FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
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Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Cascade ou mouvement perpétuel. M.C. Escher.
Une femme étend son linge sur une petite terrasse adjacente à un moulin à eau.
Un homme accoudé à une rambarde regarde au-dessus de lui la roue qui tourne. Elle chasse l'eau dans une canalisation à ciel ouvert en suivant un parcours semé de dérivations à angle droit. À première vue, l'eau descend mais, par un système de trompe l'oeil, l'eau, arrivée au bout du canal, se retrouve au-dessus de la roue, tombe à nouveau et force motrice oblige, entraîne le mouvement de celle-ci. L'observateur se contente d'écouter les bruit réguliers du système qui parait infaillible. Mouvement perpétuel enfin décrypté ? Non.
Tout cela est jouissif tant l'ingéniosité du système est subtile. Ce que l'oeil ne devine pas c'est le travail de conception de l'artiste qui trompe son monde. Quand bien même la complexité de cette réalisation s'explique, le résultat est tout simplement étonnant.
Abuser de nos sens n'est sérieux que si l'on s'en amuse.
Une femme étend son linge sur une petite terrasse adjacente à un moulin à eau.
Un homme accoudé à une rambarde regarde au-dessus de lui la roue qui tourne. Elle chasse l'eau dans une canalisation à ciel ouvert en suivant un parcours semé de dérivations à angle droit. À première vue, l'eau descend mais, par un système de trompe l'oeil, l'eau, arrivée au bout du canal, se retrouve au-dessus de la roue, tombe à nouveau et force motrice oblige, entraîne le mouvement de celle-ci. L'observateur se contente d'écouter les bruit réguliers du système qui parait infaillible. Mouvement perpétuel enfin décrypté ? Non.
Tout cela est jouissif tant l'ingéniosité du système est subtile. Ce que l'oeil ne devine pas c'est le travail de conception de l'artiste qui trompe son monde. Quand bien même la complexité de cette réalisation s'explique, le résultat est tout simplement étonnant.
Abuser de nos sens n'est sérieux que si l'on s'en amuse.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Il y a une calice, un trésor, un petit chat, une de ces choses d'or, brillantes, malvenues, qui dépassent la logique, le pourquoi, le froid rigoureux du regard vrai, c'est une larve, une chose éteinte, une chose éteinte sans bras pour se porter, une chose lâche, que nous devrions détester, une chose qui passe le temps à dire, une chose qui passe le temps à ne pas faire, une chose qui veut se croire capable, une larve, semblable à bien d'autres, et c'est cela la tristesse. Elle a tout fait pour se détester mais elle n'y parvient pas, cette larve, elle essaie de trouver une position juste, tout en sachant au fond d'elle-même que le mensonge ne cesse jamais, tout en ne cessant jamais de se mentir, tout en sachant que la justesse ne peut exister à partir du moment où l'on se regarde, elle tente de s'échapper d'elle et de se murmurer son tort, mais elle n'y parvient pas. Elle est toujours amoureuse d'elle. Elle se regarde si faible, si morte, si éteinte, elle a recours à l'acceptation, mais le problème est qu'elle ne sait rien toucher sans le recours, qu'elle ne sait rien humer sans que s'imbriquent à l'infini les boucliers qui l'empêchent de se remettre en question. Elle se damne, se soulage, regarde sa tête minuscule et molle, mais que dire, elle est toujours amoureuse d'elle, son sexe se rétracte irrévocablement, et elle gémit, alors, et elle gémit, et elle se regarde gémir, avec sa tête minuscule et molle, son sexe rétracté, elle se plaint et a conscience de se plaindre, de pleurer, de saigner encore un peu, ses ailes atrophiées battent doucement dans la conjecture d'un avenir lumineux où l'on se blottirait sans être un blotti coupable, sans être un faible, une carcasse qui ne saurait se débarrasser de sa peau de martyr, la possibilité qu'un jour, enfin, l'on puisse être nul et incapable et ne rien faire pour le changer sans que cet état misérable et son impuissance à trouver la volonté de s'en dépêtrer soient scandaleux. Elle aimerait, ainsi, souffrir et se regarder souffrir sans que cela inspire la pitié et le dégoût, rester immobile dans sa condition pitoyable sans que cela soit retourné et battu dans la terre de la puissance de vivre, elle aimerait que la vie soit toujours cette nuisance et qu'elle puisse la considérer comme nuisance sans que sa lâcheté soit jugée absolument, et alors peut-être qu'elle ne souffrirait plus et que la vie serait heureuse. Mais le fait même de désirer cela corrobore son image de ratée, son image de loque, de lambeau, de souillure, le fait même de vouloir être seule et abrutie et s'en complaisant sans qu'on le lui reproche est une confirmation de sa condition de petite chose éteinte et larvée, alors pourquoi, pourquoi s'aime-t-elle toujours, pourquoi a-t-elle la sensation de briller comme l'or malgré tout dans le regard de l'autre, comme une douleur est considérée belle, comme une plaie rougeâtre et suintante est dans les yeux de la personne la conjuration de la bêtise, comme souffrir et ne pouvoir échapper au tourment est en soi, par l'entremise fallacieuse de l'esprit, un gage de grandeur et de complexité ? Même lorsque le sexe se rétracte, même lorsque la petite chose déçoit la plus haute et la plus naturelle des attentes, elle est encore pardonnée...
