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FRAGMENTS : le fil de vos textes courts

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FRAGMENTS : le fil de vos textes courts - Page 22 Empty Dingding

Message  Polixène Sam 29 Juin 2013 - 22:52

C'est étrange, quand je l'ai lu dans "fragments", il m'a touchée plus qu' ici: est-ce le côté "officiel" ( Texte En Prose Sous Les Projecteurs ) qui le ternit?
Sans doute juste ma sensation, ou le format . Pas sûre du titre...ni de la dernière phrase.
Le deuxième "et" me semble inutile, ainsi que le "y". Spontanément, je mettrais "Et contre cela, malheureusement, elle ne pouvait rien."

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Message  Invité Dim 30 Juin 2013 - 16:27

D'accord avec Polixène pour la répétition du "et" et la présence du "y" dans la dernière phrase.
Par ailleurs, je me demande si ceci est volontaire : "l'idée d'en finir finissait généralement".
Sinon, je ne sais pas, il est possible que le texte soit bien/mieux dans les textes courts, je ne peux pas dire que je ressente plus ou moins, mais peut-être que le format correspond en effet mieux à l'autre fil.

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Message  Invité Dim 30 Juin 2013 - 16:39

Sous la couverture du ciel, je navigue, les mains écorchées par des étoiles origami. Les semelles de mes chaussures se déplient, ouvertes sur le chaos de la rue, sur les déjections des chiens, aux portes des bars de nuit qui ne m'acceptent plus.

Je venais d’un autre pays, il fallait bien que j'en passe par là.

Par les fumées épaisses, les haleines fauves, les petits cailloux que l'on brûle pour l'humeur, les vilaines rencontres, les tristes fêtes sans ballons et le gros rouge rendu tout chaud aux phalanges des arbres.

Il fallait bien en passer par là ma chérie ?

Par tes bras blancs couverts de ce bleu presque sale. Les casseroles dans ton évier cachaient tout un tas de choses mortes à l'intérieur qui sentaient jusque dans le salon. Allongé sur le canapé,  je préférais ne pas penser au lendemain et me remplir de mauvais vin. Toute la nuit, traversant mes fièvres soporeuses, j’écoutais l’écho lointain de tes gargouillis. Mais ce n'était que le bruit de notre enfant accroché à ton sein froid qui suçait ton lait gâté.

Debout sur les graviers ronds comme des dragées, aux pieds des plantes colorées et persistantes, ton père portait seul ce nouveau-né dont j'ai oublié le nom. Son regard d'homme fou de douleur me tue, encore et encore, il me couvre d'un vêtement sans coutures qui s’attache à ma chair pour que je me rappelle.

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Message  Janis Lun 1 Juil 2013 - 13:11

Je suis d'accord !
peut-être les trois paragraphes séparés, qui donnent l'impression d'une construction un peu trop rationnelle ? Alors que le fragment reflétait des états d'âme dans leur chaos, il y avait un souffle qui manque ici. Peut-être en effet vaut-il mieux le laisser en l'état de fragment ?

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Message  Pussicat Lun 1 Juil 2013 - 18:56

"À la première impression du jour – la fatigue – venait s'ajouter le dégoût d'elle-même. Ressentir le dégoût de soi lui était devenu familier, comme une seconde peau qu'elle retirait chaque matin après le thé chaud bu vitement par un bref "beurgh...rah... ah !" craché dans l'évier en inox de la cuisine.
À la deuxième impression du jour – l'ennui – venait se greffer l'envie d'en finir une bonne fois pour toutes, pour toutes les fois. Une envie qu'elle avait appris à tromper en allumant l'ordinateur. Après quelques clics, quelques lectures d'articles, après quelques tentatives d'écriture, l'idée d'en finir finissait généralement par se diluer dans la virtualité des connections.
Après la troisième impression du jour – la solitude – arrivait ce déchirement du plus profond de son ventre, une vague si puissante qu'elle lui tirait des larmes aussi coupantes que des lames de rasoir. Et contre cela, et malheureusement, elle ne pouvait rien."
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Message  Pussicat Ven 5 Juil 2013 - 20:51

Elle marchait seule sur le trottoir, la nuit s'enfuyait sur la pointe de la côte, l'aube rosissait les crêtes de la baie dessinant un de ces tableaux vieillots des années soixante dix, une fraîcheur enveloppait ses épaules nues, des papiers volaient ; Béa rentrait fatiguée de sa nuit trop longue passée au Flaman's Club.

