Il lui arrache la bouteille des mains, boit une lampée au goulot, tousse, surpris par la force de l'alcool.
- Victor : C'est bien. C'est bien. Je n'avais pas l'intention d'embarquer avec un buveur de tisane.
- Jérémie: Qu'est-ce qui se passe, Victor ? Je ne t'ai jamais vu dans un état pareil.
- Victor : C'est une erreur de ma part. Plus tôt j'aurais commencé, plus tôt ma vision aurait été élargie. J'aurais gagné du temps.
- Jérémie : J'ai un peu de mal à te suivre. Gagné du temps pourquoi ?
- Victor : Tu n'as rien bu. Bois encore, Jérémie ! Bois ! (Jérémie avale une petite gorgée) Allez ! (une deuxième, bien plus généreuse) C'est ça (une troisième identique à la seconde). C'est bien. Qu'est-ce que tu vois ?
- Jérémie (écarquillant les yeux): Rien de spécial. Deux pauvres cons solitaires.
- Victor : C'est un bon début. Pour ce que tu as bu, tu as de meilleures facultés que moi. Normal, après tout. Passer de la menthe-réglisse à la vodka pure sans transition… (silence, puis se prenant la tête dans les mains). J'ai la tête qui va éclater, moi. (il se lève, va à la salle de bains, en revient la tête trempée, dégoulinante). Purée, ça fait du bien. Tu disais quoi, déjà. Ah, oui, deux cons solitaires. En ce qui me concerne, il n'y a pas de mystère.
- Jérémie : C'est vrai. Tu t'es tiré du spectacle comme un goujat et tu nous as laissés en plan.
- Victor : Tu as vu comme elle le regardait ?
- Jérémie : Qui regardait qui ?
- Victor : Arrête de faire l'idiot ! Ta sœur, bien sûr, bavant de désir au-dessus de la scène pour son petit champion.
- Jérémie : Noé ?
- Victor : Qui d'autre ? Et en ce moment, tu crois qu'ils font quoi ? Qu'ils lèvent un toast à ma santé ?
- Jérémie : Qu'est-ce que tu racontes ? C'est toi qui t'es tiré, Victor. Magali et moi on t'a cherché partout, à l'entracte. Tu lui as gâché sa soirée, oui !
pierre-henri- Nombre de messages : 699
Age : 66
Localisation : Raiatea
Date d'inscription : 17/02/2008
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Acte II, scène II, 2/2
- Victor (poussant ??? un rire jaune) : Ah ah ! C'est la meilleure !
- Jérémie : Tu es complètement à la masse, mon pauvre Victor !
- Victor : Ah oui ?
- Jérémie : On est en Occident et au vingt-et-unième siècle, rappelle-toi. Un homme et une femme qui trinquent ensemble ne fomentent(??) pas nécessairement une scéance de rut effréné.
- Victor (les yeux dans le vague) : Quinze secondes. Peut-être cinq.
- Jérémie : C'est quoi, encore, ce délire ?
- Victor : Si ça se trouve, encore moins. Dans cent ans. Dans deux cents ans…
- Jérémie : Bon sang, Victor, il faudrait me donner une clef ou deux.
- Victor : Bois, Jérémie. C'est la première clef. Les autres tomberont toutes seules dans tes poches. Bois, je te dis. (Jérémie s'exécute, il descend allègrement la bouteille) Tu es un bon gars, Jérémie. Tu fais ce qu'il faut pour faire un bout de voyage avec moi.
- Jérémie : Je sais que tu m'aimes bien mais que tu n'aimes pas ce que j'écris.
- Victor : Oh, tu sais, des goûts et des couleurs. Tu as combien de lecteurs ? Cent mille ? Deux cent mille ?
- Jérémie : Trois cent cinquante mille, pour le dernier.
- Victor : Quel homme ! Mettons que la moitié l'aient (sujet: la moitié)acheté parce que les précédents leur avaient plu. Ça fait tout de même… aide-moi, Jérémie !