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Il y a un problème complexe que je souhaite aborder. C'est un banquet, et l'on s'y trouve, et l'on y mange, l'on y boit, confusément, rien n'est plus altérable, ni les estomacs ni les gorges, ni le nez, tout a la sensualité éternelle du divin. Les choses pleuvent, infernales de douceur et d'attrait, elles caressent la vue et le goût, donc, mais aussi les membres fous et intimes. Passent dans les crânes et dans les cœurs et dans le plus profond de la poitrine des paysages que l'on aurait aimé ne jamais soupçonnés et que pourtant l'on a côtoyés dans la solitude la plus intrépide, des paysages de couleurs, de sons et de chairs, des paysages de jouissance et de haine auxquels on rêve parfois secrètement dans l'expérience mystique et anxiogène du bruit haletant de sa propre respiration lorsque le chez-soi est plongé dans l'obscurité la plus crue. Ces paysages étaient là, dans les plats, dans les yeux, dans la grande pièce, c'était indéfinissable et inconsolable, je le crois, et passaient et repassaient dans les motifs des toiles, dans les imbrications baroques des figures animales aux murs, de longues et impensables litanies si souvent pensées dans ces moments où le plus complet isolement nous amène au meurtre de la civilisation. Nous jouons un théâtre truqué, nous voyons ensemble, nous percevons ensemble, les colères enfouies ont saccagé les gueules, les monstres habité la politesse, les sarcasmes les plus durs envahi les sourires d'amitié, les insanités corrompu l'hypocrisie familiale, les spasmes débordé sur les gestes habituels. Tout se tord maintenant, plus que jamais, tout convulse comme l'on ne convulse jamais face à soi, et nous sommes ensemble, devant l'opinion, nous sommes ensemble à nous montrer les uns les autres, l'aventure sociale se crispe, ce ne sont plus les rots qui abondent comme des explosions d'immoralité mignonne, c'est le malaise et le mythe qui se relient enfin et dont la consonance rompt avec toute réalité. Il y a un problème complexe que je souhaite aborder : celui de la sincérité.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Le volcan s'est éteint lorsque l'arbre a fleuri
Le dîner s'est vomi quand nous l'avons mangé
Tout a coulé de soi : le propre de la vie
C'est de donner la mort après avoir parlé.
Le dîner s'est vomi quand nous l'avons mangé
Tout a coulé de soi : le propre de la vie
C'est de donner la mort après avoir parlé.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Moi (taisez vous)
Quand je ferme les yeux
Je peux marcher dans le grand champ du monde Où toutes les idées sont des épis de blés Et ma main les caresses tous Passe à travers la lumière au fond des maison Où à un carreau un enfant Attend L’été
Les hirondelles
Parlent un langage
Que le ciel n’entend plus
Vous comprenez quand je ferme les yeux, ma respiration est idéale. La nuit remue au rythme de mes pensées. Et je ne pense pas grand-chose, à peine à une eau claire... L’ombre est venue boire au soleil de toutes les couleurs. J’ai vu ton corps là-bas. Je l’ai regardé jusqu’à ce que vienne la nuit
Maintenant je suis un peu (un peu) seul et je m’ennuie
Quand je ferme les yeux
Je peux marcher dans le grand champ du monde Où toutes les idées sont des épis de blés Et ma main les caresses tous Passe à travers la lumière au fond des maison Où à un carreau un enfant Attend L’été
Les hirondelles
Parlent un langage
Que le ciel n’entend plus
Vous comprenez quand je ferme les yeux, ma respiration est idéale. La nuit remue au rythme de mes pensées. Et je ne pense pas grand-chose, à peine à une eau claire... L’ombre est venue boire au soleil de toutes les couleurs. J’ai vu ton corps là-bas. Je l’ai regardé jusqu’à ce que vienne la nuit
Maintenant je suis un peu (un peu) seul et je m’ennuie
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 35
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Moi (taisez-vous)
Quand je ferme les yeux
Je peux marcher dans le grand champ du monde Où toutes les idées sont épis de blés Et ma main les caresse Passe à travers la lumière au fond des maison Où à un carreau un enfant Attend L’été
Les hirondelles
Parlent un langage
Que le ciel n’entend plus
Vous comprenez quand je ferme les yeux, ma respiration est idéale. La nuit remue au rythme de mes pensées. Et je ne pense pas grand-chose, à peine à une eau claire... L’ombre est venue boire au soleil de toutes les couleurs. J’ai vu ton corps là-bas. Je l’ai égaré jusqu’à ce que revienne la nuit
Le ciel est clair mais pour quoi faire
On devrait peupler les gestes avec des mots précis
La lenteur reste sur l’horloge
Tes yeux ont la couleur ont la couleur
Du regret qu’il y à connaitre la nudité des choses
Je t’aime
Des gens passent (passent passent.. c’est long)
je ferme les yeux sur tous les objets
qui ont le signe de toi
on bavarde. on regarde. on boit. on joie
j'aime bien le regret quand il est comme ça
Mais je m’en fiche de tracer des mots sur la page
Quand je ferme les yeux
Je peux marcher dans le grand champ du monde Où toutes les idées sont épis de blés Et ma main les caresse Passe à travers la lumière au fond des maison Où à un carreau un enfant Attend L’été
Les hirondelles
Parlent un langage
Que le ciel n’entend plus
Vous comprenez quand je ferme les yeux, ma respiration est idéale. La nuit remue au rythme de mes pensées. Et je ne pense pas grand-chose, à peine à une eau claire... L’ombre est venue boire au soleil de toutes les couleurs. J’ai vu ton corps là-bas. Je l’ai égaré jusqu’à ce que revienne la nuit
Le ciel est clair mais pour quoi faire
On devrait peupler les gestes avec des mots précis
La lenteur reste sur l’horloge
Tes yeux ont la couleur ont la couleur
Du regret qu’il y à connaitre la nudité des choses
Je t’aime
Des gens passent (passent passent.. c’est long)
je ferme les yeux sur tous les objets
qui ont le signe de toi
on bavarde. on regarde. on boit. on joie
j'aime bien le regret quand il est comme ça
Mais je m’en fiche de tracer des mots sur la page
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 35
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
vraiment louis!, c'est chouette
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
tout ce dont une personne âgée a besoin
c'est d'un bisou sur le front
d'une petite pression de la main
d'une attention subtile
j'ai passé mon enfance dans une maison de retraite
dans cet endroit où la mort devient normale
et la vie précieuse
où le temps qui passe est une coquetterie
un brillant caché sous la poussière
c'est d'un bisou sur le front
d'une petite pression de la main
d'une attention subtile
j'ai passé mon enfance dans une maison de retraite
dans cet endroit où la mort devient normale
et la vie précieuse
où le temps qui passe est une coquetterie
un brillant caché sous la poussière
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
T'es crispant comme auteur, Lucas; y a de moins en moins de propositions dans tes textes, faudrait que l'homme retourne néanderthal pour que tu lui trouves un truc qui fonctionne convenablement. et encore, je n'en suis pas sur.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
à force de la regarder sans la toucher, la vie me brûlera
les yeux sans boussole au fond de mon coeur
et sans ces oiseaux messagers qui m'indiquera
ces formes sans plus ni les senteurs... ni les couleurs...
les yeux sans boussole au fond de mon coeur
et sans ces oiseaux messagers qui m'indiquera
ces formes sans plus ni les senteurs... ni les couleurs...