Depuis ce premier jour où elle avait fait l'amour, depuis ce jour où elle avait accepté, elle avait compris ces regards posés sur elle. Elle savait ce qu'ils regardaient. Ce déhanchement régulier, ce va-et-vient de droite à gauche, ses longues jambes plantées sur ses talons aiguilles griffant le bitume.
Elle le savait depuis qu'un homme s'était retourné sur elle et l'avait sifflée. Elle s'en souvenait encore. Ce jour-là, elle avait couru comme une folle jusque dans les bras de la sculpture du parc des Bronzes où elle avait pris l'habitude de se cacher, elle et son frère... quand elle courait, ses cheveux flottaient sur l'onde urbaine, son cœur battait, mais elle se réfugiait, toujours.
Elle était seule sur le trottoir... non, quelqu'un la suivait.
Elle a commencé par marcher vite, puis de plus en plus vite et pris le chemin du parc des Bronzes, celui des souvenirs, mais il n'était pas comme d'habitude, il s'était transformé.
L'allée était bordée de visages inertes et sans vie. Surprise, apeurée, Béa s'arrêta puis se rendit compte que ce n'était pas des visages mais des masques tenus par des mains gantées. Des ombres grandissaient et s’entrecroisaient pour former un filet tel l’ombre portée d’un panier que traverseraient les pâles rayons du soleil. Elle crût entendre des rires giclant en perles de rosée de chaque côté de l'allée des buissons quand des fleurs en bouton s'ouvrirent à son passage lui offrant des portraits de femmes aux lèvres souriantes. Des nuages de poudre blanche s’échappaient de leurs paupières papillonnantes. Les fleurs grandissaient, et grandissaient encore, elles n’en finissaient plus de grandir. Plantées sur leurs tiges, des épines grosses comme un pouce tentaient de l'agripper, la griffer. Elle se mit à courir sans se retourner, des frissons dansaient sur sa peau éclatant ses bourgeons. Elle continua à courir entre les deux allées de feuillages, le parc des Bronzes n'était plus loin. Elle dévalait la pente de plus en plus vite, trébuchant, roulant sur les cailloux qui lui traversaient la peau. Assise sur le tapis de pierre, elle appuyait de toutes ses forces sur le mouchoir plié. Le sang s'arrêtait de couler pour recommencer. Elle recommençait, il recommençait. Elle appuyait, il fluidait.
Étourdie, elle s’abandonna sur le tapis de pierres, allongée, apaisée, rassurée enfin, pensant au Parc des Bronzes qui n'était plus loin... qui n'était plus loin.

Pieds tendus, jambes croisées, dos cambré, tête renversée, Béa exécutait l'une de ses dernières créations. Elle se laissait glisser le plus lentement possible enroulée comme une liane à son outil de travail. Quand la pointe de ses cheveux caressait les miroirs brisés de la piste de danse, sa tête faisait un quart de tour pour fixer la salle, ces messieurs, avant de toucher la pointe de ses genoux dans un demi cercle aérien. Béa est poleuse.
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FRAGMENTS : le fil de vos textes courts - Page 22 Empty Flaman's Club II

Message  Pussicat Lun 8 Juil 2013 - 8:54

Pussicat a écrit:Elle marchait seule sur le trottoir, la nuit s'enfuyait sur la pointe de la côte, l'aube rosissait les crêtes de la baie dessinant un de ces tableaux vieillots des années soixante dix, une fraîcheur enveloppait ses épaules nues, des papiers volaient ; Béa rentrait fatiguée de sa nuit trop longue passée au Flaman's Club.

Depuis ce premier jour, depuis qu'un homme s'était retourné la sifflant, elle avait compris. Elle savait ce qu'ils regardaient. Ce déhanchement régulier, ce va-et-vient de droite à gauche, ses longues jambes plantées sur ses talons aiguilles griffant le bitume. Elle s'en souvenait encore. Ce jour-là, elle avait couru comme une folle jusque dans les bras de la sculpture du parc des Bronzes où elle avait pris l'habitude de se cacher, enfant, elle et son frère... quand elle courait, ses cheveux flottaient sur l'onde urbaine, son cœur battait, mais elle se réfugiait, toujours.
Elle était seule sur le trottoir... non, quelqu'un la suivait.
Elle a commencé par marcher vite, puis de plus en plus vite et pris le chemin du parc des Bronzes, celui des souvenirs, mais il n'était pas comme d'habitude, il s'était transformé.
L'allée était bordée de visages inertes et sans vie. Surprise, apeurée, Béa s'arrêta puis se rendit compte que ce n'était pas des visages mais des masques tenus par des mains gantées. Des ombres grandissaient et s’entrecroisaient pour former un filet tel l’ombre portée d’un panier que traversaient les pâles rayons du soleil. Elle crût entendre des rires giclant en perles de rosée de chaque côté de l'allée des buissons quand des fleurs en bouton s'ouvrirent à son passage lui offrant l'image de portraits de femmes aux lèvres souriantes. Des nuages de poudre blanche s’échappaient de leurs paupières papillonnantes. Les fleurs grandissaient, et grandissaient encore, elles n’en finissaient plus de grandir. Plantées sur leurs tiges, des épines grosses comme un pouce tentaient de l'agripper, la griffer. Elle se mit à courir sans se retourner, des frissons dansaient sur sa peau éclatant ses bourgeons. Elle continua à courir entre les deux allées de feuillages, le parc des Bronzes n'était plus loin, le halo lumineux indiquait la sortie. Elle dévalait la pente de plus en plus vite, trébuchant, roulant sur les cailloux qui lui traversaient la peau. Assise sur le tapis de pierre, elle appuyait de toutes ses forces sur son mouchoir plié. Le sang s'arrêtait de couler pour recommencer. Elle redoublait, il recommençait. Elle appuyait encore, il fluidait.
Étourdie, elle s’abandonna sur le tapis de pierres, allongée, apaisée, rassurée enfin, pensant au Parc des Bronzes qui n'était plus loin... qui n'était plus loin.