- Jérémie : Cent soixante quinze mille.
- Victor : Exact ! Ça fait un sacré paquet de lecteurs qui aiment ce que tu fais. Qu'est-ce que ça peut te foutre qu'un type comme Victor, qui ne connaît rien en littérature, qui ne pense qu'à gagner du pognon, ne sois pas dans le bon paquet ? Hein, qu'est-ce que ça peut te foutre ?
- Jérémie : Tu te caricatures toi-même, Victor. C'est grâce à toi, si Noé s'en est sorti. (Il vient s'asseoir près de Victor. Le prend par l'épaule) Tu as un énorme cœur, je le sais. Magali m'a raconté le jour où vous avez fait monter Noé. C'est toi qui ne supportait pas de voir un type crever sous tes fenêtres.
- Victor : Je l'aurais laissé partir. C'est ta sœur, qui…
- Jérémie : Je sais.
- Victor : C'est vrai que vous vous racontez des tas de choses. Alors tu dois savoir que Noé n'était pas un inconnu pour elle. (Silence. Il se dégage péniblement, se lève et crie : ) Plus fort, j'entends rien !
- Jérémie : Ok, ok, je le savais ! Mais c'est de l'histoire ancienne, Victor. Elle n'a pas eu pitié d'un inconnu mais d'un ancien amant, c'est d'accord, mais ça reste de la pitié, pas de l'amour.
Silence
- Victor : Ils ne vont pas revenir.
- Jérémie : Qu'est-ce que tu racontes ?
- Victor : C'est quand même clair, non ? Ils ne vont pas revenir, je te dis. Ils vont passer la nuit à l'hôtel et elle reviendra chercher ses affaires en catimini. Le problème, c'est que je n'ai plus d'horaires fixes. C'est un peu compliqué. Elle va beaucoup stresser, à l'idée de me croiser.
- Jérémie : Je crois qu'il est temps de débarquer, mon pauvre Victor.
- Victor : Au contraire, moussaillon, au contraire. Le grain, approche. C'est une tempête qui se prépare. Il faut être sur le pont. Se préparer. Mais je ne sais pas si j'ai bien fait de t'embarquer. Tu ne connais rien à ce type de navigation.
- Jérémie : Mais encore … ?
- Victor : Je ne t'ai jamais vu au bras d'une femme, Jérémie. Quand tu allais de petit boulot en petit boulot, je comprenais que tu avais d'autres soucis en tête, mais maintenant que tu es offert en pâture par piles entières, ne me dis pas que ce sont les occasions qui manquent. Les évènements édito… édito..
- Jérémie (fort) :… riaux !
- Victor : Merci. Et les traductrices. Les signatures dans les librairies. Ajoute les nanas qui te reconnaissent dans la rue. Celles des télés. C'est quoi ton problème, mon gars ? Personne ne se rappelle t'avoir vu au bras d'une gonzesse ! Tu peux parler, tu sais. On est seuls, sur le bateau. Et puis après, va y avoir la tempête. Je ne sais pas si je serai en état.
- Jérémie : Je ne suis pas gay, si c'est ce que tu veux dire.
- Victor : Pas du tout. Qu'est-ce que tu crois ? J'ai l'air d'un type dont le sang se fige à la vue d'un homosexuel ?
(silence)
- Jérémie : Au début… au début…
- Victor : Allez, compagnon, du cran.
Jérémie boit de nouveau.
- Jérémie : Avec tes manières, tes montages financiers, tes placements, tu… tu m'emmerdais, Victor, tu m'emmerdais, oui !
- Victor : Et maintenant, tu es riche, tu as besoin de conseils pour bien gérer ton fric alors tu te mets à m'adorer, ah ah !!! File-moi la bouteille, amigo !
- Jérémie (lui apporte la bouteille) : Je dois réfléchir à tout ça. Je ne vais pas me faire bouffer par ta logique.