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 35
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Panda, je ne sais pas comment le prendre ! Ce pourrait être un reproche.
Quoi qu'il en soit, tu effleures ici des thématiques qui me sont chères. Non pas dans l'idée, mais dans l'image, dans la poésie uniquement. Ce sont des réflexions dont je ne pense rien mais dont les symboles me touchent esthétiquement.
Quoi qu'il en soit, tu effleures ici des thématiques qui me sont chères. Non pas dans l'idée, mais dans l'image, dans la poésie uniquement. Ce sont des réflexions dont je ne pense rien mais dont les symboles me touchent esthétiquement.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
ce n'est pas un reproche ni un compliment.lu-k a écrit:Panda, je ne sais pas comment le prendre ! Ce pourrait être un reproche.
Quoi qu'il en soit, tu effleures ici des thématiques qui me sont chères. Non pas dans l'idée, mais dans l'image, dans la poésie uniquement. Ce sont des réflexions dont je ne pense rien mais dont les symboles me touchent esthétiquement.
Invité- Invité
Au bout du couloir
Et soudain je m'avise que le petit homme au bout du couloir quitte son emploi ce soir. C'est la fin de son contrat aidé. Je toque à la porte. Il taille un crayon. Je dis : ça va ? Il dit Bof. Il dit ma mère est morte quand j'avais cinq ans alors vous savez. Il dit c'est mon père qui nous a élevés, mes quatre frères et moi. Il dit aucun de nous ne s'est marié. Il dit je vis dans une petite chambre, tout seul. Parfois je vois un de mes frères. Ou l'autre. Alors vous savez, c'est pas la grande forme.
Puis il ne dit plus rien. Il pose le crayon, il en prend un autre et le taille aussi.
Dans un pot il y a un tas de crayons de différentes longueurs.
Je tends la main.
Bon.
Au revoir alors.
Il dit ça m'a fait du bien de parler.
Il me serre la main.
C'est bizarre. Il lui manque deux doigts.
Puis il ne dit plus rien. Il pose le crayon, il en prend un autre et le taille aussi.
Dans un pot il y a un tas de crayons de différentes longueurs.
Je tends la main.
Bon.
Au revoir alors.
Il dit ça m'a fait du bien de parler.
Il me serre la main.
C'est bizarre. Il lui manque deux doigts.
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
oh
Oh, dit-il, ma petite femme alcoolique
Oh, ma petite femme ivre dans le lit
et les croque-monsieur brûlés
et les enfants pieds nus dans l'escalier
enneigé
et si j'ouvre le robinet, dit-il, pour me laver les dents
il en sort du café noir.
Oh, ma petite femme ivre dans le lit
et les croque-monsieur brûlés
et les enfants pieds nus dans l'escalier
enneigé
et si j'ouvre le robinet, dit-il, pour me laver les dents
il en sort du café noir.
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
lu-k a écrit:Il y a un problème complexe que je souhaite aborder : celui de la sincérité.
en toute franchise, je crois que le vrai problème à propos du cocktail, c'est : olive verte oubien olive noire?
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
J'adore ces petits textes, Janis !
Emma, Emma
Laisse courir mes doigts sur toi
Saisir le givre de tes cheveux
Le hâle blanc de ta peau nue
Emma, Emma
Laisse-moi courir juste après toi
Sur ce chemin d'automne blanchi
Par les premiers cristaux d'hiver
Emma, Emma
Laisse courir mes doigts sur toi
Saisir le givre de tes cheveux
Le hâle blanc de ta peau nue
Emma, Emma
Laisse-moi courir juste après toi
Sur ce chemin d'automne blanchi
Par les premiers cristaux d'hiver
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Merci marine, toi aussi c'est joli !
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
sa tête quand il rentre dans la chambre, ses mots quand il parle, ses yeux quand ils se posent enfin sur moi, nous deux ensemble dans le chaos, nous deux qui tombons, tombons, éperdus, rien ne nous retient, rien n'amortira la chute, la terre s'est ouverte et nous entendons au loin les voix qui nous demandent de ne pas crier, pas crier s'il vous plaît, s'il vous plaît s'il vous plaît;
Il a choisi les dernières chansons
notre fils amoureux
notre fils évanoui au pied du téléphone
He shot me down me Bang Bang,
la voix lente
et tout le monde pleurait dans le feu et le froid
de février gelé
parce qu'elle brûlait la fille
elle brûlait tout entière dans les dernières planches
l'immense fille unique
et nous glacés, glacés
parce que c'était la fille
l'unique enfant unique
on répétait ça bêtement
c'était la fille unique
de celle qui ne voulait pas y aller
et le premier amour
de notre fils évanoui dans le petit salon
effacez-tout.
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
sonnet (?)
A force de la regarder sans la toucher, la vie nous brulera
Les poumons et puis les veines ; les yeux puis le foie
Nous crions famine de ne trouver à tout heure,
Cette unique substance ; l’aliment du malheur.
Nous crions, aimons, pleurons – surtout rêvons
Et cela se fait console parmi tout le corps
Cela se fait béquille pour passer les saisons
Pour trouver le sommeil et le laisser encore ;
Ce sont les larmes ! – c’est notre unique amie.
C’est le beau miroir qui allant sur les joues guéri
Les plaies de nos reflets aux paumes abimées.
Les songes crient : j’ai faim ! et l’hiver, ou l’été
Douleur est notre vanité, ainsi que seule joie
D’avoir cherché en vain – cela que vivre dira.
A force de la regarder sans la toucher, la vie nous brulera
Les poumons et puis les veines ; les yeux puis le foie
Nous crions famine de ne trouver à tout heure,
Cette unique substance ; l’aliment du malheur.
Nous crions, aimons, pleurons – surtout rêvons
Et cela se fait console parmi tout le corps
Cela se fait béquille pour passer les saisons
Pour trouver le sommeil et le laisser encore ;
Ce sont les larmes ! – c’est notre unique amie.
C’est le beau miroir qui allant sur les joues guéri
Les plaies de nos reflets aux paumes abimées.
Les songes crient : j’ai faim ! et l’hiver, ou l’été
Douleur est notre vanité, ainsi que seule joie
D’avoir cherché en vain – cela que vivre dira.
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 35
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Bout... de rien !
Terribles ces textes Janis !