Pieds tendus, jambes croisées, dos cambré, tête renversée, Béa exécutait l'une de ses dernières créations. Elle se laissait glisser le plus lentement possible enroulée comme une liane à son outil de travail. Quand la pointe de ses cheveux caressait les miroirs brisés de la piste de danse, sa tête faisait un quart de tour pour fixer la salle, ces messieurs, avant de toucher la pointe de ses genoux dans un demi cercle aérien. Béa est poleuse.
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Message  Pussicat Mer 10 Juil 2013 - 2:31

Cela prenait des airs de rien des airs de rien maintenant que tout a commencé que tout a commencé pourquoi pourquoi s'arrêter maintenant que tout a commencé commencé maintenant que tout a commencé que tout a commencé pourquoi pourquoi s'arrêter maintenant que tout a commencé bien avant cela bien avant cela cela prenait des airs de rien des airs de rien et doucement doucement d'où ce doux mensonge est né doucement doucement d'où ce doux mensonge est né. ?.
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Message  Bakary Mer 10 Juil 2013 - 15:45

Nouveau venu sur le site, j'ai parcouru les différentes rubriques afin de participer aux fils en cours. Je ne cerne pas la différence entre ce fil (fragments: le fil de vos textes courts) et celui intitulé prose.Quels en sont les propositions et les contraintes ? Merci pour les réponses.
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Message  Invité Mer 10 Juil 2013 - 15:53

Bakary, pour répondre à ta question, outre la longueur réduite (ce n'est pas toujours le cas) des textes postés sur ce fil, leur publication ici fait en général l'objet de peu ou pas de commentaires et peut en quelque sorte servir de tremplin pour un texte (que l'auteur peut considérer) moins abouti que dans le fil Prose.

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FRAGMENTS : le fil de vos textes courts - Page 22 Empty Parenthèse

Message  Invité Jeu 11 Juil 2013 - 15:04

Je dépose ma tête sur l’oreiller propre. Elle se fait tout de suite manger par le ouatiné des plumes ; leur friselis mat comme de la laine, comme de la neige fraîche tassée sous les pieds saura peut-être te faire taire.

Arrêter de se lever, de se laver, de manger, plonger mon front tout entier dans la glace. Moi mammouth gelé encore plein de sang. Moi mauvaise fille, mater la douleur et désobéir.
Je brûle de poser ma tête sur l’étagère, au milieu des livres, de l’oublier quelques heures, deux jours sans barouf, sans voir la clarté pointue à travers les jalousies. Rester juste pliée en deux dans les ronrons têtus du chat.

Femme provisoirement sur le flanc, donne coquelicot très rare domicilié depuis trente ans juste au-dessus de son œil droit.

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FRAGMENTS : le fil de vos textes courts - Page 22 Empty Chanson II

Message  Pussicat Sam 13 Juil 2013 - 0:53

L'amour fou c'est champagne tous les soirs dans la tête,
c'est grisant, ça vous saoule, vous embarque, vous embarque.

L'amour fou c'est passion, c'est le rouge sans raison,
c'est baiser dans le cou, viens j't'embrasse, viens j't'embrasse.

L'amour fou c'est la rime colle-au-cœur, corps-accords,
c'est l'abîme, le grand saut dans le vide, dans le vide.

L'amour fou c'est la classe enrhumée de folie,
c'est la joie feu-folie dans la p'tite cheminée.

L'amour fou c'est la mort qu'aurait chopé la crève,
l'ascenseur passeport direct au paradis, paradis.

L'amour fou c'est passe, passe, passera l'hirondelle, l'hirondelle,
passe, passe, passera, j'prends mon tour et je prends tout.


L'amour fou ça vous lâche comme un verbe irrégulier,
c'est la tasse que l'on boit un beau jour, tous les jours.

L'amour fou c'est je donne à la vie à la mort
quand je vois dans la glace son regard, son regard.

L'amour fou c'est la peine, pas la peine de pleurer,
c'est du vent dans les voiles qui vous pousse, qui vous pousse.

L'amour fou c'est vivant jusqu'à son dernier souffle,
l'amour fou c'est vivant jusqu'à son dernier souffle.
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Message  Sahkti Sam 13 Juil 2013 - 10:12

Pussicat a écrit:L'amour fou ça vous lâche comme un verbe irrégulier,
c'est la tasse que l'on boit un beau jour, tous les jours.
coup de coeur pour ceci.
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Message  elea Sam 13 Juil 2013 - 23:41

La foule est debout, émerveillée par les couleurs, assourdie par le bruit. Elle applaudit à chaque accalmie, entre les musiques qui scandent le tableau étoilé.

Ils se sont levés comme un seul homme au premier « pschitt » assorti d’une pluie de points dorés. Sauf un couple. Assis sur l’herbe, un peu à l’écart, clope passant d’une main à l’autre, ils ne lèvent pas la tête vers le ciel mais regardent ceux qui regardent.