- Victor : Réfléchis, réfléchis, mon ami, mais n'espère pas te distinguer en ce sens. Ton fric te tiendra de plus en plus chaud. Et ce n'est pas les… les quelques larmes qu'il assèchera ici ou là qui y changeront grand-chose. Où est passée ta fièvre sociale (prononcé d'une manière passionnée) depuis que tu es arrivé au hit-parade ? Regarde-toi, Jérémie. Avec tes bottes de cow-boy à 800 euros, ton pantalon, ta chemise de chez truc muche. Aucune méchanceté, là-dedans, mon petit Jérémie, attention. Belle chemise, soit dit en passant, tu me donneras l'adresse. Attention ! Je dis une chose toute bête. Je ne dis rien d'autre que tu es quelqu'un de normal (ce dernier mot est appuyé). Pas un héros. Normal. Parfaitement normal. Comme moi. Comme Magali. Comme Noé. (Silence). Avec tout ça, je n'ai pas de réponse à ma question, tiens.
- Jérémie : Á savoir ?
- Victor : Les femmes, pardi ! Celles qui devraient être pendues à ton bras et qui ne le sont pas.
Jérémie fait mine de réfléchir.
- Jérémie : Je prends mon temps. J'ai quelques liaisons discrètes. La base des relations ? Presque exclusivement sexuelle. Je n'ai envie de présenter à personne des filles que je ne suis pas sûr de revoir la semaine d'après. Surtout aux amis. Surtout à la famille.
- Victor : C'est aussi simple que ça ?
- Jérémie : Oui.
- Victor : Il est quelle heure ?
- Jérémie (levant le bras avec lenteur, écarquillant les yeux) : Deux heures.
- Victor (après un sourire) : Qu'est-ce que je t'ai dit ? Viendront pas. Au moment où on parle, ils baisent comme des chiens.
- Jérémie : Tu es complètement soûl, Victor.
- Victor (riant exagérément, puis) : Ce n'est pas ce qu'il faut dire, Jérémie. Á quoi ça sert de t'avoir embarqué, bon dieu ? Tu connais mal tes répliques ! Il faut dire : Victor, tu as les yeux grands ouverts ! tu vois au travers des murs ! Tu vois au travers du temps ! Et de la nuit !
Cet univers a beau m'être totalement étranger- et a priori antipathique- je poursuis ma lecture... Donc...
- Victor (poussant ??? un rire jaune) : Ah ah ! C'est la meilleure !
- Jérémie : Tu es complètement à la masse, mon pauvre Victor !
- Victor : Ah oui ?
- Jérémie : On est en Occident et au vingt-et-unième siècle, rappelle-toi. Un homme et une femme qui trinquent ensemble ne fomentent(??) pas nécessairement une scéance de rut effréné.
- Victor (les yeux dans le vague) : Quinze secondes. Peut-être cinq.
- Jérémie : C'est quoi, encore, ce délire ?
- Victor : Si ça se trouve, encore moins. Dans cent ans. Dans deux cents ans…
- Jérémie : Bon sang, Victor, il faudrait me donner une clef ou deux.
- Victor : Bois, Jérémie. C'est la première clef. Les autres tomberont toutes seules dans tes poches. Bois, je te dis. (Jérémie s'exécute, il descend allègrement la bouteille) Tu es un bon gars, Jérémie. Tu fais ce qu'il faut pour faire un bout de voyage avec moi.
- Jérémie : Je sais que tu m'aimes bien mais que tu n'aimes pas ce que j'écris.
- Victor : Oh, tu sais, des goûts et des couleurs. Tu as combien de lecteurs ? Cent mille ? Deux cent mille ?
- Jérémie : Trois cent cinquante mille, pour le dernier.
- Victor : Quel homme ! Mettons que la moitié l'aient (sujet: la moitié)acheté parce que les précédents leur avaient plu. Ça fait tout de même… aide-moi, Jérémie !
- Jérémie : Cent soixante quinze mille.