- Spoiler:
- Si j'étais fou, je visserais le temps, les aiguilles de Big Ben.
Si j'étais fou, je glisserais mon nez, dans le creux de ton cou.
Si j'étais fou, sous le feu de tes coups, j'avancerais mon sexe.
Si j'étais fou, je tromperais tes dieux, des appétits au trépas .
Mais je ne suis pas fou. Enfin presque.
Terribles ces textes Janis !
Phoenamandre- Nombre de messages : 2423
Age : 33
Date d'inscription : 08/03/2009
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
oup merci (pour tout)
à quoi sert un spoiler, d'ailleurs ?
à quoi sert un spoiler, d'ailleurs ?
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Passé Simple
Le passé simple
C'est votre amie, la meilleure
vous vous rencontrâtes à 10 ans
elle vous confia alors :
j'adore le sang humain, pas toi ?
à quoi vous rétorquâtes :
j'adore les cimetières, pas toi ?
ce qui scella le coup de foudre suivi d'amitié fusionnelle
de plus l'une comme l'autre
déjà pourvues de poitrine
vous obteniez un franc succès en ville
Pour la troisième fois elle se marie
deux fois avec le même, et là
avec l'Autre
celui qu'elle qualifia, et vous vous étonnâtes, de Premier et Unique Amour
(un bisou à six ans, puis une absence de quarante-quatre ans)
Vous aimiez bien ses deux premiers
et pour cause, ils ne font qu'un - c'est votre meilleur ami
A lui vous cachâtes longtemps l'infidélité qu'elle dévoila, bonne fille
vous blablablâtes néanmoins à la faveur d'un clair de lune (+ whisky)
souvent ensemble avec le cocu vous plaisantâtes : si vous fûtes ensemble, vous seriez, concordance des temps à revoir : alcooliques, atteints de toutes les MST, et auriez définitivement perdu les clefs de la maison
Car tout comme vous, ce garçon rencontré à 16 ans (alors, vous couchâtes) au fond d'une salle de classe est un étourdi, un joyeux pessimiste, longtemps vous fûtes seule à rire de ses blagues à deux balles
Tandis que l'Autre,
certes il est
profond
sensible
et champêtre
mais alors
mes aïeux
quel ennui
sans compter un nom à coucher dehors
qui évoque la suie et le grand nettoyage
plutôt que l'amour et le beau mariage
Elle avait prévenu : pas trop de monde (ça fatigue)
pas danser (ça fatigue)
pas boire (ça fatigue)
et autres verbes qui fatiguent
avec vos sœurs et frères de noce vous rîtes
imaginant une séance de yoga
un jus de fruit bio et au lit
Or, l'inondation se mêla de la fête
Tout le monde dut rester même le taxi
et alors, gars et filles tout mélangés
vous vous pâmâtes
Au moment des cadeaux, nos quinquagénaires coquets
refusant de chausser leurs lunettes
n'y comprirent goutte
jetant les "bon pour un we en château"
et autres écrans plats (qu'il prirent pour du carton)
sans parler d'un tableau fait main qu'ils utilisèrent comme plateau
vous récupérâtes les présents
ensuite vous dansâtes
vous dansâtes, bûtes, dansâtes et bûtes
Puis à la faveur d'une pluie redoublante
tous entassés dans les chambres
tête-bêche dans les lits
ce fut le grand n'importe quoi en âtes, en îtes et en ûtes, ne vous déplûtes
...
vous écopâtes tout le matin
et prîtes du champagne au petit dèj
tout le monde partit bourré et hilare
direction la gare
pourtant elle vous avait dit
un truc sobre, tu me connais
et son futur le bien nommé de hocher gravement la tête
C'est votre amie, la meilleure
vous vous rencontrâtes à 10 ans
elle vous confia alors :
j'adore le sang humain, pas toi ?
à quoi vous rétorquâtes :
j'adore les cimetières, pas toi ?
ce qui scella le coup de foudre suivi d'amitié fusionnelle
de plus l'une comme l'autre
déjà pourvues de poitrine
vous obteniez un franc succès en ville
Pour la troisième fois elle se marie
deux fois avec le même, et là
avec l'Autre
celui qu'elle qualifia, et vous vous étonnâtes, de Premier et Unique Amour
(un bisou à six ans, puis une absence de quarante-quatre ans)
Vous aimiez bien ses deux premiers
et pour cause, ils ne font qu'un - c'est votre meilleur ami
A lui vous cachâtes longtemps l'infidélité qu'elle dévoila, bonne fille
vous blablablâtes néanmoins à la faveur d'un clair de lune (+ whisky)
souvent ensemble avec le cocu vous plaisantâtes : si vous fûtes ensemble, vous seriez, concordance des temps à revoir : alcooliques, atteints de toutes les MST, et auriez définitivement perdu les clefs de la maison
Car tout comme vous, ce garçon rencontré à 16 ans (alors, vous couchâtes) au fond d'une salle de classe est un étourdi, un joyeux pessimiste, longtemps vous fûtes seule à rire de ses blagues à deux balles
Tandis que l'Autre,
certes il est
profond
sensible
et champêtre
mais alors
mes aïeux
quel ennui
sans compter un nom à coucher dehors
qui évoque la suie et le grand nettoyage
plutôt que l'amour et le beau mariage
Elle avait prévenu : pas trop de monde (ça fatigue)
pas danser (ça fatigue)
pas boire (ça fatigue)
et autres verbes qui fatiguent
avec vos sœurs et frères de noce vous rîtes
imaginant une séance de yoga
un jus de fruit bio et au lit
Or, l'inondation se mêla de la fête
Tout le monde dut rester même le taxi
et alors, gars et filles tout mélangés
vous vous pâmâtes
Au moment des cadeaux, nos quinquagénaires coquets
refusant de chausser leurs lunettes
n'y comprirent goutte
jetant les "bon pour un we en château"
et autres écrans plats (qu'il prirent pour du carton)
sans parler d'un tableau fait main qu'ils utilisèrent comme plateau
vous récupérâtes les présents
ensuite vous dansâtes
vous dansâtes, bûtes, dansâtes et bûtes
Puis à la faveur d'une pluie redoublante
tous entassés dans les chambres
tête-bêche dans les lits
ce fut le grand n'importe quoi en âtes, en îtes et en ûtes, ne vous déplûtes
...
vous écopâtes tout le matin
et prîtes du champagne au petit dèj
tout le monde partit bourré et hilare
direction la gare
pourtant elle vous avait dit
un truc sobre, tu me connais
et son futur le bien nommé de hocher gravement la tête
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Dune.