Juste devant eux, une vielle dame, son minuscule chien tremblant dans les bras, se dandine en rythme, ses volumineuses fesses moulées dans une robe à fleurs. Elle s’arrête un instant pour tapoter, toujours en rythme, la tête de son chien puis repart des hanches, de plus belle.

Un peu plus loin, un couple quitte la place, la mère tient fort la main de la petite fille qui trépigne à ses côtés, le père serre dans ses bras le petit garçon apeuré qui pleure qu’il a peur des gros boum. Ils s’éloignent en silence, rapidement, pour le mettre à l’abri de ses angoisses.

Leur départ permet aux deux assis de voir un autre couple, étrange : deux jeunes femmes d’âge incertain se tiennent la main et se cassent le cou pour apercevoir les lumières qui éclatent comme des bulles. Bouches ouvertes, leurs mentons tressautent de concert à chaque gerbe un peu plus grosse que les autres. Les couleurs se reflètent dans les larmes qui baignent leurs joues. Juste à côté, leur éducateur les surveille, sourire bienveillant accroché au visage fatigué. Il s’appuie au dossier du fauteuil roulant de l’un de ses protégés, tordu dessus, autant que le sourire qu’il lève vers le ciel.

Indifférents au spectacle, l’homme et la femme assis continuent leur tour du public. Des familles, des esseulés, des bandes d’amis, des adolescents, des enfants turbulents soudainement calmes, des jeunes couples enlacés, des vieux endurcis côte à côte, des duos improbables et des groupes mal assortis.

Le bouquet final approche, la foule retient sa respiration, le couple se lève et s’approche du centre de la place. Ils marchent lentement, leurs pas s’accordent pour avancer et louvoyer entre les gens, comme des ombres. Éclairés par intermittence par les fusées qui explosent au-dessus d’eux, ils se dirigent de manière assurée vers un point invisible.

Le dernier feu est tiré, la foule claque à tout rompre, le couple est parvenu au centre, à sa destination finale. Un dernier éclair illumine la scène et rend le ciel blanc avant que tout ne s’embrase.

Plus d’artifice dans ce feu là. Tout crépite et rougeoie.

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FRAGMENTS : le fil de vos textes courts - Page 22 Empty elea

Message  Pussicat Dim 14 Juil 2013 - 0:10

j'ai suivi ce couple jusqu'à l'embrasement final et je m'interroge encore...
belle scène,
j'ai aimé.
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Message  Rebecca Dim 14 Juil 2013 - 13:29

En proie à une forte rage dedans, elle se demanda ce qu'étaient devenus ses dedans de sagesse.
Votre palais népalais n'est pas laid lui assura son dantiste mais puisque vous n'avez plus dedans de sagesse, je me vois contraint aujourd'hui de tenter de vous arracher au moins un sourire.
Mais la belle garda les lèvres closes, Bouddha en son for intérieur.
Alors le dantiste en son fortin rieur anesthésia Anastasia, expert en transes, en dental, nettoya les mots laids, repulpa et couronna le tout d'un soupçon de fraise.
Toute fraiche heure retrouvée, notre belle repartit plus reine et plus sereine en DS
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Message  Invité Mer 17 Juil 2013 - 15:50

Marceline brandille doucement de la tête. Dans l’humide sillon de son radeau se pressent les fils lointains, les rires édentés de son papa cantonnier, les conches tapissées d’argile bleutée de la Venise Verte, Joséphine B. et sa Tonkinoise.

Toute la journée, derrière les rideaux raides de crasse, elle fronce du regard sur le chemin de terre, couvant de ses yeux jaunes les serpentins de poussière soulevés par les quelques voitures, évaluant le désastre mécanique de toute une génération de bicyclettes éreintées par les enfants de passage. Peut-être même qu’elle tient les comptes et ça ne doit pas faire lourd dans ce trou à rat.

Au milieu des colonnes de papiers posés à même le sol, vibrant dans les entrailles sourdes des journaux fossiles, le temps s’étire en collier de secondes tantôt grises, tantôt moches dans le ventre creux de la vieille horloge. Marceline ne parle plus depuis longtemps. Elle laisse partir ses papillons noirs le long des chaises en paille ébouriffées rendues toutes nues à la vie sauvage des prés. Elle a bien cent ans, tout un siècle ramassé dans son unique dent. Une dent de Samson dont elle est fière et qui renferme toute sa lymphe, tout le peu de souffle qui lui reste.

Comme tous les vieux, elle mange peu, mâchouille des biscottes trempées dans la soupe et les après-midi grises se tape une fée en faisant claquer fort la voile rose de son palais.
Elle a toujours fait peur aux enfants qui l’appellent la sorcière. En passant, ils lui tirent la langue, ils font des bras d’honneur et lancent des petits cailloux polis qui ne l’atteignent pas.

De son chignon tressé s’échappent quelques mèches de cheveux en minces filaments de barbe à papa. Assise à contre jour, ça lui fait comme un étrange halo autour de la tête. De ce bel orage semble émerger la figure totémique d’une déesse du Poitou, d’un vieux singe auréolé d’un réseau complexe de flux magnétiques. Marceline est de tous les pays, de tous les visages et sans âge véritable. Elle est une idée, un souvenir tendre, une extase vieille de mille ans dans la tête des enfants bourreaux.