- Victor : Exact ! Ça fait un sacré paquet de lecteurs qui aiment ce que tu fais. Qu'est-ce que ça peut te foutre qu'un type comme Victor, qui ne connaît rien en littérature, qui ne pense qu'à gagner du pognon, ne sois pas dans le bon paquet ? Hein, qu'est-ce que ça peut te foutre ?
- Jérémie : Tu te caricatures toi-même, Victor. C'est grâce à toi, si Noé s'en est sorti. (Il vient s'asseoir près de Victor. Le prend par l'épaule) Tu as un énorme cœur, je le sais. Magali m'a raconté le jour où vous avez fait monter Noé. C'est toi qui ne supportait pas de voir un type crever sous tes fenêtres.
- Victor : Je l'aurais laissé partir. C'est ta sœur, qui…
- Jérémie : Je sais.
- Victor : C'est vrai que vous vous racontez des tas de choses. Alors tu dois savoir que Noé n'était pas un inconnu pour elle. (Silence. Il se dégage péniblement, se lève et crie : ) Plus fort, j'entends rien !
- Jérémie : Ok, ok, je le savais ! Mais c'est de l'histoire ancienne, Victor. Elle n'a pas eu pitié d'un inconnu mais d'un ancien amant, c'est d'accord, mais ça reste de la pitié, pas de l'amour.
Silence
- Victor : Ils ne vont pas revenir.
- Jérémie : Qu'est-ce que tu racontes ?
- Victor : C'est quand même clair, non ? Ils ne vont pas revenir, je te dis. Ils vont passer la nuit à l'hôtel et elle reviendra chercher ses affaires en catimini. Le problème, c'est que je n'ai plus d'horaires fixes. C'est un peu compliqué. Elle va beaucoup stresser, à l'idée de me croiser.
- Jérémie : Je crois qu'il est temps de débarquer, mon pauvre Victor.
- Victor : Au contraire, moussaillon, au contraire. Le grain, approche. C'est une tempête qui se prépare. Il faut être sur le pont. Se préparer. Mais je ne sais pas si j'ai bien fait de t'embarquer. Tu ne connais rien à ce type de navigation.
- Jérémie : Mais encore … ?
- Victor : Je ne t'ai jamais vu au bras d'une femme, Jérémie. Quand tu allais de petit boulot en petit boulot, je comprenais que tu avais d'autres soucis en tête, mais maintenant que tu es offert en pâture par piles entières, ne me dis pas que ce sont les occasions qui manquent. Les évènements édito… édito..
- Jérémie (fort) :… riaux !
- Victor : Merci. Et les traductrices. Les signatures dans les librairies. Ajoute les nanas qui te reconnaissent dans la rue. Celles des télés. C'est quoi ton problème, mon gars ? Personne ne se rappelle t'avoir vu au bras d'une gonzesse ! Tu peux parler, tu sais. On est seuls, sur le bateau. Et puis après, va y avoir la tempête. Je ne sais pas si je serai en état.
- Jérémie : Je ne suis pas gay, si c'est ce que tu veux dire.
- Victor : Pas du tout. Qu'est-ce que tu crois ? J'ai l'air d'un type dont le sang se fige à la vue d'un homosexuel ?
(silence)
- Jérémie : Au début… au début…
- Victor : Allez, compagnon, du cran.
Jérémie boit de nouveau.
- Jérémie : Avec tes manières, tes montages financiers, tes placements, tu… tu m'emmerdais, Victor, tu m'emmerdais, oui !
- Victor : Et maintenant, tu es riche, tu as besoin de conseils pour bien gérer ton fric alors tu te mets à m'adorer, ah ah !!! File-moi la bouteille, amigo !
- Jérémie (lui apporte la bouteille) : Je dois réfléchir à tout ça. Je ne vais pas me faire bouffer par ta logique.