Appuyés sur nos rétinacles respectifs; nous bondissions.
Nous bondissions chacun dans notre style, de concert, de conserve parfois.
Par le hublot de nos rétines, nous n'observions rien. Nous bondissions yeux clos.
Trajectoire définie en avance.
Un jour, l'un d'entre-nous bondit yeux grands ouverts. Il prit peur et retomba durement.
Conseil fut donné de continuer à bondir yeux fermés. Nos paupières disparurent. Nos yeux tombèrent.
Devenus sourds, aveugles et muets, nous fûmes relégués aux tâches ingrates ;
bouffer du goémon pourri et faire chier les chevilles des estivants en pleine sieste.
Appuyés sur nos rétinacles respectifs; nous bondissions.
Nous bondissions chacun dans notre style, de concert, de conserve parfois.
Par le hublot de nos rétines, nous n'observions rien. Nous bondissions yeux clos.
Trajectoire définie en avance.
Un jour, l'un d'entre-nous bondit yeux grands ouverts. Il prit peur et retomba durement.
Conseil fut donné de continuer à bondir yeux fermés. Nos paupières disparurent. Nos yeux tombèrent.
Devenus sourds, aveugles et muets, nous fûmes relégués aux tâches ingrates ;
bouffer du goémon pourri et faire chier les chevilles des estivants en pleine sieste.
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Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Dune.
Nous étions autrefois une race valeureuse et rayonnante.
Bien avant l'orvet, l'écureuil, le lézard, que nous avons tous imaginé dans nos villes sédimentaires,
nous avions génétiquement modifié notre corps annelé de manière à nourrir La Grande Limande et La Grande Rieuse
d'une portion de notre cul qui n'engage pas notre processus vital.
Puis est venu l'homme.
Nous chions sous nos yeux, sous leurs pas, en saison, l'hiver : sous les goémons.
Nous étions autrefois une race valeureuse et rayonnante.
Bien avant l'orvet, l'écureuil, le lézard, que nous avons tous imaginé dans nos villes sédimentaires,
nous avions génétiquement modifié notre corps annelé de manière à nourrir La Grande Limande et La Grande Rieuse
d'une portion de notre cul qui n'engage pas notre processus vital.
Puis est venu l'homme.
Nous chions sous nos yeux, sous leurs pas, en saison, l'hiver : sous les goémons.
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Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Dune.
le détecteur de métal hurla, une mouette hurla, le vent hurla et une sirène hurla.
Jérémie, lui, creusa. La vision du large lui plaisait, la saumure de l'air et le jaune de ses bottes.
Sa petite pioche rencontra un élément dur sous la couche meuble. Une balle de papier d'aluminium froissé.
Jérémie l'arracha du limon en jubilant. Il, avec une patience infinie, déplia les couches superposées comme on écale un
œuf. Au centre de la boule se trouvait une sphère de feuille d'or ,soigneusement plaquée sur une bille de cristal fin.
D'un coup sec du tranchant de son ustensile, il brisa l'étrange carapace pour en découvrir le contenu.
Un micro-parchemin. Fiévreux, accaparé, il ne vit pas s'approcher la horde des goémons noirs et pourrissants.
le détecteur de métal hurla, une mouette hurla, le vent hurla et une sirène hurla.
Jérémie, lui, creusa. La vision du large lui plaisait, la saumure de l'air et le jaune de ses bottes.
Sa petite pioche rencontra un élément dur sous la couche meuble. Une balle de papier d'aluminium froissé.
Jérémie l'arracha du limon en jubilant. Il, avec une patience infinie, déplia les couches superposées comme on écale un
œuf. Au centre de la boule se trouvait une sphère de feuille d'or ,soigneusement plaquée sur une bille de cristal fin.
D'un coup sec du tranchant de son ustensile, il brisa l'étrange carapace pour en découvrir le contenu.
Un micro-parchemin. Fiévreux, accaparé, il ne vit pas s'approcher la horde des goémons noirs et pourrissants.
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Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Le petit homme au bout du couloir
Il dit en plus, tous mes oncles sont morts le premier mois de la guerre, les quatre.
Vous vous rendez compte, il dit, ma grand-mère n'avait plus que son aîné, celui qu'elle aimait le moins. Alors vous savez, dit-il, j'ai pas trop le moral.
Je regarde les pelures de crayon qui tombent par terre. Il reste beaucoup de crayons à tailler. C'est le dernier jour de son emploi aidé. On ne l'a pas renouvelé. Les parents le trouvent bizarre. Et puis vous avez vu, il me manque deux doigts. Alors le moral, vous repasserez.
Je tire la chaise et je m'asseois. Je n'avais jamais parlé avec le petit homme oblique.
Il dit en plus, tous mes oncles sont morts le premier mois de la guerre, les quatre.
Vous vous rendez compte, il dit, ma grand-mère n'avait plus que son aîné, celui qu'elle aimait le moins. Alors vous savez, dit-il, j'ai pas trop le moral.
Je regarde les pelures de crayon qui tombent par terre. Il reste beaucoup de crayons à tailler. C'est le dernier jour de son emploi aidé. On ne l'a pas renouvelé. Les parents le trouvent bizarre. Et puis vous avez vu, il me manque deux doigts. Alors le moral, vous repasserez.
Je tire la chaise et je m'asseois. Je n'avais jamais parlé avec le petit homme oblique.
Janis- Nombre de messages : 13490
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Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Dune by law
Loiseau devenait perplexe : pour avoir -trop souvent, observé des cadavres bouffés par les vers, il comprenait que cet homme été tué par les vers. La donne en était complètement changée, comme la litière de l'aut zouave à moustaches.
Loiseau devenait perplexe : pour avoir -trop souvent, observé des cadavres bouffés par les vers, il comprenait que cet homme été tué par les vers. La donne en était complètement changée, comme la litière de l'aut zouave à moustaches.