Ce matin, le paysage des fenêtres s’est un peu modifié, le reflet n’est plus tout à fait le même. La femme de ménage a trouvé Marceline endormie pour de bon, la bouche entrouverte sur un monde sombre et goulu où manque une dent unique.

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Message  Invité Mer 17 Juil 2013 - 16:07

que c'est bellement écrit...!
je trouve ce texte très fort, vertigo.

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Message  Invité Mer 17 Juil 2013 - 16:48

Ah oui alors !
Respect.

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Message  Invité Jeu 18 Juil 2013 - 8:21

Merci toutes les deux. C'était un petit mot d'une ex enfant terrible à une vieille dame morte depuis bien longtemps.

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Message  Arielle Jeu 18 Juil 2013 - 8:48

Superbe portrait plein de tendresse :

De son chignon tressé s’échappent quelques mèches de cheveux en minces filaments de barbe à papa. Assise à contre jour, ça lui fait comme un étrange halo autour de la tête. De ce bel orage semble émerger la figure totémique d’une déesse du Poitou, d’un vieux singe auréolé d’un réseau complexe de flux magnétiques. Marceline est de tous les pays, de tous les visages et sans âge véritable. Elle est une idée, un souvenir tendre, une extase vieille de mille ans dans la tête des enfants bourreaux.

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Message  obi Ven 19 Juil 2013 - 13:30

vertigo a écrit:Sous la couverture du ciel, je navigue, les mains écorchées par des étoiles origami. Les semelles de mes chaussures se déplient, ouvertes sur le chaos de la rue, sur les déjections des chiens, aux portes des bars de nuit qui ne m'acceptent plus.

Je venais d’un autre pays, il fallait bien que j'en passe par là.

Par les fumées épaisses, les haleines fauves, les petits cailloux que l'on brûle pour l'humeur, les vilaines rencontres, les tristes fêtes sans ballons et le gros rouge rendu tout chaud aux phalanges des arbres.

Il fallait bien en passer par là ma chérie ?

Par tes bras blancs couverts de ce bleu presque sale. Les casseroles dans ton évier cachaient tout un tas de choses mortes à l'intérieur qui sentaient jusque dans le salon. Allongé sur le canapé,  je préférais ne pas penser au lendemain et me remplir de mauvais vin. Toute la nuit, traversant mes fièvres soporeuses, j’écoutais l’écho lointain de tes gargouillis. Mais ce n'était que le bruit de notre enfant accroché à ton sein froid qui suçait ton lait gâté.

Debout sur les graviers ronds comme des dragées, aux pieds des plantes colorées et persistantes, ton père portait seul ce nouveau-né dont j'ai oublié le nom. Son regard d'homme fou de douleur me tue, encore et encore, il me couvre d'un vêtement sans coutures qui s’attache à ma chair pour que je me rappelle.

Coup de poing, Vertigo!
Texte très fort et très violent dans les sensations décrites comme dans le rendu de ces sensations; ça coupe le souffle. Et avec l'idée du souvenir, à la fin, ça démultiplie l'horreur de cette douleur sans fin...Dur, mais ça lave.

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Message  obi Ven 19 Juil 2013 - 13:37

Le portrait de Marceline est tellement touchant que le mot paraît dérisoire au regard de celle que tu évoques si bellement!
Merci.

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Message  Invité Mar 23 Juil 2013 - 9:29

Aussi loin que les montagnes et que je me souvienne, j'ai toujours regardé ce paysage oublié entre les gravats. Je suis enfant : je me lève de mon lit, je dépasse le verre d'eau posé sur la table, je me penche par-dessus la rambarde des escaliers et j'appelle mes parents pour qu'ils montent et m'amènent le verre d'eau. Je retourne me coucher et je dépasse à nouveau absurdement le récipient, et c'est mon père qui gravit les marches, pénètre la chambre et me donne l'objet du désir que j'aurais pu prendre moi-même.

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Message  Invité Lun 5 Aoû 2013 - 8:56

Le silence s'était imposé dans le magma de l'été, laissant le temps à l'idée de suivre son chemin: une tectonique dont les méandres suivaient intuitivement un mouvement convergent.

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Message  Cerval Sam 10 Aoû 2013 - 1:22

c'est le parfum du soir ou l'hirondelle
j'étends ma peau contre les herbes
elles vont me dire que je suis belle
tout ce qui file a la vertu du verre
il y a un vent frais au sein des rêves
le jour se presse contre mes lèvres
leur transmet l'élan des sèves
et tout élan m'est un vêtement
la rengaine de la mer le jour naissant
une cigarette
tout est fertile
une nonchalance rien qu'en passant

pierre dans le poing du vent




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FRAGMENTS : le fil de vos textes courts - Page 22 Empty La demeure de Mamie Raymonde