- Victor : Réfléchis, réfléchis, mon ami, mais n'espère pas te distinguer en ce sens. Ton fric te tiendra de plus en plus chaud. Et ce n'est pas les… les quelques larmes qu'il assèchera ici ou là qui y changeront grand-chose. Où est passée ta fièvre sociale (prononcé d'une manière passionnée) depuis que tu es arrivé au hit-parade ? Regarde-toi, Jérémie. Avec tes bottes de cow-boy à 800 euros, ton pantalon, ta chemise de chez truc muche. Aucune méchanceté, là-dedans, mon petit Jérémie, attention. Belle chemise, soit dit en passant, tu me donneras l'adresse. Attention ! Je dis une chose toute bête. Je ne dis rien d'autre que tu es quelqu'un de normal (ce dernier mot est appuyé). Pas un héros. Normal. Parfaitement normal. Comme moi. Comme Magali. Comme Noé. (Silence). Avec tout ça, je n'ai pas de réponse à ma question, tiens.
- Jérémie : Á savoir ?
- Victor : Les femmes, pardi ! Celles qui devraient être pendues à ton bras et qui ne le sont pas.
Jérémie fait mine de réfléchir.
- Jérémie : Je prends mon temps. J'ai quelques liaisons discrètes. La base des relations ? Presque exclusivement sexuelle. Je n'ai envie de présenter à personne des filles que je ne suis pas sûr de revoir la semaine d'après. Surtout aux amis. Surtout à la famille.
- Victor : C'est aussi simple que ça ?
- Jérémie : Oui.
- Victor : Il est quelle heure ?
- Jérémie (levant le bras avec lenteur, écarquillant les yeux) : Deux heures.
- Victor (après un sourire) : Qu'est-ce que je t'ai dit ? Viendront pas. Au moment où on parle, ils baisent comme des chiens.
- Jérémie : Tu es complètement soûl, Victor.
- Victor (riant exagérément, puis) : Ce n'est pas ce qu'il faut dire, Jérémie. Á quoi ça sert de t'avoir embarqué, bon dieu ? Tu connais mal tes répliques ! Il faut dire : Victor, tu as les yeux grands ouverts ! tu vois au travers des murs ! Tu vois au travers du temps ! Et de la nuit !
Cet univers a beau m'être totalement étranger- et a priori antipathique- je poursuis ma lecture... Donc...
pierre-henri- Nombre de messages : 699
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Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Cette scène aurait dû s'appeler ACTE II, scène 3, mais je me rends compte que les "actes" ne conviennent pas à cette pièce. Quand je reprendrai le tout, je numéroterai tout simplement les scènes. Et celle-ci est pour l'instant la scène 10.
Saine(scène?) réaction! Ouipre, ce type de découpage-là, ça ne colle pas.
- Jérémie : Dis donc, qu'est-ce qu'il se passe ? T'as l'air drôlement secouéEEEEEEEEEEEE, toi.
- Jérémie : Bon, on va s'asseoir et parler de ça tranquillement, tu ne crois pas ? On se fait un petit café ? Á moins que tu n'aies déjà emballé la machine.
- Magali (s'essuyant les yeux). Non. Non. Elle, elle reste.
- Jérémie : Tu l'offres au suivant ?
- Magali (hésitant à répondre) : Je vais faire le café.
Jérémie s'asseoit dans un fauteuil. Se relève. Jette un œil aux cartons. Aux photos, en vrac. S'approche d'elles. Quand il entend les pas de sa sœur, il va se rasseoir. Elle apparaît avec un plateau. Elle le dépose sur la petite table du salon.
- Magali : Sans sucre ? Avec sucre ?
- Jérémie : Quelle question. Sans sucre, tu sais bien. Depuis toujours. Oh là là, ça ne va vraiment pas, toi.
- Magali (servant le café) : En fait si, mais en te voyant…
- Jérémie : Sympa !
- Magali : Mais non, je ne voulais pas dire ça…
- Jérémie : Je suis tout ouï.(??)
-
- Magali : Dans les faits, on s'est déjà quittés. ( ou quitté ?)
-
Saine(scène?) réaction! Ouipre, ce type de découpage-là, ça ne colle pas.
- Jérémie : Dis donc, qu'est-ce qu'il se passe ? T'as l'air drôlement secouéEEEEEEEEEEEE, toi.