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Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Je n'ai rien à t'écrire. Mes contradictions s'excusent à ma place ; heureusement que la prétérition est belle. Je n'ai rien à t'écrire, depuis longtemps déjà les choses ont fini de te toucher, depuis longtemps déjà tout se répète inlassablement, se heurte et s'avorte, comme un boulet au pied empêche de revenir à la surface. Mes mains sont vides et les tiennes absentes : j'ai essayé de parler, de me taire, en vain, parler ou me taire ont même entretenu le mal, et toi tu n'as rien essayé. Dehors la pluie bat et l'orage gronde dedans, la tristesse habille l'alentour, malmène le paysage, les colères rongent mes yeux, les paysages de toi sont organiques, les défaites poitrinaires. Souviens-toi de la scène.
Près de ce troquet espagnol (l'Espagne enneigée, souviens-toi, souviens-toi de cette neige qui n'avait rien de beau, de cette mucosité blanchâtre qui recouvrait les rues de Barcelone), nous avions trouvé un chien mort, là, sur la chaussée. Nous étions soûls de tequila et de mescal, l'alcool prenait le pas sur le réel : la vision de ce corps étendu m'avait fait rire et toi pleurer - énième sujet de désaccord. Nous nous situions dans le faux tous les deux, dans le rêve, il aurait fallu continuer notre chemin, titubant dans la joie ou la tristesse, peu importe, mais quelle absurdité de cesser notre marche ainsi, à la sortie de la lumière sombre du bar, et d'accorder de l'importance à ce corps vide. Nous nous étions engueulés ensuite, nous reprochant mutuellement notre décadence : tu n'as pas honte de rire, tu ne te sens pas ridicule à pleurer, etc. Le vent froid nous fouettait la figure alors nous l'avions détournée du chien. Souviens-toi, nous traversâmes les Ramblas en titubant, enfin. Tu disais n'importe quoi, j'écoutais n'importe comment, cela changeait de d'habitude.
Près de ce troquet espagnol (l'Espagne enneigée, souviens-toi, souviens-toi de cette neige qui n'avait rien de beau, de cette mucosité blanchâtre qui recouvrait les rues de Barcelone), nous avions trouvé un chien mort, là, sur la chaussée. Nous étions soûls de tequila et de mescal, l'alcool prenait le pas sur le réel : la vision de ce corps étendu m'avait fait rire et toi pleurer - énième sujet de désaccord. Nous nous situions dans le faux tous les deux, dans le rêve, il aurait fallu continuer notre chemin, titubant dans la joie ou la tristesse, peu importe, mais quelle absurdité de cesser notre marche ainsi, à la sortie de la lumière sombre du bar, et d'accorder de l'importance à ce corps vide. Nous nous étions engueulés ensuite, nous reprochant mutuellement notre décadence : tu n'as pas honte de rire, tu ne te sens pas ridicule à pleurer, etc. Le vent froid nous fouettait la figure alors nous l'avions détournée du chien. Souviens-toi, nous traversâmes les Ramblas en titubant, enfin. Tu disais n'importe quoi, j'écoutais n'importe comment, cela changeait de d'habitude.
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Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Maintenant elle veut découper le poulet
ma petite femme alcoolique
elle prend le grand couteau et dit : laisse-moi faire. Je la laisse. Je la regarde. Elle vacille sous l'averse. Les enfants descendent, pourquoi maman coupe le poulet dehors ? je dis chut, les mômes. Faites pas chier. Maman essaye. oh ma petite femme ivre morte qui essaye quand même, à trois heures du matin. Ma petite épouse avinée pieds nus dans le jardin au milieu de la nuit. Pointure 34. Ohlala, ohlalalala, ohla.
ma petite femme alcoolique
elle prend le grand couteau et dit : laisse-moi faire. Je la laisse. Je la regarde. Elle vacille sous l'averse. Les enfants descendent, pourquoi maman coupe le poulet dehors ? je dis chut, les mômes. Faites pas chier. Maman essaye. oh ma petite femme ivre morte qui essaye quand même, à trois heures du matin. Ma petite épouse avinée pieds nus dans le jardin au milieu de la nuit. Pointure 34. Ohlala, ohlalalala, ohla.
Janis- Nombre de messages : 13490
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Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Dune
Du haut de la butte nous regardions les dunes.
Du haut de la tour nous regardions les dunes.
Du haut de l'avion nous regardions les dunes.
Du haut des dunes nous regardions les dunes.
et les dunes nous regardaient de haut, l' œil de goémon pourri, l’œil de goéland pourri.
Du haut de la butte nous regardions les dunes.
Du haut de la tour nous regardions les dunes.
Du haut de l'avion nous regardions les dunes.
Du haut des dunes nous regardions les dunes.
et les dunes nous regardaient de haut, l' œil de goémon pourri, l’œil de goéland pourri.
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Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Dune.
Nous marchions les pieds sur le sable les pieds dans l'eau pendant que lui marchait sur l'eau les pieds dans le sable.
Eux-elles -les arénicoles chiaient leur cru bien installés en U et lui s'allongeait les bras en croix dans le goémon pourri,
la mer s'ouvrait sous ses veines et des crickets en nuée s’abattaient sur le varech. Logique. Crédible.
Nous marchions les pieds sur le sable les pieds dans l'eau pendant que lui marchait sur l'eau les pieds dans le sable.
Eux-elles -les arénicoles chiaient leur cru bien installés en U et lui s'allongeait les bras en croix dans le goémon pourri,
la mer s'ouvrait sous ses veines et des crickets en nuée s’abattaient sur le varech. Logique. Crédible.
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Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Dune by law
Loiseau se demandait vraiment à quel genre de déboités du ciboulot il avait affaire.
Il y avait un cadavre par four à soude tout au long du littoral et compte-tenu du fait que seulement la moitié
d'entre-eux étaient répertoriés, en parlant des fours, et que malheureusement la moitié d'entre-eux étaient décapités, en parlant des cadavres, cette enquête commençait à sentir le lisier grand-cru. AOC.
Loiseau se demandait vraiment à quel genre de déboités du ciboulot il avait affaire.
Il y avait un cadavre par four à soude tout au long du littoral et compte-tenu du fait que seulement la moitié
d'entre-eux étaient répertoriés, en parlant des fours, et que malheureusement la moitié d'entre-eux étaient décapités, en parlant des cadavres, cette enquête commençait à sentir le lisier grand-cru. AOC.