Message  Bakary Sam 10 Aoû 2013 - 10:56

A l'ouest de la France en Bretagne dans la ville de Dinard près des communes de Saint-Lunaire et de Saint-Enogat, la rue de Starnberg arbore un alignement de coquettes maisons dont la "Croix verte". Cette villa dont l'arrière-cour abrite une pelouse, un atelier et une courette au sol recouvert de graviers est la demeure de Mamie Raymonde, une Bretonne octogénaire. Elle y reçoit enfants, petits-enfants, arrières petits-enfants et amis venus à l'heure des vacances. Ils la trouvent sur le pas de porte où elle attend sourire aux lèvres. Ses yeux bleus s'illuminent à leur contact et diffusent un regard tendre et affectueux. Le pantalon blanc et le veston bleu qu'elle porte s'apparient avec le collier de perles blanches ornant son cou. Son allure reste sobre et coquette même quand elle retire son chapeau rayé, découvrant ses mèches de cheveux bien gris. Heureuse de revoir ses hôtes, Mamie les embrasse et les accompagne dans son salon aux murs ornés de tapisseries réalisées de ses mains. Leurs regards se posent sur son métier à tisser, momentanément posé sur une tablette.
En été, un ciel bleu maculé d'auréoles blanchâtres culmine au-dessus de la maison, telle une toile de fond au défilé des nuages et des rayons de soleil mus par l'alternance des vents. Le lever du jour dévoile au visiteur un spectacle féérique : Des goélands en vol ou perchés sur les toits, des coléoptères aux élytres déployés, une diversité de fleurs aux pétales multicolores et aux diverses dénominations comme hortensias, rose, iris, mimosas, tulipes, dahlias, pétunias, bégonias. Quelques palmiers et des arbustes exotiques harmonieusement repartis composent le jardin, qui leur doit son ambiance tropicale. Les heures de repas constituent des moments privilégiés où les invités de mamie Raymonde, réunis entre la pelouse et l'atelier s'installent sur les chaises bleues placées autour d'une table ronde, pour savourer les mets régionaux. Ces instants sont empreints de l'animation créée par les insectes et les oiseaux, qui attirés par l'odeur de la nourriture, mêlent leurs cris aux conversations des convives. Ravis, ceux-ci gratifient leur hôte de poignées de mains appuyées et d'embrassades sonores sur les joues, en guise de remerciements avant de quitter la Croix-Verte ce havre inoubliable.
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Message  Janis Dim 11 Aoû 2013 - 13:31



La maîtresse du CP s'appelait madame Culé. Elle prenait plaisir à humilier ma petite sœur : regardez-la cette grande perche prétentieuse ! Ma sœur en effet était grande, et très timide ; elle souffrait d'un déficit tout à fait décomplexé d'amour maternel. Elle passait de longues heures à bouder, assise contre une porte, les cheveux dans la figure, et moi de longues heures à la sortir de son marasme. Sous la porte je lui faisais passer de petits messages d'amour. Récemment elle m'a dit que si je n'avais pas été là à cette époque, elle pense qu'elle se serait tuée.

oOo

Parfois la nuit je les réveillais, on mettait nos manteaux et on partait. Je les emmenais au port. On s'asseyait devant les bateaux et nos jambes battaient l'air. Si quelqu'un s'inquiétait, on disait que nos parents étaient là, au café, il y étaient quelquefois. On rentrait, on traversait le jardin noir, en général personne ne s'était aperçu de notre absence.

oOo

Mes sœurs promettaient de devenir de ravissantes jeunes filles : des princesses. J'avais les genoux cagneux, les pieds en dedans, la mâchoire en avant et les cheveux pleins de nœuds mais j'étais très aimée. À la maison, de froids soleils rayonnaient sans rien réchauffer, mais partout ailleurs je sentais que quelque chose de doux et d'aimant m'accompagnerait toujours.
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Message  Janis Sam 17 Aoû 2013 - 17:41



J'étais dans la chambre bleue, celle qui avait une petite fenêtre.
Allongée sur le matelas, je laissais les nuages passer derrière mes paupières et le vent soulever un peu le drap.

Il y avait des bruits dans la maison. C'était les bruits de la vie sans moi.

Depuis longtemps je savais qu'il ne fallait pas sortir. Que derrière chaque porte je trouverai quelque chose de noir, et dans les caves dormaient les monstres.

Quelqu'un respirait dans la chambre bleue.
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Message  Invité Mer 21 Aoû 2013 - 21:16

Vous allez me manquer… Le papier de verre sur vos joues creusées, vos mains tressées comme du bois de vigne chromé par la blancheur des jours.

Vous allez me manquer… A vouloir me hisser, joyeuse dans le soleil, ma petite taille dans vos bras majuscules lancée telle une fusée dans l’or rouge des pommes, vous aviez réussi à défaire mes rires.

Ensemble nous guettions la maison de Jules Verne accrochée à la butte Sainte-Anne. Nous fouillions le fleuve de nos regards havanes où naissaient du lit sans cesse défait des monstres de bois aux yeux verts, tout un bestiaire de panses arrondies prêtes à craquer, des sacs plastiques délavés pleins de petits chats offerts au buffet des écluses.

Sous nos pas et sous les jambes longues et bleues et longues des grues désertées, le port grinçait, crachant parfois aux sentines de jeunes vaisseaux au museau de fer.
Poignets, cous et chevilles coquelicots, nous étions seuls au monde dans cette ville corsaire fardée de mascarons d'où suintaient d’anciennes fleurs amères. Nous vivions debout, avec dans nos têtes les eaux turbulentes de la Loire et le chant de limaille des docks.