- Jérémie : Bon, on va s'asseoir et parler de ça tranquillement, tu ne crois pas ? On se fait un petit café ? Á moins que tu n'aies déjà emballé la machine.
- Magali (s'essuyant les yeux). Non. Non. Elle, elle reste.
- Jérémie : Tu l'offres au suivant ?
- Magali (hésitant à répondre) : Je vais faire le café.
Jérémie s'asseoit dans un fauteuil. Se relève. Jette un œil aux cartons. Aux photos, en vrac. S'approche d'elles. Quand il entend les pas de sa sœur, il va se rasseoir. Elle apparaît avec un plateau. Elle le dépose sur la petite table du salon.
- Magali : Sans sucre ? Avec sucre ?
- Jérémie : Quelle question. Sans sucre, tu sais bien. Depuis toujours. Oh là là, ça ne va vraiment pas, toi.
- Magali (servant le café) : En fait si, mais en te voyant…
- Jérémie : Sympa !
- Magali : Mais non, je ne voulais pas dire ça…
- Jérémie : Je suis tout ouï.(??)
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- Magali : Dans les faits, on s'est déjà quittés. ( ou quitté ?)
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pierre-henri- Nombre de messages : 699
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Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Magali : Écoute, il y a des solutions. Le Viagra n'a pas été inventé pour les chiens. Il y a des spécialistes. Tu ne fais rien. Au lieu de ça, tu fabriques de[s} magnifiques putains polonaises en papier.
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- Magali : Victor est parti quelque[s] temps chez des amis que tu ne connais pas.
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- Magali : Victor est parti quelque[s] temps chez des amis que tu ne connais pas.
pierre-henri- Nombre de messages : 699
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Localisation : Raiatea
Date d'inscription : 17/02/2008
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Je te lis Apoutsiak, et je préfère donner un avis d'ensemble que des bribes d'avis entre deux scènes... Mais je lis, au fur et à mesure.
Par contre, PH, si tu repostes dans ce fil le texte d'Apoutsiak quasi à l'identique mais ainsi agrémenté de commentaires, on va finir pas ne plus s'y retrouver !
Par contre, PH, si tu repostes dans ce fil le texte d'Apoutsiak quasi à l'identique mais ainsi agrémenté de commentaires, on va finir pas ne plus s'y retrouver !
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
c'est pas faute de lui répéter de réviser ses quotes !!Krystelle a écrit:Par contre, PH, si tu repostes dans ce fil le texte d'Apoutsiak quasi à l'identique mais ainsi agrémenté de commentaires, on va finir pas ne plus s'y retrouver !
les coms sont totalement imbitables, excusez-moi
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
ben le résultat du transfert sur VE est moche, tu l'as vu : un coup tout petit en Times New Roman, un coup assez énormeapoutsiak a écrit:Au fait, Mentor, je ne comprends rien à cette complication de fontes. Je n'en utilise que deux dans le texte et je fais un copier-coller de word, c'est tout.
je ne capte pas pourquoi
je n'ai fait que chercher une "size" convenable ;-)
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
Carrément.mentor a écrit:les coms sont totalement imbitables, excusez-moi
PH: merci de re-poster d'une façon plus compréhensible afin qu'on ne se mélange pas les pinceaux avec le texte d'Apoutsiak.
On supprimera les anciens commentaires.
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
mentor a écrit:ben le résultat du transfert sur VE est moche, tu l'as vu : un coup tout petit en Times New Roman, un coup assez énorme
je ne capte pas pourquoi
je n'ai fait que chercher une "size" convenable ;-)
Apoutsiak, tu as tenté de basculer le mode édition (icône avec les deux "A" en haut à droite du message) avant de poster ?
Re: Sans toi ni l'oie (Théâtre) - Premières scènes
le mieux, en effetKrystelle a écrit:PH: merci de re-poster d'une façon plus compréhensible afin qu'on ne se mélange pas les pinceaux avec le texte d'Apoutsiak.
On supprimera les anciens commentaires.
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