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Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Dune
Somnolant la nuque reposée sur la testicule gonflée du varech, nous regardions les thoniers rentrer au port, les plaisanciers rentrer au port, les paquebots rentrer au port, les hoovercrafts rentrer au port, les barques rentrer au port, les courants rentrer au port, le vent rentrer au port et nous faisions coucou aux bouées avec les orteils recouverts des pieds des goémons. Les arénicoles nous chiaient à l'oreille que nous avions rêvé le goéland qui s'était posé sur le phare.
Somnolant la nuque reposée sur la testicule gonflée du varech, nous regardions les thoniers rentrer au port, les plaisanciers rentrer au port, les paquebots rentrer au port, les hoovercrafts rentrer au port, les barques rentrer au port, les courants rentrer au port, le vent rentrer au port et nous faisions coucou aux bouées avec les orteils recouverts des pieds des goémons. Les arénicoles nous chiaient à l'oreille que nous avions rêvé le goéland qui s'était posé sur le phare.
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Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Dune by Law.
Fred Loiseau avait un peu le vertige avec ces foutaises, le père le fils le Saint-Terre, l'eau le feu le gui les galettes et l'azote dans l'eau, il n’appréciait que moyennement les goélands, les goélettes et le Groenland. Pourtant, le type de l' Ifremer ne lui lâchait rien, avec sa gueule de pécheur d'Islande et son langage trivial tendance prosaïque. Si Alex, le dernier amant de Wanda, un hurluberlu reforme 90, était présent, il lui casserai la gueule avec des grands guillemets et des espaces entre les poings. Fred vérifia la présence de la moleskine dans la poche de son 501, puis vérifia la présence du 501 dans le Moleskine.
Fred Loiseau avait un peu le vertige avec ces foutaises, le père le fils le Saint-Terre, l'eau le feu le gui les galettes et l'azote dans l'eau, il n’appréciait que moyennement les goélands, les goélettes et le Groenland. Pourtant, le type de l' Ifremer ne lui lâchait rien, avec sa gueule de pécheur d'Islande et son langage trivial tendance prosaïque. Si Alex, le dernier amant de Wanda, un hurluberlu reforme 90, était présent, il lui casserai la gueule avec des grands guillemets et des espaces entre les poings. Fred vérifia la présence de la moleskine dans la poche de son 501, puis vérifia la présence du 501 dans le Moleskine.
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Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Dune
La plage enserrait la dune. Sur sa gauche, les arénicoles chiaient à qui-mieux-mieux, susurrant au limon les secrets de leur vie en U. Sur sa droite, les bancs de goémons affalés se couvraient de sel . Sur sa gauche, les bancs de goémons affalés se couvraient de sel, sur sa droite les arénicoles chiaient à qui-mieux-mieux, susurrant au limon les secrets de leur vie en U. Parce que la plage enserrait la dune, parce qu'un goéland traversait la lune, juste au moment ou un gros porte-container acheminait des abris-bus Jean-Jacques Decaux vers le Bénin. Oui, des abris-bus Jean-Jacques Decaux vers le Bénin. Présentement.
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Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
La tum'heure
L'enfant à la tumeur, l'enfance qui se meurt.
Le trésor se trouve à terre, la chance choyant la chance.
L'impitoyable et l'abject destin, lui,
Sourit, rit devant les cris
Et fait par ses pas écrasant,
Tomber ses jours, crever les nuits.
La sublimation du temps qui s'envole en feuilles mortes
Se flétrit en mille particules de couleur
Qui dans le bleu du ciel,
Ôtent ses heures de ses yeux cernés.
Elles se hâtent en minutes stériles
Nul n'attend l'enfance qui se tarit.
C'est une fleur habillée de guenilles,
Que s'en va cueillir la maladie.
L'enfant à la tumeur, l'enfance qui se meurt.
Le trésor se trouve à terre, la chance choyant la chance.
L'impitoyable et l'abject destin, lui,
Sourit, rit devant les cris
Et fait par ses pas écrasant,
Tomber ses jours, crever les nuits.
La sublimation du temps qui s'envole en feuilles mortes
Se flétrit en mille particules de couleur
Qui dans le bleu du ciel,
Ôtent ses heures de ses yeux cernés.
Elles se hâtent en minutes stériles
Nul n'attend l'enfance qui se tarit.
C'est une fleur habillée de guenilles,
Que s'en va cueillir la maladie.
Phoenamandre- Nombre de messages : 2423
Age : 33
Date d'inscription : 08/03/2009
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Même si je ne pense pas avoir tout compris, j'ai adoré ces dunes Panda...
D'autant plus que je me découvre un point commun avec les arénicoles
D'autant plus que je me découvre un point commun avec les arénicoles
Phoenamandre- Nombre de messages : 2423
Age : 33
Date d'inscription : 08/03/2009
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Il dit vous vous rendez-compte, toute une année dans ce bureau sans fenêtre, à côté des manteaux perdus et des gants orphelins. Personne ne vient jamais les chercher, ces manteaux.
Alors le moral, c'est pas trop ça, non.
Il dit vous avez vu, j'ai un taille-crayon électrique.
Mais je préfère tailler à la main.
Il dit j'aime les ustensiles.
J'ai une raclette pour racler les casseroles et les yaourts.
Et un petit appareil pour obtenir les plus fines tranches de fromage.
Il dit je les ai commandés à un fabricant hollandais.
Je connais ma géographie.
Le petit homme oblique avançait penché dans la cour, à chaque récréation.
Il ramassait ensuite mélancoliquement les manteaux, pulls et gants oubliés sur le béton. Il passa un long moment un jour à récupérer une chaussure perchée sur la plus haute branche d'un arbre. Personne ne parlait au petit homme.
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re:FRAGMENTS: le fil de vos textes courts
Le curé de la paroisse était tonsuré. On disait aussi qu’il avait été trépané. Mais depuis combien d’années ?
Quand le rideau du premier étage frémissait, on savait que la commère du coin, « l’Œil de Moscou », avait pris son poste.
Dans cette oasis de verdure, la source était ferrugineuse et laissait sur la pierre des traces de rouille. Elle avait un goût d’œuf puîné.
Toutes les années, à pareille époque s’ouvrait « la vogue des noix ». Les forains installaient leurs manèges pendant trois semaines et les enfants couraient acheter des jetons. A certains stands, on vendait des pommes d’amour, enrobées de caramel rouge vif.
Un peu avant la sortie de l’école, un quart d’heure avant la sonnerie, Mme L. disparaissait dans son placard pour « se pomponner ».