Je redoute votre façon d’être absent, d’abreuver ainsi mes joues. Je sens cette brèche vivante s'ouvrir et le chagrin qui tremblote des yeux comme un baigneur en celluloïd rose. Monsieur, mon beau Monsieur, vous me manquez déjà.

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Message  Pussicat Dim 25 Aoû 2013 - 8:24

Voulez-vous dans un bel élan
Oublier tous vos petits maux
Ses riens du tout et d'un seul mot
Écrire le monde ? C'est lent
C'est long c'est vif ça prend de court
Retour arrière et tout accoure :
Invention vie puissance et mort
Toutes ensembles se marient
Sur l'écran belles éphémères
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Message  Invité Dim 25 Aoû 2013 - 10:01

vertigo a écrit:Vous allez me manquer… Le papier de verre sur vos joues creusées, vos mains tressées comme du bois de vigne chromé par la blancheur des jours.

Vous allez me manquer… A vouloir me hisser, joyeuse dans le soleil, ma petite taille dans vos bras majuscules lancée telle une fusée dans l’or rouge des pommes, vous aviez réussi à défaire mes rires.

Ensemble nous guettions la maison de Jules Verne accrochée à la butte Sainte-Anne. Nous fouillions le fleuve de nos regards havanes où naissaient du lit sans cesse défait des monstres de bois aux yeux verts, tout un bestiaire de panses arrondies prêtes à craquer, des sacs plastiques délavés pleins de petits chats offerts au buffet des écluses.

Sous nos pas et sous les jambes longues et bleues et longues des grues désertées, le port grinçait, crachant parfois aux sentines de jeunes vaisseaux au museau de fer.
Poignets, cous et chevilles coquelicots, nous étions seuls au monde dans cette ville corsaire fardée de mascarons d'où suintaient d’anciennes fleurs amères. Nous vivions debout, avec dans nos têtes les eaux turbulentes de la Loire et le chant de limaille des docks.

Je redoute votre façon d’être absent, d’abreuver ainsi mes joues. Je sens cette brèche vivante s'ouvrir et le chagrin qui tremblote des yeux comme un baigneur en celluloïd rose. Monsieur, mon beau Monsieur, vous me manquez déjà.
oui, cent fois oui, vertigo.

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FRAGMENTS : le fil de vos textes courts - Page 22 Empty Matinalacrostiche II

Message  Pussicat Dim 25 Aoû 2013 - 10:43

Voyez comment dans un élan
Ouvrant ses ailes argentées
S'envole dans le ciel d'été
En majesté le goéland
Cendré queue noire à bec cerclé
Railleur marin des froids arctiques
Iris blanc plume ardoisée
Thayer l'austral et le pontique
Sous l'horizon ce chant pleurant.
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Message  Pascal-Claude Perrault Dim 25 Aoû 2013 - 14:00

Pussicat a écrit:Voyez comment dans un élan
Ouvrant ses ailes argentées
S'envole dans le ciel d'été  
En majesté le goéland
Cendré queue noire à bec cerclé  
Railleur marin des froids arctiques
Iris blanc plume ardoisée
Thayer l'austral et le pontique
Sous l'horizon ce chant pleurant.
C'est très beau ça, bravo, bien tourné.
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Message  Invité Dim 25 Aoû 2013 - 15:09

Easter, je voulais préciser, j’ai eu envie d’écrire ce petit texte après avoir lu un des poèmes de Croisic et puis "L’enfant précoce" de René-Guy Cadou posté par Fred Prunier. C’est drôle les connexions ...

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Message  Invité Dim 25 Aoû 2013 - 16:29

vertigo a écrit:Easter, je voulais préciser, j’ai eu envie d’écrire ce petit texte après avoir lu un des poèmes de Croisic et puis "L’enfant précoce" de René-Guy Cadou posté par Fred Prunier. C’est drôle les connexions ...
et bienheureux dans le cas présent.

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Message  Invité Dim 25 Aoû 2013 - 17:56

Vertigo, je me fais la voix de CROISIC (qui n'arrive plus à se connecter depuis quelques jours) pour te dire qu'elle "aime infiniment" ton texte.

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Message  Invité Mar 27 Aoû 2013 - 17:17

vertigo a écrit:Vous allez me manquer… Le papier de verre sur vos joues creusées, vos mains tressées comme du bois de vigne chromé par la blancheur des jours.

Vous allez me manquer… A vouloir me hisser, joyeuse dans le soleil, ma petite taille dans vos bras majuscules lancée telle une fusée dans l’or rouge des pommes, vous aviez réussi à défaire mes rires.

Ensemble nous guettions la maison de Jules Verne accrochée à la butte Sainte-Anne. Nous fouillions le fleuve de nos regards havanes où naissaient du lit sans cesse défait des monstres de bois aux yeux verts, tout un bestiaire de panses arrondies prêtes à craquer, des sacs plastiques délavés pleins de petits chats offerts au buffet des écluses.