Une émission à la radio présentait deux candidats, l’un surnommé « la Tête » et l’autre « les Jambes ». Le premier devait répondre à toutes les questions et l’autre était censé pédaler très fort.
Quand le rideau du premier étage frémissait, on savait que la commère du coin, « l’Œil de Moscou », avait pris son poste.
Dans cette oasis de verdure, la source était ferrugineuse et laissait sur la pierre des traces de rouille. Elle avait un goût d’œuf puîné.
Toutes les années, à pareille époque s’ouvrait « la vogue des noix ». Les forains installaient leurs manèges pendant trois semaines et les enfants couraient acheter des jetons. A certains stands, on vendait des pommes d’amour, enrobées de caramel rouge vif.
Un peu avant la sortie de l’école, un quart d’heure avant la sonnerie, Mme L. disparaissait dans son placard pour « se pomponner ».
Une émission à la radio présentait deux candidats, l’un surnommé « la Tête » et l’autre « les Jambes ». Le premier devait répondre à toutes les questions et l’autre était censé pédaler très fort.
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Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Je me suis levé, j'ai croisé mon reflet dans la glace et il m'a regardé avec les yeux des juges et il a jugé le feu dans la cheminée, il a jugé la corde des guitares. J'ai arpenté cette pièce, comme la mémoire se promène dans son âge, à chaque pas hésitant, faisait attention à tout, ne voulant rien déranger du regret, tout l'ordre qu'a permit une raison invisible, et j'avançais comme à rebours, j'ai tiré une étoffe jusqu'à mes lèvres, je la tirais de son marécage d'ombre, et c'était comme vouloir mordre la nuit, une nuit dont il ne reste presque rien, à peine un peu de cendre, une respiration un instant retenue. Je me sentais mal à l'aise, je voulais sortir les objets de leur torpeur immobile, leur découvrir des angles, des contours, un mur auquel s'accoudant on fait une ombre différente... je ne me souvenais pas, je me suis levé comme un seul homme, j'ai ramassé la foule qui se tenait dans mes côtes, j'ai marché d'un pas difficile, de celui-là qui vous brûle quand il prend soudain conscience qu'il est suivit. Et je ne lâchais pas le morceau de tissu, l'obscurité qui en faisait le nid d'une déchirure, qui lui donnait des contours inquiétants, des contours de cathédrale qui se tient debout dans le matin, où s'engouffre un enfant pour fumer contre les piliers.
J'ai imaginé plusieurs choses à dire sans rien trouver. J'ai tordu mes mains comme si c'était des excuses. J'ai recoiffé ce qu'à dérangé la nuit, et j'ai senti une grande solitude qui me courait par tout le corps, comme un animal enragé. J'ai prétexté de ne rien comprendre. J'ai fait des gestes pour moi-même. J'aurais aimé avancer des raisons, dire quelque chose du silence, dire que je suis désolé de n'être que là, que ce lieu qu'on perd du regard, comme quand on épluche une carte géographique, et puis un point vous parle comme une lampe soudain s'allume, il vous dit les cigales et l'enfance, il vous dit les oiseaux des saisons qui ne reviennent pas, et c'est une étreinte brisée, une main perdue sur le quai d'une gare, alors on le cherche, on ne peut pas le retrouver, voilà ce que j'étais. Ce point perdu.
J'ai dit : ... et c'est comme s'engouffrer dans une ruelle pas très sûre, c'est comme de ses pas vouloir précéder sa perte, c'est comme un cri qui s'arrache malgré soi, c'est comme voir un mot d'orgueil se former à sa bouche, voilà, cela vous brûle les doigts, c'est de ses mains faire tomber un orage, quelque chose qui se brisant deviendra un objet d'effroi. Et toujours n'en rien comprendre, être à soi-même étranger de n'en rien croire, d'avoir dit cette parole dans laquelle on ne se reconnait pas, c'est comme ouvrir les paumes sur l'objet d'un forfait qu'on a pas commis... C'est comme savoir dans ses mains une étrangère sans pouvoir dire laquelle des deux est sienne... C'est comme s'éveiller dans une pièce qui n'est pas son corps. C'est comme trouver le réveil et n'y rien comprendre. Cette parole dans laquelle on se verse entier, qui donne à l’atmosphère le parfum du risque, qui fait de votre coeur l'aliment de tout un malheur, un malheur sans limites, qui fait de votre coeur un coeur à jeter aux chiens.
J'ai imaginé plusieurs choses à dire sans rien trouver. J'ai tordu mes mains comme si c'était des excuses. J'ai recoiffé ce qu'à dérangé la nuit, et j'ai senti une grande solitude qui me courait par tout le corps, comme un animal enragé. J'ai prétexté de ne rien comprendre. J'ai fait des gestes pour moi-même. J'aurais aimé avancer des raisons, dire quelque chose du silence, dire que je suis désolé de n'être que là, que ce lieu qu'on perd du regard, comme quand on épluche une carte géographique, et puis un point vous parle comme une lampe soudain s'allume, il vous dit les cigales et l'enfance, il vous dit les oiseaux des saisons qui ne reviennent pas, et c'est une étreinte brisée, une main perdue sur le quai d'une gare, alors on le cherche, on ne peut pas le retrouver, voilà ce que j'étais. Ce point perdu.
J'ai dit : ... et c'est comme s'engouffrer dans une ruelle pas très sûre, c'est comme de ses pas vouloir précéder sa perte, c'est comme un cri qui s'arrache malgré soi, c'est comme voir un mot d'orgueil se former à sa bouche, voilà, cela vous brûle les doigts, c'est de ses mains faire tomber un orage, quelque chose qui se brisant deviendra un objet d'effroi. Et toujours n'en rien comprendre, être à soi-même étranger de n'en rien croire, d'avoir dit cette parole dans laquelle on ne se reconnait pas, c'est comme ouvrir les paumes sur l'objet d'un forfait qu'on a pas commis... C'est comme savoir dans ses mains une étrangère sans pouvoir dire laquelle des deux est sienne... C'est comme s'éveiller dans une pièce qui n'est pas son corps. C'est comme trouver le réveil et n'y rien comprendre. Cette parole dans laquelle on se verse entier, qui donne à l’atmosphère le parfum du risque, qui fait de votre coeur l'aliment de tout un malheur, un malheur sans limites, qui fait de votre coeur un coeur à jeter aux chiens.
Calvin- Nombre de messages : 530
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