Sous nos pas et sous les jambes longues et bleues et longues des grues désertées, le port grinçait, crachant parfois aux sentines de jeunes vaisseaux au museau de fer.
Poignets, cous et chevilles coquelicots, nous étions seuls au monde dans cette ville corsaire fardée de mascarons d'où suintaient d’anciennes fleurs amères. Nous vivions debout, avec dans nos têtes les eaux turbulentes de la Loire et le chant de limaille des docks.

Je redoute votre façon d’être absent, d’abreuver ainsi mes joues. Je sens cette brèche vivante s'ouvrir et le chagrin qui tremblote des yeux comme un baigneur en celluloïd rose. Monsieur, mon beau Monsieur, vous me manquez déjà.
c'est bon comme mots.

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FRAGMENTS : le fil de vos textes courts - Page 22 Empty Barbie blues

Message  Invité Mer 28 Aoû 2013 - 20:55

Je savais qu'elle reviendrait. Elle avait oublié sa Barbie, quelques paillettes sur l'accoudoir du canapé et l'haleine sucrée du Poupina dans les draps.
Elle reviendrait et elle me dirait : "Mais voyons ! Les vraies mamies n'ont pas de missile sur l'épaule, elles ne boivent pas d’eau de Cologne au petit déjeuner et ne racontent pas d'histoires de dragon qui pète."
Je lui avais bien dit que je n’aimais pas les enfants. Mais elle ne m’avait pas entendue, elle avait continué à crocheter sur moi ses regards de biche, à faire danser ses petites mains dodues, comme des papillons affolés dans les rais de la lune.
Merde, j’avais pas voulu ça, pas maintenant et puis tout cet amour à l'odeur de neige avec de la morve autour, ça me filait des boutons bleus sur les fesses.
Elle est revenue, chercher sa Barbie, foutre des paillettes partout. On s’est regardées avec des carreaux de faïence coupante plein les mirettes, elle a continué à balancer ses sourires à dire "oui à tout", même sans les dents de devant et c'était flippant. Je voulais pas dire oui. Je voulais la laisser mariner un peu sur l'étal comme un beau maquereau à l’ouïe rouge, lui faire comprendre que c’était pas gagné, que mes mains, mes yeux, ma bouche, mon univers de solitude, ça se méritait. Mais elle, contrairement à moi, elle avait tout son temps. Elle chantait javanais sous les arbres blancs de lumière en laissant les herbes s’enrouler autour de ses mollets socquettes. Elle s’inventait des trucs à la con, des princesses en Tergal et choucroute de carton-pâte, des châteaux couverts de ronce, elle apprenait aussi à faire tinter sa dînette et rêvait sa vie encore futur.
Elle ne sait pas, mais quand je me réveille le matin j’ai peur. Je sors de je ne sais quel cauchemar qui me laisse en apnée, avec dans la tête une journée à terminer vite, vite jusqu'à la jetée de la nuit. Elle ne sait pas que le dragon ne dort jamais au jardin des Hespérides, il retient son souffle et veille sur les sales petites Barbies aux cheveux d'or.

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Message  Invité Jeu 29 Aoû 2013 - 6:20

vertigo a écrit:Je savais qu'elle reviendrait. Elle avait oublié sa Barbie, quelques paillettes sur l'accoudoir du canapé et l'haleine sucrée du Poupina dans les draps.
Elle reviendrait et elle me dirait : "Mais voyons ! Les vraies mamies n'ont pas de missile sur l'épaule, elles ne boivent pas d’eau de Cologne au petit déjeuner et ne racontent pas d'histoires de dragon qui pète."
Je lui avais bien dit que je n’aimais pas les enfants. Mais elle ne m’avait pas entendue, elle avait continué à crocheter sur moi ses regards de biche, à faire danser ses petites mains dodues, comme des papillons affolés dans les rais de la lune.
Merde, j’avais pas voulu ça, pas maintenant et puis tout cet amour à l'odeur de neige avec de la morve autour, ça me filait des boutons bleus sur les fesses.
Elle est revenue, chercher sa Barbie, foutre des paillettes partout. On s’est regardées avec des carreaux de faïence coupante plein les mirettes, elle a continué à balancer ses sourires à dire "oui à tout", même sans les dents de devant et c'était flippant. Je voulais pas dire oui. Je voulais la laisser mariner un peu sur l'étal comme un beau maquereau à l’ouïe rouge, lui faire comprendre que c’était pas gagné, que mes mains, mes yeux, ma bouche, mon univers de solitude, ça se méritait. Mais elle, contrairement à moi, elle avait tout son temps. Elle chantait javanais sous les arbres blancs de lumière en laissant les herbes s’enrouler autour de ses mollets socquettes. Elle s’inventait des trucs à la con, des princesses en Tergal et choucroute de carton-pâte, des châteaux couverts de ronce, elle apprenait aussi à faire tinter sa dînette et rêvait sa vie encore futur.
Elle ne sait pas, mais quand je me réveille le matin j’ai peur. Je sors de je ne sais quel cauchemar qui me laisse en apnée, avec dans la tête une journée à terminer vite, vite jusqu'à la jetée de la nuit. Elle ne sait pas que le dragon ne dort jamais au jardin des Hespérides, il retient son souffle et veille sur les sales petites Barbies aux cheveux d'or.
wow.

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